(Exceptionnellement, Sayed Hasan Nasrallah est apparu en personne pour délivrer ce discours)

Je cherche refuge auprès de Dieu contre Satan le lapidé.
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
Louange à Dieu, Seigneur des Mondes.

Que la paix et le salut soient sur notre maître et Prophète, l’intercesseur de nos péchés et le bien-aimé de nos cœurs, (le Prophète) Abul Qasim Muhammad b. Abdillah, ainsi que sur sa noble et pure famille, sur ses compagnons élus et fidèles, et sur l’ensemble des Prophètes et Messagers.

Que la paix de Dieu soit sur vous tous, ainsi que Sa Miséricorde et Sa Grâce.

Le 7 août 1979, c’est-à-dire durant les premiers jours de la victoire de la Révolution islamique en Iran, l’imam Khomeini (qu’il soit sanctifié) a fait une déclaration dans laquelle il invitait tous les peuples opprimés de la terre, et en particulier les musulmans, à faire du dernier Vendredi du mois béni de Ramadan la journée internationale d’Al Qods (Jérusalem).

Le but de cet appel, confirmé après le décès de l’Imam Khomeini par Son Éminence l’imam sayed Ali Khamenei (que Dieu nous préserve sa noble présence), était de raviver auprès des musulmans et du monde entier la cause d’Al Qods (Jérusalem) et de la Palestine et d’empêcher qu’elle ne disparaisse dans les méandres de l’oubli, et de profiter de cette occasion grandiose qu’est le mois de Ramadan pour sensibiliser, mobiliser les efforts et les énergies de la nation (musulmane) pour sauver Al-Qods (Jérusalem) et la Palestine des mains des occupants sionistes, et de mettre en lumière ce que subissent la Palestine et son peuple, depuis 1948, 1967, la diaspora (les réfugiés), à Jérusalem-Est, dans le désert du Néguev, toutes les souffrances qui leur sont infligées – l’état de siège, la faim, l’expropriation de leurs terres, les persécutions, tous les dangers qui menacent ces lieux saints.

Aujourd’hui, 2 août 2013, nous avons plus que jamais besoin de raviver cette occasion. Et je vous adresse à tous mes vifs remerciements pour l’honneur de votre présence en ce jour, et en ces circonstances. Vous avez répondu à l’appel de votre imam Khomeini (qu’il soit sanctifié). Nous avons plus que jamais besoin de raviver cette occasion pour confirmer son importance, sa valeur et sa portée.

Premièrement, il faut souligner que la Palestine dont nous parlons est la Palestine, toute la Palestine, de la mer (Méditerranée) au fleuve (Jourdain), qui doit être restituée complètement à son peuple et à ses propriétaires véritables et légitimes. Sur toute cette terre, personne, absolument personne – ni roi, ni prince, ni président, ni leader, ni cheikh, ni sayed, ni pays, ni gouvernement, ni organisation – n’a le droit d’abandonner ou de céder ne serait-ce qu’un grain de sable de la terre de Palestine ou une goutte de son eau ou de son pétrole (car on a découvert qu’il y a du pétrole), ou un morceau de son territoire. Personne n’a le droit d’en céder quoi que ce soit, ni ne peut recevoir de mandat pour le faire. Cette vérité, qui semble étrange aujourd’hui, doit être proclamée durant le mois de la vérité, le mois de Ramadan.

