Sujet : DPS

Audition de : Gilles Soulas

En qualité de : ?

Par : Commission d’enquête parlementaire sur le DPS, Assemblée nationale (France)

Le : 7 avril 1999

Présidence de M. Jean-Pierre BLAZY, Secrétaire

M. Gilles Soulas est introduit.

M. le Président lui rappelle que les dispositions législatives relatives aux commissions d’enquête lui ont été communiquées. A l’invitation du Président, M. Gilles Soulas prête serment.

M. Gilles SOULAS : Monsieur le président, mon exposé sera bref car, n’ayant jamais fait partie du DPS, je n’ai jamais eu de responsabilités au sein de cette organisation. Je me demande donc ce que je fais là ! Je suis militant nationaliste depuis une vingtaine d’années, et en tant que tel j’ai effectué un travail de militant en collant des affiches et en distribuant des prospectus. Je dirige plusieurs entreprises, je n’ai donc pas le temps de faire partie d’une organisation telle que le DPS.

M. le Président : Vous parlez de plusieurs entreprises, pouvez-vous nous les citer ?

M. Gilles SOULAS : Tout à fait. Ma première société, Conseil promotion service, créée en 1987, est une société d’affichage, de promotion publicitaire. Nous faisons de l’affichage et de la distribution de prospectus. Je travaille beaucoup avec les sociétés de spectacle ainsi qu’avec les politiques - quel que soit leur parti.

M. le Président : Pourrez-vous nous en communiquer les statuts ?

M. Gilles SOULAS : Bien sûr. Il y a cinq ans, j’ai créé une société - toujours dans la promotion publicitaire - de télématique, Promo France organisation, dont les activités ont cessé depuis le mois de décembre 1998.

M. Jacky DARNE : Quel était son objet ?

M. Gilles SOULAS : Nous étions des fournisseurs de services, nous possédions donc des codes Minitel de vente de livres, de billets de spectacle, d’astrologie, de " rose " et de jeux.

M. Jacky DARNE : Pour quel motif avez-vous cessé cette activité ?

M. Gilles SOULAS : Parce qu’elle n’était plus rentable. Par ailleurs, certains articles de journaux avaient annoncé que nous faisions de la télématique rose, ce qui a fait fuir nombre de nos clients.

M. Robert GAIA : Avec qui travailliez-vous au niveau de la billetterie ?

M. Gilles SOULAS : La société Conseil promotion service a travaillé avec toutes les sociétés de spectacle, y compris avec les grosses entreprises telles que la Fnac et Virgin, puisqu’on faisait la promotion, par voie d’affichage, de tous les concerts.

J’avais donc créé une société de billetterie avec un code minitel " Décibel ", mais Carrefour a repris mon idée et a créé avec la Fnac un système Billetel. Or je ne fais pas le poids face à de telles entreprises.

M. Robert GAIA : Et pour l’astrologie, avec qui travailliez-vous ?

M. Gilles SOULAS : Le centre serveur possédait ses propres astrologues et mettait donc à disposition la synergie. Mais je ne vois pas le rapport avec le DPS.

M. le Président : Nous essayons de mieux vous connaître, puisque nous ne disposons pas des bonnes informations à votre sujet ! Quelle est votre dernière entreprise ?

M. Gilles SOULAS : Le rachat, en janvier 1997, de la seule librairie " nationaliste " qui existait sur le marché et qui était en liquidation judiciaire, L’Aencre.

M. le Président : Quelle sorte de livres vendez-vous ?

M. Gilles SOULAS : Tous les livres nationalistes, c’est-à-dire tous les livres de droite. Je sais que cette librairie avait très mauvaise presse en raison de son côté extrémiste et provocateur, mais j’ai voulu en faire une librairie officiellement de droite, puisqu’il n’en existait pas.

M. le Président : Vendez-vous les livres de M. Robert Faurisson ?

M. Gilles SOULAS : Je vends le livre de M. Robert Faurisson si on me le demande. Mais ma librairie n’est pas une librairie révisionniste, si telle est votre question. Il s’agit d’une librairie au même titre que la Fnac qui vend le libre de M. Robert Faurisson, et Virgin Megastore qui vend des disques dont les paroles sont... dures ! Il s’agit d’une librairie de droite où vous trouverez des livres de M. Alain Griotteray, qui est simplement un homme de droite.

