A la suite de l’émission de Christophe Dechavanne "Comme un lundi", qui avait donné lieu à une violente altercation entre le père Daniel-Ange de Maupéou d’Ableiges et notre collaborateur Thierry Meyssan, la presse catholique s’est déchaînée contre ce dernier.

En outre, le prêtre outragé a intenté un référé contre le journaliste. Le 6 novembre, le TGI de Nanterre a condamné Thierry Meyssan à verser 1 F de dommages et intérêts à titre provisionnel et TF1 à publier un communiqué judiciaire relatif à cette condamnation.

Cette décision fera date. En effet, le référé est une procédure d’urgence qui ne permet pas de se prononcer sur le fond d’un litige mais statue pour préserver des intérêts en attendant un jugement sur le fond. Le référé ne permettant pas d’apporter la preuve d’allégations portant atteinte à la considération d’une personne ne pouvait jusqu’à présent donner lieu à condamnation en diffamation.

Il existe néanmoins un unique précédent, fort célèbre : l’affaire Jean-Christophe Mitterrand contre "l’Evénement du jeudi". "Papa-m’a-dit" avait réussi à faire condamner l’hebdomadaire dans des conditions scabreuses. Ce jugement avait ensuite été annulé par la Cour de cassation.

Autre nouveauté : alors que le père Daniel-Ange s’est vu refuser par le tribunal un "droit de réponse" sur TF1, on lui accorde la lecture d’un "communiqué judiciaire". Désormais, tout râleur qui se verra refuser un "droit de réponse" abusif pourra donc exiger la même chose sous la forme d’un "communiqué judiciaire".

Patrick Le Lay (TF1) et Thierry Meyssan ont annoncé, l’un comme l’autre, qu’ils interjetaient appel de cette décision plus politique que juridique. Au-delà du débat juridique, il semble qu’un puissant lobby a influencé la procédure. Pour notre part, nous avons remarqué que l’avocat du père Daniel-Ange, Me Jean-Marc Varaut, a tenu à souligner dans sa plaidoirie qu’il avait été jadis l’avocat d’une société de l’Opus Dei. Nous avons aussi remarqué que le procureur général des Hauts-de-Seine soi-même, Yves Bot, ex-conseiller de Pierre Méhaignerie, s’est autosaisi de cette affaire, contrairement aux usages - mais comme la loi l’y autorise. Enfin, nous avons remarqué que le magistrat n’était autre que le président du TGI de Nanterre en personne, Jean-Marie Coulon, nouvellement chargé de mission par Jacques Toubon...

La rédaction