Deuxièmement, l’imam Khomeini a décrit Israël de manière juste et avec une très grande précision quand il l’a désigné comme une « tumeur cancéreuse », car cette entité est véritablement cancéreuse : nous savons tous que la nature du cancer est de se répandre et de se propager dans le corps, et que le seul remède possible contre le cancer est de l’éradiquer, sans jamais lui céder ni lui donner la moindre occasion. Ô mes frères et sœurs ! Israël, qui est le fer de lance du projet sioniste dans la région, représente une menace constante et considérable. Et il faut être très vigilant sur ce point et ne surtout pas croire qu’Israël constitue seulement un danger pour la Palestine et le peuple palestinien, et que nous (les pays voisins) ne serions pas touchés par ce problème – le Liban, la Syrie, la Jordanie, l’Égypte, l’Irak, les pays du Golfe, l’Afrique du Nord, les autres pays arabes et musulmans, nous n’aurions aucun problème car Israël serait le problème de la Palestine et du peuple palestinien, seuls les Palestiniens seraient concernés. Ce n’est là qu’une illusion, de la désinformation et de l’ignorance. Israël représente une menace constante et considérable pour tous les pays et tous les peuples de cette région, pour leurs ressources, leurs choix, leur sécurité, leur dignité, leur paix et leur souveraineté, et quiconque nie cela est un arrogant.

Par conséquent, Israël n’est pas une menace existentielle seulement pour la Palestine et le peuple palestinien, mais c’est une menace existentielle pour tous les États, tous les gouvernements, toutes les entités, tous les peuples, toutes les civilisations de cette région.

Troisièmement, il est certain que l’éradication de cette tumeur cancéreuse, de cette entité usurpatrice, est dans l’intérêt de tout le monde musulman – car d’aucuns pensent que l’éradication d’Israël est dans le seul intérêt des Palestiniens. Certes, c’est dans l’intérêt des Palestiniens mais pas seulement des Palestiniens. C’est dans l’intérêt de tout le monde arabe, c’est un intérêt populaire (de tous les peuples arabes). C’est également un intérêt national, l’intérêt de tous les pays de la région. Ici, il n’y a pas lieu de faire de distinction entre l’intérêt des peuples et l’intérêt des nations. Israël représente un danger pour la Jordanie, et son éradication est un intérêt (un enjeu) national pour la Jordanie. Israël représente un danger pour l’Égypte, et son éradication est un enjeu national pour l’Égypte. Israël représente un danger pour la Syrie, et son éradication est un enjeu national pour la Syrie. Et de même, Israël représente un danger pour le Liban, et l’éradication d’Israël est un enjeu national pour le Liban.

Quatrièmement, et sur la base de ce qui a été établi dans les deux points précédents, quiconque s’oppose au projet sioniste et le combat, y résiste, dans n’importe quel endroit de cette région ou dans le monde, et par quelque moyen que ce soit, de même qu’il défend la Palestine, le peuple palestinien et Al Qods (Jérusalem), il défend par là même son propre pays, son propre peuple, sa propre dignité, le futur de ses propres enfants et descendants.

Cinquièmement, la Palestine et Al Qods (Jérusalem), ô mes frères et sœurs, sont une responsabilité générale et globale, pour tout Palestinien, tout Arabe, musulman ou chrétien, pour tout musulman du monde, et même pour tout homme au monde. Car c’est une cause juste, une cause humanitaire, dans tous les sens du terme. Il est vrai que le poids, l’ampleur de cette responsabilité varient d’un pays à un autre, d’un peuple à un autre, d’un lieu à un autre, d’une personne à une autre. Ici, entrent en considération les ressources, les capacités, les circonstances, la géographie, etc… En premier lieu, c’est la responsabilité du peuple palestinien, puis de leurs voisins, puis des voisins des voisins, etc. Mais il y a un niveau minimal de responsabilité qui pèse sur tous, et dont personne ne peut s’exempter : la prise de position politique est un niveau minimal de responsabilité, de même que la communication (à travers les médias), le soutien populaire, l’aide financière pour les Palestiniens, etc. Et parmi les obligations qui entrent dans ce niveau minimal de responsabilité, et dont nous serons interrogés au Jour du Jugement, se trouve le refus de reconnaître Israël, de reconnaître la légitimité de son existence et de sa perpétuation. Tel est le niveau minimal de responsabilité, que nous porterons tous, chacun d’entre nous, devant Dieu au Jour de la Résurrection.

