John McCain avec le leader néo-nazi du Parti Svoboda Oleh Tyahnibok, Kiev, le 15 Décembre, 2013

Tout d’abord , affranchissons-nous des petites formalités. Je suppose qu’on pourrait dire que ce n’était pas un coup fasciste pourvu que l’on ignore sa violence et sa nature ouvertement fasciste. Il doit être clair aux yeux de tous, ces pom-pom girls acclameuses de printemps arabes, ces libéraux, ces aficionados de la troisième voie et ces radicaux qui, pour paraphraser un ami , ont tendance à voir tout rassemblement de plus de 100 personnes comme un mouvement de masse et une excuse pour intervenir, suivant quiconque : « ou les socialistes , ou les fascistes, ou de grandes files d’attente aux toilettes ».

Mais le show ambulant des « changements de régime » se fait vieux, et certains d’entre nous n’ont pas été dupes. Soyons clairs lorsque nous utilisons ce slogan démuni de sens et vieillot du président des États-Unis : le problème n’est pas à propos de « certains fascistes » ou d’« éléments marginaux » ou de la présence « inattendues » de fascistes « dans les rangs » d’un « mouvement de protestation pacifique ». Désolé, je suis à court de guillemets. Le fait simple est que les fascistes sont désormais au pouvoir en Ukraine : les fascistes maintiennent des points de contrôle à travers Kiev, les fascistes gardent les bâtiments gouvernementaux, les fascistes prennent le contrôle des arsenaux militaires. L’Hôtel de ville de Kiev a été décoré avec une énorme bannière du héros nazi de Svoboda, Stepan Bandera.

Et pour éviter que les néo-nazis de Svoboda ne fassent toutes les manchettes des journaux —si seulement une presse occidentale complice et servile permettrait que cela atteignent ses manchettes— ils ne sont pas les seuls fascistes dans la ville. Pour ne pas être en reste, le voyou de droite Oleksander Muzychko, promit à la tribune de Maidan qu’il se « battrai contre les Juifs et les Russes jusqu’à ce que je meurs », et a appelé à la criminalisation de la langue russe et à ce que 500 de ses fidèles saisissent le site du patrimoine mondial de Kiev, Petchersk Lavra, un ancien monastère chrétien orthodoxe.

Dans la chasse d’eau de la démocratie, il est maintenant connu que la grande majorité des « voix » à la Rada furent le fruit de tactiques prétendument nationalistes comme la séquestration de tous les députés du Parti communiste, entre autres, la menace et la contrainte d’autres parlementaires, et la poursuite de la violence à coup de poings tout au long de l’épreuve. Les opposants ont été battus, leurs familles menacées, et on les a avertis qu’ils seraient pourchassés pendant dix ou quinze ans s’ils ne se pliaient pas.

Le rabbin ukrainien Moché Reuven Azman a demandé aux juifs ukrainiens de quitter Kiev et le pays si possible. Un ami qui, disons simplement n’a pas l’air « pur » ukrainien, faisait des plans pour sortir sa famille avant la fin de la semaine, reconnaissant que Kiev était déjà dangereux. Tu commences à te sentir mal à l’aise avec le résultat de ta politique, premier président noir ? C’est sur ​​votre tête. La nature suprématiste blanche du putsch devient plus apparente si on fait un zoom arrière pour voir les marches et les bons vœux d’autres partis fascistes de l’Aube dorée en Grèce, à l’Espagne et autres. Refais un zoom avant pour obtenir plus de clarté pour voir les drapeaux voler maintenant le long du portrait nazi de Stepan, y compris, entre autres, le drapeau confédéré états-unien et la croix d’Odin. Mais le lynchage des Africains noirs en Libye n’a pas exactement suscité une crise de conscience ... c’est peut-être tout simplement pas le bon moment.

Et rien de tout cela n’est secondaire ou la suite d’une perte de contrôle, mais plutôt ça fait partie du plan depuis le début. Personne, ni les bureaucrates de l’Union européenne, ni l’omniprésent John McCain, ni Victoria Nuland ou qui que ce soit de leurs équipes ne peuvent maintenant affirmer qu’il n’était pas au courant et pris au dépourvu. Pour activer la vieille antienne diplomatique, il peut y avoir déni, mais il n’est tout simplement pas plausible. C’était le plan depuis le début. Leurs marionnettes, de la milliardaire meurtrière Ioulia Timochenko au boxeur Vitaly Klitchko, montraient toujours une façade. La violence néonazie n’est pas fortuite ou involontaire, elle fait partie intégrante de l’ensemble du scénario. C’est la violence fasciste qui anime le tout, et le financement et l’organisation de ces groupes est une pièce maîtresse de la guerre de quatrième génération menée par l’Empire dès maintenant d’un État à l’autre

Les États-Unis, destructeurs des nations, protecteurs des fascistes, exploiteurs des Forces les plus sombres sur ​​Terre, montrent une fois de plus leurs mains qui s’étendent trop loin afin de cimenter leur réputation de plus grande menace pour la paix dans le monde. Avec leurs États vassaux européens, les États-uniens semblent presque désespérés de prouver qu’ils échappent à tout semblant de droit international, et même à la loi du karma. Ignorants et arrogants à l’extrême, ses fonctionnaires ne cessent de rabâcher ouvertement qu’ils sont « le pays le plus puissant sur ​​la terre ».

La Tempête impériale qui s’est abattue sur l’Ukraine devrait rendre évident où le danger actuel réside. Ces forces horribles cherchent rien de moins que la destruction totale de la Russie, et un contrôle complet de la planète. J’ai eu un peu de longueur d’avance, lorsque j’étudais avec certains d’entre eux au département d’histoire slave d’Harvard. Ces fanatiques russophobes étaient et sont des gens dangereux. Les États-uniens ne se rendent pas compte que pratiquement tout ce qu’ils pensent qu’ils savent de la Russie a été écrit et réécrit par cette cabale d’élite, ces haïsseurs des Russes. 35 ans plus tard, ça me donne encore des frissons.

Dire qu’il est temps de se réveiller n’est qu’un cliché à ce stade. Mais il est grand temps de reconnaître que l’alliance croissante entre la Russie et la Chine, avec le reste de la coalition BRICS et les pays du Sud, est la seule force capable d’arrêter ces obsédés des changements de régime qui saccagent le monde à l’heure actuelle. L’Empire s’est trop étendu une fois encore. L’histoire et les peuples du monde prendront leur revanche. La politique n’est pas l’homéopathie : aucune solution diluée n’obtiendra miraculeusement le résultat inverse, et les écrits qui partagent la responsabilité des « deux côtés » sont improductifs à cette heure tardive, et très dangereux. Il est nécessaire de laisser de côté nos hésitations et nos tergiversations, de renoncer à savoir quelle aventure impériale nous devons soutenir ou critiquer, mais d’adopter une position ferme et de dire où se trouve le danger et qui est notre plus grand ennemi. C’est ce que nous devons faire, ou sinon nous suicider.

Traduction
Roger Lagassé
Source
Oriental Review (Russie)