Dans une série d’entretiens accordés aux TV US, le 18 novembre 2011, Hillary Clinton a renoncé à présenter les événements en Syrie comme un soulèvement populaire contre le président Assad et a choisi de les qualifier désormais de « guerre civile ». Cette rhétorique peut également être utilisée pour justifier une intervention militaire conventionnelle, mais il devient de plus en plus difficile de masquer que Washington livre déjà une guerre non conventionnelle avec des commandos infiltrés.

La tendance en Syrie et au Liban

Face au chaos, l’unité et la détermination
Le déclin du mouvement de contestation populaire en Syrie est désormais une réalité que plus personne ne peut nier. Vendredi 18 novembre, la population a répondu absent aux appels à manifester lancés par une opposition dont les attaches étrangères sont maintenant bien connues des Syriens. Les rares rassemblements enregistrés ont eu lieu dans des villages reculés des régions de Hama, Homs et Daraa. Et la surexploitation des quelques images, passées en boucle par les télévisions tendancieuses, telles Al-Jazeera et Al-Arabiya, n’ont pas réussi à créer un effet amplificateur.
Pour compenser ce recul décisif de la mobilisation, les groupes extrémistes armés d’obédience islamiste ont multiplié les actions dirigées contre les civils et les militaires, dans le but quasi avoué de provoquer une guerre civile, contre laquelle le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, à mis en garde, et que la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, et son homologue turc Ahmet Davutoglu, ont bien été obligés d’évoquer. Les enlèvements massifs de civils sur des bases confessionnelles et sectaires se se comptent par centaines, notamment dans la région de Homs. Les personnes enlevés sont soit assassinées, soit rendus contre versement de rançons… après avoir subies les pires tortures, bien entendu.

Les extrémistes à l’œuvre au Liban
La multiplication des propos sur la guerre civile devrait faire taire les va-t-en guerre libanais qui prônent, au nom d’une démocratie qu’ils n’ont jamais eux-mêmes pratiqué, le changement de régime en Syrie, comme s’il s’agissait d’une paisible promenade sans grande conséquence sur l’ensemble du Moyen-Orient. Les avocats de la thèse du changement font croire à leurs partisans que le départ du régime de Bachar al-Assad sera dans l’intérêt des Arabes et de la région en général, occultant les actes de violence commis par les opposants syriens, que même l’administration Obama ne peut s’empêcher de reconnaitre, ainsi que les attaques annoncées par leurs médias de groupes extrémistes, présentés comme des déserteurs, contre des positions de l’armée arabe syrienne.
Ils occultent aussi les appels Frères musulmans lancés à partir de la Turquie à une action militaire étrangère contre la Syrie. Leur conception de la souveraineté, de l’indépendance et de la démocratie, ces valeurs qu’ils prétendent défendre depuis des années, est certainement bizarre.
Pourtant, les répercussions sur le Liban d’une guerre civile en Syrie seront de l’ordre d’un véritable désastre. Ainsi, les groupuscules islamistes au Nord, à Tripoli, au Akkar et à Wadi Khaled, des zones limitrophes de la frontière syrienne, ne cachent pas qu’ils se préparent activement à prendre le pouvoir dans les régions sous leur contrôle et à attaquer enfin ces mécréants que sont les chiites et en particulier la Résistance. Les agressions contre un hôtel et un débit de boissons à Tyr, il y a quelques jours, sont l’indice que certains groupes préparent déjà des incidents pour monter les communautés les unes contre les autres et notamment les chrétiens contre les chiites, pour semer le chaos au Liban, en parallèle au chaos en Syrie.

Tentatives de discorde confessionnelle
Les faits sont là, les préparatifs aussi, notamment dans certains camps palestiniens, et les dirigeants du Courant du Futur de Saad Hariri continuent de clamer haut et fort, inconsciemment, qu’il n’y a rien à craindre et que toutes ces théories visent à faire peur aux Libanais, pour maintenir en place le régime syrien.
La coalition pro-US du 14-Mars fait semblant de ne pas voir combien la tension est en train de monter dans certaines régions du pays et comment le clivage politique ne cesse d’augmenter. Ce qu’elle fait surtout semblant de ne pas voir c’est qu’en cas de chaos en Syrie, ils seront les premiers à être balayés au Liban par les groupes islamistes extrémistes incontrôlables et tous les groupuscules qui se préparent à semer le désordre sur fond de tensions confessionnelles.
En dépit de ce scénario alarmiste, il y a encore de grandes possibilités pour qu’il ne se produise pas. D’abord, parce que le régime syrien reste solide et uni, et qu’il n’est pas du tout acculé, comme l’espère l’Occident, et encore moins sur le point de s’effondrer pour céder la place au désordre ou à la guerre civile. Comme la réaffirmé le président Bachar al-Assad au Sunday Times, « la Syrie ne pliera jamais face aux pressions. » (Voir ci-dessous). Et aussi parce qu’au Liban, il existe des forces positives, conscientes des dangers et soucieuses de l’intérêt général. Ces forces-là feront tout pour éviter que le pays ne sombre dans la guerre civile et le chaos et pour qu’il ne soit pas détourné de sa lutte initiale contre l’ennemi israélien. Le Liban et la Syrie sortiront grandis et renforcés de cette épreuve, et ceux qui ne cherchent que des vengeances personnelles ou ne font qu’exécuter les plans ourdis à l’étranger et qui ne servent que les intérêts d’Israël, essuieront un nouvel échec… sans doute le dernier avant la fin de leur carrière politique.

Déclarations et prises de positions

Bachar al-Assad, président de la République arabe syrienne
Extraits d’une interview accordée le 18 novembre au Sunday Times britannique
« Je peux vous assurer que la Syrie ne cédera pas et qu’elle continuera à résister à la pression dont elle fait l’objet. L’injonction de la Ligue arabe a été lancée pour fournir aux pays occidentaux un prétexte pour mener une intervention militaire contre la Syrie. Je suis tout à fait prêt à combattre et à mourir si je devais affronter des forces étrangères. Cela va sans dire et c’est indéniable. Je ressens du chagrin à chaque goutte de sang versée dans son pays, mais que l’Etat doit faire respecter la loi face à des bandes armées. »

Walid Moallem, ministre syrien des Affaires étrangères
« En Syrie, nous ne considérons pas que l’ultimatum de la Ligue arabe est une question importante. Le contenu est ce qui est important, et parvenir à un accord avec la Ligue arabe est ce qui compte. La proposition de la Ligue arabe comporte des articles reflétant les positions non équilibrées adoptées par certains Etats membres depuis le début de la crise. Ce protocole accorde aux émissaires de la Ligue arabe de très amples prérogatives, voire impossibles, pouvant aller jusqu’à la violation de la souveraineté nationale. Cela est sans précédent dans l’histoire des organisations régionales, qu’une organisation travaille contre l’intérêt d’un de ses membres. Si le combat nous est imposé, nous combattrons. Nous espérons que cela ne nous sera pas imposé. Le problème en Syrie ne peut être résolu que pas les Syriens eux-mêmes (…) Le dialogue est une nécessité pour dessiner l’image de l’avenir de la Syrie dans un esprit de partenariat. J’exclue une guerre civile, bien qu’ils fassent tout pour la fabriquer. Le dialogue national sert de base pour construire la Syrie. Toute personne de l’opposition nationale souhaitant y participer sera la bienvenue. »

Ali Larijani, président du Parlement iranien
« L’envoi d’armes en Syrie et la dramatisation des événements afin de compliquer la situation interne nuiront à la réputation des pays orientaux et des Etats-Unis.
La politique des deux poids deux mesures, adoptée à l’égard des événements dans certains pays, confortent notre conviction que les parties qui se précipitent pour exécuter les plans occidentaux contre la Syrie subiront un triste sort
. »