Sixièmement, il convient de souligner que ce combat, cette lutte contre le projet sioniste d’occupation (en Palestine, à Al Qods – Jérusalem – et sur d’autres territoires arabes au Liban et en Syrie) constituent la priorité absolue. Et si, dès l’origine, notre nation (musulmane) avait fait de ce combat une priorité, jamais nous n’en serions arrivés où nous en sommes aujourd’hui, et nous ne subirions pas toutes ces souffrances et catastrophes dans lesquelles vivent aujourd’hui les Palestiniens en Palestine et dans la diaspora (les réfugiés), dans lesquelles vivent tous les peuples de la région. Tous les massacres, les malheurs, les souffrances que nous avons subis au Liban et qu’ont subis les peuples de la région sont dus à l’abandon de cette responsabilité, à l’abandon de cette priorité.

En ce jour, il faut prêter attention à la situation actuelle. Il se trouve malheureusement dans le monde arabe, et derrière eux les États-Unis et l’Occident, des pays qui empêchent et interdisent qu’on fasse de la Palestine une priorité, qui en détournent l’attention, et qui s’efforcent continuellement de pousser les peuples dans d’autres directions. Ils leur façonnent d’autres ennemis, leur fomentent d’autres guerres, et ce depuis le commencement. Le projet sioniste occupe la terre de Palestine, mais dans le monde arabe, des pays, des gouvernements et des appels de toutes sortes assuraient : « la priorité est de combattre la vague communiste. » « Le danger pour l’Islam vient de la vague communiste. » Et par conséquent, la Palestine est oubliée. Et afin de combattre le communisme, pendant des décennies, des milliards de dollars ont été dépensés, des chaînes de télévision et des médias ont été mis en place, des livres ont été publiés, des conférences ont été organisées et des guerres lancées, et durant la guerre en Afghanistan (contre l’intervention de l’URSS en 1979), des combattants sont venus de partout dans le monde, de l’Égypte, de la Syrie, de la Jordanie, de l’Irak, du Liban, et même de la Palestine qui est pourtant une terre occupée ! Eh bien, mon frère, il y a une occupation en Palestine. Pourquoi avez-vous abandonné la Palestine durant des décennies et êtes-vous allés combattre en Afghanistan ? Je ne remets pas en cause la légitimité des combats en Afghanistan, mais je m’exprime d’après la logique des priorités.

Eh bien, on en a fini avec l’Union soviétique, qui a été défaite en Afghanistan, et la révolution islamique a triomphé en Iran et a donné une impulsion stratégique au conflit avec l’ennemi israélien. Mais à l’instant même, ces mêmes pays arabes en ont fait une deuxième priorité, ils ont lancé une nouvelle guerre et ont inventé un nouvel ennemi, qu’ils ont nommé la vague iranienne, le danger iranien, les mages (Zoroastriens). Au début, ils ne disaient pas « les chi’ites » – car aujourd’hui, je veux désigner les choses par leurs noms. Ils ne disaient pas « les chi’ites », ils disaient « les Iraniens », « les mages », « les Perses », prétendant que l’Iran était expansionniste et voulait forcer les portes orientales de la nation arabe. Et ils ont mené une guerre contre l’Iran durant 8 ans, dans laquelle les pays arabes ont dépensé des centaines de milliards de dollars. Si on avait dépensé le quart, le
cinquième ou le dixième de ces sommes pour la cause palestinienne, la Palestine aurait été libérée, et le peuple palestinien ne vivrait pas toutes ces souffrances et ces tragédies.

Ils ont donc lancé une guerre contre l’Iran. Ce sont là des faits, des vérités que nous avons vécues : des chaînes satellite ont été créées pour faire la guerre contre l’Iran, des conférences ont été tenues, des sommes d’argent formidables ont été dépensées et des armées ont été équipées pour combattre l’Iran et non pas pour combattre Israël. Chaque tank obtenu par certaines armées arabes, chaque avion, chaque missile, chaque navire de guerre, n’est obtenu que contre les plus fortes garanties pour les États-Unis qu’ils ne seront pas utilisés contre Israël.

Un nouvel ennemi a été façonné, puis lorsqu’on a constaté que les termes utilisés (Perses, Mages, etc.) n’étaient pas assez efficaces pour leur projet, ils ont redéfini l’ennemi et lui ont donné un autre nom : la vague chi’ite. Par Dieu, montrez-nous donc où est la vague chi’ite ? Ils disent depuis peu qu’ils y a une marée chi’ite en Égypte, qu’ils ont peur de la marée chi’ite. Mais où est cette marée chi’ite ?

Ils ont inventé un ennemi et aujourd’hui, ils ont bourré le crâne de nombreux groupes islamiques afin de les persuader que l’ennemi est l’Iran, que la priorité est la confrontation du danger chi’ite, de la pensée chi’ite, de l’expansion chi’ite, et que le danger chi’ite est plus dangereux pour la nation (musulmane) qu’Israël et que le projet sioniste. N’est-ce pas ce qui est déclaré par des dizaines et des centaines de chaînes satellitaires arabes financées par les pays du Golfe ? N’est-ce pas ce qui est écrit dans des livres, des revues et des journaux ? N’est-ce pas ce qui est déclaré chaque matin et chaque soir, et du haut des chaires des mosquées ? Pour beaucoup, Israël n’est plus un ennemi, Israël n’est plus une menace. Ils ont inventé un nouvel ennemi et un nouveau projet.

Et pire encore, ils ont donné à certains conflits politiques locaux une dimension sectaire, et c’est aussi de l’obscurantisme et de l’égarement. Par exemple, en Égypte, il y a actuellement un conflit politique, il y a une division nette et large entre plusieurs groupes, mais est-ce un conflit sectaire ? Ce n’est pas une dispute sectaire, mais un différend politique. En Libye, il y a une grande lutte politique et de profondes divisions, sont-elles sectaires ? En Tunisie, il y a une grande lutte politique, et au Yémen, il y a un grand conflit politique (et non sectaire).

Oui, quand nous arrivons dans des pays où il y a effectivement une diversité et une pluralité religieuse et sectaire, et malgré le fait que ces pays aient longtemps vécu des bénédictions de cette diversité et de cette pluralité, comme la Syrie, le Liban, l’Irak, le Bahreïn, on en fait une question sectaire, alors que les différends et conflits y sont politiques. On y utilise la rhétorique sectaire et le discours sectaire, on rouvre les dossiers de l’histoire. Mon frère, ces différends sont politiques, alors pourquoi recourir au sectarisme ? On y recourt volontairement et à dessein, non pas par ignorance, parce que c’est une arme dévastatrice, c’est l’une des armes les plus dévastatrices dans cette région.

Ô mes frères et sœurs (ici présents), et quiconque a des oreilles pour entendre : avec tous les événements tragiques qui se produisent autour de nous, n’est-ce pas une nécessité impérieuse que les peuples de la région réalisent qu’il y a des forces qui veulent détruire cette région, détruire leur pays, détruire leurs armées et même détruire leur peuple entier ? L’objectif n’est pas seulement le démantèlement des États et des armées, mais bien la fragmentation des peuples, entre chrétiens, musulmans, sunnites, chi’ites, druzes, zaydites, ismaéliens, Arabes, Perses, Kurdes, Turcs. L’objectif est de nous amener à nous combattre les uns les autres et à nous diviser, nous séparer. N’est-ce pas une nécessité douloureuse, impérieuse pour les peuples de la région que de connaître et montrer du doigt les États (malheureusement, certains refusent de désigner les coupables, mais nous savons tous de qui il s’agit), n’est-il pas nécessaire pour les peuples de la région d’identifier, d’indiquer du doigt et de se rappeler les noms des États qui parrainent ce projet destructeur et malfaisant, qui est le projet le plus dangereux qui menace notre région ?

Ô mes frères et sœurs ! Chacun des commanditaires des courants et des groupes takfiristes au sein du monde islamique, ceux qui les soutiennent intellectuellement, financièrement, dans les médias et militairement, et les poussent à s’engager sur les champs de bataille et à commettre des assassinats dans plus d’un pays, sont ceux qui portent la principale responsabilité de toutes les calamités et des destructions causées, et qui offrent les services les plus grands et les plus importants à Israël et aux États-Unis dans la région.

