(Résumé de la partie publique de l’audition)

M. Lelièvre indique que dans le cadre de sa fonction, il est chargé :

1) d’une mission d’information concernant les droits de l’enfant ;

2) d’une mission de vérification de l’application correcte des lois et des réglementations en la matière ;

 de proposer aux autorités politiques un certain nombre de modifications législatives ou réglementaires en faveur des enfants ;

3) de la réception de demandes de médiation introduites par des enfants ou leurs représentants, ainsi que de plaintes ou d’informations concernant le respect des droits et des intérêts des enfants.

Dans le cadre de cette mission, le témoin n’a traité que sept dossiers ayant un rapport avec un mouvement sectaire. Les personnes qui s’adressent au témoin ont généralement déjà dénoncé un certain nombre de faits, soit auprès d’A.S.B.L. qui s’occupent de la défense des enfants, soit auprès des administrations (conseillers ou directeurs d’aide à la jeunesse) ou des autorités judiciaires, mais ont constaté des lenteurs ou des dysfonctionnements. Ils veulent en fait utiliser le pouvoir d’interpellation du témoin pour " ranimer " le dossier.

Les plaintes individuelles déposées auprès du témoin concernent généralement des problèmes de droit de garde et de droit de visite. Dans ce cadre, certains parents font état du danger encouru par l’enfant parce que son père ou sa mère fait partie d’une secte et insistent sur le fait que cette notion de dangerosité n’est pas suffisamment prise en considé-ration par les autorités. Dans ce cas, il a été convenu avec les autorités judiciaires que M. Lelièvre interpelle le parquet général compétent, qui s’adresse lui-même au procureur du Roi de l’arrondissement judiciaire concerné. Le degré de collaboration de ces autorités diffère en fonction de l’arrondissement judiciaire et du parquet général.

Quant aux institutions communautaires, le témoin interpelle directement le conseiller ou le directeur d’aide à la jeunesse.

Le témoin estime que le travail de la commission d’enquête parlementaire est indispensable à la mise sur pied d’un programme de prévention au niveau de la Communauté française, celle-ci ne disposant pas encore d’une photographie exacte du phénomène sectaire. Le témoin estime qu’un certain nombre de recommandations de la commission pourront s’appliquer à la Communauté française.

Il insiste également sur le fait qu’il ne faudrait pas déduire du nombre restreint de plaintes enregistrées à ce jour que le phénomène sectaire ne représente pas un danger important pour les mineurs d’âge. En effet, les plaintes enregistrées le sont bien souvent dans le cadre de conflits parentaux. Or, il est probable que, dans un certain nombre de cas, les deux parents sont membres d’une secte, dans laquelle ils ont embrigadé leur(s) enfants(s).

A la question de savoir si le témoin a connaissance de faits concernant des pratiques sexuelles impliquant des mineurs dans le cadre d’un groupe sectaire, il répond qu’il n’en a été question que dans le cadre d’un dossier individuel.

Quant à l’éventualité d’un isolement des enfants par rapport à leur milieu familial, le témoin indique que dans les cas où il est intervenu, il a à chaque fois reçu des informations rassurantes de la part des autorités judiciaires. Il se souvient d’un seul cas où la mère a dû abandonner son enfant dans une secte en Espagne, après avoir elle-même quitté le mouvement. Cet enfant était en âge d’obligation scolaire.

Par ailleurs, le témoin se déclare frappé par l’action néfaste et dangereuse d’un certain nombre de thérapeutes " gourous " ou de pseudo-thérapeutes qui exercent une influence parfois extrêmement pernicieuse et dévastatrice sur les enfants et leurs parents.


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be