L’extrême confusion diplomatique renvoie à l’interprétation de quatre accords diplomatiques différents.

1---------- Les accords secrets du 13 et du 25 octobre 1998

Ils ont été négociés par Richard Holbrooke et Javier Solana pour l’OTAN, le président Slobodan Milosevic pour la Yougoslavie. Autant que l’on sache, il s’agissait d’un plan de cessation des hostilités sous contrôle au sol de vérificateurs de l’OSCE, et dans les airs des système de surveillance de l’OTAN.

Ces accords n’ont pu être pleinement appliqués. En effet, l’UÇK, qui n’était pas partie à la négociation, a refusé de cesser ses actions sans contrepartie. Le président Milosevic en a conclu qu’il ne pouvait pas retirer ses forces sans exposer son administration.

2---------- Rambouillet

La négociation a été conduite par trois ambassadeurs : un américain, un européen et un russe. Elle visait à trouver un arrangement entre Serbes et Kosovars pour l’application de l’accord secret du 25 octobre 98. Le texte final, imposé par l’ambassadeur américain et approuvé par son homologue européen, a été dénoncé par l’ambassadeur russe. Il n’a été signé que par la partie kosovare et rejeté par la partie serbe. Il prévoyait un référendum d’autodétermination à l’issue d’une période de trois ans d’administration internationale, et l’occupation de toute la Yougoslavie par l’OTAN.

3---------- Les propositions du G8

Face à la menace d’entrée en guerre de la Russie, l’Italie et l’Allemagne ont fait pression sur les Anglo-Américains pour qu’ils renoncent à certaines de leurs exigences. Le texte du G8, négocié entre la Russie et les USA sous le regard de quatre pays européens et du Japon, admet que la force de maintien de la paix sera placée sous mandat et commandement ONU et non pas OTAN.

4---------- Le plan euro-russe

Après avoir arraché une concession aux Anglo-Américains au G8, Européens et Russes ont demandé à la Yougoslavie de faire un pas à son tour. En acceptant le plan euro-russe, la Yougoslavie admet que la force de maintien de la paix, sous mandat et commandement ONU, pourra comprendre majoritairement des soldats des pays de l’OTAN.

Le quiproquo provient de ce que les États-Unis, qui n’ont aucunement participé à la négociation du plan euro-russe, font mine de l’interpréter comme un additif au texte de Rambouillet et non pas comme le seul accord reconnu par Belgrade. Ce faisant, ils y voient une capitulation du président Milosevic et placent la Russie dans une position intenable.

Thierry Meyssan