Durant l’année 2000, la Mission a noué, à l’étranger comme en France, de très nombreux contacts internationaux.

Tant auprès d’autorités nationales que d’organisations internationales, elle a pu s’informer sur les diverses perceptions et approches des problèmes posés par les dérives sectaires dangereuses et les mesures prônées pour y remédier.

De nombreux pays ont aussi saisi la Mission, de leur propre initiative, pour évoquer la situation qui prévalait chez eux et parfois pour solliciter une expertise, à tout le moins des conseils. Ces démarches ont pris la forme de démarches d’ambassades accréditées en France ou d’envois de missions d’information à Paris.

La Mission se félicite vivement de l’excellente et précieuse coopération qu’elle a pu mener avec les services du ministère des Affaires étrangères ainsi qu’avec l’ensemble de nos missions diplomatiques et consulaires.

A l’issue de cette année d’échanges d’informations et de réflexions avec de très nombreux partenaires de diverses régions du monde, une constatation s’impose aisément : partout, les autorités ont pris conscience du caractère dangereux de certains groupes sectaires, pour les individus comme pour l’Etat, et partout la vigilance devient la règle. Et ceci, aussi bien vis-à-vis de mouvements sectaires locaux importants voire influents dans certains pays, que de groupes internationaux aux visées mondiales.

A cet égard et quoi que prétendent certains de ces groupes, l’attitude générale de la très grande majorité des autorités gouvernementales converge clairement vers deux idées force : d’une part, protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales contre les tentatives d’asservissement ou d’exploitation provenant de mouvements d’essence totalitaire et, d’autre part, lutter contre les prétentions fiscales de certains mouvements sectaires, et non des moindres, qui tentent d’arguer de leur soi-disant caractère spirituel afin d’échapper aux prélèvements fiscaux auxquels les destine pourtant leur nature commerciale.

Ainsi, la liste des pays accordant l’exemption fiscale à ces mouvements est-elle, quoiqu’ils prétendent, très courte, et celle des refus de défiscalisation, très longue au contraire, et ce sur tous les continents. Ceci est particulièrement évident en Europe, et ce n’est pas parce que telle secte répète à l’envi qu’un pays scandinave lui accorde la défiscalisation qu’elle n’en reste pas moins contrainte aux règles fiscales des autres pays d’Europe.

Ses nombreuses discussions avec des partenaires étrangers ont également permis à la Mission de faire l’encourageante constatation que sur tous les continents, les phénomènes sectaires suscitent de plus en plus de prudence et de circonspection dans l’approche et les études qu’en font les chercheurs universitaires, les milieux associatifs et les organes de presse. Et si, comme il est normal, les convergences d’analyse de ces divers protagonistes ne sont pas aussi marquées que celles constatées entre les organes officiels traitant des dérives sectaires, il n’en reste pas moins que dans leurs avis et commentaires, ces acteurs importants de la société civile expriment des doutes de plus en plus forts sur les vrais buts que leur semblent poursuivre de nombreux groupes sectaires dont ils constatent les excès.

Sur la toile du "net" aussi les choses évoluent favorablement. Ainsi les sites des sectes qui étaient jusqu’ici tout à fait dominants doivent-ils désormais composer dans toutes les régions du monde avec d’innombrables sites dénonçant leurs activités répréhensibles et ouvrant notamment leurs pages à d’anciens adeptes qui y exposent les méthodes et techniques internes de fonctionnement de groupes dont ils ont été victimes et qu’ils connaissent bien pour y être restés souvent assez longtemps et y avoir, parfois, exercé des responsabilités.

Des entretiens avec ses interlocuteurs étrangers, la Mission retient que dans les pays économiquement en difficulté ou à structure socio-politique fragile, l’importance des patrimoines amassés par les mouvements sectaires inquiète particulièrement en raison des considérables moyens de corruption et d’influence qu’ils leur confèrent.

De même, a-t-elle pu observer qu’une des techniques de recherche d’influence utilisée assez régulièrement par les mouvements sectaires dans ces pays consistait en la proposition d’y implanter des structures socio-culturelles ou d’aides au développement supposées générer de nombreux emplois locaux.

La Mission a constaté aussi qu’un peu partout dans le monde, les grandes sectes faisaient un usage croissant des procédures judiciaires et des interventions auprès des médiateurs au point que dans certains pays, le fonctionnement judiciaire, notamment au niveau des instances d’appel ainsi que celui des services des médiateurs s’encombrait lourdement et frisait la paralysie.

De nombreux interlocuteurs officiels ont fait part à la Mission des fortes inquiétudes que leur inspirait cette judiciarisation des questions touchant aux droits de l’homme et à l’exercice des libertés individuelles fondamentales. Il est apparu ainsi à l’évidence que la majorité des responsables était favorable à l’encadrement juridique des libertés qui permet à chacun, sans exception, de pouvoir exercer avec la protection de la loi la plénitude de celles-ci, la seule limite étant naturellement de ne pas nuire à la liberté d’autrui.

D’importantes réserves ont par contre été souvent émises vis-à-vis de l’autre système qui est adopté par quelques pays dont les Etats-Unis et qui consiste à protéger l’exercice des libertés individuelles par des procédures judiciaires qui présentent le double inconvénient d’une réparation a posteriori, donc seulement après que soit survenue la violation du droit et, d’autre part, de créer pour la victime l’obligation de devoir saisir elle-même la justice, ce qui n’est pas une solution aussi facile que certains le prétendent lorsqu’il s’agit, ce qui est somme toute assez fréquent, de requérants faibles ou démunis.

Enfin, tous nos partenaires ont évoqué le recours croissant des sectes à la forme juridique d’Organisation internationale non-gouvernementale (OING) et tous sont d’avis que le nombre et le rôle de ces OING allaient croître considérablement dans un monde de plus en plus globalisé et où la société civile était appelée à jouer un rôle en accroissement constant.