Revue de presse

As Safir (Quotidien libanais proche de la majorité, 18 novembre 2011)
Imad Marmal
La bipolarisation marquée de la scène politique libanaise autour de la crise syrienne a atteint un tel degré que l’avenir politique de chacun des deux camps semble désormais dépendre de l’issue de cette crise.
Un député du 8-Mars met en garde ses adversaires politiques de l’opposition : « Si le régime syrien reste en place, vous paierez un prix politique très élevé. S’il tombe, vous paierez le même prix et n’aurez pas le temps de vous en réjouir, surtout si le pays sombre une guerre civile ».Un député du 14-Mars refuse ces « intimidations » et affirme que le 14-Mars ne se laissera jamais entraîner vers une guerre civile. Selon lui, c’est le maintien du régime syrien qui menace la stabilité interne du Liban.
Des sources de l’opposition estiment par ailleurs que les incidents sécuritaires qui ont eu lieu dernièrement sont des messages pour dire qu’on peut semer le chaos au Liban et menacer la Finul et Israël si les pressions contre Bachar al-Assad se poursuivent. Le fait que ces incidents aient eu lieu dans des régions chrétiennes vise à dire que le régime syrien est le seul garant de la sécurité des chrétiens.

As Safir (16 novembre 2011)
Sateh Noureddine
La bataille pour défendre ou renverser le régime syrien sera tranchée à Beyrouth avant Damas. Il existe une décision arabo-internationale pour activer le front libanais, qui est le front le plus efficace et le moins coûteux dans la guerre contre le régime syrien. La décision extérieure ne sera pas individuelle mais prise à l’unanimité par l’ensemble des acteurs concernés. Et les instruments libanais sont prêts.

As Safir (15 novembre 2011)
Le financement du Tribunal spécial pour le Liban fait l’objet de toutes sortes de pronostics, l’un des scénarios avancé évoquant la possibilité de voir certains pays se porter volontaires pour contribuer au paiement de la part due par le Liban. Mais il ne sera possible d’en savoir plus que lorsqu’on aura obtenu des réponses aux questions soulevées par certaines sources diplomatiques : Est-ce vrai que l’ancien Premier ministre Saad Hariri avait demandé à son homologue britannique David Cameron, pendant sa visite en Grande-Bretagne début novembre 2010, de s’acquitter d’une part de la somme due par le Liban, en raison de la conjoncture financière difficile au pays du Cèdre ? Est-ce vrai que Cameron a accédé à cette requête et que la Grande-Bretagne a augmenté d’un million de dollars sa contribution annuelle, faisant la même chose par la suite en 2011 ? Est-ce vrai que Cameron lui-même l’a rappelé en recevant son homologue libanais Najib Mikati pendant sa dernière visite à Londres ?

An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars, édition du 18 novembre 2011)
Rosanna Bou Mounsef
Le vote libanais au Conseil ministériel de la Ligue arabe contre la suspension de la Syrie soulève de sérieuses interrogations sur la capacité du Liban à honorer ses engagements relatifs au financement du tribunal international. La dernière visite de Najib Mikati en Grande-Bretagne a été accueillie par des réserves américano-françaises, les deux pays souhaitant attendre que le Premier ministre libanais concrétise au moins ses engagements au sujet du Tribunal spécial pour le Liban (TSL). La confiance extérieure quant à la possibilité pour le gouvernement de s’acquitter de la somme due au budget de ce tribunal semble donc avoir été ébranlée, d’autant plus que des positions contradictoires sont exprimées dans ce dossier. Le président du Conseil des ministres aurait déclaré à des diplomates qu’il entend mettre la question du financement du TSL à l’ordre du jour du cabinet dans une dizaine de jours. En revanche, d’aucuns excluent un tel scénario et avancent que Mikati connaît déjà la réponse et qu’il cherchera donc à repousser davantage l’examen de ce sujet controversé.

Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité, 16 novembre 2011)
Ibrahim Al-Amine
La crise syrienne a atteint son apogée et aucun traitement sérieux ne semble en vue. En attendant qu’une partie courageuse et puissante décide d’ouvrir la voie à un dialogue qui mène vers un véritable changement, pour le bien du peuple syrien et pas des intérêts étrangers, les parties extérieures s’impatientent. Elles ne veulent donner aucune chance au dialogue et ne s’intéressent qu’à leurs intérêts qui se résument en une seule idée : la chute ou l’affaiblissement du régime syrien constitue un acquis supplémentaire pour le projet israélo-américain dans la région du Moyen-Orient.

Al Hayat (Quotidien saoudien, 16 novembre 2011)
Paris, Randa Takieddine
Paris considère le Liban comme soumis à la politique du Hezbollah, affirme une source française qui ajoute que les relations avec Michel Sleiman et Najib Mikati sont gelées. Ces sources affirment que tout ce que le gouvernement libanais fait, à l’intérieur comme à l’extérieur, reflète la mainmise du Hezbollah sur la politique libanaise. Sur le plan intérieur, les sources notent la stagnation au niveau de l’action du gouvernement, parce que la politique du Hezbollah est de geler toute action gouvernementale. Elles rappellent que le Liban est passé par plusieurs périodes où ses gouvernements ne gouvernaient pas. De même, toutes les positions du Liban sur le plan extérieur et international, sur le TSL, la Syrie, la Ligue arabe et la Palestine, montrent l’hégémonie du Hezbollah sur le gouvernement libanais.
Les sources estiment que le premier ministre Najib Mikati est incapable d’imposer sa position, qu’il avait communiquée au ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé et au Premier ministre britannique David Cameron. M. Mikati avait également informé la partie américaine qu’il allait présenter sa démission s’il s’avère incapable d’assurer le financement libanais du TSL, mais toutes les informations qui parviennent à la France, y compris des cercles proches de M. Mikati, montrent qu’il ne démissionnera pas.
Le vote du Liban à la Ligue arabe n’a pas surpris Paris qui se demande sur l’orientation que prend le Liban tant que le régime syrien n’est pas tombé. Cette chute est pourtant inévitable, estime la France, surtout après la décision de la Ligue arabe.
Les sources signalent que si l’Iran est attaqué, il est certain que le Hezbollah entrera dans la bataille, ce qui risque d’entraîner une guerre régionale de grande envergure. Les cercles de prise de décisions à Paris estiment que le Hezbollah ne s’exposera pas à des risques pour aider la Syrie comme il le ferait pour l’Iran, d’autant plus que le parti Baas n’est pas proche idéologiquement du Hezbollah comme l’Iran.
La France a adressé des messages au président Sleiman soulignant la nécessité de ne pas livrer des opposants et des réfugiés syriens, et d’empêcher qu’ils soient enlevés sur le sol libanais. La réponse a été qu’il y a une convention sécuritaire et un traité entre le Liban et la Syrie qui interdisent à chacun des deux pays de permettre à l’opposition de l’autre pays d’agir contre lui.
Paris considère que les relations politiques au niveau du président de la République et du président du Conseil des ministres libanais sont gelées jusqu’à nouvel ordre. La priorité pour le moment est de suivre l’évolution du dossier syrien qui a un impact sur la situation au Liban. Certains à Paris doutent que la chute du régime syrien assouplisse la position du Hezbollah, d’autant plus que le parti renforce sa position sur la scène intérieure pendant les développements en Syrie.

