Le Président (parle en anglais) : Je souhaite
une chaleureuse bienvenue au Secrétaire général, auSecrétaire général de la Ligue des Etats arabes, aux
ministres et autres représentants présents dans la
salle du Conseil de sécurité. Leur présence réaffirme
l’importance de la question à l’examen.

Le Conseil de sécurité va maintenant aborder
l’examen de la question inscrite à son ordre du jour.

J’appelle l’attention des membres du Conseil sur
le document S/2012/686, qui contient une lettre datée
du 6 septembre 2012, adressée au Secrétaire général
par le Représentant permanent de l’Allemagne auprès
de l’Organisation des Nations Unies, transmettant un
document de réflexion sur la question à l’examen.

Je vais à présent faire une déclaration en ma qualité
de Ministre des affaires étrangères de la République
fédérale d’Allemagne.

Depuis que l’Allemagne a entamé, en janvier
2011, son mandat actuel de membre du Conseil de
sécurité, des changements spectaculaires sont survenus
au Proche-Orient et au Moyen-Orient. Les populations
de la région ont exprimé leurs aspirations à la dignité, à
la démocratie, à la participation économique et sociale,
à la prospérité et au respect des droits fondamentaux
de l’homme. Au début, nous avons parlé de Printemps
arabe. Nous avons appris qu’il conviendrait mieux de
parler de saisons arabes.

Le mouvement pour le changement dans le monde
arabe ne suit pas la même trajectoire dans chaque pays.
De fait, plus que jamais, la situation diffère d’un pays à
l’autre mais le changement se poursuit.

Nous sommes tous préoccupés par les troubles
survenus récemment dans de nombreux pays arabes suite
à une vidéo anti-islam scandaleuse. Je serai très clair.

Je peux très bien comprendre que les croyants se
sentent profondément offensés par ce film vidéo horrible
et honteux, mais la réponse à de telles provocations ne
peut être la violence. Rien ne peut justifier la violence
et le meurtre.

Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est ni
l’affrontement de religions, ni un choc des cultures.
C’est un choc à l’intérieur des sociétés ; c’est une lutte
entre esprits ouverts et esprits fermés ; c’est une lutte
entre personnes raisonnables et fondamentalistes ; c’est
un choc entre gens pacifiques et violents. Cette semaine
doit servir à renforcer tous ceux qui, dans toutes les
sociétés de par le monde, se mobilisent pour le respect et
la tolérance, ceux qui savent que liberté et responsabilité
sont les deux faces d’une même médaille. La position de
l’Allemagne elle ne fait aucun doute : maintenant plus
que jamais, nous sommes du côté de ceux qui oeuvrent
pour la paix. Nous sommes conscients des défis, mais
nous croyons aux perspectives historiques qu’ouvre
le changement survenu dans le monde arabe. L’offre
allemande d’un partenariat de transformation en matière
d’éducation, d’emplois et de croissance tient toujours.

La Ligue des Etats arabes a assumé un rôle
de premier plan au niveau de la paix et de la sécurité
régionales. Elle a adopté une position claire sur les
conflits syrien et libyen. Pour le peuple syrien, en
revanche, les perspectives de paix semblent n’être
encore qu’un rêve lointain. Au sein de la communauté
internationale, nous devons être unis pour mettre fin à
la violence et aider à engager un processus de transition
politique. Il nous faut trouver une réponse commune.
Nous le devons à la population. Nous apprécions à cetégard que la Ligue des Etats arabes ait activement pris
la tête des efforts pour mettre fin au massacre en Syrie.

Le changement survenu dans le monde arabe a rendu
l’instauration de la paix au Moyen-Orient plus urgente
que jamais. Les négociations sont le moyen de parvenirà une solution à deux Etats satisfaisant aux exigences
légitimes des deux camps, israélien et palestinien.
Nous devons donc veiller à ce que le processus de paix
demeure une priorité de l’ordre du jour international. En
approuvant l’Initiative de paix saoudienne, la Ligue desEtats arabes a fait une proposition constructive qui est
d’une importance cruciale.

Nous pensons qu’il est nécessaire de consolider
et de développer la coopération entre l’ONU et la Liguedes Etats arabes. L’attachement de la Ligue des Etats
arabes aux valeurs consacrées dans la Charte des Nations
Unies est la prémisse d’une coopération accrue. Ce qui
est surtout nécessaire, c’est de se concentrer davantage
sur ce que nous pouvons accomplir ensemble dans les
domaines de la prévention et du règlement des conflits.
Il nous faut des progrès concrets. Nous pourrions par
exemple envisager des séances d’information et des
consultations plus fréquentes avec les représentants dela Ligue des Etats arabes. Il me semblerait également
indiqué de créer un bureau des Nations Unies au Caire
afin d’améliorer la coopération avec le secrétariat de laLigue des Etats arabes.

Le moment est venu. Puisque le monde arabe
traverse une période de changement historique,
saisissons cette occasion pour ouvrir un nouveau
chapitre de coopération entre la Ligue des Etats arabes
et l’Organisation des Nations Unies.

Je reprends maintenant mes fonctions de Président
du Conseil.

Je donne à présent la parole au Secrétaire général,

S. E. M. Ban Ki-moon.

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Nous
nous réunissons dans une période de changements
historiques, bien souvent galvanisants, au Moyen-
Orient et en Afrique du Nord. Plusieurs transitions
d’une importance considérable sont en cours dans le
monde arabe, et si elles progressent avec difficulté,
c’est en revanche nettement dans le sens des libertés
déniées pendant si longtemps. Pourtant, alors que les
ordres anciens s’effondrent et que de nouveaux peinent
à apparaître, c’est aussi une période d’appréhension
largement partagée et de violence tragique.

Le processus de paix entre Israéliens et
Palestiniens reste dans l’impasse, alors même queles possibilités d’instaurer la solution à deux Etats
s’amenuisent dangereusement. L’Initiative de paix de laLigue des Etats arabes demeure un élément important
du cadre destiné à mettre fin à l’occupation et à aboutir
à un accord qui s’est trop fait attendre. Je compte sur
les membres de la Ligue pour qu’ils apportent dans leur
générosité un appui financier à l’Autorité palestinienne
et à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies
pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient en
cette période de nécessité. J’exhorte les membres du

Conseil ainsi que les autres membres de la communauté
internationale à faire davantage sur ces deux plans.

En Syrie, le conflit est devenu une menace à la
paix et à la sécurité régionales et internationales. Une
tragédie humaine est en train de se dérouler sous nos
yeux, mais également dans l’obscurité des prisons,
sous les décombres de quartiers entiers, et dans l’esprit
traumatisé des enfants. J’appelle tous les acteurs dotés
de quelque influence à persuader les parties qu’il ne peut
y avoir de solution militaire à cette crise.

Les tensions dans la région sont également
exacerbées au sujet des questions nucléaires. Les
membres du Conseil doivent faire ce qui est en leur
pouvoir pour décourager toute escalade et insister sur
des solutions pacifiques respectant la Charte des Nations
Unies et le droit international.

Des troubles ont également eu lieu, en lien avec
un acte de haine envers une religion qui a engendré
sentiments compréhensibles d’offense, en même temps
qu’inadmissibles violences.

Face à cette situation complexe, je me félicite
de l’organisation de ce débat de haut niveau sur le
partenariat entre la Ligue et le Conseil.

Le Chapitre VIII de la Charte des Nations
Unies offre d’immenses possibilités aux organisations
régionales. Le Conseil de sécurité a depuis longtemps
reconnu le rôle essentiel qu’elles peuvent jouer dans la
consolidation des accords de paix et le renforcement de
la paix et de la stabilité.

Alors qu’une nouvelle ère politique prend tournuredans le monde arabe, la Ligue des Etats arabes est
investie d’un nouveau sens des responsabilités. La Ligue
a été parmi les premières organisations à reconnaître
publiquement que la révolution tunisienne prenait sa
source dans les disparités économiques et sociales et
dans l’aspiration à davantage de liberté et de justice. La
Ligue a également été parmi les premières organisations
à condamner les atrocités commises par l’ancien régime
libyen, et à exhorter la communauté internationale à agir.

L’ONU et la Ligue des Etats arabes se sont
employées toutes deux à veiller à la transparence
des élections historiques en Tunisie et en Libye.
C’est en Syrie que notre rôle conjoint a été le plusimportant. Les membres de la Ligue des Etats arabes
ont contribué de manière significative à la Mission des
observateurs militaires des Nations Unies. Et bien sûr,
c’est conjointement que nous avons désigné, d’abord,
l’Envoyé spécial conjoint, M. Kofi Annan, puis le
Représentant spécial, M. Lakhdar Brahimi, comme nos
émissaires chargés de trouver une solution politique.
Ces efforts de médiation nécessitent un appui solide et
concret de la part du Conseil.

Pour l’avenir, je vois quatre domaines qui méritent
une attention particulière.

Premièrement, améliorons l’échange d’informations.
Le dialogue entre nos secrétariats doit être ciblé et fréquent.
Un autre moyen d’améliorer nos contacts pourrait être
d’installer le Bureau du Représentant spécial conjoint
pour la Syrie et son adjoint au Caire ; c’est une possibilité
actuellement à l’étude.

Deuxièmement, nous devons mettre la prévention

des conflits au centre de nos préoccupations. L’Organisation

des Nations Unies continue de se renforcer dans le sens
d’une plus grande rapidité d’intervention tout en aidant
les organisations régionales à développer leurs capacités
dans les domaines de la facilitation, de la médiation et du
dialogue.

Troisièmement, il nous faut explorer de nouveaux
domaines de collaboration. Le Moyen-Orient recèle
un potentiel énorme en matière de développement de
l’énergie durable ; étudions ce que nous pouvons faire àcet égard dans le cadre de mon initiative Energie durable
pour tous. Notre relation n’a pas à se cantonner à l’action
politique sur les crises immédiates du moment.

Quatrièmement, il nous faut veiller au succès
des transitions qui ont été enclenchées. Nous devons
continuer d’être prêts à fournir une aide concrète, le cas
échéant – les entités extérieures peuvent faire part de
leur expérience et encourager les progrès, avec humilité,
patience, et respect –, mais le plus gros du travail doit
être fait par et dans chaque société.

En cette période agitée pour la région arabe, les
peuples se tournent vers nos organisations pour trouver
un soutien dans leur lutte pour la justice, la dignité et des
débouchés.

La Ligue des Etats arabes est un partenaire de
confiance pour l’ONU. J’espère sincèrement collaborer
plus étroitement encore avec la Ligue pour concrétiser
les aspirations de tous les peuples qui composent les
Nations Unies.

Le Président (parle en anglais) : Je remercie le
Secrétaire général de sa déclaration.

Je donne maintenant la parole à S. E. M. NabilElaraby, Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes.

M. Elaraby (parle en arabe) : Je voudrais
pour commencer remercier très sincèrement mon cher
ami, M. Guido Westerwelle, Ministre allemand des
affaires étrangères et Président du Conseil de sécurité
aujourd’hui, d’avoir pris l’initiative d’organiser une
séance de haut niveau du Conseil de sécurité pour
débattre de la situation au Moyen-Orient et des moyens
dont nous disposons pour renforcer les relations de
coopération et d’action commune entre l’ONU et laLigue des Etats arabes. Cette initiative donne corps à un
principe important consacré par le Chapitre VIII de la
Charte des Nations Unies, qui encourage les organismes
régionaux à s’attaquer aux problèmes qui touchent leur
région en se tournant vers le Conseil de sécurité afin
de trouver un règlement pacifique aux conflits et de
préserver la paix et de sécurité internationales.
A de nombreuses reprises, le Conseil de sécurité
est allé dans ce sens. Il a adopté des résolutions
qui appuient une telle coopération, en particulier la
résolution 1631 (2005), dont le paragraphe 7 mentionne
des réunions régulières entre le Conseil de sécurité et les
organisations régionales afin de renforcer la coopération
dans le domaine du maintien de la paix et de la sécuritéinternationales. A cet égard, je dois insister sur le fait
que la transparence, la clarté et la franchise sont les
fondements indispensables de toute coopération entre le
Conseil de sécurité et ces parties, et je me permettrai
donc de faire preuve de transparence, de clarté et de
franchise sur la nécessité cruciale d’un dialogue entre laLigue des Etats arabes et le Conseil de sécurité.

La Ligue des Etats arabes, dont la création est
antérieure à celle de l’ONU, estime que la clef de voûte
de la paix et de la sécurité internationales réside dans
l’efficacité et la crédibilité du Conseil de sécurité, ainsi
que dans une application pleine, fidèle et minutieuse
des résolutions dotées d’une légitimité internationale,
en particulier celles du Conseil. Pour la Ligue, la non-
application de ces résolutions est l’une des raisons
fondamentales qui expliquent les tensions et l’instabilité,
tant à l’échelle régionale qu’au niveau international.

L’intérêt du Conseil de sécurité pour les questions
arabes est très ancien, puisqu’il remonte à la naissance
de l’Organisation des Nations Unies elle-même. Des
résolutions sont adoptées depuis plus de 60 ans sur
la question palestinienne, qui constitue le problème
fondamental, le noeud gordien du monde arabe et la cause
première des tensions et de l’instabilité que connaît
la région depuis de nombreuses décennies et demeure
l’une des questions les plus anciennes à se poser sur la
scène internationale à n’avoir pas trouvé de solution.
La Ligue a toujours insisté sur le fait qu’un règlement
juste, durable et complet du conflit israélo-arabe, dont
la question de Palestine est l’élément central, ne pourra
être atteint que par une mise en oeuvre complète et fidèle
des résolutions du Conseil de sécurité.

Ces résolutions abordent tous les aspects du
conflit. Le Conseil a adopté de nombreux textes sur la
fin de l’occupation israélienne des territoires arabes
occupés, comme par exemple les résolutions 242 (1967)
et 338 (1973) ; des résolutions sur la légitimité de la
construction des colonies de peuplement sur le sol
palestinien, dont les plus importantes sont sans doute
les résolutions 446 (1979) et 252 (1968) qui considèrent
comme dénuées de validité les mesures unilatérales prises
par Israël, Puissance occupante, à Al Qods Al Charif ;
des résolutions sur le Golan arabe syrien occupé et
des résolutions sur la fin de l’occupation israélienne
des territoires qui restent occupés au Sud-Liban. Il a
également adopté des résolutions affirmant que la base
d’un règlement du volet palestinien passe par la créationde deux Etats, la Palestine et Israël, vivant côte à côte
à l’intérieur de frontières sûres et internationalement
reconnues.

Ces résolutions n’ont pas été mises en oeuvre. La
tension et l’instabilité ont perduré au Moyen-Orient.
Le peuple palestinien est le seul peuple au monde dont
le problème n’a pas été réglé et qui n’a pu exercer son
droit à l’autodétermination légitime, à la liberté et àl’indépendance, et en fait à la création de son propre Etat
indépendant.

L’heure est venue pour nous d’examiner la manière
dont nous nous attaquons à cette question et la démarche
suivie par le passé, laquelle a davantage consisté à gérer
le conflit qu’à y mettre fin. Cela exige, entre autres,
d’éviter toute approche fondée sur le deux poids, deuxmesures. A l’exception d’une ou deux adoptées dans
les années 1940 – plus de 200 autres ont été adoptées
depuis –, il est très étonnant qu’aucune résolution n’ait
été adoptée en vertu du Chapitre VII de la Charte des
Nations Unies. Nous espérons donc vivement que le
Conseil de sécurité se penchera sur ce problème – et ce,
très bientôt.

La crise syrienne s’aggrave et la situation se
détériore de jour en jour. Le fait que le Gouvernement
syrien persiste à vouloir appliquer une solution militaire,
en recourant notamment à l’usage d’armes lourdes et

d’avions de chasse contre sa propre population, et qu’il
refuse de répondre à une quelconque initiative, pasmême celles de la Ligue des Etats arabes, nous met face
à une situation grave, voire tragique. La liste des Syriens
innocents tués continue de s’allonger. Le nombre deréfugiés qui afflue vers les Etats voisins augmente. Le
spectre d’une guerre civile inspirée par le sectarisme
assombrit les cieux syriens et, d’ailleurs, les cieux de
la région tout entière, et laisse craindre une catastrophe
régionale et internationale qui nous affecterait tous et
dont le règlement prendrait des années – et qui menacerait
également la paix et la sécurité internationales.

La Ligue des Etats arabes s’est, dès le début,
montrée prête à coopérer avec l’ONU pour régler la
crise. D’ailleurs, un Envoyé spécial conjoint a été
nommé par les deux organisations, scellant ainsi une
initiative innovante fondée sur une action conjointe. LaLigue des Etats arabes s’est tournée vers le Conseil de
sécurité et, conformément à la Charte des Nations Unies
et aux pouvoirs qui lui sont conférés, lui a demandé de
maintenir la paix et la sécurité internationales, de prendre
les mesures nécessaires pour que soient effectivement
mises en oeuvre les résolutions qu’il a lui-même
adoptées, d’appliquer le plan élaboré par Kofi Annan,
ancien Envoyé spécial conjoint de la Ligue et de l’ONU,
de mettre en oeuvre le document final de la réunion du
Groupe d’action pour la Syrie, tenue le 30 juin à Genève

– document qui a été adopté par consensus et avec la
participation des cinq membres permanents du Conseil
de sécurité –, et de poser les bases de la transformation
politique de la Syrie en un régime démocratique qui
répondrait aux aspirations légitimes du peuple syrien.
Nous pensons que la toute première étape consiste à
mettre fin à l’effusion de sang en Syrie, de manière à
lancer le processus de transformation devant aboutir à un
régime démocratique sain qui réponde au souhait de la
population syrienne de vivre dans la liberté et la dignité.
Mais, une fois de plus, le Conseil de sécurité
n’a pu atteindre aucun de ces objectifs en raison de
désaccords entre les membres permanents, ce qui est
franchement lamentable. Ses résolutions sont restées,
et je regrette d’avoir à le dire, lettre morte et n’ont pas
été mises en oeuvre. Les tueries, l’effusion de sang et
la destruction se poursuivent et la situation devient plus
grave et plus tragique. En toute franchise et clarté, je
dis aujourd’hui que si nous voulons que M. Lakhdar
Brahimi, Représentant spécial conjoint de l’Organisationdes Nations Unies et de la Ligue des Etats arabes,
réussisse dans sa mission, il faut le Conseil lui apporte
son soutien et qu’il lui fournisse tout son appui, par des
actions et non pas seulement par des mots, l’objectif
étant de contraindre toutes les parties à mettre en oeuvre
ses résolutions. Il faut recourir ici aux dispositions du
Chapitre VII et appliquer de façon contraignante les
décisions du Conseil du sécurité. Voilà la responsabilité
du Conseil, telle qu’énoncée dans la Charte.

