La Corse n’est pas sous-administrée. Cette affirmation, contestée par certaines des personnes entendues par la commission d’enquête, pourrait surprendre dans le contexte actuel de mise en cause de certaines carences de l’État dans l’île. Pourtant, elle est corroborée par un certain nombre d’informations statistiques communiquées à la commission par la direction générale de l’administration et de la fonction publique.

En effet, il apparaît clairement que, en ne tenant compte que des ministères civils (et hors postes et télécommunications), la Corse présente le plus fort ratio d’agents de l’État par habitant des vingt-deux régions métropolitaines : 39 agents de l’État pour 1.000 habitants, au lieu de 30 pour la moyenne métropolitaine à la fin de 1996. Elle dépasse même l’Ile de France, puisque celle-ci n’occupe que la deuxième place (avec 37 agents de l’État pour 1.000 habitants), suivie du Limousin (33,3) et de Midi-Pyrénées (32,1). Cette situation n’est pas nouvelle puisque, déjà à la fin de 1980, la Corse n’était devancée que par l’Ile de France, 33 au lieu de 36 agents de l’État pour 1.000 habitants, alors que la moyenne métropolitaine n’atteignait que 28,2. Comparée à cette moyenne nationale, la situation de la Corse s’est d’ailleurs améliorée au cours de cette période puisque elle dépassait la moyenne métropolitaine de 17% en 1980 et de 29% en 1996.

Sur les 10.140 agents des ministères civils de l’État présents en Corse à la fin de 1996, plus de la moitié relevait du ministère de l’éducation nationale (5.316, soit 52,4%). Les principaux ministères suivants étaient l’Intérieur (1.267, soit 12,5%), l’Equipement, le logement et les transports (1.234, soit 12,2%) et l’Economie et les finances (1.219, soit 12%) : ces quatre ministères représentent donc près de 90% des effectifs présents en Corse.

Du 31 décembre 1980 au 31 décembre 1996, le nombre d’agents de l’État en Corse a augmenté de 28% (soit +2.221). Cela représente la plus forte progression régionale constatée en France métropolitaine et un rythme d’évolution deux fois plus important que la moyenne nationale. Ces agents supplémentaires relèvent principalement des quatre ministères déjà énumérés : Education nationale - elle représente près de la moitié de l’accroissement constaté - (+1.066, soit +25,1%), Intérieur (+318 , soit +33,5%), Equipement (+236, soit +23,6%) et Economie et finances (+202, soit +19,9%).

Ce nombre plus élevé d’agents de l’État en Corse ne signifie pas bien sûr qu’il n’existe pas, ici ou là et notamment dans des secteurs sensibles, des manques criants. Il témoigne simplement que l’île n’est pas mal traitée dans la répartition des effectifs de fonctionnaires de l’État.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr