Plan de paix en dix points
 Sûreté radiologique et nucléaire ;
 Sécurité alimentaire ;
 Sécurité énergétique ;
 Libération de tous les prisonniers et de toutes les personnes déportées ;
 Application de la Charte des Nations Unies et restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de l’ordre mondial ;
 Retrait des troupes russes et cessation des hostilités ;
 Rétablissement de la justice ;
 Lutte contre l’écocide ;
 Prévention de l’escalade ;
 Confirmation de la fin de la guerre.

Intervention du président Zelenky au sommet du G20

Cher Président Widodo !

Chers collègues ! À la majorité du monde qui est à nos côtés !

Je m’adresse à vous en ukrainien mais chacun trouvera devant lui nos propositions traduites dans sa langue. En témoignage du respect que nous vous portons.

Je viens de regagner notre capitale. De retour de la ville de Kherson.

Kherson est l’une des principales villes du sud de l’Ukraine et le seul centre régional que la Russie soit parvenue à occuper après le 24 février.

Elle est à présent libérée.

Qu’est-ce que cela signifie ? En Ukraine, cette opération de libération conduite par nos forces de défense nous rappelle plusieurs batailles du passé qui ont changé la direction des conflits dans lesquels nous étions engagés.

Ces batailles ont symbolisé un retournement à la suite duquel on a su qui sortirait vainqueur du conflit même s’il restait encore à se battre pour obtenir cette victoire finale.

Prenons par exemple le débarquement des Alliés en Normandie le jour J. Ce n’était pas encore le point final de la lutte contre le mal mais il a été déterminant pour la suite des événements. C’est exactement ce que nous ressentons aujourd’hui.

À présent que Kherson est libre.

Pour libérer notre territoire entier des Russistes, il nous faudra encore combattre quelque temps... Combattre ! Toutefois, si la victoire nous est acquise dans tous les cas, ce dont nous sommes persuadés, alors ne devrions-nous pas essayer de mettre en application notre plan pour la paix ? Nous pourrions ainsi sauver des milliers de vies humaines et éviter à la planète de connaître d’autres bouleversements.

C’est pourquoi je souhaite vous présenter notre vision du chemin à emprunter pour parvenir à la paix, les moyens de la faire véritablement advenir. Pas seulement pour nous mais aussi pour vous tous, vos alliés et partenaires.

Dans ma déclaration à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre de cette année, j’ai présenté le plan de l’Ukraine pour la paix. Un plan de paix pour le monde.

Au moment où le monde espérait se relever des épreuves engendrées par la pandémie, la guerre menée par la Russie a entraîné toute une série de nouveaux problèmes mondiaux. Il faut y mettre fin !

Il existe une gamme de solutions à appliquer. Et je veux que la discussion à ce sujet soit publique et non qu’elle se déroule en coulisses. Je veux que le sujet soit abordé en termes spécifiques et non brossé à grands traits.

Peut-être vais-je dépasser le temps qui m’est imparti mais la cause de la paix le vaut bien.

Ma volonté est de mettre fin à cette guerre agressive menée par la Russie en me fondant sur la Charte des Nations Unies et le droit international. Non pas « d’une manière ou d’une autre », selon la formule employée à ce propos par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

L’Ukraine ne devrait pas se voir proposer de faire des compromis avec sa conscience, sa souveraineté, son territoire et son indépendance. Nous respectons les règles et nous sommes un peuple de parole.

L’Ukraine a toujours joué un rôle phare dans le maintien de la paix, comme la communauté internationale peut en témoigner. Si la Russie déclare qu’elle souhaite prétendument mettre fin à cette guerre, qu’elle le prouve par des actes.

Visiblement, on ne peut accorder de crédit aux paroles de la Russie et il n’y aura donc pas de nouveaux accords de Minsk, que ce pays s’empresserait de violer juste après les avoir signés.

Si rien n’est fait concrètement pour restaurer la paix, cela signifie que la Russie veut tout simplement vous tromper tous une nouvelle fois, tromper le monde entier et geler la guerre au moment précis où ses défaites deviennent particulièrement manifestes.

Nous ne lui permettrons pas d’attendre la fin de cette guerre, de reconstituer ses forces et de recommencer à semer la terreur et à déstabiliser le monde.

Je suis convaincu que c’est le moment de mettre fin à cette guerre destructrice et que nous pouvons y parvenir.

Voici donc les propositions de l’Ukraine.

Premier point : la sécurité radiologique et nucléaire.