M. le Rapporteur : Pour vous la droite commence où : à M. Alain Griotteray, à M. Pierre Méhaignerie ?

M. Gilles SOULAS : Il est évident que je vends également des livres de M. Jean-Marie Le Pen et de M. Bruno Mégret !

M. le Rapporteur : Vous ne vendez pas de livres du RPR ni de l’UDF ?

M. Gilles SOULAS : Comme toute libraire, je vends tous les livres que l’on me commande, y compris les livres de cuisine ! Mais le fonds de ma boutique est composé de livres historiques et politiques.

M. le Rapporteur : Vous nous avez indiqué que vous étiez militant nationaliste : militant du Front National ou d’une autre mouvance nationaliste ?

M. Gilles SOULAS : Aujourd’hui, je suis militant du Front National tendance Mégret.

M. Jacky DARNE : Appartenez-vous à d’autres mouvements que le Front National ?

M. Gilles SOULAS : Non.

M. Jacky DARNE : Avez-vous appartenu à d’autres mouvements ?

M. Gilles SOULAS : J’ai appartenu au Parti des Forces Nouvelles, concurrent du Front National.

M. André VAUCHEZ : Avez-vous collé des affiches pour le Front National

 professionnellement parlant ?

M. Gilles SOULAS : Oui, cela m’est arrivé. Par exemple, j’ai assuré les campagnes de Mme Marie-France Stirbois.

M. André VAUCHEZ : Vous avez eu des factures ?

M. Gilles SOULAS : Oui, bien sûr. Sachez, par ailleurs, que l’activité principale de ma société d’affichage est de poser des affiches sur les panneaux électoraux, en période électorale. Il existe très peu de sociétés qui s’en occupent ; nous le faisons donc pour tous les partis politiques. Ainsi, aux présidentielles, nous avons fourni des affiches pour les neuf candidats en lice. Nous faisons également de la sous-traitance pour des sociétés telles que Dauphin, Giraudi ou autres qui ont des marchés locaux.

M. Robert GAIA : Ce sont des contrats avec la préfecture ?

M. Gilles SOULAS : Oui, tout à fait.

M. André VAUCHEZ : Au cours des manifestations du Front National, avez-vous rencontré l’un de vos salariés qui assurait le service d’ordre au sein du DPS ?

M. Gilles SOULAS : Jamais. Et ce, pour une bonne raison : je n’emploie pas de personnes qui font de la sécurité. Mes colleurs d’affiches ne sont pas des gros bras. Ce sont des gens normaux.

M. le Président : En revanche, vous avez dû rencontrer, au cours de ces manifestations, des membres du DPS qui sont par ailleurs agents dans des sociétés de sécurité et de gardiennage ?

M. Gilles SOULAS : Oui, bien sûr.

M. Robert GAIA : Pour quelle société ?

M. Gilles SOULAS : Je ne sais pas, ce n’est pas mon domaine. Mais il est vrai que les personnes qui travaillent dans le milieu de la sécurité ont des activités proches de leur spécialité.

M. le Président : Et donc ils se retrouvent au DPS ?

M. Gilles SOULAS : En général, oui. Mais il ne s’agit pas de salariés d’une société particulière. Le videur d’une boîte de nuit ou le vigile d’un grand magasin se retrouve sûrement dans le service d’ordre d’un parti politique - quel qu’il soit.

M. le Président : Nous parlons du DPS en particulier, nous sous-entendons donc qu’ils en font partie par sympathie et de manière bénévole.

M. Gilles SOULAS : Oui ; je pense que tout parti politique a un service d’ordre. Les gens qui font de la sécurité, à droite comme à gauche, se retrouvent dans les services d’ordre des partis politiques.

M. Robert GAIA : On nous a dit que vous étiez un expert dans le domaine de la sécurité, du Front National et du DPS au niveau de l’Ile-de-France. Vous démentez cette information ?

