Pour satisfaire l’opinion publique américaine, le président Clinton espère mettre un terme aux pénibles images des colonnes de réfugiés kosovars fuyant la barbarie. À défaut de vaincre Milosevic, l’idéal serait désormais pour lui de raccompagner les Kosovars chez eux sous escorte américaine. C’est dans cet état d’esprit que le Pentagone a imaginé une opération de retour, pour un million de réfugiés encadrés par une force de 28 000 hommes, immédiatement opératoire après l’arrêt des bombardements et le retrait de l’armée yougoslave.

Ce plan a été transmis à Viktor Tchernomyrdine et à Kofi Annan. Il a été présenté hier aux ambassadeurs des États membres de l’OTAN, par le président américain en déplacement, et aux membres du G8. Plus que le plan lui-même, ceux-ci sont sollicités pour se prononcer sur le statut de cette force militaire. Les Américains souhaiteraient qu’il s’agissent d’une force de l’ONU ou de l’OSCE composée par l’OTAN.

La plupart des experts militaires font valoir que cette opération, si elle devait être menée, comporte de grands dangers d’échec. En effet, les forces serbes ont miné le Kosovo pour empêcher son occupation militaire. Les combats et les bombardements ont détruit l’essentiel des habitations. Des fortifications sont en cours de construction autour de certaines villes. Dès lors, il parait hasardeux de conduire 1 million de civils sur un territoire dévasté et miné, en demandant à 28 000 hommes d’assurer leur sécurité tout en prenant des places fortes défendues par des paramilitaires avec des boucliers humains.

Thierry Meyssan