Madame la Secrétaire générale adjointe des Nations unies,
Mesdames et Messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement,
Monsieur le Secrétaire exécutif de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte,
Mesdames et Messieurs, chers amis,

Je tiens dans un premier temps à remercier le Président Ghazouani de donner la parole à la France à l’occasion de cette conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’agence panafricaine de la Grande muraille verte. Vous connaissez mon engagement personnel en appui à cette initiative africaine, c’est pourquoi je tenais à me joindre aujourd’hui à vous toutes et tous.

Nous étions ensemble à Glasgow, il y a quelques semaines, avec ce même objectif de faire bouger les lignes, pour que tous s’engagent en faveur du climat et de l’adaptation à ses effets. J’ai voulu que l’on échange, dès le premier jour de la COP, sur la Grande muraille verte, car je suis convaincu que celle-ci peut changer la donne, à la fois pour le Sahel et, plus largement, pour le monde. Car c’est par des projets très concrets, des engagements comme le vôtre, que l’on peut à la fois combattre le changement climatique et améliorer le quotidien des populations : à la fois séquestrer l’équivalent de 250 millions de tonnes de CO2 et en même temps créer 10 millions d’emplois.

La Grande muraille verte est une contribution essentielle de l’Afrique à l’agenda climatique. C’est la preuve concrète que les combats pour l’atténuation, pour l’adaptation et pour la préservation de la biodiversité peuvent être menés de front. Non pas "pour la planète" comme on le dit maladroitement, mais pour les femmes et les hommes qui l’habitent. C’est la démonstration que l’agriculture peut être une solution à la lutte contre la désertification.

Vous avez dit, Monsieur le Président de l’Union africaine, cher Félix, les attentes du continent africain à l’égard des pays présents à Glasgow et notamment vos attentes sur le financement de l’adaptation. Car le changement climatique est là ; car les populations en souffrance aujourd’hui sont là ; car, comme vous l’avez dit de manière poignante, vous êtes "fatigués d’attendre". La Grande muraille verte représente une réponse concrète à cet enjeu, avec 19 milliards de dollars consacrés à l’adaptation, notamment par la réhabilitation des sols dégradés.

Près de la moitié de ces fonds sont aujourd’hui engagés et la mobilisation internationale autour de ce grand dessein se renforce. Les fondations de philanthropie se mobilisent également, à l’instar de la Fondation Bezos qui a annoncé un milliard de dollars pour la restauration des terres en Afrique lors de l’événement que nous avons monté ensemble à la COP 26 à Glasgow. Car lorsque l’on présente des projets concrets, nous parvenons à convaincre des investisseurs privés. Oui, l’agriculture au Sahel et dans les territoires de la Grande muraille verte recèle des opportunités économiques déterminantes.

Les défis sont nombreux, mais les attentes suscitées par cette dynamique le sont encore davantage. Aussi, je salue la tenue de la réunion ce jour qui contribuera à renforcer la mise en oeuvre concrète de cette initiative dans vos pays, au niveau local, mais également au plus haut niveau politique.

Je tiens tout particulièrement à saluer le rôle majeur joué par la Mauritanie. En votre qualité de présidence de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte, vous avez réussi, en quelques mois, à renforcer le dialogue politique entre les Etats membres de la Grande muraille verte, en réunissant les ministres concernés au mois de juillet dernier, puis en organisant aujourd’hui cette rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement.

Je souhaite également remercier le Nigéria, qui a choisi de reprendre le flambeau de cette présidence. Vous aurez, Monsieur le Président, cher Muhammadu, à poursuivre cette dynamique, et vous pourrez compter sur le soutien continu de la France.

Je veux aussi remercier le Président Issoufou qui à titre personnel, a mis tant et tant d’énergie pour accompagner cette initiative, donner sa crédibilité politique dans la région, et je crois qu’il sait combien il a notre confiance à tous pour être cette espèce de présidence permanente et ce représentant tout particulier.

Cette période qui s’ouvre n’est pas des plus faciles, alors que la crise sanitaire a encore aggravé l’insécurité alimentaire, les pressions sur les ressources naturelles et la pauvreté dans la région, et a multiplié les sources d’instabilités et de conflits.

Maintenant, il nous faut regarder l’avenir. Nous avons réussi, durant sept années, à progresser de manière extraordinaire, à remobiliser des financements, à les engager, à lancer des actions concrètes.

Dans les mois qui viennent, la France va prendre la présidence de l’Union européenne, et nous aurons à mobiliser l’ensemble des Etats membres, en lien avec les Africains. Dans ce cadre, des travaux conjoints pourraient être menés pour appuyer des projets d’ampleur et en particulier le développement de filières stratégiques, dans le cadre d’un dialogue entre l’Union européenne et l’Union africaine.

Je voudrais en particulier vous proposer de travailler ensemble à l’élaboration d’une vaste initiative en faveur de la production de protéines végétales au sein de la Grande muraille verte. Ce projet permettrait de mettre en oeuvre notre vision d’une agro-écologie qui crée des emplois et des compétences, fournit à la population locale des aliments de qualité et s’intègre à des chaînes de valeur internationales - sans oublier bien sûr les bénéfices pour le climat et la biodiversité.

Je souhaite que le Sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne, prévu en février prochain, soit une échéance clé pour approfondir ce dialogue et avancer en particulier sur ce projet qui me tient particulièrement à coeur.

La COP de la Convention sur la diversité biologique, au sein de laquelle le groupe régional africain est déjà très actif, et la COP de la Convention sur la lutte contre la désertification qui se tiendra à Abidjan, offriront des opportunités supplémentaires pour concrétiser les engagements pris collectivement en faveur de la Grande muraille verte. En un mot pour transformer des milliards d’euros annoncés en hectares productifs, en résultats, en terrains reconquis contre le désert, en emplois créés, en nourriture ainsi fournie.

Je vous remercie de votre attention et vous souhaite de fructueux échanges, afin d’atteindre collectivement les objectifs ambitieux de la Grande muraille verte que nous appelons de nos voeux ! Vous savez la détermination de la France, la détermination de l’Union européenne, ma confiance dans les dirigeants que j’ai cités, dans tous les pays participants à la Grande muraille verte, et dans nos acteurs économiques, dans nos acteurs de terrain, dans nos associations, nos entrepreneurs. Car ce sont des dizaines de milliers de projets très concrets.

Et un dernier mot, ce qu’il nous faudra faire dans les prochains mois, c’est aussi construire la méthode de travail, l’infrastructure pour que tous ces petits projets retrouvent ces grands financements. Et donc nous devrons nous atteler à ce travail méthodique mais nécessaire pour que ces sommets, nos mots, nos engagements, deviennent des réalités.

Merci à tous et bon travail.