Selon le rapport annuel 1993 du Service central néerlandais de recherche et d’information (CRI), qui a été publié à la fin du mois de juin, il existerait actuellement aux Pays-Bas, cent organisations criminelles très bien structurées qui se livrent une concurrence acharnée. Une augmentation notable par rapport aux années précédentes et qui n’est que partiellement expliquée par l’amélioration de l’enregistrement et du traitement des données statistiques. Cette croissance d’une criminalité de plus en plus violente est directement lié au développement du trafic de drogue. Le nombre de blessés, à la suite d’attaques à main armée a augmenté de 20% ; celui des décès dûs à la criminalité en général, de 42%, et les morts attribuables aux seuls règlements de compte entre bandes rivales, de 48%. En 1992, on a saisi plus de 75 tonnes de haschisch (38 en provenance du Maroc et 35 du Pakistan) et 19 tonnes de marijuana. Cela représentait une baisse de 15% par rapport à l’année précédente. Par contre les saisies de drogues dures sont en hausse : + 38% pour la cocaïne et + 40% pour l’héroïne. Par ailleurs, on observe de plus en plus des chargements mixtes, en particulier de haschisch et d’héroïne. Les groupes criminels impliqués dans le trafic des dérivés du cannabis sont souvent mêlés au jeu, au trafic d’armes et à la prostitution. Ils disposent d’implantations permanentes en Espagne. La pratique du troc cocaïne contre héroïne se développe, comme en Espagne, essentiellement à l’initiative des trafiquants Turcs. Les triades et la Maffya turque rapatrient l’essentiel de leurs profits. Les organisations néerlandaises et les Marocains (importateurs de haschisch ou revendeurs de drogues dures achetés à des grossistes aux Pays-Bas), en réinvestissent une partie sur place, essentiellement dans l’immobilier, des sociétés de transport ou d’import-export. Les autorités ont calculé que l’importation d’une tonne de haschisch marocain représente un investissement de 3,6 millions de francs (achat et transport compris), pour un chiffre d’affaires, à la revente, de 9 millions de francs (bénéfice : 5,4 millions de francs). Si cette tonne de marchandise est réexpédiée des Pays-Bas vers le Royaume-Uni (où le prix, à la revente, est multiplié par trois) ou les pays scandinaves (prix trois à cinq fois plus élevé), l’investissement est doublé (ces réexportations se font par lots de 1 à 500 kilos), mais le bénéfice net peut atteindre 15 millions de francs (correspondant de l’OGD aux Pays-Bas, rédaction de La Dépêche).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 22