En cette journée de Jérusalem, nous invitons tout le monde à prendre conscience de ces danger, et à déployer des efforts acharnés dans chaque pays, afin de résoudre tous les différends par le dialogue politique interne et d’arrêter l’effusion de sang, que ce soit en Syrie, en Tunisie, en Libye, en Égypte, au Bahreïn, en Irak, au Pakistan, en Afghanistan, en Somalie, etc. Malheureusement, dans tous les endroits du monde où ces groupes takfiristes mettent la main ou le pied, il y aura des calamités.

Nous appelons à résoudre tous les différends par le dialogue politique interne et à arrêter les effusions de sang, et à raviver cette priorité qu’est la Palestine.

Nous, au Hezbollah, avons toujours lancé des appels et agi - et nous continuerons à le faire - pour chercher des interlocuteurs (même chez nos adversaires) et échanger avec eux, au Liban et en dehors du Liban, à organiser nos différences ou à les mettre de côté. Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de cette méthode, car les différends sont dévastateurs. Il y a des désaccords qui font vaciller l’économie, il y a des désaccords qui mettent en péril la sécurité, des désaccords qui secouent un peu les esprits, mais il y a des désaccords qui mènent véritablement à la ruine. Aujourd’hui, les différends ont atteint cette phase destructrice. Si nous devions nous affronter sur chaque différend religieux, jurisprudentiel, sectaire, intellectuel ou politique, et, malgré nos points communs, ériger sur ces différends des rancunes, des animosités et des divisions radicales, notre nation ne mériterait pas d’exister.

Aujourd’hui, nous entendons des discours et des prises de position qui élaborent et formulent de nouvelles animosités, entre le musulman et le chrétien, entre les adeptes des différentes écoles islamiques, surtout entre les sunnites et les chi’ites, entre Arabes, Perses, Kurdes et Turcs, entre mouvements nationalistes et mouvements islamiques. Malheureusement, il y a maintenant des islamistes qui ont ouvert le feu de manière intensive sur tout mouvement se disant national, panarabe ou de gauche, et il y a des gens des autres courants qui eux aussi ont ouvert le feu sur tout ce qui se nomme mouvement islamique ou parti islamique. À qui cela profite-t-il ? Cette folie, ce chaos, cet énorme gâchis, où nous mènerons-t-ils donc ? Ici, la responsabilité des dirigeants et des savants dans chaque pays est engagée.

Et dans l’intérêt de la nation tout entière, et pas seulement pour le bien de la Palestine et de Jérusalem, nous devons tous conjuguer nos efforts, dans tous les pays, pour vaincre ce projet séditieux, destructeur et ravageur. Je vous le dis : notre nation, nos peuples, nos élites et nos gens sont capables, si Dieu le veut, d’infliger une défaite à ce projet, et ce projet sera vaincu, si Dieu le veut.

Ô mes frères et sœurs ! Nous, au Hezbollah, réaffirmons notre attachement à ces principes, ces causes et ces priorités, pour lesquelles nos ennemis nous attaquent. Le problème qu’ont nos ennemis avec nous est justement cette pensée, cet engagement qui sont les nôtres. Et parfois, ce sont nos amis ou certains de nos amis qui nous attaquent, car à leurs yeux cette priorité est seconde par rapport à d’autres priorités : ils nous le reprochent mais ils comprennent notre point de vue. Mais en cette Journée d’Al Qods (Jérusalem), nous réaffirmons notre engagement inconditionnel à cette cause.

