Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président du Comité international de la Croix-Rouge, cher Peter Maurer,
Mesdames et Messieurs,

Heiko Maas vient de le rappeler : il y a un an, nous invitions les puissances attachées, comme nous, à l’action collective et au respect du droit international à nous rejoindre pour défendre un système multilatéral plongé dans une crise sans précédent. Cet appel a été entendu et c’est ainsi qu’est née l’Alliance pour le multilatéralisme qui a tenu sa première réunion ministérielle à New York en septembre dernier.

Puis, nous avons monté en novembre, à l’occasion du Forum de Paris pour la paix, une nouvelle initiative pour réfléchir à la gouvernance multilatérale du numérique et pour évoquer ensemble plusieurs initiatives importantes, comme l’Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace, le Partenariat information et démocratie ou encore l’Appel de Christchurch.

Notre Alliance, en soutenant des initiatives multilatérales concrètes et innovantes, peut apporter un complément vital à l’action des Nations unies et ouvrir le multilatéralisme aux nouveaux acteurs de la coopération internationale, en particulier les partenaires de la société civile et du secteur privé.

C’est bien un multilatéralisme renforcé, tourné vers l’action, un multilatéralisme qui porte une réponse pragmatique face aux doctrinaires du chaos que nous voulons initier et renforcer.

C’est pour avancer sur l’un de ces chantiers - les droits humains et le droit international humanitaire - que nous sommes réunis aujourd’hui. Car le multilatéralisme, ce n’est pas seulement un système d’institutions. C’est aussi un système de valeurs et des principes inscrits dans le droit. Je souhaiterais insister sur l’Appel à l’action pour le respect du droit humanitaire que nous avons lancé avec Heiko Maas, à New York, le 26 septembre dernier et que nous sommes maintenant 43 Etats à soutenir.

Cet Appel, nous l’avons conçu comme un levier supplémentaire pour défendre et promouvoir les règles élémentaires d’humanité édictées par le droit international humanitaire. Ces règles sont aujourd’hui bafouées. L’actualité en fournit un exemple dramatique dans la province d’Idlib, où finalement les personnels civils ne sont plus seulement des victimes collatérales, mais sont les cibles premières des attaques. Pour punir. Pour terroriser. Pour s’imposer à tout prix.

Cette situation ne peut pas être passée sous silence. Même la guerre a des règles. La France en appelle à ses partenaires de bonne volonté pour apporter protection à ceux que leur action auprès des civils désigne comme des cibles : médecins, infirmiers, acteurs humanitaires, journalistes - que ce soit à Idlib aujourd’hui, ou ailleurs malheureusement demain.

Parallèlement, La France souhaite lancer une initiative de formation au droit international humanitaire des acteurs étatiques et de certains acteurs non-étatiques. Cette initiative sera présentée lors d’un prochain événement de l’Alliance, qui associera la Croix-Rouge et les ministères de la défense et des affaires étrangères des Etats volontaires parmi les signataires de l’Appel.

Nous pourrions ainsi échanger sur l’expérience de nos forces armées dans ce domaine et élaborer ensemble un texte de référence qui précisera les bonnes pratiques à observer dans le cadre d’opérations militaires. Bonnes pratiques que nous pourrons ensuite diffuser auprès de nos partenaires, dans le cadre d’opérations extérieures nationales ou régionales, comme les opérations de l’Union européenne, mais aussi au sein des formations pour les Etats contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix sous mandat des Nations unies.

Lorsque nous allons réunir en France notre propre conférence internationale humanitaire, je présenterai un plan d’action pour renforcer la formation au droit international humanitaire des acteurs français. Je veillerai à ce que ce plan nous donne les moyens de soutenir les ONG qui en expriment le besoin et d’encourager aussi l’action de la Croix Rouge internationale.

Avec Heiko Maas, nous vous proposons aujourd’hui également d’échanger sur la lutte contre l’impunité des auteurs d’atrocités de masse. Au-delà de l’enjeu de principe, la lutte contre l’impunité est une condition nécessaire à toute perspective de paix. Comment imaginer que les coupables d’atrocités de masse puissent échapper à la justice ? Cette exigence a présidé, il y a près de vingt ans, à la création de la Cour pénale internationale. Depuis, elle n’a cessé de se renforcer. Et je veux saluer l’action résolue de sa procureure générale, Fatou Bensouda. Dans le contexte de la catastrophe en cours à Idlib, je souhaite également réitérer notre soutien aux mécanismes de lutte contre l’impunité mis en place par les Nations unies et dont les travaux de collecte de preuves sont indispensables. Je pense en particulier à la Commission d’enquête sur la Syrie et au Mécanisme d’enquête international, impartial et indépendant, qui préparent par leur travail minutieux les poursuites contre les responsables des crimes les plus graves du droit international, à commencer par les violations du droit international humanitaire à Idlib par le régime et ses alliés.

Mes chers amis,

Nous vous laissons la parole maintenant, en formant le voeu que les convictions qui nous rassemblent, l’unité dont nous faisons preuve et notre capacité d’innovation collective nous permettent de continuer, ensemble, à défendre le multilatéralisme efficace dont le monde a tant besoin.

Merci de votre attention./.