Treize enfants de moins de six ans ont été massacrés le 20 septembre lors de l’attaque d’un village de la tribu des Kukis, dans l’Etat de Manipur, au nord-est de l’Inde. Ces enfants avaient été oubliés par les habitants, pris de panique lors de l’attaque de leur village. Le même jour, un village de la tribu rivale des Nagas a été détruit par des assaillants non identifiés et, la semaine précédente, 87 Kukis avaient été massacrés par des insurgés nagas. La phase actuelle du conflit Naga-Kuki a pour objet le contrôle d’un axe routier qui mène à la Birmanie voisine et par où transite la contrebande sur laquelle les tribus prélèvent des taxes, leur principal moyen de subsistance. Depuis la réorientation des exportation birmanes d’héroïne vers le Manipur, (La Dépêche Internationale des Drogues n 14), cette drogue constitue l’essentiel, en valeur, du trafic avec la Birmanie. Parallèlement, l’épidémie de sida prend des proportions catastrophiques dans les Etats du nord-est de l’Inde - Manipur, Nagaland et Meghalaya. La quasi-totalité des 90 000 héroïnomanes testés dans la région se sont révélés séropositifs et 12 000 d’entre eux ont déjà développé la maladie. Le développement des exportations birmanes d’héroïne par cette région de l’Inde s’accompagne en effet d’une explosion de la consommation des populations locales de cette drogue par voie intraveineuse, avec partage des seringues. La plupart des toxicomanes sont des jeunes de moins de 30 ans, chômeurs, ayant quitté l’école prématurément. Des familles de toxicomanes, désemparées face au fléau, tentent de faire incarcérer leurs proches dans l’espoir de les désintoxiquer, si bien qu’une bonne part des prisons se sont transformées en hôpitaux. Selon les responsables de la santé, la situation catastrophique dans cette région, aussi touchée par des mouvements de guérillas, est due à l’incapacité des autorités d’endiguer le flot d’héroïne en provenance de Birmanie. De son côté, M. B. Basu, chef régional du Narcotics Control Board (NCB), la police fédérale antidrogues, considère que l’augmentation des cas de sida est due à "l’absence de contrôle des autorités sanitaires sur la vente des seringues" (rédaction de La Dépêche, Le Monde).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 24