Les défis à la sécurité et à la paix qui appellent
notre coopération sont nombreux et variés. Certains
sont traditionnels et d’autres émergent et se répandent
très vite en cette ère de développement rapide des
technologies modernes de la communication. Le monde
a été le témoin ces dernières semaines d’événements
très préoccupants à cause d’agissements portant
atteinte à l’Islam et à son Prophète – que la paix soit
sur Lui. Nous condamnons totalement les réactions
violentes qui ont lieu dans certains pays et les attaques
répréhensibles et irresponsables contre certaines
ambassades et infrastructures étrangères, dont ont
été victime, hélas, l’Ambassadeur des Etats-Unis à
Benghazi et des membres du personnel de l’Ambassade,
ainsi que d’innocents citoyens. Je dis donc que tout en
condamnant totalement ces actes injustifiables, nous
tirons la sonnette d’alarme et disons que porter atteinte
aux religions, à toutes les religions et aux choses et aux
symboles sacrés ainsi qu’aux croyances menace la paix
et la sécurité internationales.

Dans le préambule de la Charte des Nations
Unies, il est dit « Nous, peuples des Nations Unies »,
ce qui consacre le principe selon lequel les relations
entre peuples sont le fondement de la paix et de la
sécurité internationales. Voilà pourquoi la communauté
internationale doit s’élever fermement contre tout ce
qui nous ramène aux concepts atroces et honteux du
racisme. Nous attachons une grande valeur à la liberté
de pensée et considérons qu’il s’agit de principes qu’il
faut respecter et maintenir, mais nous ne voyons aucun
lien entre, d’une part, la liberté de création, d’opinion
et d’expression. qui vise à enrichir la culture et à bâtir
une civilisation, et, d’autre part, des oeuvres qui ne
visent qu’à insulter les croyances, les cultures et la
civilisation des autres, inciter à la haine et attiser les
tensions. Certes, la Déclaration universelle des droits de
l’homme consacre la liberté de croyance et de religion,
mais cela ne signifie pas qu’il s’agit seulement du droit
de construire des lieux de culte et de pratiquer les rites,
mais aussi du droit des croyances d’être traitées avec
déférence et d’être à l’abri des insultes et des atteintes.
Si la communauté internationale criminalise l’agression
physique, elle pénalise aussi dans la même mesure sinon
plus l’agression psychologique et spirituelle.

Il ne faut pas permettre aux extrémistes d’exploiter
les principes de liberté et de liberté de pensée pour
répandre les idées de haine et d’incitation. Partant, et
maintenant qu’il est clair que l’atteinte aux religions et
aux croyances est devenue un phénomène qui menace
la stabilité, la sécurité et la paix internationales, laLigue des Etats arabes demande à la communauté
internationale de commencer à réfléchir à l’élaboration
d’un cadre juridique contraignant, sur la base de la
résolution 1618 (2005) du Conseil des droits de l’homme
et des articles 19 et 20 du Pacte international relatif aux
droits civils et politiques, pour combattre l’atteinte aux
religions et garantir le respect des croyances religieuses
et de leurs symboles .

Nous devons oeuvrer de concert pour renforcer
le dialogue qui promeut la compréhension entre les
cultures et entre les civilisations et qui répand les valeurs
de la tolérance et de l’amour et des valeurs nobles. Les
possibilités de coopération et de coordination entre les
Nations Unies et le Conseil de sécurité d’un côté, et la
Ligue des Etats arabes de l’autre, aux fins de relever
les défis auxquels est confronté le Moyen-Orient, sont
vastes et élargies. Au Yémen, il nous faut intensifier
les efforts et agir en vue de fournir au Gouvernement
l’assistance nécessaire qui lui permette non seulement
de surmonter tous les effets de la crise politique et ses
répercussions économiques, mais également de réussir
la période de transition et de parachever le processus de
reconstruction. Pour ce qui est de la Libye, j’espère que
la nomination de M. Tarek Mitri en tant que nouveau
Représentant spécial et Chef de la Mission d’appui des
Nations Unies en Libye, aidera à améliorer la coopérationet la coordination entre l’ONU et la Ligue des Etats
arabes et ses représentants en Libye pour assister le
peuple libyen dans la reconstruction et l’édification del’Etat.

C’est la coopération entre l’ONU, l’Union
africaine, la Ligue des Etats arabes et l’Autorité
intergouvernementale pour le développement sur le
problème somalien qui a permis de mener à terme
la transition en Somalie et d’entrer dans l’ère des
institutions permanentes. Cette coopération a été aussi
couronnée de succès et fructueuse au Darfour ainsi que
s’agissant des relations entre le Soudan et le Soudan
du Sud, où il faut éviter le retour au conflit. La Liguedes Etats arabes a participé à l’initiative d’appui à lasituation humanitaire dans les Etats du Nil bleu et du
Kordofan méridional, en coopération avec les Nations
Unies et l’Union africaine, et avec l’appui du Conseil
de sécurité. J’engage les trois organisations à renforcer
davantage la coopération et la coordination entre elles
en appui à la paix. J’espère que les Présidents Omar Al-
Bachir et Salva Kiir parviendront à un accord définitif
sur les questions en suspens à Addis-Abeba, et j’invite le
Conseil à leur accorder le temps nécessaire pour ce faire.

Je voudrais saisir cette importante occasion pour
évoquer un important défi auquel est confrontée la région.
Nous nous apprêtons, à la fin de l’année, à prendre une
mesure qui concerne le Moyen-Orient, en particulier, et
le monde entier, en général. Cette mesure attendue par
le monde entier est le début de la phase pratique en vue
de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et
d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.
Cela ouvre la voie à la réalisation de cet objectif et à
la tenue d’une conférence internationale à Helsinki avec
la participation de tous les Etats du Moyen-Orient. La
réussite de cette conférence, qui sera organisée par le
Secrétaire général de l’ONU et trois pays permanents
du Conseil de sécurité, exige que le Conseil lui apporteofficiellement son appui et incite tous les Etats de la
région à y participer efficacement. Il importe d’éloigner
le plus possible de cette partie sensible du monde le
spectre de la guerre nucléaire et le spectre des guerres au
moyen d’armes de destruction massive.

S’agissant de la région du Moyen-Orient, on ne
doit pas seulement la considérer comme une région
de tensions et de menaces. Il faut la considérer aussi
comme une région pleine d’espoirs, d’ambitions et de
possibilités. Les défis auxquels est confrontée la région
sont aussi divers. Ils ne sont pas seulement politiques et
militaires, mais aussi sociaux et liés au développement.
Une coopération efficace et pratique sur toutes ces
questions et d’autres exige la révision, la modernisation
et l’activation des cadres de coopération entre l’ONU etla Ligue des Etats arabes, et l’élaboration de méthodes
et de mécanismes nouveaux. Je vais à cet égard, très
brièvement, énoncer quelques propositions.

Premièrement, il faut actualiser l’accord de
coopération signé entre la Ligue des Etats arabes
et l’Organisation des Nations Unies en 1989
(résolution 44/7 de l’Assemblée générale), pour
s’adapter à l’évolution de la situation, aux priorités et
aux défis actuels et futurs. Deuxièmement, selon que de
besoin, des réunions périodiques doivent être organiséesentre le Conseil de sécurité et la Ligue des Etats arabes,
représentée par la présidence de la Conférence au
Sommet arabe, la présidence du Conseil des ministres
de la Ligue et le Secrétaire général de la Ligue.
Troisièmement, les réunions de coopération entre l’ONU

et la Ligue des Etats arabes doivent être de haut niveau
pour qu’elles puissent déboucher sur des programmes
efficaces, en particulier s’agissant de la prévention et
du règlement des différends et de la consolidation de la
paix. Quatrièmement, il faut accorder une plus grande
importance à la coopération entre les deux organisations
dans le domaine de l’aide humanitaire.

Pour terminer, je réitère mes remerciements et
ma gratitude au Président du Conseil pour son initiative
d’organiser la présente réunion de haut niveau. Je
voudrais également remercier tous les Ministres qui ont
fait le déplacement pour participer à cette séance. J’espère
qu’elle marque le début d’une nouvelle interaction entre
les deux organisations à l’appui de la paix et de la sécurité
dans la région du Moyen-Orient, afin qu’elle puisse se
transformer d’une région de conflits et de crises en une
zone de sécurité et de stabilité où les peuples jouissent
de la paix et de la prospérité, une région capable de
recouvrer son statut historique de source des lumières etde phare de la civilisation humaine. A travers le monde,
le Conseil de sécurité est considéré comme source de la
paix et de la sécurité internationales, et j’espère que tel
sera bien le cas.

Le Président (parle en anglais) : Je donne
maintenant la parole au Ministre des affaires étrangères et
de la coopération du Royaume du Maroc, S. E. M. Saad-
Eddine El Othmani.

M. El Othmani (Maroc) (parle en arabe) : Avant
toute chose je remercie le Ministre allemand des affaires
étrangères de son initiative d’organiser ce débat sur la
question de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient et
de la coopération entre les Nations Unies et la Ligue desEtats arabes.
Nous rendons hommage aux efforts du Secrétaire
général de l’ONU et du Secrétaire général de la Liguedes Etats arabes en vue de la réalisation des objectifs
communs aux deux organisations. Nous les assurons de
nouveau de la confiance et de l’appui du Royaume du
Maroc dans leurs efforts à cette fin. Pendant des siècles,
le Moyen-Orient a été le berceau de civilisations qui
ont enrichi le patrimoine humain. Malgré cela, la région
a également été le théâtre de plusieurs affrontements
qui ont dégénéré en conflits ouverts dont ont pâti et
continuent de pâtir les peuples de la région.

Le drame palestinien persistant est au coeur même
de la problématique de la paix et de la sécurité dans la
région du Moyen-Orient et fige dans l’immobilité le
présent et l’avenir de générations entières. Pour cette
raison, des mesures urgentes s’imposent pour régler
cette crise. En dépit des efforts soutenus déployés ces
dernières années, on ne parvient toujours pas à régler
le conflit actuel en raison de l’intransigeance d’Israël.
Parallèlement, étant donné les mouvements récents
constatés au sein de la région en vue de la réalisation
des aspirations légitimes de ses peuples à la démocratie
et à la liberté, il est impératif de bien comprendre ces
revendications.

Nous saluons cette coopération entre l’ONU etla Ligue des Etats arabes, dont nous estimons que le
renforcement est plus que jamais nécessaire. En effet,
nous constatons une évolution de l’action de la Liguedes Etats arabes et une volonté renouvelée de renforcer
le rôle de la Ligue au service des peuples de la région.
Comme nous pouvons le constater en ce qui concerne lacrise syrienne, la Ligue des Etats arabes a prouvé qu’elle
était capable d’agir avec beaucoup d’efficacité.

Nous nous félicitons particulièrement de
l’initiative de la présidence allemande de publier une
déclaration présidentielle appelant à prendre des mesures
tangibles pour promouvoir cette coopération. Je tiens à
saluer les mesures mentionnées par le Secrétaire généralde la Ligue des Etats arabes, qui mettent l’accent sur
l’importance de l’Initiative de paix arabe.

Nous devons consacrer quelques minutes à la
question palestinienne, qui, aujourd’hui plus que jamais,
mérite une attention particulière. Malheureusement, Israël
persiste dans son mépris systématique des résolutionsde l’ONU. A cet égard, il faut mentionner la politique
d’implantation de colonies, qui constitue une violation
flagrante du droit international et des Conventions de
Genève. Cette politique est devenue un obstacle majeur
au processus de paix. Elle traduit un mépris total des
accords internationaux et remet en question le processus
de paix. En outre, nous devons parler des actes de
violence perpétrés par les colons israéliens contre les
citoyens palestiniens. Malheureusement, la réaction de
la communauté internationale n’a pas été à la hauteur
des souffrances de ce peuple.

N’oublions pas non plus la souffrance des milliers
de prisonniers palestiniens dont certains sont détenus
depuis bien avant la signature des Accords d’Oslo en
1993. En dépit de cela, ce dossier n’a toujours pas été
réglé.

Il y a également les tentatives israéliennes visant
à modifier le caractère démographique et culturel de
la ville de Jérusalem. L’implantation de colonies se

poursuit à Jérusalem-Est, ainsi que les fouilles en
cours sous l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa, sans
que la communauté internationale n’y prête attention
et malgré les nombreux appels lancés par l’UNESCO.
Israël poursuit ses opérations de destruction des vestiges
de la Porte des Maghrébins, signe de la présence des
Maghrébins dans cette ville, auquel nous sommes
particulièrement attachés. Des lieux saints de la
chrétienté sont également détruits à Jérusalem et dans
d’autres villes.

Face à tous ces problèmes, le Royaume du Maroc,
dont le souverain, S. M. le Roi Mohammed VI, préside
le Comité d’Al Qods, demande qu’il soit mis un terme à
tous les travaux de construction qui détruisent la Porte
des Maghrébins et oblitèrent le caractère chrétien et
islamique de cette ville sainte. Par ailleurs, le Royaume
du Maroc exhorte la communauté internationale à agir
d’urgence pour protéger le patrimoine religieux et
culturel de Jérusalem.

D’autre part, la politique israélienne d’imposition
de sanctions collectives aux Palestiniens traduit une
attitude de mépris flagrant pour tous les accords
internationaux et toutes les règles du droit international.
Le régime de bouclage du territoire et de morcellement
des territoires palestiniens occupés et la poursuite du
blocus inhumain imposé aux territoires palestiniens,
et notamment à la bande de Gaza, depuis 2006, ont
provoqué une crise et des souffrances humanitaires
intolérables qui ne cessent de s’exacerber de jour en jour.

Du haut de cette tribune, nous voudrions
indiquer, dans notre conviction profonde qu’il est
impératif d’instaurer sans tarder la paix et la sécurité
dans la région, que la réalisation de cet objectif passe
nécessairement par le respect du droit par Israël et son
renoncement, à l’égard de populations palestiniennes
sans défense, à sa politique hostile visant à imposer un
rapport de force et une situation de fait accompli. Nous
appelons la communauté internationale à exhorter Israël
à respecter les résolutions internationales et les accords
conclus entre les parties concernées.

Nous nous devons d’évoquer les souffrances du
peuple syrien frère. Nous tenons à cet égard à exprimer
notre indignation et notre condamnation de la violence
infligée aux civils par le régime syrien. Nous réaffirmons
la nécessité de mettre un terme immédiat à ces actes
de violence afin de lancer un processus politique
auquel participeraient tous les segments de la société
syrienne en vue de réaliser les espoirs du peuple syrien
et ses aspirations à un régime politique démocratique
et pluraliste dans le cadre de l’unité nationale, de la
souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie, sans
intervention militaire étrangère.

Je voudrais réaffirmer à cet égard l’importance
des efforts arabes et internationaux visant à trouver
un règlement à la crise syrienne, dont notamment la
mission du Représentant spécial conjoint, M. Lakhdar
Brahimi. Nous saluons également tous les autres efforts
déployés pour résoudre cette crise. Le Maroc accueillera
la quatrième réunion du Groupe des amis de la Syrie à la
fin du mois, et nous espérons que cette réunion permettra
de dissiper le cauchemar du peuple syrien.

Le Moyen-Orient est confronté aujourd’hui à de
nombreux défis que le Conseil de sécurité doit tenter de
résoudre, compte tenu de sa responsabilité de maintenir
la paix et la sécurité internationales, afin de promouvoir
un climat de paix et de prospérité dans la région. Il ne
fait nul doute que les actes qui portent préjudice à l’islam
ou expriment toute forme de mépris ou de haine envers
la religion nous éloignent des principes de tolérance,
de dialogue et de respect. Nous rejetons ces actes de
provocation et refusons également tous les actes de
violence qui visent des victimes innocentes ou des biens.
Je rappelle que le Royaume du Maroc a condamné au plushaut niveau l’attaque contre le consulat des Etats-Unis à
Benghazi, laquelle a entraîné la mort de l’Ambassadeurdes Etats-Unis en Libye et de trois fonctionnaires du
consulat. Nous appelons au respect des lieux saints et
des valeurs sacrées.

Encore une fois, nous réitérons que la coopérationentre la Ligue des Etats arabes et l’ONU est cruciale, et
nous espérons qu’elle continuera de se développer et de
s’approfondir.

Le Président (parle en anglais) : Je donne
maintenant la parole à S. E. M. Laurent Fabius, Ministre
des affaires étrangères de la République française.

