La lutte contre le crime organisé figure parmi les nouvelles priorités de la politique étrangère américaine, et coiffe maintenant le combat anti-drogue. En témoigne la réorganisation du département d’Etat élaborée par Warren Christopher et qui attend l’approbation du Congrès d’ici la fin de l’année. Le secrétaire d’Etat du président Bill Clinton veut en effet supprimer l’ancien Bureau des affaires narcotiques internationales (Bureau for International Narcotics Matters, BINM), pour le remplacer par un Bureau des narcotiques, du terrorisme et de la criminalité (Bureau of Narcotics, Terrorism and Crime, BNTC).Warren Christopher a souligné que le président Clinton accordait une importance cruciale aux activités de ce nouveau service, en raison des "menaces posées à notre nation par les groupes terroristes, les trafiquants de drogue et les organisations criminelles internationales". Des adversaires déjà prioritaires pour le Pentagone, comme le rappelait, dans son rapport annuel 1993, Dick Cheney, secrétaire à la Défense de George Bush. Un secrétaire d’Etat adjoint devrait diriger le BNTC, qui dépendrait du sous-secrétaire d’Etat pour les affaires mondiales (Global Affairs). Warren Christopher a en effet demandé au Congrès la création de ce cinquième poste de sous-secrétaire d’Etat pour le conseiller sur les dossiers transnationaux (environnement, droits de l’homme, réfugiés, etc), parmi lesquels la drogue et la criminalité internationale. Les hommes nommés par Bill Clinton doivent également être approuvés par le Congrès. Le président a choisi le sénateur démocrate du Colorado, Timothy Wirth, pour le poste de sous-secrétaire d’Etat pour les affaires mondiales. Spécialiste des questions d’environnement et de démographie, il a déjà rejoint le département d’Etat comme conseiller. Comme prévu, Robert Gelbard, ancien membre de l’administration Bush, a été désigné par Bill Clinton, comme secrétaire d’Etat adjoint pour les narcotiques, le terrorisme et la criminalité (La Dépêche internationale des Drogues n 21) En attendant l’aval du Congrès, Melvin Levitsky continue de diriger le BINM. La réorganisation du département d’Etat et ces nominations devraient recevoir l’aval des congressistes qui partagent les préoccupations de Warren Christopher. Les élus sont inquiets de constater que la corruption pratiquée par les mafias internationales ne contaminent pas seulement des pays du tiers-monde comme le Pakistan ou la Colombie, mais également des pays développés comme l’Italie ou le Japon. "Le trafic de stupéfiants et le crime organisé vont prendre une importance de plus en plus grande dans la définition de notre politique étrangère", a expliqué, à l’envoyé spécial de l’OGD, Marian Chambers, consultant de longue date du comité des Affaires étrangères de la chambre des Représentants. Les Etats qui collaborent ou qui se montrent trop tolérants avec les terroristes, les trafiquants ou les criminels, pourraient non seulement perdre l’aide bilatérale de Washington, mais également se voir imposer des sanctions par les États-Unis, à travers les banques multilatérales de développement. "L’aide multilatérale devrait devenir un nouveau moyen de pression", dit Marian Chambers (envoyé spécial de l’OGD aux États-Unis).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 23