Une commission des Nations unies sur la circulation illégale d’armes dans la région des Grands Lacs vient de révéler un fait nouveau dans le financement des anciennes forces armées rwandaises (ex-Far) et des anciennes milices Interahamwe. Les conclusions de cette commission démontrent que ces forces, loin d’avoir disparu, poursuivent la lutte armée et sont impliquées dans le commerce de la drogue. Le Mandrax, destiné à l’Afrique du Sud, transite, depuis l’Inde, en contrebande chez des Ex-Far et Interahamwe basées au Kenya et en Tanzanie. D’autres narcotiques seraient également acheminés dans les mêmes milieux depuis l’Amérique latine.

Ce rapport lance un cri d’alarme sur l’enrôlement massif des réfugiés hutu aux côtés de l’armée de Kabila, avec objectif d’aller achever le génocide au Rwanda. Ces experts, relayés par les confirmations du HCR, attestent qu’entre 25 000 et 30 000 ex-Far et Interahamwe ont convergé vers la République démocratique du Congo depuis le Congo Brazzaville, le Soudan, la république Centrafricaine, la Zambie, l’Angola, la Tanzanie, le Kenya et le Gabon.

Pour la commission, ces faits prouvent que les rebelles Hutu " reçoivent un soutien considérablement accru de la part de certains gouvernements de la région ". Elle signale également que d’autres membres des ex-Far sont en Europe et en Afrique de l’Ouest, mais qu’il est difficile d’identifier et de localiser les membres dirigeants qui jouent un rôle de coordination. Ce qui est visible, dit le rapport, c’est que des officiers des ex-Far continuent à recruter et récolter des fonds au Kenya pour acheter des armes destinées à être utilisées contre le gouvernement rwandais. De fait, dans certains pays européens, des réunions régulières d’anciens dignitaires du régime génocidaires se tiennent pour rassembler les fonds. On a même vu des quêteurs devant les grands magasins demander des " aides pour le Rwanda " alors que personne ne connaît la destination réelle de cet argent ni l’organe qui les délègue.

En conclusion, le rapport interpelle l’ONU sur la nouvelle tournure du problème : suite à l’actuelle rébellion congolaise contre Kabila, soutenue par le Rwanda et l’Ouganda, les génocidaires Hutu ont refait surface. Ils ont formé " une alliance internationale rassemblée contre le mouvement rebelle congolais (...) une sorte de légitimité qui est une situation profondément choquante ".

Si l’ONU ne fait rien, la région des grands lacs se dirige " vers une catastrophe avec des conséquences incalculables qui demandent des mesures urgentes globales et décisives ".

Très clairement, ces accablantes révélations sont le signe du point de départ d’un génocide programmé. Or, rien n’est fait pour contrecarrer ce danger immédiat, même après les conclusions des experts du conseil de sécurité. Ces informations précieuses resteront dans les tiroirs de Koffi Anan. Après l’horreur annoncée, on nous dira qu’on ne savait pas ou qu’on a commis des " erreurs d’appréciation ". (JDB)