M. Gilles SOULAS : J’ai effectivement lu cet article du réseau Voltaire. Mais je n’ai absolument rien à voir avec tout cela, ni avec M. Bernard Courcelle, ni avec le nouveau responsable DPA de l’équipe Mégret. Je ne fais pas partie de la sécurité.

M. Robert GAIA : Non, mais vous étiez un élément que l’on consultait et qui pesait dans les choix.

M. Gilles SOULAS : Non, je ne " pèse " pas !

M. Jacky DARNE : Quelle fonction aviez-vous au Front National ?

M. Gilles SOULAS : Aucune. En tant que chef d’entreprises, je n’avais pas le temps de remplir une fonction prenante.

M. Jacky DARNE : Dans quelles circonstances avez-vous acheté votre librairie ?

M. Gilles SOULAS : Auprès d’un liquidateur judiciaire à qui j’ai fait une offre. Cette opération a pris pas mal de temps, car un certain nombre d’adversaires politiques refusaient l’ouverture d’une librairie de droite.

M. Jacky DARNE : Avez-vous été confronté à des problèmes de sécurité pour votre librairie ?

M. Gilles SOULAS : Pour le moment, non. La seule " agression " dont j’ai été victime s’est produite au moment où M. Bruno Mégret avait expulsé des personnes du " sous-marin " de Vitrolles ; le Scalp a muré ma librairie en représailles. Ce sont les services de la voirie et la police qui ont remis les choses en état.

M. Jacky DARNE : Assurez-vous personnellement la gestion de la librairie ? Choisissez-vous vous-même les ouvrages ?

M. Gilles SOULAS : Comme dans toute reprise de société, j’ai également repris les salariés. Or ces derniers ont choisi des livres qui ne me plaisaient guère, je les ai donc licenciés.

Il est facile, dans une librairie, d’être victime de provocations. Il est toujours possible de déposer sur un présentoir une revue dont personne ne vérifiera le contenu. Deux heures après une personne passe, prend cette revue et y trouve des articles répréhensibles. Cela est arrivé il y a un an - une procédure est en cours -, j’ai donc licencié le gérant de la librairie.

Actuellement, c’est le nouveau libraire ou moi-même qui faisons le choix des livres - je n’ai, personnellement, pas beaucoup le temps de m’en occuper.

M. Christophe CARESCHE : Connaissez-vous personnellement M. Bruno Mégret.

M. Gilles SOULAS : Je connais personnellement M. Bruno Mégret.

M. Christophe CARESCHE : Vous a-t-il confié des missions dans le cadre de sa responsabilité de délégué général du Front National ?

M. Gilles SOULAS : Non, parce qu’il savait que je n’avais pas le temps de m’en occuper.

M. le Président : Avez-vous une responsabilité dans le nouveau parti dirigé par M. Bruno Mégret ?

M. Gilles SOULAS : Pas plus, je ne suis pas disponible. Lorsque j’ai un peu de temps, je rends service, comme tout militant.

M. le Président : Quelles sont les responsabilités exactes de votre femme, Mme Allot ?

M. Gilles SOULAS : Elle est actuellement secrétaire nationale aux manifestations, salariée du nouveau parti de M. Bruno Mégret. Elle organise l’ensemble des manifestations publiques : meetings, fête des BBR, défilé du 1er mai, etc.

Avant la scission, elle était l’adjointe de M. Serge Martinez, était salariée du Front National et s’occupait déjà de l’organisation des manifestations. Elle a été licenciée par M. Jean-Marie Le Pen.

M. Robert GAIA : C’est donc votre épouse qui, dans le cadre de l’organisation des manifestations, s’occupait de la sécurité ?

M. Gilles SOULAS : Pas du tout ! M. Bernard Courcelle était chargé de la sécurité.

M. Robert GAIA : Certes, mais comme tout organisateur de manifestation, elle était en relation avec le service d’ordre.

M. Gilles SOULAS : M. Bernard Courcelle était un " fournisseur ", au même titre que le loueur de tentes ou de sono. Des réunions étaient, bien entendu, organisées pour définir les objectifs, les effectifs, etc.

