Au début du mois de mars l994, trente jours environ avant la date des semis du cannabis, des cultivateurs de la plaine orientale de la Bekaa ont menacé de reprendre les cultures illicites. Certains experts libanais estiment en effet que l’effort financier -4,2 millions de dollars - de la communauté internationale, fourni à travers les Nations unies, est notoirement insuffisant pour garantir que les cultures de cannabis et de pavot ne reprendront pas. En dépit de l’interdiction de cultiver le pavot et le cannabis prononcée par le gouvernement libanais en 1992, à la suite de pressions des États-Unis, d’Interpol et des Nations unies, quelques centaines d’hectares de cette dernière plante avaient été encore détruits, en juin l993, dans la plaine de la Bekaa, soit le cinquième des superficies touchées, l’année précédente, par l’éradication. Mais, c’est dans les zones montagneuses sur le versant sud du mont Liban, qu’il est actuellement impossible au gouvernement libanais de contrôler, qu’ont été semées, en l993, les plus importantes superficies en pavot et en cannabis : entre 1 500 et 2 000 hectares, principalement localisés dans des villages chiites (Younine, Taraya, Chmestar, Chaat, Nahlé, Jurd-el-Hermel) du versant oriental du mont Liban, et dans quelques villages chrétiens (Der-el-Ahmar, Inata) de la même région. Les paysans de cette région ont déclaré au correspondant de l’OGD qu’ils se préparaient à ensemencer, au mois d’avril, des superficies équivalentes. D’autre part, de la morphine base, provenant de l’Afghanistan et de la Turquie, arrive jusqu’aux laboratoires de transformation en héroïne de la Bekaa ou de Beyrouth via la Syrie. Cela explique que la production de cette drogue n’a pas diminué en dépit de la très importante réduction de la production locale d’opium. Quant à la base de cocaïne, elle arrive au Liban via l’Afrique ou les pays de la Méditerranée. Elle est transformée en chlorhydrate dans des villages du sud de la Bekaa (zone de Kamed-el-lawaz) contrôlés par le Hezbollah pro-iranien entre des zones que se partagent les Syriens et les Israéliens. Des affrontements entre les soldats syriens, agissant pour le compte du gouvernement libanais en tant que force de répression contre la drogue, et les trafiquants ont eu lieu dans l’ensemble de la plaine de la Bekaa, comme, par exemple, en octobre l993, près du village de Kamed-el-lawaz. Du chlorhydrate de cocaïne arrive également d’Amérique du sud. Ainsi la police libanaise a saisi le 23 août 1993, 90 kilos de cocaïne pure, d’une valeur de plus de sept millions de dollars, dissimulés dans une voiture parvenue, comme des dizaines d’autres, dans un conteneur à bord d’un bateau en provenance du Panama qui avait fait escale dans plusieurs pays, dont les États-Unis (correspondant de l’OGD au Liban).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 30