Ad Diyar (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 18 novembre 2011)
Ibrahim Jbeily
Comment expliquer l’enthousiasme sans précédent de la France vis-à-vis du printemps arabe. La réponse est claire, la France ayant laissé ses empreintes partout et s’empressant de transférer son matériel d’un pays à l’autre dès la fin du mouvement de contestation dans le premier pays. Après la Tunisie, l’Egypte et la Libye, c’est aujourd’hui Damas qui est dans le collimateur français. L’apparition d’un homme mystérieux : Bernard-Henri Lévy, qui s’active aujourd’hui sur le front de l’opposition au régime en Syrie. Dans le dossier syrien, il se serait mis à la tâche dès que l’Odéon à Paris a ouvert ses portes à l’opposition syrienne. On peut voir les empreintes de Bernard-Henri Lévy dans les dernières déclarations anti-régime faites à la presse par l’ancien vice-président syrien Abdel Halim Khaddam. Pour l’intellectuel français, la frontière syro-turque constitue aujourd’hui le point de départ idéal. Il a réussi à convaincre Paris et les autres grandes puissances d’introduire clandestinement en Syrie, via la frontière turque, des missiles Stinger destinés aux insurgés. Et c’est la compagnie aérienne française Corse Air qui transporte ces armes vers la région de Cilicie afin qu’elles soient passées en contrebande à bord de petites voitures à destination des insurgés.
Bernard-Henri Lévy attend impatiemment d’avoir mené jusqu’au bout ses noirs desseins en Syrie pour passer au Soudan. L’Algérie a elle aussi sa place sur son agenda.

L’Orient-Le Jour (Quotidien francophone libanais proche du 14-Mars, édition du 18 novembre 2011)
Le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti, a déclaré que dans son dernier rapport sur l’application de la 1701, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a relevé qu’après cinq années d’opérations au cours desquelles la Finul a élargi la panoplie de ses activités, il est désormais temps d’effectuer une révision de la stratégie de la mission onusienne. « Dans ses remarques, le secrétaire général a également mis l’accent sur la tenue d’un dialogue stratégique qui est un élément important en vue d’aider les forces armées libanaises à renforcer leurs capacités de manière à faciliter le transfert graduel des responsabilités des Casques bleus vers la troupe libanaise », a affirmé Tenenti qui a relevé que la décision d’effectuer une révision stratégique n’est pas nouvelle, puisqu’elle avait été soulevée en août 2011, à l’occasion du renouvellement du mandat de la Finul.
Par ailleurs, et en vue de l’arrivée de la frégate militaire brésilienne qui viendra rejoindre les forces onusiennes chargées de surveiller les eaux territoriales libanaises, plusieurs personnalités brésiliennes d’origine libanaise sont arrivées au Liban. La frégate sera accueillie par le président de la République, Michel Sleiman, des responsables libanais ainsi que par le vice-président de la République brésilienne d’origine libanaise, Michel Tamer, déjà arrivé à Beyrouth.

L’Orient-Le Jour (18 novembre 2011)
Philippe Abi Akl
Un diplomate occidental accrédité à Beyrouth reconnaît que les pays occidentaux, notamment ceux de l’Union européenne, accordent au gouvernement Mikati un délai allant jusqu’au début 2012 pour s’acquitter de son dû dans le financement du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), sachant que le délai fixé par la direction du TSL se termine fin novembre. Sauf que de grandes capitales ont repoussé cette date jusqu’au début de l’an prochain et là, en cas de non-respect par Beyrouth de ses engagements, des sanctions seront prises contre lui.
Contrairement aux personnalités influentes du monde de l’économie et des finances, les milieux du 8-Mars écartent pourtant cette hypothèse et ne pensent pas que l’UE irait jusque-là, assurant que les grandes puissances savent pertinemment quel impact négatif d’éventuelles sanctions auront sur le Liban. La majorité au pouvoir évoque des « informations » qu’elle aurait recueillies auprès de « parties européennes » qui affirment que « rien n’est sûr » à ce niveau, que c’est juste un bâton que les grandes puissances brandissent pour pousser le Liban à payer sa part et qu’il y a mille et une façons d’assurer le financement du TSL si le Liban fait défaut. Dans tous les cas, toujours selon les mêmes milieux diplomatiques, la nature de ces sanctions n’a pas encore été définie et tout reste matière à débat en fonction de la position du gouvernement libanais. Le dossier est entre les mains de la France et c’est à elle d’appeler à une réunion où les décisions européennes seraient prises. On dit et on répète que Paris tend à imposer des sanctions contre Beyrouth en cas de non-paiement ; une tendance communiquée au Premier ministre Najib Mikati au cours d’une récente réunion avec les ambassadeurs européens.
Les milieux diplomatiques assurent que le PM a officiellement promis à David Cameron et Catherine Ashton que Beyrouth allait respecter ses engagements, parce qu’il tient à sa crédibilité et à garder la confiance placée en lui. Il a également promis que Beyrouth allait rester neutre dans le dossier syrien pour éviter toute répercussion négative de la situation en Syrie sur le Liban.
Quoi qu’il en soit, Najib Mikati a tout récemment indiqué à l’un des diplomates européens reçus au Sérail qu’il démissionnerait s’il ne parvenait pas à assurer la quote-part du Liban dans le financement du TSL. Mais son entourage a vite précisé que cette démission n’était pas nécessairement chose acquise. Quant au 8-Mars, il ne prend pas cette menace au sérieux, jugeant que c’est une façon pour Najib Mikati de faire pression sur Damas et le Hezbollah afin qu’ils l’aident à assurer le financement du TSL.

