L’enquête sur le meurtre des journalistes russes Orkhan Jemal, Alexandre Rastorgouev et Kirill Radtchenko commis l’an dernier se poursuit. Elle est menée par le Comité d’enquête de la Fédération de Russie en collaboration avec les autorités centrafricaines compétentes. Une enquête pénale a été ouverte pour homicide en vertu de l’article 105 section 2 paragraphe A du Code pénal de la Fédération de Russie.

L’investigation pour élucider toutes les circonstances de la mort tragique de nos compatriotes et identifier les coupables de ce crime se trouve sous le contrôle des autorités russes.

La question de l’enquête est régulièrement mentionnée lors de nos contacts avec la Centrafrique. Durant son entretien avec la chef de la diplomatie centrafricaine Sylvie Baïpo-Temon en marge du 23e Forum économique international de Saint-Pétersbourg (6 juin 2019), le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a évoqué la nécessité d’entreprendre des efforts supplémentaires pour accélérer au maximum l’enquête sur le meurtre des journalistes russes.

Via les canaux diplomatiques, la Direction générale d’enquête du Comité d’enquête de la Fédération de Russie a transmis au Ministère centrafricain de la Justice et des Droits de l’homme une demande d’aide juridique dans l’affaire pénale, notamment sur le déroulement des actions procédurales et d’instruction nécessaires.

Le 26 juillet, le Parquet centrafricain a publié un communiqué indiquant que l’enquête avait significativement avancé, et que prochainement le grand public serait informé de ses résultats. Les affaires personnelles des défunts ont été transmises au Comité d’enquête russe.

Le Ministère russe des Affaires étrangères continuera, dans le cadre de ses compétences, d’apporter son soutien au Comité d’enquête russe dans l’investigation sur cette affaire.

Compte tenu de nombreuses publications apparues dernièrement dans la presse, contenant souvent des informations déformées, voire mensongères, il convient d’attirer de nouveau l’attention sur ce qui suit.

Il reste de nombreuses questions à l’adresse des organisateurs du voyage des journalistes. Ainsi, l’Ambassade de Centrafrique à Moscou a été induite en erreur concernant le véritable but du déplacement du groupe et a accordé des visas touristiques. Orkhan Jemal, Alexandre Rastorgouev et Kirill Radtchenko travaillaient en Centrafrique sans accréditation appropriée, sans autorisation de faire entrer des équipements de tournage et de filmer.

Le camp d’entraînement militaire de Bérengo où les journalistes étaient censés pénétrer est un "site militaire protégé de l’État" dont la visite est strictement réglementée conformément à la loi sur l’organisation de la Défense nationale et de l’Armée de la Centrafrique. S’ils avaient pénétré sur le territoire de ce camp et y avaient filmé des images, ils auraient pu se faire arrêter pour espionnage. Les équipes de tournage de la chaîne américaine CNN et de la qatarie Al Jazeera, qui ont préalablement notifié les autorités compétentes de leur intention de visiter le camp de Bérengo pour filmer sur place, ont reçu l’accréditation nécessaire et ont pu visiter ce site pour réaliser un reportage.

En franchissant le poste de contrôle de Sibut, les journalistes disposaient d’un faux laissez-passer avec des symboles des Nations unies indiquant qu’ils étaient soi-disant des volontaires de l’Onu. Les forces de l’ordre, induites en erreur, à qui il est interdit de faire obstacle à la circulation des collaborateurs de la mission de l’Onu, se sont contentées de vérifier les passeports, même si elles ont suggéré instamment de renoncer au voyage de nuit via un itinéraire dans la zone contrôlée par des groupes armés illégaux.

Nous voudrions souligner que les sites du Ministère russe des Affaires étrangères, du Département Centre des situations de crise du ministère russe des Affaires étrangères, de l’Ambassade de Russie à Bangui ont publié des informations sur la situation militaro-politique difficile en Centrafrique (14 des 16 provinces du pays sont contrôlées par différents groupes armés) en préconisant de s’abstenir de voyager dans ce pays, qui plus est en dehors de la capitale. Les individus qui ont envoyé le groupe de tournage à Bangui n’avaient informé l’Ambassade de Russie ni de l’arrivée des journalistes ni du but de leur voyage, ce qui aurait pu aider les Russes en matière de sécurité, voire empêcher des conséquences aussi tragiques.

Une nouvelle fois se pose la question de savoir quel était l’objectif des organisateurs de ce voyage quand ils ont chargé les journalistes d’une mission mettant a priori leur vie en péril.