Revenant sur la réunion secrète qui s’est tenue le 22 janvier 2000 au GOdF (cf. RV 00/0066), nous sommes en mesure d’apporter les précisions et corrections suivantes :

(1) Cette réunion se situait bien dans un processus de négociation parallèle. S’ils n’avaient aucun pouvoir de décision, les maçons présents devaient " transmettre " au cabinet du Premier ministre le contenu de l’entretien. La réunion avait été précédée de divers contacts bilatéraux et devait logiquement être suivie d’autres rencontres.

(2) Les témoignages " off " des personnes impliquées restent contradictoires quant au nombre de négociateurs. Il est probable que François Rebsamen et le sénateur Jean-Pierre Bel n’étaient pas physiquement présents le 22 janvier, mais ont participé aux contacts préparatoires.

(3) Serge Jakobowitz avait démissionné de ses fonctions de conseiller de l’Ordre peu avant la réunion. Joignant le geste à la parole, il avait quitté avec fracas la salle de séance du Conseil. Officiellement, sa démission sanctionnait un désaccord l’opposant à la majorité du Conseil de l’Ordre sur le refus de création d’une loge par le passé grand-maître Paul Gourdot. Si l’on s’en tient à cette version, on ne voit pas en quelle autre qualité que celle de délégué national du Parti socialiste il pouvait participer à la réunion.

(4) Après avoir dressé un long bilan de l’état de la Corse, les négociateurs ont abordé les points politiques que nous avons indiqués. Simon Giovannaï, qui devait prendre un avion, a dû quitter la réunion qui s’est alors prolongée en son absence dans son bureau. La conversation a dérivé jusqu’à aborder les fondements de l’État corse indépendant. Ainsi, a-t-il été précisé que la nationalité corse se transmettrait, comme en France, par le droit du sol et non par le droit du sang.

(5) L’algarade qui opposa le Premier ministre à son conseiller Manuel Valls n’a pas suivi, mais immédiatement précédé, la réunion au GOdF. Lionel Jospin s’était offusqué que, lors des contacts préparatoires, Manuel Valls ait reçu sans précautions à Matignon un dirigeant du Mouvement pour la Corse, Toussaint Luciani.

(6) La société de conseil en affaires et en gestion, 2A Consultants, que vient de créer à titre personnel Simon Giovannaï à Grosseto Prugna, ne semble pas avoir à ce jour réalisé d’activité. Cette structure a pour objet de préparer un vaste projet de développement de l’île impliquant diverses personnalités économiques et politiques.

(7) C’est par erreur que nous avons attribué à Philippe Guglielmi des propos qu’il n’a pas tenus au cercle Moro-Giafferi. Cette réunion publique, organisée par Me Jean-François Marchi, s’est tenue à la Maison du Barreau en présence de nombreux protagonistes du dossier corse. La courte intervention de Philippe Guglielmi visait à souligner l’importance d’une approche laïque de l’avenir de la Corse face à la " civilisation chrétienne ", que défendent aussi bien Guy Talamoni que Jean-Charles Marchiani. Cette intervention, qui n’a pas donné lieu à un dialogue avec la salle, sera intégralement publiée dans les actes du colloque par les éditions La Marge.

(8) Alain Bauer ne fut pas grand maître adjoint du GOdF, mais garde des Sceaux et du Timbre.

(9) Acceptant avec courage de porter seul la responsabilité de cette affaire, le grand maître, Simon Giovannaï, envisage de présenter sa démission le 15 avril 2000. Dans ce cas, les affaires courantes de l’obédience seraient expédiées par les grands maîtres adjoints jusqu’au convent (= assemblée générale) ordinaire de septembre. Pour mettre fin à la crise, un convent extraordinaire pourrait être convoqué, sur demande de la majorité des loges. Il désignerait un nouveau Conseil qui élirait un nouveau grand maître. C’est ce que tente d’empêcher Alain Bauer en expliquant à nos confrères du Monde (21 mars 2000) la nécessité d’attendre " le moment venu ". En effet, M. Bauer n’est pas actuellement éligible mais espère l’être en septembre.