Après avoir émergé en 1992 comme un pays de transit majeur pour l’héroïne produite dans le Triangle d’or, le Cambodge devient un pays producteur de drogue. De nouveaux champs de pavot ont été découverts dans les provinces de Ratanakiri et Mondulkiri, au nord-est du pays, une région de collines quasiment inaccessible. Selon des sources de l’OGD, les trafiquants auraient initialement tenté d’organiser la culture du pavot chez les tribus montagnardes des hauts-plateaux du centre Vietnam, mais les autorités locales s’y sont opposées avec succès. En revanche, de l’autre côté de la frontière, les autorités cambodgiennes n’exercent aucun contrôle sur Ratanakiri et Mondulkiri. Par ailleurs, il s’avère que la ville de Phnom Penh devient un centre important de blanchiment. Plus de vingt nouvelles banques se sont installées dans la capitale cambodgienne au cours de l’année. Elles opèrent sur l’or, les devises fortes, et l’argent de la drogue. La situation encore instable du Cambodge, l’inexpérience des responsables et la corruption généralisée en sont la cause. De nombreux officiers de haut rang de l’ex-république populaire du Kampuchéa, ainsi que des commandants locaux des Khmers rouges, le long de la frontière thaïlandaise, sont impliqués dans le trafic de drogue. Le Sud-Est asiatique émerge une fois de plus comme la première région de production et de commerce d’héroïne : en 1993, une récolte record d’opium de 2 800 tonnes (contre moins de 1 000 tonnes en l987) a été effectuée dans le Triangle d’or. L’entrée du Cambodge dans le "club" des pays producteurs d’opium traduit en particulier l’accroissement aux États-Unis (où le nombre des héroïnomanes a augmenté de 33% en l993) de la demande d’héroïne blanche en provenance de cette région du monde. En 1992, 60% des drogues saisies aux États-Unis provenaient du Triangle d’or, alors qu’elles ne représentaient que 14% en 1985, le reste étant fourni par l’Asie du Sud-Ouest et le Mexique. L’île de Koh Kong, au large de la côte cambodgienne, est devenue (La Dépêche Internationale des Drogues n 16) un centre de transit très important pour l’héroïne arrivant de Birmanie via le Laos et la Thaïlande. Des sources spécialisées estiment même qu’une raffinerie d’héroïne fonctionne à Koh Kong pour traiter l’opium cambodgien (correspondant de l’OGD en Asie du Sud-Est).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 26