Le 20 mai 2015, Israël, qui participe à la Force commune arabe, largue une bombe à neutrons au Yémen. Ce type de bombe nucléaire tactique tue les êtres vivants sans détruire les infrastructures.

L’interview traditionnel du président de la République française le 14 juillet, date de la fête nationale, aura été cette année l’occasion pour François Hollande de tenir toutes sortes de propos indécents et aberrants.

Je voudrais juste attirer votre attention sur le passage suivant en réponse à une question de Claire Chazal sur l’accord des 5+1 avec l’Iran :

« La France a été très ferme dans cette négociation et Laurent Fabius l’a conduite avec beaucoup de rigueur et également de fermeté.
Qu’est-ce qu’était ma préoccupation ? Éviter la prolifération nucléaire. Cela veut dire quoi la prolifération nucléaire ? Cela voulait dire que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. Si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, l’Arabie Saoudite, Israël, d’autres pays voudraient également accéder à l’arme nucléaire. Ce serait un risque pour la planète tout entière. Donc, il fallait empêcher que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. » [1]

Ainsi, selon le président Hollande, chef des Armées et à ce titre détenteur de la Force nucléaire, Israël n’aurait pas d’armes nucléaires.

Or, chacun sait qu’Israël est l’une des quatre puissances nucléaires non-signataires du Traité de non-prolifération (avec l’Inde, le Pakistan et la République populaire démocratique de Corée).

C’est en 1956 que le président du Conseil français, Guy Mollet (le prédécesseur de François Hollande à la tête du Parti socialiste), organisa le transfert de technologie nucléaire entre la France et Israël. Pour ce faire, il attribua à l’Hôtel de Matignon un bureau à Shimon Peres (futur président d’Israël) d’où celui-ci supervisa le transfert. La France construisit la centrale de Dimona dans le désert du Néguev, dont Shimon Peres devint le directeur. Israël participa également aux expériences nucléaires françaises dans le désert algérien. Partisan de la colonisation, Guy Mollet s’appuya sur Israël pour lutter contre le FLN algérien et faire la guerre à l’Égypte (« crise » du Canal de Suez).

Cette coopération se détériora sous Charles De Gaulle et prit fin avec la décolonisation de l’Algérie. Lorsqu’en 1967, Israël attaqua ses voisins arabes (théorie de la « guerre préventive »), l’Égypte, la Jordanie et la Syrie, De Gaulle rompit les relations avec Israël. Quelques jours plus tard, les Etats-unis signèrent un accord secret avec Israël l’autorisant à détenir la bombe sous réserve de ne pas en faire la publicité et de ne pas procéder à de nouvelles expérimentations.

Israël poursuivit ses recherches avec l’aide des Britanniques, dans un premier temps —ceux-ci lui fournirent notamment du combustible prêt à l’emploi—. Puis avec l’aide de l’Afrique du Sud à partir de 1975. Il bénéficia notamment des explosions nucléaires sud-africaines, particulièrement en 1979 dans l’Océan indien, sans pour cela violer son accord avec Washington.

Israël détient actuellement entre 80 et 400 têtes nucléaires et un grand nombre de bombes à neutrons. En effet, du fait de la topographie, les bombes nucléaires stratégiques sont impossibles à utiliser dans l’environnement proche d’Israël. Aussi l’État hébreu s’est-il spécialisé dans les bombes à neutrons, dont le rayon d’action est plus petit. Celles-ci sont les armes du capitalisme par excellence car elles tuent les hommes, mais n’endommagent pas les propriétés.

L’ensemble de ce programme fut révélé par un scientifique israélien opposé à l’apartheid, Mordechaï Vanunu, en 1986 dans le Sunday Times [2]. Il fut alors enlevé à Rome par le Mossad, rapatrié en Israël et mis au secret durant 18 ans. Libéré en 2004, mais assigné à résidence, il accorda un entretien à Silvia Cattori et fut immédiatement réincarcéré pour avoir parlé à des journalistes [3].

En 2002, le stratège israélien Martin Van Creveld fit état publiquement de l’arsenal nucléaire et menaça les Européens de rétorsion sur leur sol s’ils persistaient à soutenir les Palestiniens [4]. On parla alors du « complexe de Samson », c’est-à-dire de la menace d’un suicide destructeur israélien plutôt que d’une défaite.

Le 6 décembre 2006, le secrétaire à la Défense états-unien, Robert Gates, admettait lors d’une audition au Sénat qu’Israël détient la bombe atomique. Quelques jours plus tard, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, l’admettait au détour d’une phrase, lors d’un entretien à la chaîne allemande N24.

En 2010, 18 États arabes sont parvenus à faire inscrire sur l’Agenda de l’AIEA (Agence internationale pour l’Énergie atomique) la question des « capacités nucléaires israéliennes ». Les Nations unies organisèrent alors une conférence sur le Traité de non-prolifération au cours de laquelle la République islamique d’Iran proposa de créer « une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient » [5], sur le modèle de ce qui a été fait en Amérique latine ou en Asie centrale. Cependant ce projet échoua du fait de l’opposition d’Israël et des États-Unis. Ces derniers stockant illégalement des armes nucléaires en Turquie.

Récemment, Israël a fait usage de bombes à neutrons à Khiam lors de la guerre de 2006 contre le Liban et au Yémen, le 20 mai dernier. Dans les deux cas, des relevés de radiations ont été effectués.

Pourquoi le président Hollande nie-t-il des faits largement établis ? Par ignorance ou parce qu’il tente de justifier la position française durant les négociations avec l’Iran au point de s’emberlificoter dans sa propre propagande ?

Le 17 novembre 2013, arrivant à l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv, François Hollande déclarait « "Tamid écha-èr ravèr chèl Israël" en hébreu, "Je suis votre ami et je le serai toujours " » [6].

[1« Entretien de François Hollande pour la fête nationale », par François Hollande, Réseau Voltaire, 14 juillet 2015.

[2“Revealed : the secrets of Israel’s nuclear arsenal”, The Sunday Times, October 5, 1986.

[3« C’est parce qu’Israël détient la bombe atomique qu’il peut pratiquer sans crainte l’apartheid », par Silvia Cattori, Traduction Marcel Charbonnier, Réseau Voltaire, 14 octobre 2005.

[4“The War Game, a controversial view of the current crisis in the Middle East”, Elsevier, 2002, no. 17, p. 52-53, 27 avril 2002.

[6« Déclaration de François Hollande à son arrivée à l’aéroport de Tel-Aviv », par François Hollande, Réseau Voltaire, 17 novembre 2013.