Ô mes frères, nous au Hezbollah (et j’emploie ces phrases à dessein, car nous avons besoin de cette assurance aujourd’hui), nous resterons aux côtés de la Palestine et du peuple palestinien, et nous resterons soucieux de préserver une relation solide et bonne avec toutes les factions palestiniennes, avec toutes les forces palestiniennes, même si nous sommes parfois en désaccord avec elles au sujet de dossiers et de questions qui peuvent être liées à la Palestine elle-même, à la Syrie ou à la région. Nous sommes partisans de l’union et des échanges, alors qu’en est-il lorsqu’il s’agit de l’union autour de la Palestine, et que notre slogan est « Al Qods (Jérusalem) nous unit » ? Al Qods (Jérusalem) doit nous unir. Et tout autre différend, intellectuel ou idéologique, religieux ou sectaire, jurisprudentiel, politique ou territorial, quel qu’il soit, quelle que soient les questions sur lesquelles nous sommes en désaccord, notre engagement pour la Palestine, la cause palestinienne et le peuple palestinien doivent se perpétuer et rester immunisés contre tout conflit.

En cette journée d’Al Qods (Jérusalem), nous devons remercier vivement (et qui ne remercie pas la créature ne saurait remercier le Créateur), nous remercions très vivement la République Islamique d’Iran et la République Arabe de Syrie, pour tout ce qu’elles ont fait pour la Palestine et la cause d’Al Qods (Jérusalem), tout ce qu’elles ont donné aux mouvements de résistance au Liban et en Palestine, ce qui a conduit à infliger plus d’une défaite à cet ennemi, à cette entité, à ce projet.

Nous resterons, nous, au Hezbollah, la résistance vigilante et prête à protéger notre pays et notre peuple, et à confronter tous les complots et les convoitises de cet ennemi, aux côtés de l’armée nationale libanaise, à qui nous rendons, depuis ce lieu, un grand hommage pour son leadership, ses officiers, ses soldats, ses martyrs et ses blessés.

En cette journée d’Al Qods (Jérusalem), nous devons nous rappeler de l’imam de la résistance, l’imam sayed Musa al-Sadr, qui nous a montré la route d’Al Qods (Jérusalem) et nous a guidés sur ce droit chemin, et nous demandons aux nouvelles autorités libyennes d’assumer pleinement leurs responsabilités en ce qui concerne ce grave problème [1].

Ô mes frères et sœurs, je sais que ces jours, il y a beaucoup d’incitation sectaire. Je m’exprime toujours en tant que musulman, patriote et nationaliste, etc., mais permettez-moi maintenant de parler en tant que chi’ite.

Je sais qu’il y a actuellement beaucoup d’incitation sectaire, sur les chaînes satellitaires, sur des sites Internet et sur les réseaux sociaux, et il y a beaucoup de descriptions des chi’ites si insultantes qu’un homme digne ne saurait les prononcer. C’est là quelque chose d’intentionnel, ce n’est pas un simple manque de manières. Il y a certes des gens qui peuvent avoir été égarés, mais les personnes qui se tiennent derrière cela savent très bien ce qu’elles font. Ces mêmes personnes responsables de ces campagnes de diffmation peuvent s’approcher de certains chi’ites, de certains cheikhs chi’ites, de certaines chaînes de satellite chi’ites pour faire la même chose, l’incitation sectaire, pour y répandre les accusations, les insultes, les invectives, les affronts, les atteintes aux personnalités révérées par nos frères sunnites et le reste des adeptes des sectes islamiques. Et croyez bien – nous sommes maintenant dans le mois de Ramadan et en état de jeûne – que ce sont les mêmes qui se trouvent derrière les deux groupes, ce sont les mêmes car tout cela est intentionnel.

Cela va beaucoup plus loin, jusqu’aux meurtres, aux massacres, aux voitures piégées, comme cela se produit tous les jours, en particulier en Irak et au Pakistan : les husseiniyat (centres chi’ites), les mosquées, les tombeaux, les marchés, les routes, etc., sont pris pour cible.

