M. VAN LIJSEBETH, administrateur général de la Sûreté de l’Etat, estime qu’il y a lieu de considérer une secte nuisible comme " tout groupe structuré qui, sous le prétexte de professer une certaine spiritualité ou philosophie et d’avoir le monopole élitiste de la voie vers la vérité, la sagesse ou le salut, vise à établir une domination totale et exclusive sur les personnes, en ayant recours à la manipulation mentale systématique ".

Pour définir les sectes, M. de Vroom, commissaire général de la police judiciaire renvoie aux onze caractéristiques que Wilson reprend dans son ouvrage " Le leader charismatique " :

— adhérer à la secte librement et non par la naissance ;

— être autorisé à se faire membre sur la base d’une connaissance reconnue et visible par le dirigeant de la secte, une expérience du vécu ou apprise d’un membre plus ancien ;

— les caractéristiques de cette connaissance sont exclusives et confidentielles ; qui ne s’en tient pas aux règles est exclu ;

— la secte se considère comme l’émanation d’une élite, a une vue particulière et se considère investie d’une mission spécifique ;

— tend vers une perfection personnelle ;

— pas de différence fondamentale entre prêtres et non-prêtres ;

— l’occasion est donnée de manifester spontanément son appartenance personnelle à la secte ;

— la secte est hostile ou indifférente à toute vie sociale et vis-à-vis de l’Etat ;

— l’appartenance à la secte est plus exclusive et plus fermée que l’appartenance à une religion ;

— il est question d’une idéologie propre, reconnaissable et identifiable ;

— ceux qui ne respectent pas les règles sont considérés comme traîtres et pour leurs fautes sont punis ou exclus.

M. DUINSLAEGER, magistrat national, renvoie, quant à lui, à la définition opérationnelle de la criminalité organisée empruntée au Bundeskriminalamt, acceptée par l’ensemble du monde judiciaire et policier :

1- la perpétration planifiée d’infractions d’une importance considérable à elles seules ou dans leur ensemble ;

2- motivée par l’aspiration au profit ou au pouvoir ;

3- où plus de deux personnes impliquées agissent ensemble ;

4- durant une période assez longue ou indéterminée ;

5- avec répartition du travail ;

6a-en se servant de structures commerciales et/ ou ; en ayant recours à la violence ou à 6b- d’autres moyens d’intimidation, et/ou ;

6c- en exerçant de l’influence sur la vie politique, les médias, l’administration publique, la justice ou la vie économique.

Selon M. Duinslaeger, les activités d’un certain nombre de sectes connues peuvent correspondre à la définition précitée.

LE PROFESSEUR DENAUX (faculté de théologie, KUL) propose, quant à lui, deux définitions :

" Une secte est un groupe composé d’individus qui partagent une conviction philosophique ou religieuse, et qui présente un certain nombre de caractéristiques négatives. Ces caractéristiques concernent les relations d’autorité à l’intérieur du groupe, les techniques visant à contrôler les membres, les abus ou l’exploitation dont sont victimes les membres, les relations du groupe avec le monde extérieur et les campagnes de recrutement ou d’autoprésentation douteuses. "

" Une secte est un groupement d’individus qui partagent une conviction philosophique et religieuse et qui propagent ou organisent cette conviction d’une manière telle qu’ils portent fondamentalement atteinte à l’intégrité et à la liberté personnelles de leurs membres. "

MME TAVERNIER (UNADFI, France) estime qu’une secte est un groupe dans lequel il y a une manipulation mentale et affective, qui entraîne une triple destruction (de la personne, de la famille et de la société), avec à la base une triple escroquerie (intellectuelle, morale et financière). On se fait piéger par une secte en suivant un triple processus (séduction, destruction et reconstruction à l’image de la secte). La secte s’articule sur trois pivots (un gourou ou un maître, une doctrine et un groupe ou une nouvelle famille).

MME NYSSENS (ADIF) propose une liste de critères (établie pour un congrès à Barcelone en 1987) pouvant mener à l’identification du phénomène sectaire :

— non-déclaration de l’identité du groupe ;

— recours intensif à la psychologie individuelle et/ou de groupe ;

— manipulation de textes sacrés ou autres ;

— prédominance du politique et de l’économique ;

— prédominance de l’émotionnel sur le rationnel ;

— acculturation ou " inculturation "

— instauration systématique du manichéisme, du syncrétisme, de la gnose, du fondamentalisme et de l’intégrisme ;

— structure totalitaire à vocation internationale ;

— utilisation du changement forcé d’opinion ;

— impossibilité morale et intellectuelle de quitter le groupe ;

— critique non objective de la réalité sociale ;

— utilisation du pouvoir " charismatique " du leader ou de son équipe à son profit sur ses adeptes ;

— compromission des autorités civiles et/ou religieuses en vue d’une crédibilité populaire.

Quant au FRERE L. HENS, il définit le mot " secte " comme étant " un groupe sans scrupules et âpre au gain et au pouvoir, qui, au mépris des droits de l’homme et en particulier de son droit inaliénable à la liberté, utilise, dans le cadre d’un véritable univers concentrationnaire des méthodes totalitaires, telles que contrainte physique et morale, manipulation mentale, hypnotisme et autres techniques d’asservissement, pour détruire la personnalité des adeptes en sapant leurs points de repère, d’où l’éloignement généralisé de leur famille dans l’espace et dans le temps, afin d’annihiler leur libre arbitre et de les fanatiser dans le but final d’en faire en quelque sorte des robots totalement soumis aux visées de la secte ou du gourou, au point de les mener, dans les cas extrêmes, au suicide collectif ".


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be