M. Fabius (France) : Je vais faire quelques
remarques sur ce sujet fort important. La première
remarque, que j’imagine chacun et chacune d’entre
nous partage, c’est que, il y a à peu près deux ans que le
Printemps arabe a commencé, que celui-ci à son début
a soulevé beaucoup d’espérance autour des thèmes de
la paix, de la dignité, de la liberté, de la démocratie,
mais qu’aujourd’hui, l’inquiétude est là. L’inquiétude
s’appelle violence, extrémisme, radicalisation,
instrumentalisation des sentiments religieux, volonté
de certains groupes de réactiver un affrontement entre
l’Islam et l’Occident.

Je veux dire que, face à ces défis, il me semble
qu’il n’y a pas beaucoup d’attitudes possibles. Il n’y
en a qu’une ou deux. En tous cas, c’est l’attitude de la
France. Nous devons être solidaires de ces mouvements,
parce que nous savons par expérience, dans chacun de
nos pays où se sont produits des révolutions – même
si les situations sont différentes – que les révolutions
connaissent des hauts et des bas, qu’elles ne sont jamais
linéaires, et qu’il faut que nous soyons solidaires avec
ce qu’il y a de meilleur dans ces mouvements. Mais en
même temps, et j’insiste sur le mais, il faut que nous
soyons exigeants, parce que la façon dont ces printemps
arabes ont parfois dérivé montre qu’il faut à chaque
instant être très vigilants sur un certain nombre de points
centraux que sont les droits de la personne humaine, les
droits de la femme, le refus du terrorisme, le respect
des communautés et le respect des minorités. Voilà la
première remarque de bon sens qui, j’imagine, sera
partagée par l’ensemble de ceux qui sont là.

La deuxième remarque concerne la Syrie. On ne
comprendrait pas que, dans ce cadre, nous ne disions pas
les uns et les autres quelques mots sur cette situation
tragique. Au moment où j’ai préparé ce cours propos,
j’avais inscrit que, à ce jour, le conflit a fait 27 000 morts.
Nous entendons les dernières observations qui parlent
maintenant de 30 000 morts. Et, selon les mots de notre
envoyé, M. Brahimi, ce chiffre s’aggrave encore.

Je ne vais pas revenir sur le fait que chacun
d’entre nous partage, j’imagine, qu’il est choquant pour
l’opinion publique internationale que nous, qui nous
appelons le Conseil de sécurité des Nations Unies, ayons
été jusqu’ici incapables d’assurer à la fois l’unité de ces
nations et la sécurité. Et il est choquant – je ne vais pas
approfondir les responsabilités des uns et des autres –
que notre Conseil ait été incapable jusqu’ici d’agir. Mais
je voudrais souligner deux risques qui d’ailleurs ne sont
pas exclusifs l’un de l’autre dans ce drame syrien. Si
la situation se prolonge, le risque est très important que
la Syrie éclate. J’emploie à dessein ce terme. Et cet
éclatement, pour nous tous qui sommes attachés à la
stabilité d’une région déjà si durement touchée, serait
dramatique. Or, c’est ce qui est au bout de l’absence de
solution. Et en même temps que l’éclatement, le risque

– et ce n’est pas seulement un risque futur, c’est déjà la
réalité – c’est que l’extrémisme gagne du terrain. Les
membres du Conseil ont tous les mêmes informations que
nous. Il y a des extrémistes qui, au-delà des convictions
que chacune des parties en présence peut avoir, ont
envahi le territoire syrien.

Et je voudrais, de ce point de vue là, faire une
autre remarque – si nous pouvions, comme nous le
faisons parfois, discuter entre nous sans la lumière des
projecteurs. Je ne connais personne dans ce Conseil qui
soutienne qu’à terme le régime de M. Bashar Al-Assad
sera encore là. Je ne veux pas mettre en cause tel ou
tel d’entre les membres du Conseil, mais aucun d’entre
nous avec qui j’ai discuté ne soutient que d’ici quelque
temps, M. Bashar Al-Assad sera encore là. Et en même
temps, il est là.

Donc toute la question, puisque nous savons
que ce régime aura un terme – et pour ma part, en tant
que représentant de la France, je dis le plus tôt sera le
mieux – c’est de rapprocher les deux points. Il est là, il
doit partir. Comment faire en sorte que cela se fasse de
la manière la plus pacifique possible et sans tomber dans
un chaos encore plus grand ? Pour le moment, nous avons
été incapables d’apporter une réponse. Et pourtant, ce
qu’on nous demande dans le monde entier, c’est d’être à
la hauteur de notre nom. Le Conseil de sécurité devrait
pouvoir, espérons-le, dans les semaines qui viennent,
apporter une réponse.

La France, pour sa part, est mobilisée sur plusieurs
plans : le plan humanitaire et médical ; l’unification,
autant qu’il est possible, de la résistance syrienne ;
la consolidation des zones libérées. Nous sommes
disponibles sur tous ces points.

C’est là où je voudrais insister sur le rôle
remarquable que le Secrétaire général de la Liguedes Etats arabes a joué depuis le début dans ce drame
syrien et sur l’excellente coopération qu’il a su mener
avec les Nations Unies. Il a réagi avec rapidité, avec
fermeté, avec courage dès le début de la crise. Il a
suspendu la Syrie de la Ligue, ce qui n’était pas facile.
Il n’a pas hésité à adopter des sanctions pour assécher
les moyens financiers du régime, neutraliser ses voies
d’approvisionnement en armes. Il a introduit l’idée d’une
transition politique nécessaire en Syrie, objectif qui est
désormais au coeur du mandat du Représentant spécial
conjoint, M. Brahimi. Lorsque le Conseil a décidé l’envoi
d’une mission d’observation en Syrie, il a pu s’appuyersur l’expérience de la Ligue des Etats arabes. Il a donc
lancé une dynamique importante avec la présentation
par le Maroc d’un projet de résolution au Conseil et
l’adoption à l’Assemblée générale, à l’initiative du
Groupe arabe, de deux résolutions (résolutions 66/253 A
et B) qui ont été votées à de larges majorités et qui ont
confirmé l’isolement du régime de Bachar Al-Assad,
isolement qui est manifeste partout. Je voulais donc

rendre hommage au travail que le Secrétaire général de
la Ligue a fait avec ses collègues et saisir l’occasion de
notre réunion pour appeler de nouveau le Conseil à dire
toute sa confiance à M. Brahimi dans une situation et
pour une mission qui sont évidemment difficiles.

Le dernier point que je voulais souligner, comme
l’ont fait d’autres collègues, c’est qu’il n’est pas possible
d’aborder les questions qui touchent le monde arabe, et
d’une façon générale le monde, sans souligner le blocage
du processus de paix entre Israël et la Palestine. La France
souhaite une relance du processus de paix. Elle encourage
les parties à la reprise des négociations. Le but, dois-je
le rappeler une fois de plus, est d’aboutir à la créationd’un Etat palestinien indépendant, viable et pacifique et
de garantir la sécurité d’Israël. Mais là aussi, je mets
en garde. Pendant des années et des années, pour nous
tous qui suivons ces questions, au fond, on connaissait
la solution. Le problème était d’arriver à mettre les
parties d’accord. Et nous n’y sommes pas arrivés. Mais
aujourd’hui, compte tenu des développements sur le
terrain, le risque existe de mettre en cause la solution
elle-même. Ce risque-là est extrêmement grave.

Là encore, je veux saluer l’engagement de laLigue des Etats arabes en faveur du règlement du conflit
israélo-palestinien, souhaiter que très rapidement, des
solutions soient apportées aux difficultés financières
de l’Autorité palestinienne et qu’au-delà, des progrès
puissent avoir lieu. J’ajoute une fois de plus qu’il n’y
a pas de paix durable sans justice et qu’il n’y aura pas
de paix durable dans cette région du monde si nous
n’apportons pas, les uns les autres, une solution à ce
problème qui dure depuis des décennies.

J’en aurai terminé lorsque j’aurai à nouveau
remercié notre ami, le Ministre Guido Westerwelle,
d’avoir pris l’initiative de cette rencontre, qui nous
permet de réaffirmer l’importance que nous apportonsau travail de la Ligue des Etats arabes et le souhait quel’Organisation des Nations Unies et la Ligue des Etats
arabes travaillent de mieux en mieux ensemble, avec
détermination et succès.

Le Président (parle en anglais) : Je donne
maintenant la parole à S. E. Mme Hillary Rodham
Clinton, Secrétaire d’Etat des Etats-Unis d’Amérique.

Mme Clinton (Etats-Unis d’Amérique) (parle en
anglais
) : Monsieur le Ministre, je vous remercie de
nous avoir rassemblés à ce moment critique pour aborder
la question de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient,
après deux semaines tumultueuses durant lesquelles de
violentes manifestations ont agité les pays de la région.
Même si la colère visait mon pays, ces manifestations
ont fait ressortir des fractures profondes au sein des
nouvelles démocraties ainsi qu’une instabilité que les
extrémistes ont été prompts à encourager et à exploiter.

Comme l’a clairement affirmé le Président
Obama dans l’allocution qu’il a prononcée hier devantl’Assemblée générale (voir A/67/PV.6), les Etats-Unis
rejettent ce faux choix entre démocratie et stabilité. Les
démocraties constituent les partenaires les plus solides et
les plus capables. Nous savons que cela exige beaucoup
de travail et n’est pas sans difficultés, mais le fait est que
l’émergence de nouvelles démocraties en ce XXIe siècle
doit être une source de vive satisfaction et d’espoir.

Toutefois, ces démocraties émergentes ont
besoin de défenseurs fidèles, et non d’amis qui ne se
manifestent que par beau temps. Au cours de la semaine
écoulée, j’ai rencontré des dirigeants tunisiens, libyens,
égyptiens et yéménites, et j’ai indiqué à chacun d’entreeux que les Etats-Unis continueront de leur fournir un
appui indéfectible alors que leurs pays poursuivent leur
marche vers la démocratie. Toutefois, pour concrétiser
les promesses qu’offre la transition, il faut mobiliser un
grand nombre d’acteurs sur de multiples fronts. Bien sûr,
ce travail revêt une dimension politique et économique,
mais je voudrais aujourd’hui mettre l’accent sur les
préoccupations relatives à la sécurité, car celle-ci doit
être le point d’ancrage sur la voie de la démocratie
véritable.

De toute évidence, les révolutions arabes viennent
de l’intérieur, et la responsabilité principale de leur
succès ou de leur échec revient au peuple qui les vit
chaque jour. Mais les nations réunies dans cette salle
ont également beaucoup à gagner à voir ces démocraties
s’affirmer, et nous avons la responsabilité commune
d’aider les pays qui vivent une période de transition à
persévérer sur la bonne voie.

L’appui international est crucial. Il n’y a qu’à voirce qui a été possible lorsque la Ligue des Etats arabes
et le Conseil de sécurité ont décidé de collaborer pour
protéger les civils en Libye. Cette démonstration de
solidarité a favorisé l’adoption d’une résolution ferme
du Conseil de sécurité [résolution 1973 (2011)] qui a
empêché Benghazi d’être détruite aux mains d’un tyran.
Grâce à l’appui de cette vaste coalition, le peuple libyen
a maintenant la possibilité d’écrire son avenir. Nous
avons vu, dans le courant de l’année, les Libyens se
déplacer en masse pour se rendre aux urnes, la plupart
pour la première fois de leur vie.

Puis, vendredi dernier, des milliers de Libyens
sont descendus dans la rue pour condamner l’attaquecontre un poste diplomatique des Etats-Unis au cours
de laquelle l’Ambassadeur Chris Stevens et trois autres
Américains ont été tués. Ils ont clamé que ceux qui
encouragent la violence et la division ne parlent pas au
nom de la nouvelle Libye et que les groupes armés qui
cherchent à rompre les liens de la Libye avec le monde
ne sont pas les bienvenus. Le nouveau Gouvernement
libyen travaille en étroite coopération avec nous pour
retrouver les meurtriers et les traduire en justice.

Pour autant, chaque pays en transition est
confronté à des problèmes de sécurité qui lui sont
propres, et chacun a donc besoin d’un appui différent.
En Tunisie, où l’éveil arabe a commencé, les extrémistes
cherchent à détourner les progrès accomplis, mais les
Tunisiens travaillent sans ralentir pour démanteler
les vestiges d’une longue dictature et instaurer les
fondements d’une démocratie durable. Les émeutes ont
révélé les difficultés qu’il y a à constituer des forces
de sécurité axées sur la protection de la population, et
non des régimes. Ces pays ne sont pas les premiers à
se heurter au défi consistant à rétablir l’ordre dans une
nouvelle démocratie, et la communauté internationale
n’a pas toujours répondu présente par le passé, soit parce
qu’elle n’a pas fourni l’appui nécessaire, soit parce que
cet appui n’était pas le bon.

Nous devons donc être attentifs aux enseignements
tirés de nos succès et de nos échecs, et notamment à ce
précepte fondamental : la formation, le financement et le
matériel ne peuvent aider que jusqu’à un certain point.
Il faut la volonté politique pour faire des choix difficiles
et apporter des changements majeurs qui permettront
d’édifier des institutions fortes et d’instaurer une sécurité
durable. Je me réjouis donc que la Tunisie ait accepté
d’abriter un nouveau centre de formation international
qui aidera les responsables de le sécurité et de la justice
pénale à mener des politiques fondées sur l’état de droit
et le respect des droits de l’homme.

Les Egyptiens ont choisi leur dirigeant pour
la première fois de leur histoire, et nous sommes
déterminés à concourir au succès de cette transition. Le
peuple égyptien, fier des libertés qu’il a revendiquées,
doit décider du type de pays qu’il veut édifier, et
les choix de la plus grande nation arabe auront des
répercussions bien au-delà de ses frontières. Commetoutes les nations, l’Egypte sait qu’elle a également
des responsabilités, à l’égard non seulement de ses
propres citoyens, mais également de ses voisins et de la
communauté internationale : la responsabilité d’honorer
ses engagements internationaux, de partager largement
le pouvoir, de préserver la confiance de tous lesEgyptiens, hommes et femmes, musulmans et chrétiens.
Nous voulons aider l’Egypte et toutes les nouvelles
démocraties à être à la hauteur de ces responsabilités
cruciales.

Au Yémen, nous travaillons dans le cadre
du processus de transition dirigé par le Conseil de
coopération du Golfe. Toutefois, assurer la sécurité de
base des Yéménites représente un défi majeur exacerbé
par les besoins singuliers du Yémen. Le Yémen a une
population de jeunes qui augmente rapidement, mais peu
d’emplois à offrir, ce qui est une situation typique non
seulement dans la région, mais dans le monde. En outre,
le Yémen est confronté à l’épuisement de ses réserves
pétrolières et hydriques, et Al-Qaida dans la péninsule
arabique demeure une menace grave. L’urgence de ces
menaces appelle de notre part une réaction urgente.
A l’occasion de la réunion des Amis du Yémen qui se
tiendra dans le courant de cette semaine, les pays se
pencheront sur les défis qui se posent au Yémen tant à
court terme qu’à long terme.

Malheureusement, en Syrie, le Président de la
République arabe syrienne, Bachar Al-Assad, s’accroche
au pouvoir et sa campagne brutale a provoqué une crisehumanitaire. Les Etats-Unis se sont engagés à verser
plus de 100 000 dollars pour aider le peuple syrien, et
nous continuons à dire que les violences doivent prendre
fin et qu’une transition politique qui exclue Assad doitaller de l’avant. La Ligue des Etats arabes a exclu la
Syrie de ses activités et vigoureusement condamné les
violences barbares commises par le régime d’Al-Assadcontre son peuple. La Ligue des Etats arabes a élaboré un
plan en faveur d’une transition politique pacifique, qui
a été approuvé à une majorité écrasante à l’Assemblée
générale, une résolution qui a lancé des efforts demédiation entre la Ligue des Etats arabes et l’ONU,
d’abord dirigés par l’Envoyé spécial conjoint, M. Kofi
Annan, puis par le Représentant spécial conjoint,

M. Lakhdar Brahimi.

Pourtant, les atrocités s’intensifient, alors que
le Conseil de sécurité demeure paralysé. Je demande
instamment que l’on tente une fois encore de tracer la
voie qui permettra d’unifier le Conseil de sécurité afin
de mettre rapidement fin aux violences en Syrie et de
prévenir les conséquences que nous redoutons tous
autour de cette table.

Même si l’objectif premier de la présente
réunion n’était pas de débattre du processus de paix, je
voudrais rappeler le message émis hier par le Président.
L’avenir d’Israël et de la Palestine appartient à ceux qui
travaillent dur à l’instauration de la paix, pas à ceux qui
se nourrissent des conflits et rejettent le droit d’Israël àl’existence. Les Etats-Unis sont disposés à oeuvrer en
faveur d’un accord juste afin d’atteindre enfin l’objectifclair que nous nous sommes fixé : un Etat israélien
vivant dans la sécurité et une Palestine indépendante et
prospère qui réalise les aspirations des Palestiniens.

Aucun débat sur le Moyen-Orient ne serait
pas complet si on n’évoquait pas l’Iran et la menace
grave que ses activités font peser sur la région et audelà.
Malgré les nombreuses exigences du Conseil,
l’Iran n’a pas encore pris les mesures nécessaires pour
coopérer pleinement avec l’Agence internationale de
l’énergie atomique et apaiser les doutes qui pèsent sur
ses programmes nucléaires. En outre, l’Iran continue
de parrainer des groupes terroristes et de se livrer à la
contrebande d’armes que le régime d’Al-Assad utilise
contre le peuple syrien. Dans l’intervalle, les droits
des Syriens sont violés de manière flagrante par leur
gouvernement.

