Des sectes de création plus récente ou d’inspiration étrangère plus marquée sont organisées selon des modalités qui diffèrent du schéma sectaire classique. Elles reposent sur une organisation éclatée en de nombreuses implantations dont les liens ne sont pas apparents.

Il existe tout d’abord des mouvements sectaires d’obédience américaine qui ne présentent pas de structures centrales officiellement déclarées. Par exemple, la méthode Avatar ne dispose d’aucune association ou entité nationale susceptible de représenter sa branche française. C’est également le cas de Landmark qui n’a pas jugé utile de constituer une structure représentative de son implantation française, et n’apparaît, à un niveau central, qu’à travers une société de droit étranger, Landmark education international.

Il s’agit de deux sectes spécialisées dans les techniques de développement personnel qui agissent par l’intermédiaire d’un réseau de personnes physiques ou d’associations parfois de fait. Une telle organisation est particulièrement adaptée au système de franchise mis au point par ces sectes, et dont on peut considérer qu’il constitue une forme moderne et particulièrement efficace du sectarisme. La méthode Avatar est en effet propagée par une soixantaine de " masters ", c’est-à-dire de personnes qui ont suivi une formation spécifique aux Etats-Unis à l’issue de laquelle elles ont obtenu un diplôme et acquis une licence d’exploitation leur permettant d’utiliser la méthode en France, moyennant le versement d’un pourcentage de leur chiffre d’affaires à la société mère américaine. Un dispositif identique est utilisé par Landmark, notamment pour dispenser le cours intitulé le " Forum ", du nom du stage emblématique de cette secte américaine.

L’absence de structures centralisées n’interdit pas une organisation en forme pyramidale. Même si les lieux de pouvoir sont beaucoup plus difficiles à détecter, et les circuits de décision moins repérables, certains adeptes peuvent être amenés à jouer un rôle de direction pour une zone géographique donnée.

La secte fondée et dirigée par M. Serge Marjollet et connue sous le nom de Prima Verba est un autre exemple d’organisation sectaire novatrice. Elle préfigure peut-être la forme que le phénomène est appelé à prendre dans les années qui viennent. Cette secte s’appuie en effet sur une nébuleuse de petites structures dispersées (associations, SARL ou sociétés civiles) qui n’entretiennent des liens qu’à travers les personnes physiques qui les dirigent ou les administrent, et dont le chiffre d’affaires (1), considéré indépendamment de celui des autres, n’attire pas l’attention. Il s’agit donc de mouvements qui choisissent de ne pas avoir pignon sur rue pour garantir l’opacité de leur action.

Alors que des mouvements comme les Témoins de Jéhovah ou la Scientologie ont déclaré plusieurs associations nationales pour lesquelles ils souhaitaient obtenir une reconnaissance officielle, les exemples qui viennent d’être cités montrent que certaines sectes développent une stratégie inverse. Eloignées de tout souci de reconnaissance publique, elles préfèrent la discrétion, voire la clandestinité. Cette divergence d’attitudes met en lumière les deux objectifs, apparemment contradictoires, de l’organisation sectaire.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr