" Où FX Verschaves, répond aux deux compères... "

" (...) Le sujet n’est pas neutre. Il s’agit d’un examen du message livré par la Mission parlementaire d’information sur le Rwanda, au terme de son travail. Billets est fort critique. " Les experts ", qui se sont fortement impliqués dans le suivi de cette Mission, tiennent à faire valoir une opinion plus positive. Jusque là, rien qui nécessite un procès en sorcellerie. Mais il y a eu génocide au Rwanda (...) Il est indéniable (le rapport l’admet et l’explicite) que la France a soutenu le régime Habyarimana avant le génocide. Ce fut au moins une erreur. Ce n’est pas obligatoirement un crime, dans la mesure où certains pourraient n’avoir pas eu une parfaite conscience des effets de ce soutien. Par contre, les appuis français au camp qui commettait le génocide, pendant et après celui-ci, relèvent forcément d’une complicité criminelle. (...) Il va de soi que les soutiens français pendant et après le génocide ont été aussi peu officiels que possible, essentiellement parallèles et clandestins. Pour les escamoter, toute une campagne a été déployée, tendant à nier ou minimiser la part des activités parallèles et clandestines dans l’intervention française au Rwanda, et plus généralement en Afrique. (...) La démocratie se nourrit de complémentarités : il n’est ni nécessaire ni souhaitable que tout le monde fasse le travail que nous faisons. On ne se bouscule pas pour cette tache ingrate, le portage de cette vérité désagréable : notre pays a la plus grand mal à rompre avec son passé colonial. Cette part de vérité a sa place. Survie s’honore de l’assumer. Le discours serait plus lisse et les institutions moins irritées si on mettait cette vérité-là entre parenthèses, mais le débat, aseptisé, en serait moins politique. "

[Réponse de François-Xavier Verschaves, Juin 1999]