L’utilisation des informations émanant de "rapports fiables" dans le bilan annuel du Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs du Département d’Etat américain (anciennement le Bureau of International Narcotics Matters - BINM), publié en mars, trahit cependant les grandes orientations de la diplomatie de Washington. Deux exemples : tandis que la Macédoine apparaît, au fil des monographies consacrées à chaque pays, comme destinataire final de précurseurs chimiques (utilisés pour l’élaboration d’héroïne) saisis en Albanie, ou comme une des étapes privilégiées de la route des Balkans, le pays n’est pas traité dans un chapitre spécifique. Cet "oubli" apparaît comme une confirmation de l’importance stratégique que les Etats-Unis prêtent à l’ex-république yougoslave (La Dépêche Internationale des Drogues n°32). A l’inverse, le traitement réservé au Maroc paraît révéler un changement d’attitude à l’égard du régime de Rabat. L’argument drogues pourrait servir de moyen de pression pour inciter le royaume à relayer les positions américaines dans la crise algérienne. En effet, systématiquement ménagé dans les livraisons précédentes, le Maroc est, cette fois, montré du doigt. Il est désigné comme "un des principaux producteurs de cannabis dans le monde", avec 55 000 à 60 000 hectares cultivés dans le Rif, "à comparer avec l’estimation de 50 000 hectares donnée par le roi en 1993... " Surtout, alors que "des rapports fiables indiquent que de hauts responsables du gouvernement marocain sont impliqués dans le trafic de drogues [... ], les autorités ont pour habitude de cibler les trafiquants de seconde zone, laissant agir en toute impunité les gros trafiquants et les officiels corrompus. " (rédaction de la Dépêche Internationale des Drogues).
(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 43
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