Laurent Fabius, invité de France 2 juste avant l’ouverture de la réunion.

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie de votre présence ici aujourd’hui qui illustre la mobilisation de la communauté internationale aux côtés des Syriens en lutte pour leur liberté. J’adresse mes salutations chaleureuses aux responsables de la Coalition nationale syrienne, autour de qui nous sommes réunis aujourd’hui pour leur renouveler notre soutien total et notre amitié.

Nous sommes heureux d’avoir à nos côtés les représentants d’une Syrie pluraliste, libre et démocratique, la Syrie de demain : les vice-présidents M. Riyad Seif, Mme Souhair Atassi, et M. Georges Sabra ; l’ambassadeur de la Coalition nationale syrienne M. Monzer Makhos, et M. Ahmad Assi Jarba, membre de la Coalition.

Nous sommes rassemblés pour faire face une urgence qui reste malheureusement brûlante.

Urgence humanitaire. Le régime syrien met en œuvre une répression féroce. Il mobilise l’ensemble des moyens à sa disposition : artillerie, aviation, missiles SCUD, bombes à sous-munitions. Chaque nouveau massacre, à Homs, à Damas, à Alep, ailleurs révèle quotidiennement la sauvagerie du régime. Depuis mars 2011, la répression a fait plus de 60 000 morts et plusieurs dizaines de milliers de disparus. Quatre millions de personnes ont besoin d’une aide d’urgence ; deux millions sont déplacées et plus de 650 000 réfugiées dans les pays voisins.

Urgence politique. Nous devons donner concrètement, en urgence, à l’opposition syrienne les moyens de soutenir sa population. La Coalition nationale syrienne, que la France a la première reconnue comme le seul représentant légitime du peuple syrien, que plus de cent États ont reconnu collectivement comme le représentant légitime du peuple syrien en décembre dernier à Marrakech, incarne un avenir de paix, de pluralisme et de liberté pour la Syrie.

Nous vous avons conviés aujourd’hui à Paris pour répondre à cette double urgence, à la fois humanitaire et politique. Nous devons également rester mobilisés pour éviter le risque d’une déstabilisation régionale. Cela implique, en particulier, d’apporter l’assistance nécessaire aux réfugiés.

La France avait déjà, en octobre dernier, organisé une réunion de soutien aux conseils révolutionnaires civils en Syrie. Cette réunion avait mis en lumière des besoins immenses et révélé la nécessité d’une représentation politique unifiée de la société syrienne et d’un instrument de coordination de l’aide.

Aujourd’hui, cette représentation, nous l’avons : c’est la Coalition. La Coalition nationale syrienne a vocation à acheminer l’aide vers les zones auxquelles les agences humanitaires n’ont que peu accès et où vit une grande partie de la population, à travers l’Unité de coordination des aides, pilotée par Mme Souhair Atassi. Avec eux, nous pouvons répondre directement aux besoins des populations civiles. C’est ce que parmi d’autres mon pays fait, en allouant 2,4 millions d’euros à la Coalition, permettant l’achat de paniers alimentaires, de vêtements, de farine et le soutien à des structures médico-chirurgicales. Nous avons également donné à la Coalition les moyens de soutenir les Conseils civils locaux et de travailler avec l’Union des organisations syriennes de secours médicaux. Par ailleurs, nous soutenons les projets d’une ONG internationale qui travaille avec la Coalition. Nous lui fournissons des biens humanitaires pour qu’elle les achemine. Cette action contribue à l’aide globale de la France au peuple syrien, qui s’élève à plus de 13 millions d’euros pour l’année 2012.

Il est décisif en effet que la Coalition prouve chaque jour à la population qu’elle est à ses côtés, pour satisfaire ses besoins élémentaires et porter la promesse d’une Syrie réconciliée. Nous savons que les responsables ici présents de la Coalition ont la volonté d’agir et de réussir. Il est de notre responsabilité à tous, nous sommes plus de 50 pays, de les appuyer fortement. Car soyons clairs : face à l’écroulement d’un État et d’une société, ce sont les groupes extrémistes qui risquent de gagner du terrain. Nous ne devons pas laisser une révolte qui avait démarré comme une contestation pacifique et démocratique dégénérer en un affrontement de milices. Il y va de l’intérêt des Syriens et de notre intérêt à tous.

Il faut donc agir et décider. Nous sommes rassemblés ici pour travailler, concrètement avec la Coalition et lui apporter les moyens nécessaires. En décembre dernier, à Marrakech, des sommes importantes ont été promises. Ces promesses doivent être concrètement tenues.

Je nous invite à explorer l’ensemble des pistes de coopération avec la Coalition nationale syrienne. J’identifie au moins trois objectifs principaux :
 Définir comment nous pouvons mieux travailler avec la Coalition et ses représentants.
 Afin de soutenir le fonctionnement de la Coalition, mobiliser des moyens matériels et de l’expertise.
 Aider la population syrienne à travers l’Unité de coordination des aides.

Plusieurs possibilités s’offrent à nous : financement direct d’actions humanitaires, instauration de partenariats entre la Coalition et les Organisations non-gouvernementales internationales ou syriennes, achat de matériel humanitaire.

Nous avons une réelle marge de manœuvre. Nous devons adresser au peuple syrien un signal clair : nous sommes à vos côtés, nous sommes au rendez-vous de la solidarité. C’est pourquoi nous comptons sur vous tous aujourd’hui.

Je vous remercie une nouvelle fois pour votre présence, pour votre attention et pour votre détermination à soutenir des aspirations justes et légitimes. La population syrienne qui résiste à la tyrannie fait preuve d’un immense courage, nous devons tous nous engager, maintenant, auprès du peuple syrien.