M. Robert GAIA : Qui est son interlocuteur au sein du DPA ?

M. Gilles SOULAS : M. Gérard Le Vert, le responsable de la sécurité de M. Bruno Mégret.

M. le Président : Quelles relations entretenez-vous avec M. Gérard Le Vert ?

M. Gilles SOULAS : De bonnes relations, courtoises. Il n’y a ni lien de travail, ni de subordination, ni de conseil - puisque c’est ce que vous suggériez tout à l’heure. On me voit avec lui quand je suis avec mon épouse.

M. le Président : Par exemple, à l’occasion des fêtes organisées par M. Gérard Le Vert pour le solstice d’été dans sa propriété de Saône-et-Loire ?

M. Gilles SOULAS : Non, pas du tout. Je n’ai jamais mis les pieds chez lui, je ne possède même pas son adresse personnelle.

M. le Président : Par ses fonctions, votre épouse avait forcément des contacts avec le DPS auparavant et maintenant avec le DPA ?

M. Gilles SOULAS : Oui, bien sûr. Quand elle organise les manifestations publiques, elle est nécessairement en relation avec le responsable du service d’ordre !

M. le Président : Vous n’avez donc jamais personnellement participé au service d’ordre à l’occasion d’une manifestation ?

M. Gilles SOULAS : Non, jamais. Mais il m’arrive, parfois, d’aider mon épouse sur les lieux des manifestations, dans un cadre strictement " familial " ; je n’ai aucune autorité sur les membres du DPS.

M. Jacky DARNE : Quelle est votre formation ?

M. Gilles SOULAS : Etre chef d’entreprise est une tradition familiale. Mes parents étaient chefs d’entreprise, et dès qu’une de mes sociétés fonctionne bien, j’ai envie d’en remonter une autre.

M. Jacky DARNE : Avez-vous aidé financièrement le Front National ?

M. Gilles SOULAS : Non. Mes sociétés sont de petites structures, je ne peux pas me permettre de faire des donations. Quand je gagne un peu d’argent, je le réinvestis en créant une autre entreprise.

M. Robert GAIA : Avez-vous des contacts avec le Groupe Onze ?

M. Gilles SOULAS : Aucun. Je sais simplement, par la lecture de la presse, que le frère de M. Bernard Courcelle dirige cette société.

M. Robert GAIA : Connaissez-vous M. Thierry Rouffaud ?

M. Gilles SOULAS : Je n’en ai jamais entendu parler.

M. Robert GAIA : Et M. François-Xavier Sidos ?

M. Gilles SOULAS : Oui, je le connais.

M. le Président : Que pensez-vous, en tant que militant de base, des méthodes d’intervention du DPS - il y a eu des incidents graves - ?

M. Gilles SOULAS : Je pense qu’ils sont montés en épingle par les médias, sinon cette Commission n’aurait pas lieu d’être.

M. le Président : Vous pensez que les incidents qui ont provoqué des blessures, voire la mort de certaines personnes, ont été montés en épingle ?

M. Gilles SOULAS : D’abord, je ne crois pas qu’il y ait eu des morts ou des personnes gravement blessées. Celles qui ont été blessées faisaient partie du DPS, quand des voitures leur ont foncé dessus. Cependant, ne me demandez pas plus de détails, car je ne sais que ce que je lis dans notre presse militante.

M. le Président : Le jeune Marocain qui a été jeté dans la Seine lors d’une manifestation, c’était un incident monté en épingle ?

M. Gilles SOULAS : A ma connaissance, il n’y a aucun lien entre ce crime et les membres assurant la sécurité du Front National. M. Bernard Courcelle a même tout fait pour trouver les coupables.

M. Robert GAIA : Qu’il connaissait ?

M. Gilles SOULAS : Je ne pense pas, non. Il a collaboré avec la police nationale pour trouver les coupables - qui n’avaient d’ailleurs rien à voir avec les membres du DPS.

M. Robert GAIA : Et à Marseille, les trois membres du DPS qui sont condamnés ?

M. Gilles SOULAS : Je ne suis pas sûr qu’il s’agisse de membres du DPS.

M. Robert GAIA : Les uniformes que les membres du DPS portaient à Montceau-les-Mines, c’était également un montage médiatique ?

