La quatrième phase concerne les cadavres de 16 personnes trouvés dans le massif du Vercors (département de l’Isère en France) le 23 décembre 1995 dans les circonstances suivantes :
1- Le site Le site semble avoir une signification. Il faut le préciser. Au Nord de Pont en Royans, la D292 s’élève vers Presles. Au delà, elle s’élève encore au milieu de la forêt domaniale des Coulmes jusqu’au hameau de " Le Faz ". C’est ensuite la descente sur Saint-Pierre de Chérennes. Environ 3 km avant le hameau précité de " Le Faz ", on trouve un parking au lieu dit le Pascoquet. Il est le point de départ de plusieurs pistes de ski de fond. De ce parking, 2 chemins de terre escarpés conduisent à l’endroit du massacre. Celui-ci se trouve à environ 2 km du parking, autrement dit à une vingtaine de minutes à pied. C’est le lieu dit " le trou du Charbonnier " à quelques distances du gouffre appelé " le trou de l’Enfer ". Le trou du Charbonnier ressemble à un grand trou d’obus. Il est profond d’une dizaine de mètres et sa superficie a été évaluée à environ 20 m 2 . Entouré d’arbres, il ne peut être découvert qu’après un bon repérage.
2- Le massacre Suivant le gardien des installations et des pistes de ski, M. Arnaud, le policier Rostan et les occupants d’une voiture suisse sont venus faire un repérage préalable. Toujours suivant ce témoin, 4 voitures avaient déjà été placées en stationnement sur le parking le 16 décembre. Il en a été déduit que les 16 personnes qui ont trouvé la mort au trou du Charbonnier sont arrivées au plus tard le 15 décembre au soir, elles ont gravi à pied par temps de neige et, sans doute la nuit, un des sentiers qui conduisent au site choisi en emportant avec elles des armes, les bidons d’essence, les produits inflammables, les thermos et autres objets qui ont été retrouvés sur place. Le tout a été exécuté en un seul voyage, car il n’y avait pas de traces dans la neige d’un trajet de va et vient. Les candidats au " Transit " se sont placés en cercle en se groupant par famille, comme à Cheiry et comme à Salvan. Ensuite le policier français Lardanchet Jean-Pierre et le ressortissant suisse Friedli André ont exécuté les 14 autres personnes d’une balle de .22 dans la tête. Après avoir repris leur place et déclenché l’incendie, ils se sont suicidés. Lardanchet l’a fait avec son arme de service et Friedli avec celle de l’autre policier français Rostan Patrick. Ce massacre a été suivi de l’incendie des corps. 14 cadavres avaient la tête orientée vers l’extérieur du cercle, les 2 exécutants sont tombés en sens inverse, la tête vers le centre du cercle. L’enquête permet d’affirmer qu’il n’y a eu aucun survivant ni aucune aide extérieure.
3- La découverte du massacre Le 22 décembre, vers 17h00, les gendarmes de la brigade de Pont en Royans ont été alertés que la serrure d’une remise contenant une dameuse pour les pistes de ski de fond avait été fracturée. Sur place, ils ont constaté la présence insolite de 4 véhicules : 3 immatriculés en Suisse et un dans le département du Vaucluse en France. Ces véhicules ont été identifiés rapidement comme appartenant à des membres de l’OTS.
La disparition de ces personnes avait été signalée quelques jours auparavant. La découverte de ces 4 véhicules laissait donc craindre un nouveau suicide collectif.
Le gardien du parking et des pistes, indiqua aux gendarmes qu’il avait vu les 4 véhicules dès le 16 décembre 1995 dans la matinée et qu’en se promenant sur une piste, il avait senti une odeur de fumée ou mieux comme une odeur de cuir brûlé.
Des moyens de recherche importants ont été mis en oeuvre et ont permis la découverte le 23 décembre 1995 à 9 heures d’un amas de corps calcinés au fond d’une cuvette. Ces victimes correspondaient à la liste de personnes disparues.