Les problèmes de la Syrie, tels que ceux-ci,
exigent un esprit d’initiative et un partenariat. Hier, j’aieu le privilège de signer un accord avec la Ligue des Etats
arabes, représentée par son Secrétaire général, M. Nabil
Elaraby. J’ai été ravie de constater que le Secrétaire
général Elaraby et moi-même avons pu faire fond sur la
coopération sans précédent de ces deux dernières années.
Nous appuyons l’appel lancé par l’Allemagne pour que
la coopération entre le Conseil de sécurité et la Ligue desEtats arabes soit plus systématique et soutenue. Les Etats-
Unis font également partie des 28 pays et organisations
internationales qui travaillent par le biais du Partenariat
de Deauville avec les pays arabes en transition pour
appuyer les transitions démocratiques au Moyen-Orient
et en Afrique du Nord. Lorsque la violence a pris pour
cible nos ambassades à travers le monde, cet organe s’estjoint à la Ligue des Etats arabes, à l’Organisation de la
coopération islamique, à l’Union africaine et à l’Union
européenne pour exprimer la condamnation mondiale des
attaques et appeler à la retenue. Ils nous ont apporté leur
soutien, et nous devons maintenant faire front commun
pour appuyer les aspirations communes des personnes,
de toutes les personnes, à la sécurité pour leurs familles,
à la liberté de vivre selon notre conscience, à la dignité
que seule l’autodétermination confère.

Comme l’a dit le Président Obama hier, les Etats-
Unis ne renonceront jamais à défendre ces valeurs, et
nous n’abandonnerons jamais ces nouvelles démocraties.
Nous ne sommes pas seuls à avoir pris cet engagement.
C’est le travail de toutes les nations responsables, et nous
nous réjouissons de travailler en étroite collaboration
avec tous ceux qui se prononcent publiquement en
faveur de nos valeurs communes.

Le Président (parle en anglais) : Je donne
maintenant la parole à S. E. Mme Maite Nkoana-
Mashabane, Ministre des relations internationales et de
la coopération de la République sud-africaine.

Mme Nkoana-Mashabane (Afrique du Sud) (parle
en anglais
) : L’Afrique du Sud remercie l’Allemagne,
notamment notre collègue, le Ministre des affaires
étrangères, M. Guido Westerwelle, d’avoir organisé ce
débat opportun, qui nous donne l’occasion de réfléchir à
la situation concernant la paix et la sécurité au Moyen-
Orient, notamment à la lumière des événements qui se
produisent actuellement dans la région. Nous remercions
le Secrétaire général Ban Ki-moon et le Secrétairegénéral de la Ligue des Etats arabes, M. Nabil Elaraby,
de leurs déclarations.

La Charte des Nations Unies confie au Conseil
de sécurité la responsabilité principale du maintien de
la paix et de la sécurité internationales. Elle reconnaît
aussi la complémentarité des rôles de l’ONU et des
organisations régionales à cet égard. Un alignement
politique et stratégique entre le Conseil de sécurité et les
organisations régionales a donné des résultats probants,
comme nous l’avons vu pour la Somalie et le Soudan.
La coordination doit être renforcée et doit devenir plus
formelle et structurée. C’est la raison pour laquelle
l’Afrique du Sud a toujours préconisé le renforcement
de la coopération entre l’ONU et les organisations
régionales et sous-régionales.

Nous avons également initié l’adoption de la
résolution 2033 (2012) afin de renforcer cette relation,
surtout entre le Conseil de paix et de sécurité de
l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’ONU. La
coopération entre les organisations régionales est tout
aussi importante, notamment lorsque les organisationsont des membres communs comme la Ligue des Etats
arabes et l’Union africaine. Dans de telles situations, les
organisations régionales doivent collaborer pour élaborerdes solutions régionales face à ces défis communs. A cet
égard, nous attendons avec intérêt la réunion conjointe
consultative ministérielle entre le Conseil de paix et de

sécurité de l’Union africaine et la Ligue des Etats arabes,
prévue à New York le 27 septembre.

Pour ce qui est du Moyen-Orient, nous devonsavouer que la Ligue des Etats arabes est l’organisation
qui a la meilleure compréhension de la dynamique des
conflits qui surviennent dans le monde arabe et elle est
la mieux placée pour proposer des solutions adaptées.
L’Afrique du Sud salue les efforts déployés par la Liguedes Etats arabes en faveur de la promotion de la paix
dans la région du Moyen-Orient, notamment ceux visant
à promouvoir le processus de paix au Moyen-Orient,
la question la plus ancienne en matière de paix et de
sécurité inscrite aux ordres du jour de l’ONU et de laLigue des Etats arabes. Il est donc approprié que l’ONU
renforce sa coopération avec la Ligue. La nomination
du Représentant spécial conjoint de l’Organisation desNations Unies et de la Ligue des Etats arabes pour la Syrie
est une preuve de cette coopération. Il serait également
indiqué que le Secrétaire général, en consultation avec la
Ligue, étudie les modalités d’un nouveau renforcement
de la coopération. Dans sa coopération avec la Ligue,
le Conseil se doit d’être cohérent et de ne pas coopérer
seulement de façon sélective sur des questions servant
les intérêts nationaux de certains de ses membres.

Les événements qui se sont produits au Moyen-
Orient au cours des 19 mois écoulés ont eu des
répercussions significatives sur la région et le reste du
monde. Les facteurs complexes qui sous-tendent ces
événements montrent qu’aucun pays ou organisation
ne peut faire face seul à ces situations. Il est parconséquent primordial que les Etats et les organisations
internationales travaillent en coopération dans la gestion
des questions intersectorielles de paix, de sécurité et de
développement.

De même, les causes sous-jacentes de ces
soulèvements, notamment les conflits de longue date,
doivent être abordées de façon coordonnée. Ce n’est pas la
façon dont les choses ont été abordées au Moyen-Orient,
où, pour certaines situations, la réaction internationale
a été prompte à venir, alors que dans d’autres, cette
coopération est inexistante et, par conséquent, on ne
constate aucun mouvement notable en direction d’un
règlement du conflit.

La coopération entre l’Organisation des NationsUnies et la Ligue des Etats arabes a été des plusdécevante. La Ligue des Etats arabes a toujours joué un
rôle très important en cherchant à trouver une solution
au conflit, notamment par l’adoption de l’Initiative de
paix arabe. Malheureusement, le Conseil de sécurité n’a
toujours pas fourni d’aide efficace et véritable à la Ligue
dans ses efforts. Au lieu de cela, nous avons compté sur
le Quatuor pour le Moyen-Orient, dont l’efficacité est de
plus en plus en question, d’autant que représentants de
la Ligue ou de la région sont exclus de sa composition.

Il y a exactement un an, en septembre 2011, le
Quatuor pour le Moyen-Orient s’est engagé à la reprise
des négociations directes entre Israël et la Palestine d’ici
septembre 2012. Ce délai est échu et dépassé, et aucun
progrès notable n’a été fait dans le sens d’une reprise des
négociations.

En conséquence, la situation dans les territoires
palestiniens occupés continue de se dégrader gravement.
La construction de colonies illégales, en violation du
droit international et des résolutions du Conseil, reste la
principale pierre d’achoppement à la viabilité d’un Etat
palestinien indépendant et à la reprise des pourparlers
de paix.

L’Afrique du Sud déplore la fin de non-recevoir
donnée par le Conseil à la demande d’admission de la
Palestine à l’ONU, et ce, en dépit du soutien écrasant
et de l’aval dont elle bénéficiait de la part de la Ligue.
Nous nous félicitons de la décision de la Ligue des Etats
arabes de relancer la demande d’admission de la Palestine
à l’ONU et appelons la communauté internationale à
appuyer activement un règlement politique permanent et
durable, à savoir la mise en oeuvre de la solution des deux
Etats, qui prévoit la création d’un Etat palestinien viable
existant côte à côte et en paix avec Israël, à l’intérieur
de frontières internationalement reconnues fondées sur
celles du 4 juin 1967, et avec pour capitale Jérusalem-
Est.

Malheureusement, des années d’échec de l’action
diplomatique et de contrôle du Conseil de sécurité n’ont
fait qu’endurcir les positions de l’occupant, qu’empirer
l’extrême pauvreté et la souffrance du peuple palestinien,
et que perpétuer l’insécurité de la population aussi bien
israélienne que palestinienne. Peut-être le moment est-il
venu de procéder autrement. La Ligue est bien placée
pour montrer la voie et veiller à ce que la cause de la
Palestine redevienne une priorité du Conseil.

En ce qui concerne la situation en Syrie,
nous condamnons la violence, qui se poursuit sans
discontinuer. Pendant ce temps, le Conseil demeure divisé
sur la question. L’Afrique du Sud insiste sur le fait que leConseil de sécurité et la Ligue des Etats arabes doivent
aborder la crise syrienne de façon équilibrée, en exerçant
une pression sur toutes les parties pour qu’elles mettent

fin à la violence, et y mettent fin immédiatement, pour
qu’elles établissent un cessez-le-feu et se conforment
pleinement à leurs obligations respectives au titre du
plan en six points et du Communiqué final du Groupe
d’action pour la Syrie (S/2012/522).

Ceux qui aident militairement l’une ou l’autre
des parties ne font qu’aggraver la situation et prolonger
l’effusion de sang. Nous appelons ceux qui sont mêlés à
ces initiatives à s’en abstenir et à apporter leur concours
aux efforts déployés pour amener les parties à revenir
à la table de négociation afin d’engager un processus
politique crédible mené et pris en charge par les Syriens,
permettant d’aboutir à un dispositif de transition légitime
visant à établir une société démocratique et pluraliste qui
réponde aux aspirations légitimes de tous les Syriens. Le
règlement du conflit doit également préserver l’unité, la
souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie.

En conclusion, l’incapacité du Conseil de faire
face à la situation en Palestine et en Syrie illustre
combien il est nécessaire de le réformer. L’absence de
réforme n’en rend que plus indispensable la coopération
avec les organisations régionales alors que le Conseil est
aux prises avec les menaces contemporaines à la paix et
à la sécurité internationales.

Le Président (parle en anglais) : J’invite
maintenant le Ministre des affaires étrangères de la
Fédération de Russie, S. E. M. Sergey Lavrov, à prendre
la parole.

M. Lavrov (Fédération de Russie) (parle en
russe
) : Je me joins aux autres orateurs pour vous
remercier, Monsieur le Président, d’avoir convoqué la
présente séance qui aborde un sujet d’une importance
cruciale.
Le monde arabe vit des transformations radicales
et douloureuses. Les répercussions s’en font déjà sentir
et continueront de le faire pendant assez longtemps,
dans la région comme dans le reste du monde. Les
tentatives d’attiser des discordes interethniques et
interconfessionnelles dans le monde entier sont tout
particulièrement préoccupantes. Il est nécessaire de
faire obstacle à tous ceux qui insultent par leurs actions
la sensibilité des croyants et dressent les uns contre les
autres les tenants de différentes religions. Il est tout aussi
inadmissible de répondre aux provocations par des actes
terroristes, que rien ne peut justifier, particulièrement
lorsque ce sont les diplomates et le personnel de l’ONU
qui en sont les cibles.

Le processus de changement naît des aspirations
des populations à une vie meilleure et à la justice, ainsi
qu’à la jouissance de leurs droits politiques et de leurs
libertés. Nous partageons et comprenons ces sentiments.
Ils sont en consonance avec la philosophie qui soustend
toute la politique étrangère russe, qui repose sur le
principe que tout peuple doit être en mesure de décider
comme bon lui semble de son propre destin.

Les faits survenus au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord confirment une fois de plus la nécessité de
respecter les grands principes énoncés dans la Charte
des Nations Unies, à commencer par la souveraineté etl’intégrité territoriale des Etats, la non-ingérence dans
leurs affaires intérieures et le non-recours, ou menace de
recours, à la force.

Dans une déclaration aujourd’hui au Kremlin,
le Président Vladimir Poutine a insisté sur la nécessité
d’assurer la primauté du droit international sur la scèneinternationale et à l’intérieur des Etats. Le chemin à
suivre pour le règlement durable de ces problèmes passe
par un dialogue approfondi et la réconciliation nationale.

Aujourd’hui les troubles qui se sont répandus
dans tout le monde arabe se concentrent sur la situation
en Syrie. Nous condamnons tous les actes de violence et
toutes les violations des droits de l’homme et du droit
international humanitaire, quel qu’en soient les auteur : le
Gouvernement syrien ou l’opposition armée. Toutefois,
une part importante de la responsabilité de cetteeffusion de sang continue revient aux Etats qui incitent
les opposants de Bachar El-Assad à rejeter le cessezle-
feu et le dialogue tout en exigeant la capitulation
sans conditions du régime. Ce type de démarche est
irréaliste et, de fait, encourage le recours à des tactiques
terroristes, ce dont l’opposition armée est de plus en plus
souvent coutumière. Le refus de certains membres du
Conseil de sécurité de condamner ces actes terroristes
est profondément préoccupant et met en question le rôle
fondamental que joue ce dernier dans la lutte contre le
terrorisme sous toutes ses formes.

Il ne fait aucun doute que les méthodes militaires,
en particulier les ingérences militaires venant de
l’extérieur, constituent une menace grave à la sécurité
régionale, dont les conséquences sont imprévisibles. On
ne pourra parvenir à un règlement durable que par la
négociation et la recherche de compromis tenant compte
des intérêts de tous les groupes religieux et ethniques de
la société syrienne.

On en a les éléments : le Communiqué final du
Groupe d’action pour la Syrie (S/2012/522), adopté
à Genève le 30 juin, comme suite aux résolutions
2042 (2012) et 2043 (2012) et au plan en six points
de Kofi Annan. Ce communiqué est l’expression du
consensus intervenu entre tous les membres permanentsdu Conseil de sécurité, les membres de la Ligue des Etats
arabes, la Turquie, l’Union européenne et le Secrétaire
général de l’ONU. Nous sommes convaincus que le
Communiqué de Genève garde toute sa validité et sa
pertinence.

A cet égard, nous voudrions attirer l’attention sur
la déclaration commune qui sera adoptée aujourd’hui
par les Ministres des affaires étrangères du Brésil, de
la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud

– pays du groupe BRICS – dans laquelle ils proposent
une évaluation objective des moyens de sortir la Syrie
de la crise et appuient le communiqué de Genève en tant
que point de départ d’une telle action. Il s’agit d’une base
pouvant aboutir à un consensus au Conseil de sécurité,
consensus dont l’absence a été évoquée par plusieurs
de nos collègues. Le Communiqué de Genève est un
document objectif et il constitue la base la plus réaliste
pour aboutir à un tel consensus, notamment parce que les
cinq membres permanents du Conseil de sécurité l’ont
signé.
Nous espérons que le consensus de Genève aidera
également Lakhdar Brahimi et son équipe à trouver
les moyens de sortir de cette crise. Nous accueillerons
favorablement toute proposition constructive visant à
coordonner les efforts de la communauté internationale
à même d’obliger toutes les parties syriennes à mettre
fin aux violences et à s’asseoir à la table de négociation.
A cet égard, nous estimons que l’initiative du Président
égyptien, Mohamed Morsy, peut être prometteuse.

Aujourd’hui, plus que jamais, les problèmes semultiplient sur l’échiquier politique au Moyen-Orient. A
ce jour, aucun progrès notable n’a été fait pour les régler.
Il ne fait aucun doute que les transformations politiques
engagées doivent aller au bout de leur logique, en tenant
compte des opinions de toutes les composantes de la
société afin de prévenir de nouveaux troubles. Il est
clair, de plus, que sans une modernisation sur le plan
socioéconomique, il est peu probable que les populations
arabes considéreront que ces changements sont pour le
mieux, ce qui les rendrait pourtant bien moins réceptives
à l’extrémisme.

Une solution à envisager à cet égard pourrait être
une coopération responsable et ciblée de la part de la
communauté internationale. Il est primordial que tous
les acteurs extérieurs contribuent au renforcement des
processus constructifs dans le monde arabe, y compris
dans le cadre de dispositifs tels que le Partenariat de
Deauville avec les pays arabes en transition.

Les échanges avec les membres de la Liguedes Etats arabes sont une des priorités stratégiques de
la politique étrangère russe. La Russie n’a jamais eu
aucun intérêt colonial au Moyen-Orient ni en Afrique
du Nord et n’a jamais déclenché de guerre pour
s’accaparer les ressources de ces régions ni imposé sa
propre carte politique de la région. Dès le départ, notre
présence dans cette région a eu pour but de promouvoir
la communication entre les pays et la coexistence des
différentes cultures et religions – ce que l’on appelle
aujourd’hui le dialogue entre les civilisations.

Forte des relations amicales et de coopération
qu’elle entretient depuis de nombreuses années avec les
pays du monde arabe, la Russie oeuvre, aujourd’hui, pour
un dialogue fondé sur la raison et le respect mutuel sur
toutes les questions régionales et négocie de nouvelles
formes d’interaction. Le Forum de coopération russoarabe
a été mis en place pour servir de cadre à l’exécution
de projets commerciaux, économiques, culturels et
humanitaires. Un conseil des entreprises russo-arabe a
également été créé.

Nous considérons que la Ligue des Etats arabes
doit jouer un rôle concret pour trouver une solution aux
problèmes rencontrés au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord. Elle a une connaissance approfondie de la
psychologie, des traditions et de l’histoire nationales de
ces pays et peut définir des objectifs communs pour la
région. L’efficacité de la Ligue serait considérablement
renforcée si, pour étayer ses mesures de sortie de crise,
elle accordait la priorité au dialogue, à la médiation et
aux activités de maintien de la paix, comme le prévoit
la Charte des Nations Unies. De manière générale,
nous estimons que cela est essentiel pour améliorer la
coordination globale des efforts déployés par la Ligue
arabe et par l’Organisation des Nations Unies.

