Enfoirés de leurs mères ! Nos amis de la police - à Paris ça s’appelle la préfecture, comme du temps des Romains - ont interdit la réunion du Collectif d’information et de recherche cannabiques (_CIRC), le 16 juin à l’Espace Voltaire. Car Monsieur Chirac préfère la guerre. Pas seulement la guerre universelle à coups de bombes atomiques mais aussi la guerre des drogues. Notre nouveau président n’a rien trouvé de plus amusant à faire que de relancer cette guerre dramatiquement archaïque.

Participant à une réunion européenne huppée, notre maître Jacques, sous l’effet conjugué de l’alcool et de la cocaïne probablement, s’est amusé à agresser son homologue hollandais : "Si vous ne changez pas votre politique des drogues, on ferme la frontière." Fermer les frontières ? Rien que ça ! Bien sûr, il s’agissait d’un lapsus : il voulait dire "rétablir les contrôles d’identité aux frontières". ça tombe bien, les accords d’ouverture des frontières sont à l’essai. En un mot notre aimable chef d’Etat disait : "Schengen, c’est fini." Le Hollandais, un peu hautain, lui répondit en substance : "Mon cher monsieur, lorsque vous aurez étudié vos dossiers, on pourra en reparler."

Mais ça ne suffisait pas. Notre nouveau Debré, ministre de l’Intérieur, faisait au Parlement cette extraordinaire déclaration : "En matière de drogues, ne comptez pas sur moi pour être aussi laxiste que mon prédécesseur" (Pasqua !). Gageons que cela lui vaudra bientôt d’hériter de l’entonnoir qui jadis couronna son père. Les cannabinophiles d’aujourd’hui, comme les lycéens de 1973, sauront user des armes de la critique...

Comme il fallait bien couronner le tout, le CIRC s’est vu interdire une réunion privée (!). Bref, notre Etat ne craint pas d’afficher haut et fort qu’il sera, en matière de drogues comme pour le reste, la lanterne rouge de l’Europe. Grand bien lui fasse !

Vive la paix des drogues !

Joseph Pasteur