M. Gilles SOULAS : Bien sûr ! Qu’appelez-vous un uniforme ? Des tenues sombres ?

M. Robert GAIA : Des boucliers, des casques...

M. Gilles SOULAS : Je ne sais pas s’ils avaient des boucliers, mais les casques, quoi de plus normal ! Quand on reçoit des boulons lancés par des opposants avec des lance-pierres, la meilleure protection est bien le casque.

M. Robert GAIA : Et que pensez-vous des contrôles d’identité effectués à Strasbourg ?

M. Gilles SOULAS : Que cela est monté en épingle pour essayer de dissoudre un service d’ordre. Je ne pense pas que si le Front National n’avait pas créé son propre service d’ordre, les manifestations se passeraient bien, car il est systématiquement attaqué.

M. Robert GAIA : M. Bernard Courcelle avait l’air de condamner ces contrôles d’identité, étant très sourcilleux de la légalité. Vous, non ?

M. Gilles SOULAS : Si, bien sûr. Il n’est déjà pas agréable d’être contrôlé par la police nationale, je suis donc tout à fait opposé aux contrôles effectués par des personnes qui n’ont pas autorité en la matière.

M. Christophe CARESCHE : Comment avez-vous vécu la scission du Front National ?

M. Gilles SOULAS : Comme une très bonne chose. Mon analyse est la suivante : 30 % des électeurs ont voté au moins une fois pour le Front National, et pourtant il n’obtient que 15 % à chaque élection. Il y a donc un certain nombre d’électeurs déçus, notamment par les écarts de langage de M. Jean-Marie Le Pen. Il était donc condamné à n’obtenir que 10 % des voix et à ne pas toucher une clientèle électorale plus importante.

Pour tout vous dire, je pense même que cela était voulu. Et si j’ai été membre du PFN à une certaine époque, c’est parce que j’étais déjà en désaccord avec M. Jean-Marie Le Pen. J’ai rejoint le Front National parce que le PFN a disparu.

M. le Président : Le DPA du parti de M. Bruno Mégret est-il différent du DPS ?

M. Gilles SOULAS : Il est beaucoup plus humain, il y a moins de gros bras ; en effet, faire un barrage de gros bras à l’entrée des meetings ne donne pas une bonne image de marque !

M. Robert GAIA : Il est reconnu que M. Bernard Courcelle a fait le ménage en éliminant tous les skinheads et les membres du GUD. Ne retrouve-t-on pas ces personnes autour de M. Bruno Mégret ?

M. Gilles SOULAS : Non, pas du tout, même s’il n’est pas facile de gérer un groupe. M. Bruno Mégret est d’autant moins inquiet que son objectif n’est pas de faire un barrage de sécurité ; les membres du service d’ordre n’interviennent que s’il y a un incident.

M. Robert GAIA : Tous les membres du GUD sont aujourd’hui chez M. Bruno Mégret.

M. Gilles SOULAS : C’est ce que l’on dit. Vous savez, personne ne dirige les membres du GUD, ce sont des électrons libres. Ils font ce qu’ils veulent. Quoi qu’il en soit, actuellement, ils n’ont aucun rôle dans la sécurité.

M. Arthur PAECHT : S’ils n’ont aucun rôle de protection, n’ont-ils pas un rôle de troupe d’assaut ?

M. Gilles SOULAS : Non. Le Mouvement National est un parti politique comme les autres ; il n’est pas composé d’affreux nervis et n’a pas besoin de troupes d’assaut.

M. Arthur PAECHT : Vous avez dit que les membres du GUD étaient incontrôlables, qu’il s’agissait d’électrons libres. Or ils tournent autour du parti de M. Bruno Mégret et sont spécialisés dans les actions un peu musclées. N’y a-t-il pas lieu de s’inquiéter de la présence d’éléments incontrôlables ?

M. Gilles SOULAS : Un parti politique n’a pas vocation à récupérer et gérer tous les durs et les gros bras ! Ce n’est pas le rôle d’un parti politique.