Nous partageons une position commune avec lesEtats membres de la Ligue des Etats arabes à savoir que,
malgré le caractère spectaculaire du Printemps arabe,
ces processus ne doivent pas empêcher de continuer à
chercher les moyens de régler les problèmes de longue
date au Moyen-Orient. Avant tout, cela signifie qu’il faut
parvenir à un règlement juste du conflit arabo-israélien
en s’appuyant sur le cadre juridique international existant
qui, comme nous le savons, comprend l’Initiative de

paix arabe, adoptée au Sommet de la Ligue des Etats
arabes de Beyrouth en mars 2002 et approuvée par le
Conseil de sécurité. La Russie exhorte les médiateurs du
Quatuor pour le Moyen-Orient a redoublé d’efforts, encoopération étroite avec la Ligue des Etats arabes, en vue
d’une reprise rapide des pourparlers palestino-israéliens.
Pour nous, le fait que le Quatuor n’ait pas été en mesure
d’organiser une réunion ministérielle en marge du débat
général de la présente session de l’Assemblée générale
est une grave erreur.

Les nouvelles tensions qui ont récemment éclaté
dans la région, les attaques contre des ambassades dans un
certain nombre de pays et la mort de plusieurs diplomates
américains en Libye ont une nouvelle fois montré qu’il
faut lutter avec intransigeance contre le terrorisme. Il est
primordial que les terroristes qui tentent de tirer parti
des changements en cours soient partout unanimement
mis au ban de la communauté internationale, qu’ils se
trouvent en Libye, en Iraq, au Yémen ou en Syrie.

Il ne doit pas y avoir deux poids, deux mesures.
Tous les Etats sans exception doivent veiller à ce que les
valeurs historiques, culturelles et religieuses de tous les
peuples soient traitées avec déférence et respect, et ils
doivent s’abstenir d’offenser les croyants. La tâche la plus
importante consiste à empêcher que les transformations
en cours ne propagent de nouvelles menaces : la
radicalisation de l’opinion publique, l’incitation à des
affrontements interreligieux et intrareligieux, et le
développement incontrôlé du trafic de drogue, d’armes
et des mouvements d’activistes.

La création d’une zone exempte d’armes de
destruction massive et de leurs vecteurs au Moyen-
Orient serait un grand plus. Cette question a été évoquéepar le Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes,

M. Nabil Elaraby. La Russie continuera d’encourager
la concrétisation, le plus rapidement possible, de
cette initiative importante et d’appuyer les efforts despays de la région et de la Ligue des Etats arabes, qui
doit naturellement jouer un rôle de premier plan dans
l’organisation d’une conférence consacrée à cette
question.
Le Président (parle en anglais) : Je donne
maintenant la parole à S. E. M. Harold Caballeros,
Ministre des affaires étrangères de la République du
Guatemala.

M. Caballeros (Guatemala) (parle en
espagnol
) : Monsieur le Président, je tiens à remercier
votre gouvernement d’avoir organisé le présent débat
ministériel ainsi que le Secrétaire général, M. Ban
Ki-moon, et le Secrétaire général de la Ligue desEtats arabes, M. Nabil Elaraby, pour leur déclaration
respective.

Je suis heureux de participer à nouveau à un
débat du Conseil, et surtout à un débat qui traite d’un
sujet aussi important que celui que vous avez proposé.
Cette question comporte essentiellement deux aspects.
Le premier a trait à la paix et à la sécurité au Moyen-
Orient et le deuxième relève davantage de l’évolution de
l’application du Chapitre VIII de la Charte – et dans le
cas précis, des relations entre le Conseil de sécurité et laLigue des Etats arabes.

Notre délégation s’est exprimée à maintes reprises
au Conseil sur le premier aspect. Par conséquent, notre
position sur différentes questions précises – tels la
situation en Syrie, le conflit entre Israël et l’Autorité
palestinienne, les situations au Liban et au Yémen, et ce
que l’on appelle le Printemps arabe – est bien connue.
Nous avons également fait part de notre inquiétude face
aux risques inhérents au développement du nucléaire
dans certains pays de la région, avec l’éventualité d’une
utilisation à des fins militaires. L’Agence internationale
de l’énergie atomique a un rôle décisif à jouer pour
éliminer ce risque.

Cela dit, malgré les faits inquiétants survenus ces
dernières semaines, qui risquent de rendre encore plus
explosive une situation déjà très instable par nature, de
manière générale, nous nous félicitons de la direction
prise par les changements en cours au Moyen-Orient
car ils ont été amorcés par la société et poursuivent des
objectifs universels que nous pouvons tous partager,
comme la liberté, la justice, la dignité et un mieux-être
pour tous.

Ma propre région, l’Amérique centrale, et mon
propre pays, le Guatemala, ont connu des transitions
importantes dans les années 1980 et 1990. Les accords
de paix guatémaltèques ont contribué à créer une société
plus démocratique et plus tolérante, respectueuse des
droits de l’homme, offrant davantage de possibilités à
tous et régie par l’état de droit. Pendant plus de 25 ans,
nous avons lutté pour atteindre ces objectifs. Nous avons
réalisé des progrès considérables, mais des lacunes et
des insuffisances persistent. Nous savons à quel point il
est difficile de promouvoir le changement mais, quant
à nous, nous allons persévérer dans cette tâche. Nous
souhaitons donc naturellement la même chose pour les
pays du Moyen-Orient qui ont engagé des processus en

faveur de systèmes de gouvernance plus démocratiques,
plus ouverts et sans exclusive.

En Amérique latine, nous avons constaté que les
gouvernements librement élus ont tendance à régler les
différends avec leurs voisins, s’ils en ont, par des moyens
pacifiques et la négociation. C’est un enseignement
important et encourageant pour nos amis du Moyen-
Orient. L’ autre enseignement est que l’intensité des
conflits diminue lorsque les économies offrent plus de
perspectives de bien-être à la population. C’est pourquoi
nous pensons que la démocratie, le développement, la
justice et la paix sont indissociables.

Un autre enseignement qui est pertinent pour
notre débat d’aujourd’hui concerne le deuxième aspect
que j’ai déjà évoqué, à savoir que nous apprécions le
rôle joué par les organisations régionales et sousrégionales.
Dans notre région, cela fait plus de 60 ans
que nous nous appuyons sur les institutions pour
l’intégration de l’Amérique centrale pour créer un
espace économique régional et jeter les bases de l’unité
politique. C’est pourquoi nous soutenons les liens de
plus en plus profonds que le Conseil de sécurité a noué
avec les entités régionales et sous-régionales, tant en
Afrique qu’au Moyen-Orient. Nous saluons la présenceparmi nous du Secrétaire général de la Ligue des Etats
arabes, dont le rôle en tant que partenaire dans les efforts
déployés pour relever les défis du Moyen-Orient est
de plus en plus significatif. Nous espérons que ce rôle
s’approfondira et s’élargira à l’avenir, et ce sans porter
atteinte à la compétence exclusive du Conseil de sécurité.
Pour asseoir ce partenariat, le Conseil peut compter sur
l’appui du Guatemala.

Le Président (parle en anglais) : Je donne
maintenant la parole à S. E. Yang Jiechi, Ministre des
affaires étrangères de la République populaire de Chine.

M. Yang Jiechi (Chine) (parle en chinois) : Je
suis ravi de participer à la réunion de haut niveau du
Conseil de sécurité sur la paix et la sécurité au Moyen-
Orient. Je me félicite de voir M. Guido Westerwelle
présider la séance.

Le Moyen-Orient connaît des changements sans
précédent. L’impact politique, économique et social
de la crise financière internationale sur cette région se
fait sentir. Les peuples de la région ont exprimé un fort
désir de gérer leurs affaires de manière indépendante et
souhaitent le changement. Certains pays sont dans un état
de troubles, tandis que d’autres sont entrés dans une phase
critique de transition et de transformation politiques. Les
problèmes des zones sensibles de la région sont devenus
plus aigus, les conflits locaux se sont accrus, et les forces
extrémistes et terroristes ont intensifié leurs efforts
d’infiltration. Les problèmes de sécurité traditionnels
et non traditionnels sont entremêlés, et exercent un plus
grand impact sur la région.

En bref, la situation au Moyen-Orient est devenue
plus complexe et plus fragile, et attire davantage
l’attention de la communauté internationale. La paix,
la stabilité et le développement au Moyen-Orient
constituent l’aspiration commune de tous les peuples de
la région, et sont dans l’intérêt commun de l’ensemble
de la communauté internationale. Les problèmes du
Moyen-Orient doivent être réglés principalement par les
peuples de la région, et l’avenir et le destin de la région
doivent être aux mains de sa propre population.

La communauté internationale doit respecter les
aspirations et les causes défendues par les peuples de la
région en faveur du changement et du développement,
respecter les spécificités religieuses et culturelles de la
région, prêter attention à la voix des pays et des peuples
de la région sur les questions relatives au Moyen-Orient,
et inciter les parties concernées à trouver des solutions
appropriées au moyen de processus politiques ouverts et
à trouver un juste équilibre entre la réforme, la stabilité
et le développement pour parvenir à une paix durable et
une prospérité commune.

La question palestinienne reste au coeur du
problème du Moyen-Orient. Avec les changements
drastiques intervenus s dans cette région, il est d’autant
plus impératif que la communauté internationale
reconnaisse l’importance et l’urgence de relancer
les pourparlers de paix entre la Palestine et Israël. La
communauté internationale doit adopter une attitude
plus active et constructive en vue de promouvoir les
pourparlers de paix, et inciter les Palestiniens et les
Israéliens à prendre des mesures concrètes pour éliminer
les obstacles à ces pourparlers de paix, rétablir la
confiance mutuelle, reprendre les négociations et réaliser
des progrès substantiels dans les meilleurs délais.

Israël doit prendre la responsabilité de faire
le premier pas. La Chine soutient la création par le
peuple palestinien, sur la base des frontières de 1967,
d’un Etat palestinien indépendant jouissant d’une
totale souveraineté, avec Jérusalem-Est pour capitale.
Nous sommes favorables à l’admission de la Palestine
à l’Organisation des Nations Unies et dans d’autres
organisations internationales.

La question syrienne concerne non seulement
l’avenir et le destin de la Syrie et de son peuple, mais
aussi la paix et la stabilité au Moyen-Orient. La crise
en Syrie n’est toujours pas réglée, et la situation est
préoccupante. Face à cette situation complexe et
grave, la communauté internationale doit croire encore
davantage en la paix et rester sur la bonne voie pour
trouver une solution politique. Nous devons aider

M. Lakhdar Brahimi, Représentant spécial conjoint de
l’Organisation des Nations Unies et de la Ligue desEtats arabes, à mener une médiation impartiale, et nous
devons exhorter toutes les parties en présence en Syrie à
appliquer en toute bonne foi les résolutions pertinentes
du Conseil de sécurité, le plan en six points de M. Kofi
Annan, ainsi que le communiqué de la réunion des
Ministres des affaires étrangères du Groupe d’action pour
la Syrie. Nous devons en outre demander aux parties de
mettre fin immédiatement aux combats et à la violence,
de protéger les civils et de créer les conditions propices
à une transition politique conduite par les Syriens euxmêmes.
En tant que membre permanent du Conseil, la
Chine a fidèlement rempli ses obligations et a agi comme
un facteur positif dans la recherche d’une solution
politique à la crise. La Chine est prête à se joindre à
la communauté internationale dans les efforts qu’elle
ne cesse déployer pour régler la question syrienne de
manière juste, pacifique et appropriée.

Le dossier nucléaire iranien a une influence
considérable sur l’évolution de la situation au Moyen-
Orient. La Chine s’oppose à la mise au point et à la
possession d’armes nucléaires par tous les pays du
Moyen-Orient. Dans le même temps, nous pensons que
la communauté internationale doit respecter le droit
des pays à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins
pacifiques. La Chine maintient que le dialogue et la
coopération sont le seul moyen de résoudre le problème
nucléaire iranien, et qu’il est mal avisé de recourir à
la force ou à des sanctions unilatérales. Les parties
concernées doivent être pleinement confiantes et rester
attachées à une solution diplomatique. Parallèlement,
elles doivent être flexibles et pragmatiques, chercher un
terrain d’entente tout en surmontant leurs divergences,
s’employer à progresser rapidement grâce au dialogue et
aux négociations afin de parvenir, à terme, à une solution
globale, durable et appropriée de la question nucléaire
iranienne.

On ne saurait instaurer la paix, la stabilité et le
développement au Moyen-Orient sans l’appui et l’aide
des organisations régionales et internationales. La
Charte des Nations Unies confère au Conseil de sécurité
la responsabilité principale du maintien de la paix et
de la sécurité internationales. Dans le même temps,
au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, les
fondateurs ont également encouragé le développement
du règlement pacifique des différends d’ordre localau moyen d’accords régionaux. La Ligue des Etats
arabes est une organisation multilatérale importante au
Moyen-Orient. Au fil des ans, elle a joué un rôle actif
pour défendre les droits et intérêts légitimes des peuplesarabes, renforcer la solidarité entre les Etats arabes et
promouvoir la paix et la stabilité dans la région et audelà.

Dans les circonstances actuelles, il est à la fois
pratique et extrêmement important d’un point de vue
stratégique pour l’Organisation des Nations Unies et laLigue des Etats arabes d’accroître leur communication
et leur coopération et de préserver ensemble la paix,
la stabilité et le développement au Moyen-Orient. Lacoopération renforcée entre l’ONU et la Ligue des Etats
arabes doit se fonder sur les buts et principes énoncés dans
la Charte. Ces principes, notamment l’égalité souveraine
et la non-ingérence dans les affaires intérieures d’autresEtats, constituent des normes fondamentales régissant
les relations internationales et d’importantes lignes
directrices destinées à résoudre les problèmes des zones
sensibles.

Dans le cadre de leur coopération, l’ONU et laLigue des Etats arabes doivent viser à respecter ces
principes, préserver les intérêts fondamentaux et à long
terme des peuples de tous les pays du Moyen-Orient,
et maintenir la paix et la stabilité dans la région. Lacoopération plus étroite entre l’ONU et la Ligue des Etats
arabes doit se concentrer sur le règlement des différends
par des moyens pacifiques. L’histoire a montré à maintes
reprises que le règlement des différends par des moyens
diplomatiques tels que le dialogue et la négociation est
le seul moyen juste et efficace de parvenir à une paix
durable.

En tant qu’organisation régionale, la Ligue desEtats arabes a un rôle particulier et important à jouer pour
encourager les pays de la région à régler leurs différends
par la médiation, la négociation, les bons offices et autres
moyens pacifiques. L’ONU doit encourager la Ligue desEtats arabes à poursuivre sur la voie d’un règlement
politique, à réunir le consensus et à coordonner les
efforts des pays de la région afin d’améliorer la situation
et de parvenir à la paix et à la stabilité.

Une plus grande coopération entre l’ONU et laLigue des Etats arabes doit obéir à une approche globale.
C’est absolument crucial. Les motifs de turbulences et
de conflit au Moyen-Orient sont principalement liés
au bien-être économique et à des facteurs ethniques etreligieux. L’ONU et la Ligue des Etats arabes doivent
accorder une plus grande attention au développement
socioéconomique de la région et l’encourager davantage,
aider la région à se développer afin d’améliorer la vie
des populations et inviter les divers groupes ethniques
et religieux à faire preuve de tolérance mutuelle, à
parvenir à la réconciliation et à vivre dans l’harmonie,
de manière à éliminer les facteurs socioéconomiques qui
sont le terreau des turbulences et des courants de pensée
extrémistes.

La Chine est un ami et un partenaire pour les
pays et les peuples arabes. Nous appuyons fermement
leur juste cause, que nous aidons même à promouvoir.
S’agissant des questions liées à la paix et la sécurité au
Moyen-Orient, la Chine s’est toujours acquittée de ses
obligations de manière constructive. Nous défendons la
paix et nous sommes opposés à la guerre ; nous défendons
l’égalité et nous nous opposons aux jeux de pouvoir ;
nous défendons des principes et nous nous opposons à
l’ingérence ; et nous défendons le dialogue et nous nous
opposons à l’affrontement.

Gardant à l’esprit les intérêts fondamentaux à
long terme des peuples du Moyen-Orient, la Chine
s’est efforcée de promouvoir la paix, la stabilité et le
développement dans la région. Comme à l’accoutumée,
la Chine va jouer un rôle constructif dans la médiation et
le règlement des questions brûlantes au Moyen-Orient.
Elle va également appuyer l’ONU et le Conseil de
sécurité tandis qu’ils continuent de jouer un rôle majeur
pour tenter de régler les problèmes du Moyen-Orient,
et aider à mettre rapidement la région sur la voie de la
paix, de la stabilité, de la prospérité économique et du
progrès social.

Le Président (parle en anglais) : J’invite
maintenant S. E. M. Elmar Maharram oglu
Mammadyarov, Ministre des affaires étrangères de la
République d’Azerbaïdjan, à prendre la parole.

M. Mammadyarov (Azerbaïdjan) (parle
en anglais
) : Tout d’abord, je voudrais moi aussi,
comme d’autres orateurs, féliciter l’Allemagne pour sa
présidence réussie du Conseil de sécurité pour le mois en
cours et vous remercier, Monsieur le Président, d’avoir
convoqué cette séance opportune sur un thème important.
Nous remercions également le Secrétaire général Ban
Ki-moon et le Secrétaire général de la Ligue des Etats
arabes, M. Nabil Elaraby, de leurs exposés.