L’Orient-Le Jour (18 novembre 2011)
Le Hezbollah a commenté dans un communiqué le nouveau rapport sur la 1701 du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, qu’il accuse de « parti pris en faveur de l’administration occidentale ». Selon le parti, le secrétaire général aurait mieux fait de « s’aligner sur la volonté de consolidation de la paix et de la sécurité dans le monde, un objectif que poursuit en principe l’organisation internationale ».
Au lieu de cela, poursuit le texte, le secrétaire général « n’a fait que réitérer les déclarations occidentales et les arguments qui émanent de leur adversité à la résistance et du manque respect des sentiments du peuple libanais ».
Ce rapport, poursuit le communiqué, « est truffé d’erreurs, et laisse filtrer une gêne certaine du choix fait par les Libanais en vue de renforcer leur position face à l’occupation sioniste et à aux agressions continues de l’État hébreu ».
Le communiqué souligne en outre que le rapport est contraire à la réalité du terrain qui montre clairement que « la stabilité prévaut dans les localités du Liban-Sud », un fait qui avait été relevé par bon nombre de responsables internationaux, à leur tête le commandant en chef de la Finul, note le Hezbollah.
Le Hezbollah a estimé que le fait que les institutions de l’organisation internationale se trouvent sous l’emprise des puissances occidentales, à leur tête les États-Unis, « constitue un réel danger qui menace la sécurité et la paix internationales et pousse les puissances hégémoniques à violer les droits des peuples. »

The Globe (Quotidien canadien, 14 novembre 2011)
Patrick Martin
« À votre avis, monsieur, pensez-vous qu’il y ait encore un espoir ? » J’étais presque gêné par la nature dramatique de la question que me pose cette vendeuse de chaussures de l’est de Beyrouth. Je sais exactement ce qu’elle entend par là. Dans toute la région, les chrétiens se sentent menacés. Les événements s’enchaînent, les régimes tombent, l’ordre ancien n’est plus. Et pour les chrétiens -en Egypte, en Irak, en Syrie et au Liban– c’est une source de préoccupation.
Je lui ai répondu que toute la région était en plein bouleversement et que beaucoup de bonnes choses pourraient en sortir. Je lui ai expliqué que les chrétiens de Syrie avaient peur de ce qui pourrait leur arriver si les islamistes sunnites prenaient le pouvoir à Damas. Jusqu’à présent, les chrétiens de Syrie se sentaient raisonnablement protégés sous le régime de Bachar al-Assad.
Un homme se tient debout avec ses trois enfants à l’extérieur de l’église grecque-orthodoxe magnifiquement reconstruite dans le centre-ville. L’homme, d’environ 50 ans, me dit qu’ils étaient des parents de la mariée. Il parle avec appréhension de l’avenir de ses enfants au Liban. Au vu des événements récents, il se demandait « s’il ne serait pas mieux pour les enfants si nous allions au Canada ».

Source
New Orient News