M. Robert GAIA : Quels étaient vos rapports avec M. Roger Holeindre ?

M. Gilles SOULAS : Un adjudant, une grande " gueule " sympathique, mais un adjudant !

M. Robert GAIA : Et avec M. Eric Staelens ?

M. Gilles SOULAS : C’est une personne que j’estime et que je trouve compétente.

M. Robert GAIA : Et pourtant, il travaille avec qui maintenant ?

M. Gilles SOULAS : En tout cas, pas avec nous.

M. Robert GAIA : Et M. Marc Bellier ?

M. Gilles SOULAS : Je ne l’aime pas. Je crois savoir qu’il est un ancien du SAC. Pour moi, c’est quelqu’un qui s’est livré à des " magouilles " du temps du SAC. Je ne peux donc pas entretenir de bonnes relations avec lui.

M. Robert GAIA : M. Gilbert Lecavelier ?

M. Gilles SOULAS : C’est toujours l’équipe du SAC !

M. le Rapporteur : Monsieur Soulas, il me semble comprendre, dans votre prise de position, que M. Jean-Marie Le Pen fait partie d’une mouvance dépassée, d’anciens poujadistes, et que le parti que vous soutenez est plus structuré, plus raisonnable que celui de M. Jean-Marie Le Pen. Où arrêtez-vous votre conception de l’extrême-droite ?

M. Gilles SOULAS : Aux limites de la loi.

M. le Rapporteur : Par conséquent, vous condamnez les thèses révisionnistes, les associations de néo-nazis et d’anciens miliciens ?

M. Gilles SOULAS : Tout ce qui est contraire à la loi est condamnable.

M. le Président : Vous ne vendez donc pas de livres révisionnistes ?

M. Gilles SOULAS : Si l’on m’en commande un, je le fournirai, au même titre que la Fnac. Il s’agit d’un acte de vente.

M. le Président : Je ne pense pas que vous puissiez vous comparer à la Fnac ! Vous êtes propriétaire d’une librairie très spécialisée.

M. Gilles SOULAS : Vous me parlez de révisionnistes, or la majorité d’entre eux sont de gauche - anarchistes, trotskistes, etc !

M. Arthur PAECHT : Je ne comprends pas la différence entre un révisionniste de droite et un révisionniste de gauche ! Ils veulent tous revenir sur des faits qui ont été établis.

M. Christophe CARESCHE : Avez-vous un associé dans votre librairie ?

M. Gilles SOULAS : J’ai un associé, M. Gilles Sereau.

M. le Président : M. Gérard Le Vert, que vous connaissez, a quand même des sympathies pour les anciens néo-nazis. Qu’en pensez-vous ?

M. Gilles SOULAS : Existe-t-il réellement une relation entre le fait de fêter un solstice d’été et de réunir d’anciens nazis ? Le solstice d’été, c’est la fête de la Saint-Jean.

M. Robert GAIA : Mais il s’est tout de même rendu à un congrès en Autriche !

M. Gilles SOULAS : Je n’en sais strictement rien !

M. le Rapporteur : C’est vrai qu’entre le solstice et la Saint-Jean, il peut y avoir une récupération chrétienne. Mais entre la Saint-Jean des scouts de France et celle de certaines mouvances extrémistes, il y a une marge !

M. Gilles SOULAS : Je pense surtout que certaines traditions populaires doivent être respectées. Et la Saint-Jean en est une.

M. Christophe CARESCHE : Au moment de la scission, M. Jean-Marie Le Pen a accusé M. Bruno Mégret d’être lié à une mouvance - en particulier autour de M. Pierre Vial - aux conceptions " racialistes ". Que pensez-vous de cette accusation ? Par ailleurs, êtes-vous en contact, à travers votre librairie, avec des auteurs se situant dans cette tradition ?

M. Gilles SOULAS : M. Jean-Marie Le Pen a tenu ces propos pour faire un " bon mot " médiatique. Vous savez, il joue beaucoup avec la presse ; c’est la raison pour laquelle il fait beaucoup de dérapages - il veut que l’on parle de lui, même en mal, ce qui, à mon sens, n’est pas une bonne politique.

