L’effervescence qu’a connue l’Union européenne au sujet du Traité constitutionnel européen (TCE) et sur l’avenir de son financement a poussé nos partenaires à s’interroger sur la capacité réelle de l’Europe à devenir un acteur d’envergure mondial. Ils craignent une Europe repliée sur elle-même. Le sommet d’aujourd’hui entre l’Europe et les États-Unis offre l’occasion de démontrer le contraire. Cela concerne les citoyens de l’union tout au temps que nos partenaires puisque les sondages démontrent une volonté de la part des citoyens européens de voir l’Europe devenir une puissance globale.
Les thèmes de la réunion démontrent que l’Europe est déjà un acteur de dimension mondiale. Cette semaine, l’Union européenne et les Etats-Unis vont organiser conjointement une conférence internationale sur l’Irak à Bruxelles, ce qui aurait paru inimaginable il y a encore deux ans. Quand je me suis rendue à Bagdad il y a deux semaines, j’ai vu avec quelle ardeur le peuple irakien attendait notre soutien. L’Union doit donc assumer les risques nécessaires pour soutenir son développement politique et économique.
En collaboration avec les Etats-Unis, l’ONU et la Russie, dans le cadre du Quartet, nous aidons les Israéliens et les Palestiniens à trouver une solution au conflit qui les oppose depuis des décennies, et nous soutenons l’imminent retrait de Gaza. Nous travaillons au moyen de mettre en œuvre le reste de la « feuille de route ». L’Union soutient pleinement l’action de l’envoyé spécial du Quartet, James Wolfensohn.
Notre plus grand succès en matière de politique étrangère est peut-être la contribution que l’élargissement de l’Union a apportée à la paix et à la sécurité sur le continent européen. Aux yeux des États-Unis, cela contribue sans doute à notre impact le plus marquant. Nous respecterons nos engagements en faveur de la poursuite de l’élargissement. Cependant, il est clair que dans certains Etats-membres, le rythme et l’ampleur du processus tutoient la limite de ce que l’opinion publique est prête à accepter. Au moment où nous nous accordons le temps nécessaire à la réflexion, nous devons reconnaître que nous ne pouvons nous élargir indéfiniment. C’est l’une des raisons qui fonde l’importance de la politique européenne de voisinage (PEV). Il s’agit d’un encouragement à la modernisation pour nos voisins du Sud et de l’Est qui ne sont pas concernés par une adhésion à court terme. Ils doivent améliorer le respect de l’État de droit chez eux et en contrepartie, nous leur offrons une participation au marché intérieur de l’Union, une coopération plus étroite dans le domaine des réseaux énergétiques et de transport, et la possibilité de participer aux programmes communautaires.
Nous travaillons également en collaboration pour accroître la prospérité de nos concitoyens et celle du reste du monde en renforçant conjointement notre assise dans l’économie mondiale. Par le développement des échanges économiques et commerciaux nous développons les emplois dans l’Union européenne en quantité et en qualité. Nos citoyens en profitent.
A travers le monde, notre politique étrangère promeut la paix, la prospérité et la sécurité par l’usage de la diplomatie, de l’aide au développement, de l’aide humanitaire, de la politique économique et commerciale et de la politique européenne de sécurité et de défense. Ces instruments nous permettent de réagir rapidement aux crises partout dans le monde. A travers un attachement commun aux institutions multilatérales, et en premier lieu à la réforme de l’ONU et à l’aboutissement des négociations en cours à l’OMC, nous avons la capacité de prolonger ces réalisations.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« L’Europe, un acteur de dimension mondiale », par Benita Ferrero-Waldner, Le Figaro, 20 juin 2005.