La séance d’aujourd’hui intervient à un moment
important, puisque le Moyen-Orient connaît des
bouleversements historiques qui témoignent du désir et
de la volonté résolue des sociétés qui le composent de
décider de leur destinée. Ce processus de transformation
a fait naître des tendances encourageantes pour ce qui est
de veiller au respect des droits de l’homme et de garantir
le bien-être socioéconomique de chacun. Dans le même
temps, il est manifestement nécessaire d’analyser dans
le détail les causes profondes de ce processus complexe,
ainsi que toutes ses implications pour l’architecture
de sécurité tant régionale que mondiale. La réaction
internationale aux événements du Moyen-Orient ayant
varié en forme et en intensité, c’est aux organisations
internationales et régionales, notamment à l’ONU et laLigue des Etats arabes, qu’il incombe principalement de
maintenir un engagement international suffisant.

Il convient de noter que toutes les organisations
régionales ne disposent pas des capacités ou de la
volonté politique nécessaires pour comprendre les
causes profondes des problèmes de sécurité et contribuerde manière efficace à leur règlement. La Ligue des Etats
arabes s’est avérée l’une des organisations régionales à
même de prendre l’initiative en matière de promotion
de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région.
A cet égard, nous nous félicitons de constater que lacoopération entre l’ONU et la Ligue des Etats arabes
est animée par un objectif commun : renforcer la paixet la sécurité et aider les Etats de la région à traverser
cette phase difficile de leur histoire. L’engagement et la
présence combinés des deux organisations ont joué un
rôle crucial pour mener à bien des tâches importantes
dans des domaines tels que la prévention et le règlement
des conflits, l’intervention en période de crise et la
gestion des crises, et la lutte contre le terrorisme et la
criminalité organisée.

Sur fond de fragilités régionales, lesquelles
sont inséparables des difficultés soulevées par les
transformations de la région, il est de plus en plusimportant que l’ONU et la Ligue des Etats arabes
maintiennent une implication active, visible et
permanente. De ce fait, renforcer la coopération mutuelleentre l’ONU et la Ligue des Etats arabes est de plus en
plus incontournable pour le maintien de la paix et de
la sécurité régionales et pour l’élaboration de stratégiesviables visant à aider les Etats concernés pendant leur
transition.

Le rôle de la Ligue des Etats arabes, en tant
qu’organisation issue de la région, est particulièrement
précieux pour relier spécificités régionales et dimension
mondiale grâce à son interaction avec l’ONU, ses
organismes spécialisés et ses représentations sur leterrain. L’ONU et la Ligue des Etats arabes devraient
renforcer davantage leurs efforts pour obtenir lesmeilleurs résultats possibles pour les Etats et les peuples
de la région.

A cet égard, nous nous félicitons de la nomination
d’un Représentant spécial conjoint de l’ONU et de laLigue des Etats arabes pour la Syrie, qui marque une
étape importante sur la voie de la coopération entre les
deux organisations, et nous renouvelons notre plein
appui à ses activités.

La communauté internationale doit rester
cohérente dans ses efforts pour faciliter l’élaboration
de solutions aux crises et conflits régionaux, sur la base
des normes et principes du droit international et des
résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, comme
le prévoit la Charte des Nations Unies. L’Azerbaïdjan
appuie énergiquement une telle approche pour oeuvrer
à régler les conflits qui s’éternisent dans différentes
régions du monde.

Si nous reconnaissons que les vagues de
transition récentes ont ouvert des brèches historiques
pour le Moyen-Orient, pour autant, nous ne devons pas
négliger les problèmes de sécurité de longue date. Il est
indispensable de régler ces derniers si l’on veut préserver
la paix et instaurer la stabilité et le développement
durable dans la région. Toutes les parties prenantes
au Moyen-Orient devraient considérer les évolutions
récentes comme une chance exceptionnelle et un appel
à prendre d’urgence des mesures courageuses afin de
réaliser des progrès tangibles dans le processus de paix
au Moyen-Orient. Un règlement global, juste et durable
de ce conflit ne s’est que trop fait attendre, ce qui met en
péril la sécurité, la stabilité et le bien-être de la région
tout entière et se répercute bien au-delà des frontières
régionales. Nous considérons qu’il est indispensableque le Conseil de sécurité et la Ligue des Etats arabes
coopèrent sur cette question d’une importance vitale
pour nous tous.

Une nouvelle fois, nous nous devons d’exprimer
notre profonde préoccupation face aux récentes
violences provoquées par les blasphèmes contre l’Islam.
Nous condamnons énergiquement toutes les attaques
contre les religions. Cela étant, les attaques qui visent
les civils, notamment le personnel diplomatique, sont
injustifiables quelles que soient les circonstances.

Nous voulons réellement croire que, malgré
tous les problèmes et difficultés auxquels elle est
confrontée, la recherche de la paix et du progrès au
Moyen-Orient ne sera jamais abandonnée, et que les
efforts des populations de la région pour édifier desEtats stables, sûrs et démocratiques continueront d’êtresoutenus par la communauté internationale. A cet égard,
nous sommes convaincus que l’engagement continu del’ONU et de la Ligue des Etats arabes, associé à une
coopération renforcée entre les deux organisations,
conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations
Unies, contribuera de manière véritable à la paix et à la
sécurité dans la région. En tant que membre du Conseilde sécurité et observateur auprès de la Ligue des Etats
arabes, l’Azerbaïdjan continuera de tout mettre en oeuvre
à cette fin.

Pour terminer, je voudrais indiquer que
nous appuyons pleinement le projet de déclaration
présidentielle qui vise à favoriser la mise en place d’une
coopération efficace entre les deux organisations.

Le Président (parle en anglais) : J’invite à
présent M. William Hague, Secrétaire d’Etat aux
affaires étrangères et aux affaires du Commonwealth du
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord,
à prendre la parole.

M. Hague (Royaume-Uni) (parle en anglais) :
Je tiens moi aussi à remercier le Secrétaire général de
l’Organisation des Nations Unies et le Secrétaire généralde la Ligue des Etats arabes de leurs déclarations, et je
vous sais gré, Monsieur le Président, d’avoir proposé
la tenue du présent débat sur la paix et la sécurité au
Moyen-Orient.

Ces 18 derniers mois, le Printemps arabe, comme
nous avons fini par l’appeler, a pris une route différente
dans chacun des pays de la région où il a soufflé. Dans
certains pays, les révolutions ont été relativement
rapides. En Syrie, comme nous le savons, une violence
horrifiante continue de balayer le pays, presque un an
et demi après le début des protestations. Dans d’autres
pays enfin, des réformes pacifiques sont en cours.
Nous respectons le droit de chaque pays de la région à
trouver sa propre voie vers la réforme, en fonction de
ses traditions et cultures propres, mais nous défendrons
toujours haut et fort notre foi dans l’universalité des
droits de l’homme et de la liberté, qui est au coeur de la
démocratie.

En effet, ce changement historique est porté par
les peuples de la région qui revendiquent une plus grande
liberté politique et économique, ce qui est leur droit
légitime. L’histoire montre que ce sont les gouvernements
qui tirent leur légitimité du consentement de leur peuple
qui sont les mieux à même de lui assurer durablement la
paix et la sécurité. Là où le contrat social entre le citoyenet l’Etat repose sur la confiance et la responsabilité, les
sociétés sont en mesure de s’épanouir ; là où il est fondé
sur la peur, la violence et le déni des droits, les conflits
et l’insécurité surgissent. Voilà pourquoi le Printemps
arabe est une si belle occasion d’instaurer la paix, la
sécurité et la prospérité dans la région et, partant, dans
le monde.

En plus de structures nationales ouvertes et
inclusives, une paix et une sécurité durables dépendent
aussi d’institutions internationales et régionales efficaces.
C’est là une leçon que nous-mêmes avons durement
apprise, comme en témoigne l’histoire même de la
création de cet organe. Et au cours des 18 derniers mois,
la Ligue des Etats arabes a fait preuve de détermination
et de persévérance en s’efforçant de sécuriser et
de stabiliser la région. Je la félicite chaudement de
l’impulsion importante qu’elle a apportée. Elle a joué un
rôle déterminant en faveur de l’imposition d’une zone
d’exclusion aérienne en Libye. Elle a été au premier rang
de l’action menée face à la crise en Syrie, notamment
des efforts de médiation entre l’opposition et le régime
syrien, tout comme de l’application de pressions
politiques, économiques et diplomatiques à l’encontre
du régime pour mettre fin à la violence.

La décision de nommer un Représentant spécial
conjoint de l’Organisation des Nations Unies et de laLigue des Etats arabes pour la Syrie indique clairement
que la coopération positive entre l’ONU et la Liguedes Etats arabes va en s’accroissant. Nous appuyons
énergiquement le travail de M. Lakhdar Brahimi et nous
ferons tout notre possible pour appuyer ses efforts en
vue de régler la crise en Syrie, tout comme nous l’avons
fait pour son prédécesseur, M. Kofi Annan. J’appuie
pleinement les efforts visant à renforcer davantage larelation entre l’ONU et la Ligue des Etats arabes, et je
me félicite de l’approfondissement de la coopération
entre les deux organisations. Cela est important en raison
de l’urgence des défis à relever, et qui relèvent de la
responsabilité commune de l’Organisation des NationsUnies et de la Ligue des Etats arabes.

Alors que la crise en Syrie continue de s’aggraver,
le risque s’accroît de voir l’instabilité et le conflit faire
tache d’huile dans la région. Le règlement de ces crises
est précisément la raison d’être du Conseil de sécurité.
Que le Conseil de sécurité ait été incapable d’agir,
dans le cas de la Syrie, sur la base des responsabilités
clairement définies qui sont les siennes est inexcusable
et choquant, comme M. Fabius l’a dit tout à l’heure. Il
est terriblement accablant pour le Conseil que plus de
22 000 personnes aient trouvé la mort depuis l’échec
initial qu’il a essuyé dans l’adoption d’une résolution
visant à endiguer la violence. Il est plus que temps que
le Conseil pèse de tout son poids pour exiger du régime
syrien qu’il cesse toute violence et le menacer de graves
conséquences s’il ne le fait pas.

S’agissant du processus de paix au Moyen-Orient,
je suis vivement préoccupé, également, par la tournure
prise par la situation sur le terrain, notamment la poursuite
des activités de peuplement. J’appelle les deux parties à
éviter toute mesure portant atteinte aux perspectives de
paix et à reprendre les pourparlers directs. Nous clamonsdepuis longtemps qu’un Etat palestinien est un objectif
légitime et que le meilleur moyen de réaliser cet objectif
est de passer par un accord global entre Israël et les
Palestiniens. Nous voulons voir une solution à ce conflit
qui donne au peuple palestinien l’Etat dont il a besoin
et qu’il mérite, et au peuple israélien la sécurité et la
paix à long terme. Faute de cela, la région continuera de
voir lui échapper l’objectif d’une paix et d’une sécurité
durables.

Il est remarquable de constater l’importance de
ce qui a été réalisé au Moyen-Orient et en Afrique du
Nord depuis le début du Printemps arabe. En Libye,
en Egypte et en Tunisie, les citoyens ont voté dans le
cadre d’élections libres pour la première fois depuis des
décennies. Le changement a été mené par les peuples de
la région et il n’appartient à personne d’autre d’imposer
sa vision dans la région. Toutefois, la communauté
internationale a un rôle crucial à jouer à l’appui de
réformes pacifiques. Le Royaume-Uni agit en ce sens par
le biais de ses partenaires arabes en fournissant un appui
diplomatique et concret afin de renforcer la participation
politique et économique des citoyens aux processus au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il nous faut agir de
concert pour veiller à ce que les libertés et droits obtenus
de dure lutte soient protégés et pour que ceux qui luttent
encore pour leurs droits légitimes reçoivent un appui de
notre part, permettant de jeter les fondements d’une paix
et d’une sécurité durables dans la région. Il nous faut
continuer à oeuvrer pour que l’Organisation des Nations
Unies serve de passerelle à une coopération internationale
effective permettant de fournir cet appui à la région. Les

peuples de la région méritent cette promesse et nous ne
devons pas les décevoir.

Le Président (parle en anglais) : J’invite
maintenant Madame la Ministre des affaires étrangères
de la République de Colombie, S. E. Mme Mar.a .ngela
Holgu.n Cuéllar, à prendre la parole.

Mme 

Holgu.n Cuéllar (Colombie) (parle en
espagnol
) : Je me joins aux félicitations adressées à
l’Allemagne pour son accession à la présidence du
Conseil ainsi qu’à votre personne, Monsieur le Président,
pour la convocation de la présente séance. Je remercie
également le Secrétaire général de l’Organisation des
Nations Unies et le Secrétaire général de la Ligue desEtats arabes de leurs exposés.

Le travail qu’effectuent les organisations
régionales dans la recherche de solutions aux conflits
dont le Conseil est saisi est de la plus haute importance.
Nous avons tous en mémoire le travail réalisé par laLigue des Etats arabes dans le cas de la Libye et le
Conseil de coopération du Golfe dans le cas du Yémen.
Les organisations régionales sont indubitablement celles
qui sont le mieux au fait des situations dans leur région.

Le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Afrique
subsaharienne sont confrontés à d’importants défis au
plan de la sécurité. La coopération avec les organisationsrégionales, comme la Ligue des Etats arabes, laCommunauté économique des Etats de l’Afrique de
l’Ouest, l’Union africaine et d’autres, est d’une importance
cruciale s’agissant de trouver des solutions durables qui
répondent aussi aux préoccupations de chaque région.
Le Conseil doit encourager une coopération étroite avec
les organisations régionales, en donnant la priorité aux
stratégies visant la prévention des conflits, ainsi qu’à
la médiation et aux bons offices. Les organisations
régionales occupent une position privilégiée, elles
ont un accès unique aux parties prenantes clefs, une
connaissance et une expérience exceptionnelles des
diverses situations dans leur région, d’où l’importance
de leur participation en tant que partenaires stratégiques
à l’élaboration d’actions adaptées aux particularités et
besoins de chaque situation à l’examen. Néanmoins, il
importe de veiller à la convergence entre l’action du
Conseil de sécurité et celle des organisations régionales.

Le document de réflexion dont le Conseil est
saisi (S/2012/686, annexe) nous pose la question de
savoir comment on peut renforcer, en particulier, la
coopération entre l’Organisation des Nations Unies et laLigue des Etats arabes. A cet égard, je considère que
la tenue de réunions d’évaluation annuelles, comme
celles qui sont organisées actuellement avec le Conseil
de paix et de sécurité de l’Union africaine pourraient
s’avérer profitables, à commencer par le dialogue sur la
prévention des conflits.

La coopération entre le Conseil de sécurité etla Ligue des Etats arabes peut et doit se renforcer si
l’on veut relever les défis sur le plan de la sécurité au
Moyen-Orient. La nomination, il y a quelques mois, de

M. Kofi Annan en qualité d’Envoyé spécial conjoint del’Organisation des Nations Unies et de la Ligue des Etats
arabes pour la Syrie et, maintenant, du Représentant
spécial, M. Lakhdar Brahimi, est un excellent exemple
de cette coopération.
Je tiens une fois de plus à réitérer notre
condamnation de l’attaque perpétrée en Libye contrele consulat des Etats-Unis à Benghazi, et qui a coûté
la vie à l’Ambassadeur Christopher Stevens et à
d’autres fonctionnaires. Nous ne pouvons permettre
que les extrémistes et le terrorisme déprécient ainsi la
vie humaine. La tolérance et le respect de la diversité
culturelle, religieuse, politique et économique doivent
primer dans les relations internationales.

Je voudrais passer maintenant à la situation en
Syrie. La crise syrienne constitue une menace à la paix
au Moyen-Orient, région dans laquelle la situation sur le
plan de la sécurité est précaire depuis plus d’un an. Nous
déplorons donc la paralysie du Conseil, incapable de
faire cesser la violence et l’effusion de sang et de faciliterune solution pacifique. A cet égard, il est nécessaire de
signaler que le Conseil n’a pas réussi à parvenir à un
accord pour s’acquitter de la responsabilité qui lui a étéconfiée par les Etats Membres.

La situation humanitaire est alarmante ; nous en
avons débattu il y a quelques semaines dans cette même
salle. Nous partageons les préoccupations au sujet de
l’afflux de réfugiés dans les pays voisins, et nous tenons
aujourd’hui à saluer en particulier les efforts à cet égard
de la Turquie, du Liban, de la Jordanie et de l’Iraq, qui
ont accueilli des centaines de milliers de réfugiés syriens
ces derniers mois. Le peuple syrien a également subi des
déplacements internes et la destruction de logements et
de l’infrastructure. Nous devons nous efforcer de trouver
une issue politique négociée à cette crise, qui devient
chaque jour de plus en plus pressante.

Je renouvelle mon appel, à cette occasion, à toutes
les parties en Syrie afin qu’elles mettent immédiatement
fin au recours à la force et à la violence et nous

réitérons notre préoccupation au sujet de la détérioration
persistante de la situation des droits de l’homme. Je
lance un appel aux parties afin qu’elles respectent le
droit international humanitaire. S’il incombe au premier
chef aux autorités syriennes de garantir le respect et
la protection des libertés individuelles et des droits
fondamentaux de la population, notamment le droit à la
vie et la liberté d’expression et d’association, toutes les
parties concernées ont l’obligation de se conformer aux
normes du droit international humanitaire.