Par ailleurs, à ma connaissance, il n’existe pas d’auteurs " racialistes " en France.

M. le Président : Etiez-vous présent à Saint-Cloud pour déposer les cantines militaires contenant les pétitions ?

M. Gilles SOULAS : Bien sûr, je suis même passé à la télévision !

M. le Président : Je vous demande cela, parce que nous avons du mal à comprendre que vous ne soyez qu’un militant de base. N’avez-vous aucun rôle occulte au sein du DPA ?

M. Gilles SOULAS : J’ai amené les cantines pour deux raisons : d’une part, parce que M. Serge Martinez me l’a demandé, et, d’autre part, parce que, à l’époque, le DPA n’existait pas. Et puis, entre nous, je me suis fait plaisir en voyant les filles de M. Jean-Marie Le Pen compter les signatures !

M. Robert GAIA : Il a été dit que, ce jour-là, vous aviez fait appel à une société de sécurité pour assurer le service d’ordre, le DPA n’étant pas constitué.

M. Gilles SOULAS : Non, il n’y avait personne. Mais cet événement était suffisamment médiatisé. Je vois mal les gens de M. Jean-Marie Le Pen voler les malles devant tous les journalistes et les huissiers !

M. Robert GAIA : Votre épouse poursuit-elle le Front National devant les prud’hommes ?

M. Gilles SOULAS : Bien sûr !

M. le Président : Avez-vous des liens avec les sociétés de sécurité privées, autrement que par le biais de votre associé ?

M. Gilles SOULAS : Mon associé possède, il est vrai, une société de sécurité. Mais je n’en suis pas actionnaire, et nos sociétés n’ont aucun lien.

M. Robert GAIA : En résumé, vous entretenez des relations d’affaires avec une personne qui possède, entre autres, une société de sécurité, et votre femme s’occupe de l’organisation des manifestations du Front National - auxquelles participe le service d’ordre. Finalement, vous êtes au centre de l’union.

M. Gilles SOULAS : Non, pas du tout. Il n’y a aucune interactivité entre mes sociétés et celle de M. Gilles Sereau. En outre, il ne fait pas le même genre de sécurité que le DPS - il fournit des maîtres-chiens pour les hypermarchés.

M. Robert GAIA : Certes, mais votre épouse peut être en contact avec votre associé chez vous.

M. Gilles SOULAS : Evidemment, ils se connaissent !

M. Robert GAIA : Votre associé n’a jamais travaillé pour le DPS ?

M. Gilles SOULAS : Non, nous sommes très clairs, avec mon épouse, dans les affaires. On ne mélange pas tout.

M. Robert GAIA : Mais des salariés de votre associé peuvent faire partie du service d’ordre à l’occasion de manifestations ?

M. Gilles SOULAS : Peut-être, mais c’est complètement indépendant de nous. Lorsque mon associé recrute un salarié, il ne lui demande pas son appartenance politique !

M. Arthur PAECHT : Je souhaiterais poser une dernière question. Vous qualifiez votre librairie de " librairie de droite ", et vous dites vendre n’importe quel livre, comme n’importe quel libraire. Si on vous demande " Le Juif Süss " ou " Le protocole des sages de Sion ", vous le commandez et vous le vendez ?

M. Gilles SOULAS : Non. Je respecte la loi. En France, un certain nombre d’ouvrages sont interdits à la vente et à l’exposition. Je respecte la loi.

M. Arthur PAECHT : Etiez-vous présent à la fête du livre du Front National à Toulon ?

M. Gilles SOULAS : Non.

M. Robert GAIA : Avez-vous des liens avec la librairie à Toulon...

M. Gilles SOULAS : Non.

M. Robert GAIA : Ni dans la première ni dans la seconde ?

M. Gilles SOULAS : La première avait des liens d’associés avec les ex-propriétaires de ma librairie. Mais, personnellement, je n’ai aucun lien avec eux.

M. Robert GAIA : Et vous n’avez pas repris l’ensemble ?

M. Gilles SOULAS : Non, pas du tout. Il s’agissait de deux sociétés différentes avec des actionnaires identiques.

M. le Président : Monsieur Soulas, nous vous remercions.