Ce langage sectaire a commencé à croître avec les événements en Syrie, et on sent, à travers les paroles et les actions, que l’objectif de ceux qui se cachent derrière ce mouvement est de faire en sorte que nous chi’ites nous oublions la Palestine, que nous oublions Al Qods (Jérusalem), que nous oublions le peuple palestinien, mais plus que cela, que nous éprouvions de la haine pour toute chose qui se nomme Palestine ou Palestinien. Est-ce que je peux être plus clair que cela ? C’est ce projet qui est en œuvre maintenant. On veut faire en sorte qu’un jour, ces chi’ites présents dans le monde arabe et musulman, qui manifestent durant chaque Journée d’Al Qods dans tous les pays où ils sont, et qui sont rétribués, comme au Pakistan, par l’envoi de kamikazes qui se font exploser au milieu des marches chi’ites durant la Journée d’Al Qods (Jérusalem), ces chi’ites doivent sortir de l’équation, sortir de l’équation du conflit israélo-arabe. Faire sortir les chi’ites, qui sont une grande partie de la nation – il est vrai qu’ils ne sont pas la majorité, mais ils en sont une partie essentielle, active, forte et influente –, faire sortir les chi’ites de cette équation signifie exclure l’Iran de l’équation, et c’est à ce résultat qu’ils veulent parvenir.

Aujourd’hui, nous disons à tous ceux-la, aux États-Unis, à Israël, aux Anglais (qui sont les plus doués dans ce jeu), et à tous leurs outils parmi les pays de la région, nous voulons dire à chaque ennemi et à chaque ami, et c’est une vérité qui a été trempée dans le sang, ce ne sont pas seulement des mots proférés sur un plateau de télévision, c’est une vérité qui a été trempée dans le sang : aujourd’hui, en cette Journée d’Al Qods (Jérusalem), le dernier vendredi du mois béni de Ramadan 2013 du calendrier grégorien, nous, les chi’ites (partisans) d’Ali b. Abi Talib dans le monde n’abandonneront pas la Palestine, ni le peuple palestinien, ni les lieux saints de la nation (musulmane) en Palestine. Insultez-nous de rafidhites [2], de terroristes, de criminels, dites tout ce que bon vous semble, tuez-nous sous chaque pierre et chaque feuille, sur tous les fronts, et à la porte de chaque Husseiniya et chaque mosquée, nous les chi’ites (partisans) de Ali b. Abi Talib n’abandonnerons jamais la Palestine.

Nous, au Hezbollah, sommes parmi ceux qui ont été éduqués dans le projet de la Résistance. Nous étions des petits, des enfants, des jeunes, et c’est en cela que nous avons pris conscience et que nous avons grandi, c’est en cela que nous avons été instruits, dans la confrontation avec le projet israélien et la défense de cette nation, la défense de la Palestine, d’Al Qods (Jérusalem) et des lieux saints, du Liban, du peuple libanais, de la dignité du Liban, de la souveraineté du Liban. C’est une cause qui est entremêlée dans notre chair, dans notre sang et dans nos veines, une cause que nous avons héritée de nos pères et de nos grands-pères, et que nous lèguerons à nos enfants et à nos petits-enfants. Et sur cette voie, nous avons sacrifié des milliers de martyrs et les meilleurs des martyrs, sayed Abbas, cheikh Ragheb, hajj Imad [Moghniyeh], nous avons sacrifié nos êtres les plus chers.

C’est pourquoi je conclus, en cette Journée d’Al Qods (Jérusalem), en déclarant au monde entier : Nous, le Hezbollah, nous aussi au Hezbollah, nous assumerons nos responsabilités, toute la mesure des responsabilités qui pèsent sur nous.

Nous, le Hezbollah, le Parti islamique chi’ite imamite duodécimain, nous n’abandonnerons jamais la Palestine, nous n’abandonnerons jamais Al Qods (Jérusalem), nous n’abandonnerons jamais le peuple de Palestine, et nous n’abandonnerons jamais les lieux saints de cette nation (musulmane).

Que Dieu bénisse notre imam Khomeini, que Dieu vous accorde à tous le succès, et que la paix de Dieu soit sur vous, ainsi que Sa miséricorde et Sa Grâce.

[1L’imam Musa Sadr a disparu en Libye en 1978, lors d’une visite officielle suite à une invitation de Kadhafi.

[2Terme péjoratif pour désigner les chi’ites, qui « refusent » la légitimité des trois premiers califes.