Malgré les troubles qui affligent actuellement
la région, la recherche d’une solution juste, globale
et durable au conflit arabo-israélien ne peut manquer
d’occuper une place prioritaire dans les efforts de la
communauté internationale pour instaurer la paix dans
toute la région. Dans ce cas, comme dans d’autres, nous
devons tirer parti des atouts spécifiques de la Liguedes Etats arabes pour surmonter les obstacles existantset relancer les négociations en vue d’établir un Etat
palestinien, vivant en paix avec Israël à l’intérieur de
frontières sûres et internationalement reconnues et sur
la base d’un accord garantissant la coexistence pacifique
des deux pays. Pour atteindre cet objectif, il faut créer
des conditions propices dans les domaines des droits
de l’homme et du droit international humanitaire pour
susciter un regain de confiance et faire avancer les
négociations. La Colombie continue de promouvoir le
dialogue en tant que moyen de parvenir à la paix et à
la prospérité, mais avec un sentiment d’urgence, et
nous continuerons à le faire tant que nous siégerons au
Conseil.

Nous appuyons le projet de déclaration
présidentielle en faveur d’une coopération efficace entrel’Organisation des Nations Unies et la Ligue des Etats
arabes.

Le Président (parle en anglais) : Je donne la
parole à S. E. M. Elliot Ohin, Ministre des affaires
étrangères et de la coopération de la République du Togo.

M. Ohin (Togo) : Je voudrais tout d’abord féliciter
la présidence allemande du Conseil de sécurité d’avoir
organisé ce débat de haut niveau sur le Moyen-Orient
dans le contexte de la coopération entre l’Organisationdes Nations Unies et la Ligue des Etats arabes pour le
maintien de la paix et de la sécurité internationales. Je
voudrais ensuite remercier les Secrétaires généraux de
l’Organisation des Nations Unies et de la Ligue desEtats arabes de leur exposé respectif sur la situation
au Moyen-Orient. J’aimerais enfin saluer la présence
de mes collègues, ministres des affaires étrangères, qui
dénote l’importance de la question à l’examen.

La coopération entre l’Organisation des NationsUnies et la Ligue des Etats arabes, qui remonte à 1950,
est d’une importance majeure, principalement en ce
moment où la communauté internationale fait face à
des menaces de toutes sortes, notamment les conflits
armés, le terrorisme, les crises humanitaires, celles liées
à l’extrémisme ainsi qu’à la prolifération des armes
nucléaires.

L’importance de la contribution des organisations
régionales au maintien de la paix et de la sécurité
internationales, telle que stipulée dans la Charte desNations Unies, n’est plus à démontrer. A un moment où
la gravité des conflits et des menaces qui pèsent sur le
Moyen-Orient fait appel à tous les moyens disponibles,
il importe, aujourd’hui plus qu’avant, de renforcer
cette coopération, conformément au Chapitre VIII de la
Charte des Nations Unies. Plutôt qu’un choix, il s’agit
d’une nécessité, qui rappelle d’ailleurs la déclaration del’ancien Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes,

M. Chedli Klibi, au cours de la réunion entre les deux
organisations, tenue à Tunis en 1983 :
« La Ligue est vivement désireuse de consolider
et de développer les liens déjà créés dans tous les
domaines touchant le maintien de la paix et de la
sécurité internationales, de coopérer par tous les
moyens possibles à l’application des résolutions
de l’Organisation des Nations Unies ».

L’avantage que la Ligue présente de pouvoirregrouper les Etats pour traiter des questions qui relèvent
de la responsabilité du Conseil de sécurité, montre que la
coopération avec l’ONU est bien indispensable et mérite
d’être renforcée. Cette coopération s’est concrétisée,
à bien des égards, et notamment dans le cadre de la
crise syrienne où les initiatives de la Ligue arabe ont
été soutenues par les Nations Unies dans leur ensemble,
et le Conseil de sécurité principalement. La nomination
d’un Envoyé spécial conjoint de l’Organisation desNations Unies et de la Ligue des Etats arabes en Syrie en
février de cette année, et celle d’un Représentant spécial
conjoint en août dernier à la suite de la démission de
l’Envoyé spécial, sont des exemples qui dénotent la
disponibilité et l’engagement des Secrétaires généraux
des deux organisations à oeuvrer ensemble à la recherche
d’une solution à cette crise.

La Ligue et l’ONU devront continuer d’explorer
les voies et moyens d’aider le peuple syrien à sortir de

cette tragédie qui a déjà fait une trentaine de milliers
de morts et plusieurs centaines de milliers de déplacés
et de réfugiés. Mais cette coopération doit aller au-delà
de la crise syrienne et s’étendre à d’autres situations et
conflits dans la région où l’action de la Ligue a été peu
perceptible. Il est souhaitable que la Ligue s’implique
davantage dans le règlement de toutes les crises du
Moyen-Orient non seulement parce qu’il s’agit d’une
recommandation de la Charte des Nations Unies, mais
aussi parce qu’elle pourrait proposer des approches
de solution qui tiennent compte des liens culturels,
historiques et sociologiques existant entre les parties au
conflit.

Même si la coopération entre l’ONU et la Liguedes Etats arabes n’a pas encore permis de trouver une
solution à la crise syrienne, il n’en demeure pas moins
qu’elle constitue un cadre de travail et de recherche dont
le courage et la détermination de ses acteurs pourront
s’avérer payants. Mon pays estime que les deux
organisations devront conjuguer davantage leurs efforts
pour le règlement de cette crise et les autres situations
conflictuelles au Moyen-Orient, telles que le conflit au
Yémen, au Liban et la lancinante question de la Palestine.

Au sujet du conflit israélo-palestinien, ma
délégation voudrait se féliciter, une fois encore, de
l’Initiative de paix arabe pour le règlement de ce conflit.
La mise en application de ce plan est de nature à calmer
les tensions dans la région et nous exhortons toutes les
parties concernées à oeuvrer en vue de sa mise en oeuvre
harmonieuse.

La coopération entre la Ligue et l’ONU doit être
renforcée. La mise en cohérence des initiatives et actions
des deux organisations est une nécessité. Elle requiert,
sans doute, la mise à niveau des savoir-faire dans tous
les domaines, et notamment celui du renforcement du
climat de confiance entre les parties. Car aucun pays ni
aucune organisation ne peut disposer de l’ensemble des
capacités requises pour aider un pays ou une région à
sortir d’une crise. C’est du reste dans ce même objectif
que se situe la résolution 2033 (2012) du Conseil de
sécurité relative à la coopération entre l’ONU et l’Union
africaine. Nous saluons par conséquent la réunion que les
deux organisations ont tenue en juillet dernier à Vienne,
où elles ont convenu de renforcer leurs partenariats dans
tous les domaines, et particulièrement en ce qui concerne
la situation au Moyen-Orient.

De même, nous nous réjouissons des contacts
directs, d’une part, entre les Secrétaires généraux des
deux organisations et d’autre part, entre les institutions
spécialisées de la Ligue et les organes du système des
Nations Unies, qui sont autant d’initiatives qui montrent
le besoin pour la Ligue et l’ONU de façonner un
partenariat porteur, capable d’apporter des solutions aux
défis et aux mutations qui ont cours au Moyen-Orient. Le
développement de cette coopération pourrait se traduire
également par le renforcement du mécanisme résultant
des rencontres périodiques au cours desquelles les deux
organisations procéderaient à une évaluation régulière
de leur partenariat et saisiraient l’occasion pour convenir
des actions à mener de concert pour prévenir les conflits
ou pour trouver les voies et moyens appropriés afin de
parvenir à des solutions durables aux crises ouvertes.

Dans cette perspective, mon pays estime que
l’établissement d’un bureau de liaison des Nations
Unies auprès de la Ligue des Etats arabes, à l’instar de
celui établi auprès de l’Union africaine, est souhaitable
car il aiderait certainement à consolider les échanges
d’informations et à faciliter les rencontres bilatérales.
Les concertations entre les Secrétariats de la Ligue et de
l’ONU devraient surtout inclure le Conseil de sécurité
en vue d’échanges plus approfondis sur l’ensemble des
questions liées au maintien de la paix et de la sécurité
internationales, et principalement celles du Moyen-
Orient.

Le Togo souhaite vivement que les présentes assises
énoncent des pistes qui vont contribuer au renforcement
de la coopération entre le Conseil de sécurité et la Liguedes Etats arabes, en vue de l’efficacité de leurs actions
dans la résolution des conflits de la région. Que la Liguedes Etats arabes soit une organisation qui oeuvre, entre
autres, pour la paix en étroite collaboration avec le
Conseil de sécurité, tel est le souhait de mon pays.

Le Président (parle en anglais) : Je donne la
parole à S. E. M. Ranjan Mathai, Ministre des affaires
étrangères de la République de l’Inde.

M. Mathai (Inde) (parle en anglais) : Je
commencerai d’abord, comme les autres orateurs, par
vous féliciter, Monsieur le Président, de diriger cette
Réunion de haut niveau sur la paix et la sécurité en Asie de
l’Ouest et en Afrique du Nord. Je tiens aussi à remercier
le Secrétaire général de l’ONU et le Secrétaire généralde la Ligue des Etats arabes pour leurs déclarations très
utiles.

L’histoire de l’Asie de l’Ouest et de l’Afrique du
Nord a eu, depuis l’antiquité, un grand rôle dans l’histoire
du monde. C’est dans cette région que sont nées les
grandes religions et les grandes civilisations. Grâce au

génie de ses peuples, à son emplacement stratégique et à
ses ressources naturelles, cette région a suscité un intérêt
considérable au plan international. Il n’est donc guère
surprenant que la transformation extraordinaire qu’ont
connue plusieurs pays de la région depuis la fin de 2010
intéresse au plus haut point l’ensemble du monde.

Chacun espère que ces transformations seront
pacifiques et mèneront à l’instauration de sociétésdémocratiques et inclusives. La Ligue des Etats arabes,
l’organisation régionale la plus importante antérieure à
l’ONU, a joué un rôle de premier plan dans le déroulement
des événements survenus dans la région et a guidé la
participation de la communauté internationale. Le
Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies reconnaît
l’importance des organisations régionales et leur rôle le
maintien de la paix et de la sécurité internationales. La
Charte fournit également un large cadre à la coopération
du Conseil de sécurité avec ces organisations régionales,
tout en indiquant clairement que c’est au Conseil luimême
qu’incombe la responsabilité principale du
maintien de la paix et de la sécurité internationales.

La coopération entre la Ligue des Etats arabes
et l’ONU a commencé au début des années 50. Les
deux organisations, en dépit de quelques différences de
vues, ont bénéficié de la convergence de leur aspiration
à maintenir la paix et la sécurité internationales. Le
renforcement des partenariats entre les organes de l’ONUet la Ligue des Etats arabes au niveau institutionnel dans
les domaines du développement humain, du renforcement
des capacités et de l’autonomisation des femmes et des
jeunes a considérablement profité à la région. Cette
coopération doit continuer d’être renforcée afin d’aider
les pays de la région à répondre aux aspirations de leurs
peuples à jouer un plus grand rôle dans la définition de
leur destin. L’Inde est prête, à cet égard, à assumer son
rôle.

Il importe de souligner que la coopération du
Conseil avec les organisations régionales, notammentla Ligue des Etats arabes, doit également éviter d’être
sélective. La coopération avec une organisation régionale
ne doit pas se faire aux dépens d’une autre. L’objectif du
règlement pacifique des conflits doit déterminer les actions
du Conseil. La communauté internationale doit guider
toutes les activités de l’ONU, y compris la coopération
avec les organisations régionales. L’ONU et la Liguedes Etats arabes doivent user de tous les instruments de
la diplomatie pour aider les pays concernés à devenirdes Etats participatifs et inclusifs tout en maintenant la
stabilité et la cohésion sociales. Leur coopération doit
porter sur toutes les questions touchant à la paix et la
sécurité internationales, en particulier la lutte contre le
terrorisme. Les principes de la souveraineté nationale,
de l’indépendance politique, de l’unité et de l’intégrité
territoriale doivent être respectés. Il importe également
de tenir compte des spécificités de chaque situation.

S’il est une question qui exige l’attention
immédiate de l’ONU et de la Ligue des Etats arabes,
c’est le conflit israélo-arabe, y compris le conflit israélopalestinien.
Cette question ne peut être ignorée alors que
nous portons notre attention sur l’évolution récente de
la situation dans la région. Il ne saurait y avoir de paix
durable en Asie de l’Ouest en l’absence d’un règlement
juste et global basé sur l’exercice par les Palestiniensde leur droit inaliénable à un Etat aux frontières
internationalement reconnues, coexistant avec Israël
dans la paix et la sécurité. C’est pourquoi nous exhortonsle Conseil et la Ligue des Etats arabes à faciliter au plus
vite la reprise du processus de paix au Moyen-Orient.

La Ligue des Etats arabes joue un rôle important
dans le règlement de la crise syrienne. Nous appuyons
sans réserve un règlement pacifique du conflit dans le
cadre d’un processus politique et inclusif mené par la
Syrie et fondé sur un ferme rejet de toute intervention
militaire. Nous engageons instamment toutes les parties,
syriennes et étrangères, à coopérer de bonne foi avec
le Représentant spécial conjoint, M. Lakhdar Brahimi,
afin que la crise syrienne puisse être réglée sans plus
d’effusions de sang.

Le Président (parle en anglais) : J’invite à
présent S. E. M. Jalil Abbas Jilani, Ministre des affaires
étrangères de la République islamique du Pakistan, à
prendre la parole.

M. Jilani (Pakistan) (parle en anglais) : Je
souhaite tout d’abord remercier l’Allemagne d’avoir
convoqué le présent débat sur une question qui nous
tient à coeur et qui occupe depuis longtemps une place
très importante à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.
Je remercie le Secrétaire général pour son exposé
et souhaite la bienvenue aux ministres ici présents.
Nous souhaitons également la bienvenue au Conseilde sécurité au Secrétaire général de la Ligue des Etats
arabes, M. Nabil Elaraby, pour la troisième fois en
quelques mois, signe de la coordination croissante entrel’ONU et la Ligue des Etats arabes.
Le Pakistan entretient avec le monde arabe de
profonds liens religieux, culturels et historiques. Nous
considérons que la paix et le progrès du monde arabe

sont synonymes des nôtres. Le Pakistan est favorable
à la coopération entre l’ONU et les organisations
régionales dans divers domaines, notamment le maintien
de la paix et de la sécurité, l’assistance humanitaire, le
développement et les droits de l’homme. Le Pakistan est
d’avis que les organisations régionales peuvent jouer
un rôle significatif dans le règlement pacifique des
différends. Elles sont mieux placées pour comprendre
les réalités et les complexités des situations sur le
terrain, jouer un rôle qui complète celui de l’ONU et
faire partager leur perspective.

Le multilatéralisme consiste à établir des
passerelles, à trouver des points communs et à rassembler
les ressources. La nomination d’un Envoyé spécial
conjoint, puis d’un Représentant spécial conjoint,
pour la Syrie est l’exemple d’une synergie émanant du
multilatéralisme.

Le monde arabe traverse une période d’incertitude
et de réformes. Pays né d’une lutte démocratique et
démocratie dynamique et active, le Pakistan appuie sans
réserve les aspirations légitimes des peuples. Mais le
changement doit être décidé par des moyens pacifiques
et doit être mené et contrôlé par les peuples euxmêmes.
Le Pakistan s’est toujours opposé par principe
à toute ingérence extérieure, à l’emploi de la force ou
à la violence. De même, nous pensons que les mesures
coercitives entraînent un durcissement des positions et
sont rarement efficaces. Le dialogue et l’engagement
sont l’essence du multilatéralisme. Il faut les préserver.

Il importe de réitérer que cette période de
rajeunissement, souvent appelée par euphémisme le
Printemps arabe, ne doit pas oublier le peuple palestinien
qui subit depuis trop longtemps le joug d’une occupation
illégitime et d’une oppression tyrannique. La douce brise
du printemps doit parvenir jusqu’au territoire palestinien
et aux autres territoires occupés. Le Conseil de sécurité
ne doit pas rester silencieux face au défi continu lancé
par Israël à la volonté collective de la communauté
internationale, à sa politique illégale de peuplement et
à ses châtiments collectifs imposés aux Palestiniens par
le blocus continu de Gaza qui entre aujourd’hui dans sa
sixième année.

Nous appelons la Ligue des Etats arabes à
continuer à jouer son rôle crucial et indéniable afin
d’attirer l’attention du monde sur ces injustices
historiques et d’oeuvrer à un règlement juste. Le Conseil
de sécurité doit pleinement appuyer ces efforts. Nous
sommes convaincus que sans un règlement de cette
question fondamentale conformément aux résolutions
pertinentes du Conseil de sécurité et l’Initiative de paixarabe visant au rétablissement d’un Etat de Palestine
viable et indépendant sur la base des frontières de 1967
et avec pour capitale la ville d’Al Qods Al Charif, un
plan de paix global ne sera pas réalisable.

Ces dernières années, l’ONU et la Ligue des Etats
arabes ont tissé des liens institutionnels. La présence ici,
aujourd’hui, du Secrétaire général, M. Nabil Elaraby,
en est la preuve. Outre la paix et la sécurité, il y a eu
d’autres domaines de coopération, de la lutte contre le
terrorisme à la réduction des risques de catastrophe et
aux questions humanitaires. Nous espérons que l’ONUet la Ligue des Etats arabes continueront de renforcer
ces liens. L’intensification de la coopération et de la
coordination est dans l’intérêt de ces deux organisations.
Nous espérons que ces synergies aboutiront au règlement
pacifique des conflits dans la région, et notamment à la
réalisation du droit inaliénable du peuple palestinien à
l’autodétermination.