Nul n’a le droit de faire chanter la planète sous la menace d’une catastrophe nucléaire. Il s’agit là d’un axiome.

Il n’en reste pas moins que sous les yeux de la communauté internationale, la Russie a transformé notre centrale nucléaire de Zaporijia en une bombe radioactive qui peut exploser à tout moment. Quelle sera la circulation du nuage radioactif ? Peut-être se dirigera-t-il vers le territoire de l’Union européenne. Peut-être se déplacera-t-il en Turquie. Ou encore vers le Moyen-Orient. L’hypothèse même d’un tel scénario me semble criminelle.

La sûreté radiologique doit être rétablie. L’Agence internationale de l’énergie atomique a déjà formulé ses recommandations à cet égard, confirmant tous les risques que nous n’avons cessé de dénoncer. La Russie doit immédiatement retirer tous ses combattants du territoire de la centrale nucléaire de Zaporijia. Le site doit être immédiatement placé sous le contrôle de l’AIEA et du personnel ukrainien. Il faut rétablir sans délai le raccordement normal de la centrale au réseau électrique de sorte à éviter tout risque pour la stabilité des réacteurs.

Nous proposons que des missions de l’AIEA soient dépêchées dans toutes les centrales nucléaires ukrainiennes, soit quatre pour 15 tranches au total, auxquelles vient s’ajouter la centrale de Tchornobyl qui a été fermée et fait l’objet de mesures de conservation. De telles missions peuvent être chargées de vérifier que les installations nucléaires ne sont plus la cible d’activités hostiles.

Combien de temps cela prendra-t-il ? La Russie peut commencer à démilitariser la centrale nucléaire de Zaporijia dès demain si elle est véritablement prête à rétablir la sûreté radiologique qu’elle a enfreinte.

Il en va de même pour les menaces insensées d’utilisation d’armes nucléaires auxquelles les dirigeants russes ont recours. Rien n’excuse ni ne peut excuser le chantage au nucléaire. Et je vous suis reconnaissant, chers membres du G-19, de le faire entendre clairement.

Je vous conjure d’utiliser tout le pouvoir qui est entre vos mains pour faire en sorte que la Russie renonce à ses menaces nucléaires. Pour ce faire, il est possible de s’appuyer sur le Mémorandum de Budapest et les capacités respectives des États qui en sont signataires.

Deuxième point : la sécurité alimentaire.

Grâce à la participation active de l’Organisation des Nations Unies, de la Türkiye et des autres partenaires, nous avons montré comment la coopération de quelques-uns peut rétablir la sécurité alimentaire du plus grand nombre.

Je considère que notre initiative d’exportation de céréales mérite d’être prolongée sans limite, aussi longtemps que la guerre durera.

Le droit à l’alimentation est un droit fondamental pour tout habitant de la planète.

Depuis juillet, l’Ukraine a exporté plus de 10 millions de tonnes de denrées alimentaires par voie maritime. Nous pouvons augmenter ces exportations de plusieurs millions de tonnes par mois, et je propose, à cette fin, d’étendre l’initiative d’exportation de céréales à nos autres ports, en particulier ceux de Mykolaïv et « Olvia » dans la région de Mykolaïv.

Je demande également à tous les pays, et notamment aux vôtres, chers dirigeants du G-19, de s’associer à notre initiative pour aider les plus pauvres à se nourrir.

Nous avons déjà mis en route l’initiative « Grain from Ukraine », le premier navire, NORD VIND, étant en partance pour l’Éthiopie avec 27 000 tonnes de blé à bord. Cette quantité peut nourrir près de 100 000 personnes par an. De nombreux autres navires de ce type pourront quitter l’Ukraine et sauver ainsi de la faim des milliers de personnes vivant dans les pays pauvres.

L’Ukraine a la capacité d’exporter 45 millions de tonnes de nourriture cette année et faire en sorte qu’une bonne part en soit distribuée à ceux qui souffrent le plus.

Que proposons-nous exactement ? Que chaque pays s’associe à l’initiative en apportant sa propre contribution et devienne co-artisan de la victoire sur la faim et la crise alimentaire.

Troisième point : la sécurité énergétique.

Vous êtes tous témoins de ce à quoi la Russie veut parvenir en recourant à la terreur. Il s’agit d’une tentative de transformer le froid en arme. Une arme dirigée contre des millions de personnes.

Notre infrastructure énergétique a été détruite à 40 % par les frappes de missiles russes et les drones iraniens utilisés par les occupants. Chaque semaine, la Russie s’emploie à faire exploser nos centrales, nos transformateurs et nos lignes électriques.

L’objectif connexe de ce recours à la terreur est de nous empêcher d’exporter notre électricité vers les pays voisins, ce qui aiderait considérablement ces derniers à stabiliser leur situation énergétique et à réduire les prix au bénéfice des consommateurs.

La Russie trouve son intérêt dans la crise énergétique et nous aurions tout intérêt à faire cesser la terreur.

Je remercie tous nos partenaires qui ont déjà aidé l’Ukraine en lui fournissant des systèmes de défense aérienne et de défense antimissile. Ce matériel nous permet d’abattre certains des missiles russes et drones iraniens. Nous devons toutefois assurer l’entière protection de notre espace aérien. Aussi je vous demande d’accroître votre aide respective.

Nous avons déjà proposé qu’une mission d’experts de l’ONU soit mandatée sur les sites des infrastructures critiques ukrainiennes du secteur de l’énergie pour évaluer l’ampleur des dégâts et le coût d’une remise en état, ainsi que pour empêcher de nouvelles destructions. Il faut que l’envoi de cette mission se fasse au plus vite.

Ce sera la contribution spéciale de la communauté internationale à la stabilisation de la situation énergétique de l’Ukraine et de l’Europe, et par conséquent du marché mondial de l’énergie.

Par ailleurs, sans même tenir compte des décisions prises dans le monde, la Russie peut à tout moment simplement renoncer d’elle-même à bombarder les installations productrices d’énergie et d’approvisionnement en eau et chaleur de notre pays. Qu’elle prouve, en abandonnant le recours à la terreur, son intérêt véritable à rétablir la paix.

Il nous faut également entamer une démarche fondamentale pour faire en sorte que les ressources énergétiques ne servent plus d’armes. Des limitations doivent être appliquées aux tarifs des ressources énergétiques russes.

Si la Russie essaie de priver l’Ukraine, l’Europe et tous les consommateurs d’énergie du monde de prévisibilité et de stabilité des prix, alors il faut rétorquer en lui imposant une limitation des prix à l’exportation, ceux-ci ne devant pas être supérieurs aux coûts de production. C’est équitable. Si vous retirez quelque chose à quelqu’un, ce quelqu’un a le droit de vous prendre quelque chose.

Quatrième point : la libération de tous les prisonniers et de toutes les personnes déportées.

Des milliers de nos concitoyens, militaires et civils, sont maintenus en captivité par la Russie et soumis à de cruelles tortures : ce sont des exactions de masse !

En outre, nous connaissons les noms de 11 000 enfants qui ont été déportés de force en Russie. Ils sont séparés de leurs parents en pleine connaissance de cause.

Hormis les enfants dont nous connaissons l’identité, il y en a des dizaines de milliers d’autres également déportés de force pour lesquels nous n’avons que des informations indirectes. Parmi eux se trouvent des orphelins qui ont perdu leurs parents dans les bombardements russes et qui sont à présent aux mains de l’État qui a assassiné leur famille.

Ajoutez à cela les centaines de milliers d’adultes déportés et vous aurez une idée de la catastrophe humanitaire résultant de la guerre menée par la Russie.

C’est également sans compter les prisonniers politiques, des citoyens ukrainiens qui sont détenus en Russie et dans les territoires ukrainiens temporairement occupés, en particulier en Crimée.

Il faut que nous libérions toutes ces personnes !

Je tiens à souligner que nous n’avons trouvé aucune aide auprès du Comité international de la Croix-Rouge. Nous constatons que tout n’est pas mis en œuvre pour accéder aux camps de détention des prisonniers de guerre et des prisonniers politiques ukrainiens, de même que pour rechercher les personnes qui ont été déportées. En renonçant d’elle-même à sa mission, la Croix-Rouge va à sa propre perte alors qu’elle était une organisation jadis respectée.

Nous ne pouvons pas attendre.

Nous devons donc être unis pour mettre en œuvre le seul moyen réaliste de libérer les prisonniers : « tous pour tous ».

C’est aussi de cette façon que nous libèrerons tous les enfants et les adultes qui ont été déportés en Russie.

Je remercie nos partenaires de leurs efforts, grâce auxquels de nombreux Ukrainiens et citoyens étrangers capturés par les Russes ont pu être libérés. Que votre pouvoir mobilisateur et la générosité des autres dirigeants ici présents fassent que d’autres Ukrainiens recouvrent aussi la liberté.

Cinquième point : l’application de la Charte des Nations Unies et la restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de l’ordre mondial.

Tout est dit très clairement dans l’Article 2 de la Charte des Nations Unies. C’est tout ce que la Russie a violé en déclenchant cette guerre.

Nous devons par conséquent rétablir la validité du droit international sans rien concéder à l’agresseur. En effet, la Charte ne saurait être appliquée partiellement, de manière sélective ou au gré de chacun.

La Russie doit réaffirmer l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans le cadre des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale des Nations Unies et des instruments internationaux juridiquement contraignants applicables.

Ce point n’est pas négociable.

Sixième point : le retrait des troupes russes et la cessation des hostilités.

Les moyens d’y parvenir sont clairement définis.

La Russie doit retirer tous ses hommes et formations armées du territoire ukrainien et l’Ukraine doit reprendre le contrôle de toutes les zones frontalières de la Russie, ce qui débouchera sur une cessation réelle et complète des hostilités.

Chaque jour perdu est porteur de nouveaux morts ukrainiens, de nouvelles menaces pour la planète et d’une augmentation insensée des pertes dues à la poursuite de l’agression russe, des pertes qui touchent chaque habitant du monde.

Septième point : la justice.

Ce point est celui qui soulève la plus forte émotion.

Au fur et à mesure que nous libérons nos terres, nous voyons partout la même chose, des chambres de torture et des charniers laissés par la Russie derrière elle.

Ce fut le cas à Boutcha et dans d’autres villes du nord du pays à la suite de l’occupation. Ce fut le cas dans la région de Kharkiv. Et c’est ce que nous observons à présent dans la région de Kherson.

À ce jour, nous disposons de données complètes sur 430 enfants tués dans les bombardements russes. Ce chiffre ne concerne que les enfants ! Et seulement ceux pour lesquels les faits sont connus avec certitude.

Combien existe-t-il de charniers dans le territoire toujours contrôlé par la Russie ? Qu’allons-nous découvrir à Marioupol ?

Pour ces raisons, la communauté internationale devrait approuver la création d’un tribunal spécial chargé de juger le crime que constitue l’agression de l’Ukraine par la Russie, ainsi que la mise en place d’un mécanisme international visant à dédommager de tous les dégâts causés par cette guerre. Ce dédommagement serait imputé sur les actifs russes, étant donné que le rétablissement de la justice incombe entièrement à celui qui l’a bafouée, donc à l’agresseur.

Nous avons déjà soumis une résolution à l’Assemblée générale des Nations Unies concernant le mécanisme international d’indemnisation pour les dégâts causés par la Russie dans cette guerre. Ce mécanisme ayant été approuvé, nous vous demandons de le mettre en œuvre.

Une deuxième résolution concernant le tribunal spécial est en cours d’élaboration. Nous vous exhortons à vous associer à ce texte et à lui apporter votre soutien.

Car il n’existe dans le monde aucune nation qui ne soit éprise de justice.

Huitième point : la protection immédiate de l’environnement contre l’écocide.

Des millions d’hectares de forêt ont été brûlés par les bombardements. Près de 200 000 hectares de terres sont contaminés par des mines et des obus non explosés. Des dizaines de mines de charbon sont inondées, y compris celle dans laquelle il avait été procédé à une explosion expérimentale d’armes nucléaires en 1979.

Il s’agit de la mine « Yunkom », située dans la région de Donetsk, un territoire occupé par la Russie. Elle est inondée depuis plusieurs années, précisément en raison de l’occupation. Nul à Moscou n’ignore qu’elle représente un risque non seulement pour les cours d’eau de la région de Donetsk mais aussi pour le bassin de la mer Noire. C’est seulement en mettant fin à l’occupation de notre territoire que les conditions seront réunies pour éliminer cette menace.

Il est impossible d’estimer précisément la pollution atmosphérique engendrée par les dépôts de carburant en feu et les autres incendies, ainsi que par le bombardement d’installations de traitement des eaux usées, les usines chimiques incendiées et les innombrables fosses contenant des cadavres d’animaux abattus.

Essayez de vous représenter cela, six millions d’animaux domestiques ont péri du fait de l’agression de la Russie. Six millions ! Ce sont les chiffres officiels. Ce sont au bas mot 50 000 dauphins qui ont été tués dans la mer Noire. Des milliers d’hectares de terres, pour la plupart fertiles ou qui l’étaient, sont contaminées par des substances nocives.

La semaine dernière, à l’occasion du Sommet sur le climat qui s’est tenu en Égypte, j’ai proposé qu’une plateforme soit créée pour évaluer les dommages environnementaux causés par la guerre. Il nous faut encore la mettre en place.

