Le sommet de Bruxelles a montré le choix auquel fait face l’Europe : continuer comme avant ou tenir compte du refus de la France et des Pays-Bas du Traité constitutionnel européen (TCE) et repenser fondamentalement les politiques et les priorités. Bien sûr, les anti-européens veulent utiliser la crise actuelle pour abattre l’Europe et la transformer en grand marché commun. Pourtant, sans l’Europe, nous n’avons aucun poids dans le monde globalisé. Pour les modernisateurs de l’Europe, l’enjeu est de faire adopter la bonne politique.
Bien sûr, j’aurai préféré un accord à Bruxelles mais cet échec n’entraîne pas de crises immédiates même s’il ne s’agit pas d’un non-événement. Il est cependant bon de réfléchir à l’avenir du rabais britannique et à celui de la Politique agricole commune (PAC). Les détracteurs de cette politique affirment qu’il n’est pas normal que 5% de l’activité de l’Union européenne engouffre 40 % du budget européen au détriment des postes d’avenir que sont l’éducation et la recherche. Toutefois, il ne s’agit pas que d’argent. Il est aussi question d la direction que prendra une Europe attaquée par les mouvements populistes. L’Europe a le choix entre le déclin et des réformes économiques douloureuses qui lui permettront de rester compétitives. Cette politique ne doit pas permettre d’américaniser l’Europe mais d’adapter le système social européen aux nouvelles réalités.
Il faut que les citoyens soient capables de s’adapter rapidement dans un monde changeant. Cela passe par une formation pointue pour tous les groupes ethniques.N Il s’agit là de questions nationales mais il faut aussi lui donner une dimension européenne. Pour construire un nouveau modèle social européen, il faut ouvrir le débat et trouver un nouveau consensus pour l’Europe.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« More than a squabble : this goes to the heart of Europe », par Peter Mandelson, The Guardian, 20 juin 2005.