Le Pakistan condamne avec force la diffusion
récente d’une vidéo diffamatoire et la publication de
caricatures insultantes dans les journaux. Nous pensons,
comme le Secrétaire général, que ces actes sont absurdes
et honteux.

Il s’agit en effet d’abominables exemples
d’incitation à la haine et à la discrimination contre
les musulmans sous couvert de liberté d’expression
et d’opinion. Comme nous avons pu le constater, la
réaction qu’ont suscitée ces actes dans le monde et leurs
répercussions ont un effet considérable sur la paix et la
sécurité internationales. La communauté internationale
doit donc procéder à un bilan sur ces actes répréhensibles
et faire le nécessaire, en concertation, pour adopter
et mettre en oeuvre des mesures, notamment des lois,
réprimant les actes de cet ordre, à tous les niveaux,
conformément aux normes internationales en matière
de droits de l’homme. Il existe un besoin évident de
renforcer le dialogue et la coopération entre toutes les
religions, les cultures et les civilisations dans l’intérêt de
l’harmonie dans la coexistence.

Le Président (parle en anglais) : Je donne
maintenant la parole au représentant du Portugal.

M. Moraes Cabral (Portugal) (parle en
anglais
) : Je vous remercie, Monsieur le Président, de
l’organisation de la présente réunion de haut niveau sur
une question de cette importance. Je tiens également
à vous remercier personnellement d’en assurer la
présidence. Je remercie également à la fois M. Ban Kimoon
et M. Nabil Elaraby de leur précieuse contribution
au débat d’aujourd’hui.

Le Moyen-Orient vit en effet une période difficile,
où les émotions sont vives et où des griefs profondément
ancrés ont refait surface, avec les conséquences tragiques
que l’on sait. Nous avons été profondément attristés par
la mort de l’Ambassadeur Stevens et de ses collègues à
Benghazi, aux familles desquels nous tenons à présenter
de nouveau nos sincères condoléances, ainsi qu’au
peuple américain. Rien absolument ne peut justifier
de tels actes de violence ou l’attaque de missions
diplomatiques. Ces actes doivent être dénoncés et
catégoriquement condamnés. Ils constituent également
des attaques contre chacun d’entre nous et contre les
valeurs consacrées par la Charte.

Pour tous, l’heure est à la retenue et à une
réflexion apaisée. Assurément, les gens ne se sont pas
battus si vaillamment pour leurs droits fondamentaux
pour laisser ensuite confisquer leurs rêves et leurs
aspirations légitimes par une poignée d’individus. De
même, il faut condamner avec la dernière énergie ceux
qui dénaturent la religion pour alimenter la haine et
promouvoir des intérêts extrémistes étroits. Nous nous
devons impérativement d’oeuvrer collectivement en vue
de contrer ces forces destructrices. Comme l’a déclaré
hier le Président Obama, « la violence et l’intolérance
n’ont pas leur place au sein de notre organisation des
Nations Unies » (voir A/67/PV.6). La diversité est une
chose qui mérite d’être célébrée, et non redoutée.

Les défis du monde d’aujourd’hui exigent uneréponse commune. A cet égard, nous estimons que le
Conseil de sécurité peut et doit renforcer son rôle et son
efficacité, en sa qualité de principal organe chargé du
maintien de la paix et de la sécurité internationales, en
développant de solides partenariats complémentaires
avec les organisations régionales et sous-régionales,
comme il l’a fait en Libye, en Syrie et au Yémen.

Nous avons d’excellentes occasions de renforcer
la coopération entre le Conseil de sécurité et la Liguedes Etats arabes, que ce soit dans les domaines de la
diplomatie préventive, de la médiation, de l’intervention
rapide, du règlement des conflits ou dans le cadre du
Chapitre VII de la Charte.

L’ONU et la Ligue des Etats arabes doivent
également faire fond sur leurs succès communs. Tel
est le cas en Libye, où, en collaboration avec l’Union
africaine et l’Union européenne, elles peuvent jouer un
rôle décisif en aidant les Libyens à progresser sur la voie
de la démocratie, de la réconciliation, de la paix et de la
prospérité. Tel est également le cas au Yémen. Comme
l’a déclaré le Secrétaire général, la coopération entre les
deux organisations ne doit pas se limiter aux questions
politiques ou à la crise du moment. Elle doit s’étendre
à d’autres domaines, qu’il s’agisse des questions
économiques, sociales ou humanitaires.

Le Moyen-Orient se trouve face à des risques
redoublés, alors qu’un conflit sanglant fait rage en Syrie
et que le processus de paix dans la région demeure dans
l’impasse prolongée. Ces deux conflits, qui constituent de
graves menaces à la paix et à la sécurité internationales,
doivent être réglés de toute urgence. Dans ce contexte,
tant le Conseil de sécurité que la Ligue des Etats arabes
ont des responsabilités particulières auxquelles ils ne
peuvent se dérober. Il doivent impérativement redoubler
d’efforts et collaborer en vue de réaliser une paix globale,
juste et durable dans toute la région.

En Syrie, le nombre de morts continue
d’augmenter. La tragédie humanitaire s’aggrave de
jour en jour, et les violations flagrantes des droits de
l’homme, systématiques et généralisées, se poursuivent
sans relâche. Nous en appelons à toutes les parties au
conflit afin qu’elles se conforment strictement aux
principes du droit international humanitaire et respectent
les droits de l’homme. Cette terrible tragédie humaine
aurait pu être évitée si le Gouvernement syrien n’avait
pas répondu aux aspirations légitimes du peuple syrien
par la force barbare et s’il ne s’était pas dérobé devant
toutes les tentatives de règlement politique pacifique.

La poursuite de la militarisation du conflit ne
fera qu’aggraver les souffrances humaines, menacer
l’intégrité même de la Syrie et déstabiliser les pays
voisins. Il n’y a d’autre solution qu’une solution politique
qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien
en favorisant une transition pacifique et démocratique.

La nomination de M. Lakhdar Brahimi au poste
de Représentant spécial conjoint de l’Organisationdes Nations Unies et de la Ligue des Etats arabes, de
même que la nomination antérieure de M. Kofi Annan,
souligne la coopération qui existe entre nos deux
organisations. M. Brahimi peut compter sur notre plein
appui. Cependant, ses chances de succès dépendront
largement de l’appui qu’il recevra de la part du Conseilde sécurité et de la Ligue des Etats arabes, comme l’a
justement souligné M. Elaraby.

Ensemble, nous devons persuader les parties et les
différents acteurs d’envisager sa nomination comme une
occasion de reconsidérer les choix qui s’offrent à eux, de
mettre un terme à la violence et d’engager sérieusement
une transition politique ouverte, sous direction syrienne.
A cette fin, le Conseil se doit d’être uni pour exercer des
pressions soutenues et efficaces sur toutes les parties,
et plus particulièrement sur les autorités syriennes,
auxquelles revient la responsabilité principale dans ce
domaine.

Les événements survenus dans le monde arabe
rendent toujours plus urgent un règlement définitif
du conflit arabo-israélien. Cet objectif continuera
néanmoins de nous échapper tant que la question
palestinienne, qui est au coeur du conflit arabo-israélien,
restera sans solution.

En septembre 2011, le Président Abbas a présenté
la demande d’admission de la Palestine à l’ONU, et
le Quatuor a défini un cadre en vue de la reprise des
négociations directes et un calendrier en vue de leur
conclusion. Un an après, les parties n’ont toujours pas
engagé de discussion véritable sur les questions de fond.
En conséquence, la perspective de la création d’un Etat
palestinien libre et souverain s’amenuise rapidement.
A l’évidence, les instruments et les outils sur lesquels
nous nous sommes appuyés jusqu’à présent n’ont pas
fonctionné et doivent être examinés, remplacés ou
adaptés.

L’intensification des activités de colonisation
d’Israël, qui sont illégales, sape la viabilité même dela solution des deux Etats, comme l’a souligné à juste
titre M. Fabius, et partant, rogne la confiance et affaiblit
la voix des plus modérés. Pendant ce temps, les actes
de violence commis par les colons se poursuivent sans
relâche et les actes de vandalisme visant les lieux de
culte ont augmenté. Nous appelons à nouveau Israël à
mettre un terme à l’expansion des colonies et à prendre
des mesures décisives à l’encontre des auteurs de ces
actes de violence.

Le Conseil de sécurité et la Ligue des Etats
arabes doivent redoubler d’efforts en vue de la reprise
rapide de pourparlers directs dignes de ce nom sur la
base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité,
des paramètres reconnus sur le plan international et de
l’Initiative de paix arabe. Pour aboutir, les négociations
directes doivent également permettre de fixer des
échéances politiques claires et crédibles.

Dans l’immédiat, nous devons veiller à ce que
les progrès accomplis dans l’édification d’un Etat
palestinien ne soient pas réduits à néant par la difficile
situation fiscale et économique dans laquelle se trouve
actuellement l’Autorité palestinienne. Néanmoins, nous
ne devons pas perdre de vue le fait que le problème
reste un problème d’ordre politique, à savoir le maintien
de l’occupation, qui limite le développement d’une
économie palestinienne viable, et force en conséquence
les Palestiniens à dépendre des donateurs.

Nous comprenons pleinement les préoccupations
légitimes d’Israël sur le plan de sa sécurité, tout commenous comprenons que la création d’un Etat indépendant
de Palestine n’est pas seulement un droit inaliénable,
mais également une question de justice fondamentale
pour le peuple palestinien.

Pour terminer, nombreux sont les domaines dans
lesquels la coopération entre l’ONU et la Ligue des Etats
arabes peut et doit être encore approfondie. Il ne fait
aucun doute que ce serait dans l’intérêt de la paix et de
la sécurité internationales, mais aussi de la stabilité et de
la prospérité d’une vaste région encore instable.

Le Président (parle en anglais) : A l’issue de
consultations entre les membres du Conseil de sécurité,
j’ai été autorisé à faire, au nom du Conseil, la déclaration
suivante :

« Le Conseil de sécurité réaffirme que c’est

à lui qu’incombe la responsabilité principale du
maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Conseil réaffirme que la coopération avec

les organisations régionales et sous-régionales dans
le domaine du maintien de la paix et de la sécurité
sous l’empire du Chapitre VIII de la Charte des
Nations Unies peut améliorer la sécurité collective.

Le Conseil rappelle toutes ses résolutions
antérieures et les déclarations de son président
qui soulignent combien il importe d’établir des

partenariats efficaces entre l’Organisation des

Nations Unies et les organisations régionales
conformément à la Charte et aux textes pertinents
des organisations régionales et sous-régionales.

Le Conseil remercie le Secrétaire général de
l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-moon, etle Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes,
Nabil Elaraby, de leurs exposés.

Le Conseil salue les efforts déployés par laLigue des Etats arabes pour contribuer à l’action
collective menée pour trouver une solution
pacifique aux conflits qui secouent le Moyen-
Orient et pour apporter une réponse internationale
aux transformations que connaît la région, et
l’encourage à poursuivre dans cette voie, tout
en réaffirmant son attachement sans faille à la
souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à
l’intégrité territoriale des pays de la région et aux
buts et principes énoncés dans la Charte.

Le Conseil se félicite que ces transformations,
qui reflètent les aspirations légitimes de tous les
peuples de la région à la liberté, à la participation
politique et au bien-être socioéconomique au
sein d’une société pluraliste, aient amenées
l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des
Etats arabes à intensifier leur coopération.
Le Conseil réaffirme son attachement à une
paix globale, juste et durable, au Moyen-Orient et
à un règlement global du conflit arabo-israélien, et
réaffirme l’importance de l’Initiative de paix arabe.

Il rappelle aussi ses résolutions antérieures sur la
question.

Le Conseil, rappelant ses résolutions
2042 (2012) et 2043 (2012), accueille avec
satisfaction la nomination du Représentant spécial
conjoint de l’Organisation des Nations Unies et dela Ligue des Etats arabes pour la Syrie, qui marque
une étape majeure de la coopération entre les deux
organisations, et exprime son soutien à l’action
qu’il mène pour poursuivre la mission de bons
offices du Secrétaire général.

Le Conseil apprécie que les membres de laLigue des Etats arabes attachent toujours autant
d’importance aux activités internationales de
maintien de la paix et de consolidation de la paix,
et continuent notamment de fournir des contingents
aux opérations des Nations Unies.

Le Conseil prend acte de la réunion générale
de représentants des secrétariats des organismes
des Nations Unies et du Secrétariat général dela Ligue des Etats arabes et de ses organisations
spécialisées sur la coopération, tenue à Vienne du
10 au 12 juillet 2012.

Le Conseil se félicite que les représentants
des deux organisations se soient dits prêts à
coopérer dans un grand nombre de domaines
d’intérêt commun en vue d’apporter une réponse
conjointe aux crises humanitaires, le cas échéant,
et de promouvoir les droits de l’homme, la liberté
d’expression, la sécurité alimentaire, la protection
de l’environnement et la lutte contre le terrorisme
et le trafic illicite de drogues et d’armes, tout en
réaffirmant la nécessité pour l’Organisation des

Nations Unies de veiller à ce que toutes les mesures
qu’elle prend pour rétablir la paix et la sécurité
soient elles-mêmes conformes à l’état de droit et en
assurent la promotion.

Le Conseil rappelle ses déclarations à la
presse des 12 et 14 septembre relatives aux récents
attentats perpétrés contre le personnel et les locaux

de représentations diplomatiques, et réaffirme que
ces actes sont injustifiables, quels qu’en soient

les motifs, où qu’ils soient commis et quels qu’en
soient les auteurs. Il insiste sur le fait qu’il importe
de respecter et de comprendre les personnes de
toutes religions et convictions et la diversité
culturelle partout dans le monde. Il souligne que
l’Organisation des Nations Unies et la Liguedes Etats arabes sont toutes deux déterminées à
encourager un dialogue mondial pour promouvoir

la tolérance et la paix, et leur demande d’intensifier
leur coopération au vu des récents événements afin

de parvenir à une meilleure compréhension entre
les pays, les cultures et les civilisations.

Le Conseil reconnaît l’importance de
coopérer plus étroitement avec la Ligue desEtats arabes au développement des capacités en
matière de maintien de la paix et de la sécurité
internationales.

Le Conseil se dit déterminé à prendre des
mesures concrètes pour renforcer la coopération
entre l’Organisation des Nations Unies et la Liguedes Etats arabes, en accord avec le Chapitre VIII de
la Charte.

Le Conseil demande au Secrétaire général
de lui faire rapport, selon qu’il conviendra, sur
les moyens de continuer à renforcer les relations
institutionnelles et la coopération entre les deux
organisations. »

Cette déclaration sera publiée en tant que document
du Conseil de sécurité sous la cote S/PRST/2012/20.

Je donne maintenant la parole au représentant du
Maroc, qui va faire une nouvelle déclaration.

M. Loulichki (Maroc) : Monsieur le Président,
je voudrais vous dire « Danke sch.n », merci d’avoir
clôturé ce débat important par cette déclaration et d’avoir
eu la patience et la persévérance, voire l’opiniâtreté, de
promouvoir l’adoption de ce texte.
La déclaration présidentielle (S/PRST/2012/20)
constitue un plus pour l’ONU et pour la Ligue des Etats
arabes. Cette déclaration est méritée par la Ligue desEtats arabes compte tenu de l’effort sans précédent qui
a caractérisé son action pendant les derniers mois. Cette
déclaration est voulue par les Nations Unies. Elle constitue
également un jalon supplémentaire dans le renforcementdes relations entre l’ONU et la Ligue des Etats arabes et
nous relevons avec beaucoup de satisfaction que le dernier
paragraphe de cette déclaration laisse la porte ouverte
à davantage de coopération et à un renforcement tant
institutionnel qu’organique entre les deux organisations.

Le Président (parle en anglais) : Je donne
maintenant la parole à M. Elaraby.

M. Elaraby (parle en anglais) : Je voudrais quant
à moi dire « vielen Dank », merci mille fois à l’Allemagne
d’avoir pris l’excellente initiative de convoquer cette
séance.
Nous avons entendu des déclarations très importantes
de la part des 15 membres du Conseil de sécurité durant
cette séance. J’espère que les membres se pencheront
sur les questions fondamentales, et pas seulement sur les
déclarations générales que nous pouvons entendre partout.
Il faut que nous nous attaquions aux racines des problèmes
pour voir comment nous pouvons les régler.

Pour ce qui est de la République arabe syrienne,
comme beaucoup l’ont dit aujourd’hui, la question est
de savoir comment faire fond sur ce qui a été convenu àGenève le 30 juin. A l’amorce de la période de transition,
le Conseil de sécurité devra agir en vertu du Chapitre VII
de la Charte des Nations Unies. Il n’a pas le choix. Les cinq
membres permanents du Conseil sont convenus d’un texte,
ils doivent maintenant y donner suite.

S’agissant de la Palestine, je dirai seulement que gérer
le conflit n’est plus une solution. Il faut mettre fin au conflit.

Le Conseil de sécurité s’est exonéré de sa responsabilité à
cet égard, qu’il a confiée au Quatuor. Je ne l’ai pas dit, mais
de nombreux orateurs ont rappelé aujourd’hui que, l’année
dernière, nous affirmions que quelque chose se produirait en
septembre 2012. Le mois touche à sa fin, mais rien ne s’est
produit. Il est temps que le Conseil de sécurité se saisisse
de la question et en débatte pour voir ce qui peut être fait.

Le Président (parle en anglais) : Il n’y a pas d’autre
orateur inscrit sur la liste. Le Conseil de sécurité a ainsi
achevé la phase actuelle de l’examen de la question inscrite
à son ordre du jour.

La séance est levée à 17 h 40.