Nous devons également trouver des réponses communes à toutes les menaces environnementales créées par la guerre. Sans cela, il n’y aura pas de retour à une vie normale et stable et les effets du conflit continueront de se faire sentir à long terme par des explosions de mines qui tueront enfants et adultes, et par la pollution de l’eau, du sol et de l’atmosphère.

Je remercie tous les pays qui nous ont déjà prêté main-forte pour déminer. Nous avons un besoin urgent de disposer de davantage de matériel et d’un plus grand nombre d’experts pour mener à bien cette activité.

De même, des fonds et des technologies sont nécessaires à la remise en état des installations de traitement des eaux.

Ce n’est pas seulement le problème de l’Ukraine, c’est un défi à relever pour le monde dans son entier.

Neuvième point : la prévention de l’escalade.

Le risque d’escalade est toujours présent et ne disparaîtra pas tant que notre sécurité ne sera pas assurée comme il se doit.

L’Ukraine n’appartient à aucune alliance. C’est précisément à cause de cela que la Russie a pu déclencher cette guerre, parce que notre pays est demeuré dans la zone grise qui sépare le monde euro-atlantique de la Russie impérialiste. Nous n’avons pas non plus d’assurances de sécurité. Alors comment pouvons-nous empêcher que la Russie nous agresse une nouvelle fois ?

Nous avons besoin de véritables assurances de sécurité, et c’est pourquoi nous avons élaboré un projet d’accord – le Pacte de sécurité de Kyïv – qui a déjà été présenté à des partenaires.

Nous devrions donc organiser une conférence internationale en vue de consolider les principaux éléments formant l’architecture de sécurité de l’après-guerre dans l’espace euro-atlantique, en y incluant des garanties pour l’Ukraine.

La signature du Pacte de sécurité de Kyïv en serait l’aboutissement majeur.

Nous pouvons le faire à tout moment, même cette année. Il le faut.

Dixième point : la confirmation de la fin de la guerre.

Lorsque toutes les mesures anti-guerre auront été appliquées et que la sécurité et la justice commenceront à être rétablies, les parties devront signer un document confirmant la fin de la guerre.

Je tiens à mettre l’accent sur le fait qu’aucune de ces étapes ne doit prendre trop de temps. Un mois tout au plus pour chacune. Certaines ne demandent pas plus de quelques jours.

L’initiative d’exportation de céréales constitue déjà une expérience positive. Comment faut-il procéder ?

L’ONU est présente avec deux autres parties aux accords, ce qui donne d’un côté Ukraine – Türkiye – ONU et de l’autre côté Russie – Türkiye – ONU.

Chacun des points que je viens de présenter peut être traité de manière similaire. Les États prêts à prendre l’initiative de telle ou telle décision pourront être parties à l’accord.

Je répète : sûreté radiologique et nucléaire ; sécurité alimentaire ; sécurité énergétique ; libération de tous les prisonniers et de toutes les personnes déportées ; application de la Charte des Nations Unies et restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de l’ordre mondial ; retrait des troupes russes et cessation des hostilités ; rétablissement de la justice ; lutte contre l’écocide ; prévention de l’escalade ; confirmation de la fin de la guerre.

Chers dirigeants !

Je viens de définir les voies que chacun peut emprunter pour devenir un co-artisan de la paix.

Si vous choisissez de jouer un rôle moteur, je suis sûr que nous pourrons mettre en œuvre collectivement le plan pour la paix.

Qu’en résultera-t-il ?

Des milliers de vies sauvées. Le rétablissement de la validité du droit international. La revitalisation de l’architecture de sécurité. Le retour à la stabilité mondiale, qui fait cruellement défaut. C’est essentiellement ce pour quoi les pays honnêtes coopèrent entre eux.

La paix est une valeur mondiale, qui revêt de l’importance pour chacun des habitants de la planète.

Je ne doute pas qu’il en aille de même pour chacun d’entre vous, dans votre fonction de dirigeant du G-19.

J’ai exposé des solutions pratiques et précises qui peuvent être mises en œuvre. Rapidement. Qui sont applicables.

Et si la Russie refuse notre plan de paix, cela signifiera qu’elle ne veut que la guerre.

L’Ukraine est reconnaissante à tous ceux qui, dans le monde, l’aident à protéger la liberté et à rétablir la paix.

Puissent nos efforts communs être couronnés de succès dans les plus brefs délais et se refléter dans les résultats de ce sommet.

Je vous remercie de votre invitation.

Gloire à l’Ukraine !

Source : S/2022/966