4- L’identité des victimes
1) BONLIEU Edith née en 1934, France - épouse VUARNET ;
2) VUARNET Patrick né en 1968 France - fils de la première ;
3) VERONA Tania née en 1989 Suisse - fille de la 4 e ;
4) SCHLEIMER Ute née en 1961 Suisse - épouse VERONA ;
5) MASSON Dominique née en 1952 Suisse ;
6) BONET Christiane née en 1945 Suisse ;
7) MASSIP Enrique né en 1949 Suisse ;
8) RIJKSEN Théodora Emma née en 1943 Pays-Bas - Divorcée ANDERSON ;
9) ROSTAN Patrick né en 1966 France - Policier ;
10) LARDANCHET Jean-Pierre né en 1959 France - Policier, père de 11 et 12, mari de 13 ;
11) LARDANCHET Aldwin né en 1991 France ;
12) LARDANCHET Gurval né en 1994 France ;
13) OTTO Marie-France née en 1960 France - épouse n° 10 ;
14) BANEGAS Mercedes née en 1932 France - épouse FAUCON Louis né en 1929 ;
15) FRIEDLI André né en 1956 Suisse ;
16) GUILBERT Jocelyne, née en 1947 Suisse - épouse du 15.
Treize adultes et trois enfants nés respectivement en 1989, 1991 et 1994. Tous les adultes étaient membre de l’OTS. Sauf Masson Dominique, ils étaient tous " cape dorée ". On a considéré que Bonet Christiane était le " catalyseur " de ce massacre.
5- Précisions sur le comportement des victimes
a) Certaines de ces victimes avaient participé activement aux préparatifs du " Transit " d’octobre 1994 à Cheiry et à Salvan.
— Edith Bonlieu épouse Vuarnet avait participé à une réunion importante à Cheiry le 29 septembre et son fils Patrick Vuarnet à une réunion à l’hôtel Bon-nivard à Montreux le 30 septembre au soir en compagnie de Patrick Rostan et de Jean-Pierre Lardanchet.
— Christiane Bonet avait pris son repas du soir le 2 octobre 1994 avec les 2 enfants Jaton (Lionel né en 1976 et Arnelle née en 1978), avant que leur père vienne les chercher pour les conduire à la ferme La Rochette à Cheiry où ils ont été tués.
— Les 2 policiers Rostan et Lardanchet ont passé la nuit du 2 au 3 octobre à Genève chez Schleimer Ute épouse Verona. Rostan a été conduit en voiture à la gare par Lardanchet. Il a pris le TGV de Paris à 5 heures 40 du matin.
— Christiane Bonet donne une fausse information par téléphone à l’employeur de Daniel Jaton le 3 octobre 1994.
— Tôt dans la matinée du 4 octobre 1994 Patrick Vuarnet rencontre Jo Di Mambro, Odile Dancet, Jacques et Annie Levy à Salvan. Ils lui remettent une centaine de lettres destinées au monde politique, à la presse et à d’autres personnalités. Ils lui demandent aussi de restituer différentes voitures de location.
Il revient avec sa mère à 17 h 10 pour emmener les véhicules. Il attend le départ de Thierry Huguenin pour s’entretenir avec Joël Egger, Luc Jouret et Maryse Séverino.
A 18 h 56 Jo Di Mambro et Jacques Lévy lui telephonent pour l’inviter à poster immédiatement les lettres qui lui ont été remises. Il ne le fera que le 5 octobre à 11 heures, sans constater que l’une d’elles lui était destinée.
— Le 5 octobre 1994 en fin d’après-midi Patrick Rostan quitte Paris pour Genève où il rencontre Jean-Pierre Lardanchet et Patrick Vuarnet, le soir même.
a) Après les événements d’octobre 1994 au Canada et en Suisse les membres de l’OTS ont été entendus par les services de police. Ils ont tous déclaré qu’ils avaient quitté le groupement et ont prétendu que l’ordre était dissout. Les Vuarnet l’ont proclamé aussi à la presse.
Or, 15 mois après la mort des principaux meneurs de l’ordre 16 personnes sont venues s’immoler dans ce repère d’accès difficile. Christiane Bonet qualifiée de " catalyseur " de ce massacre n’avait pas, semble-t- il, le charisme d’un gourou.
C’était d’ailleurs Patrick Vuarnet et les deux policiers français qui se considéraient comme les succes-seurs de Jo Di Mambro.
Peut-être ne se sont-ils pas sentis capables de relancer l’OTS et ont-ils préféré rejoindre les " Maîtres " sur Sirius.
Ce n’est assurément pas rassurant pour l’avenir.
Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be
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