Les autorités chinoises, visiblement dépassées par l’ampleur prise dans leur pays par le trafic des drogues, affichent clairement une volonté politique d’affronter le phénomène, mais en misant essentiellement sur la répression. En 1996 ont été saisies 4 tonnes d’héroïne, 1,7 t d’opium, 1 t de métamphétamine (ice) ainsi que 12 t de précurseurs chimiques. Des observateurs estiment que de 80 t à 100 t d’héroïne n°4, sur les 200 t produites par la Birmanie, passent par le Yunnan où le kilogramme d’héroïne se négocie à 60 000 Renminbi (environs 7 000 dollars). La rétrocession de Hong Kong à la Chine incite les mafias du sud-est asiatique à venir investir leur argent sale dans la colonie anglaise, à Shenzhen et dans les zones économiques spéciales côtières. L’ouverture, déjà ancienne, des zones frontalières à l’économie de marché, le boom des transports, l’amélioration des moyens de communication facilite le transit des stupéfiants que ce soit au Yunnan, région limitrophe du Triangle d’or ou dans les régions intérieures. Facilités économiques et législatives concernant l’ouverture de sociétés mixtes, absence de régulations et de contrôle concernant ces dernières, corruption généralisée facilitent le flot d’investissements douteux issus du trafic. Les autorités chinoises semblent désormais prêtes à toutes les entorses pour faciliter le décollage du pays et l’enrichissement d’une fraction de la population. Le transit et le trafic de drogue sur le continent peut-être analysé comme une des conséquences logiques de cette politique. Une autre cause de l’aggravation de la situation, dans le cas précis du transit et de la consommation de l’héroïne, a pour origine les relations étroites que Pékin entretient avec la junte militaire birmane dont les membres couvrent les trafics.

Cultures illicites, trafic et consommation interne

Le cannabis pousse à l’état sauvage dans certaines régions, plus particulièrement au Yunnan et au Tibet. Il fait le bonheur des touristes étrangers, mais il est aussi consommé sur place par certaines minorités ethniques du Yunnan. Une partie de l’opium cultivé à des fins pharmaceutiques dans certaines régions, serait détournée pour être consommée ou pour produire de l’héroïne. En 1996, le ministère du Commerce chinois a interdit à des restaurateurs du Yunnan et du Sichuan d’ajouter à la nourriture, dans le but d’accrocher le client, des capsules de pavot. La folie des affaires entraînent certaines catégories sociales à trafiquer en dépit de la sévérité des peines encourues. Le chiffre officiel des condamnations à mort (pour détention de plus de 50 grammes d’héroïne et d’un kilo d’opium) ou à une peine de prison à vie pour trafic de drogues, a été de 796 en 1996. Le nombre total d’arrestations dans le cadre de la "Guerre à la drogue", s’élève à 110 000 personnes. Le flot de demandeurs d’emploi transitant par les villes ne cessant d’augmenter, il est difficile de contrôler les petits trafiquants. Il semble en effet que la jeunesse urbaine au chômage soit la plus touchée, en particulier la tranche d’âge des 20-25 ans. Les petits entrepreneurs et les "nouveaux riches" dont les revenus augmentent, vont également grossir les rangs des toxicomanes. Ces derniers sont, selon des études épidémiologiques chinoises, souvent de sexe masculin et ont un bas niveau de formation. On note cependant que dans la province du Guizhou (sud-ouest) où le pavot est cultivé dans des zones retirées, les consommateurs d’opium sont en général des personnes âgées. A Pékin, le quartier des universités, Haidian, semble être le plus touché. Certains membres de la communauté ouïgour qui y vivent également et exercent souvent le métier de restaurateurs, se contentaient jusqu’ici de vendre du haschisch. Ils sont désormais également passés au commerce d’héroïne, plus lucratif. Selon de récents témoignages recueillis par le correspondant de l’OGD, ils feraient désormais l’objet d’une surveillance accrue de la part de la police et la qualité du haschisch, produit au Xinjiang, aurait diminué. La consommation d’héroïne, notamment par voie intraveineuse, semble toucher désormais aussi bien les régions pauvres de l’intérieur - Shaanxi, Gansu, Ningxia, Mongolie Intérieure - que les zones côtières à fort développement économique. Notons qu’au Gansu et au Shaanxi, les toxicomanes prennent de l’héroïne non raffinée d’une teneur d’environ 30 % que les gens surnomment huangpi ou liaomian en Mongolie et baimian au Xinjiang.

La délinquance liée à la drogue est en augmentation constante, plus particulièrement en milieu urbain mais aussi dans les campagnes où l’on observe une recrudescence de sociétés secrètes à caractères mafieux ou religieux. Elles seraient impliquées dans le jeu, la prostitution, le trafic de drogues. La presse officielle accuse certains cadres locaux de les protéger. La disparité des salaires entre villes et campagnes peut être une des explications de cette recrudescence de la criminalité. Une autre pourrait être les liens ambigus qu’entretiennent les triades chinoises et le gouvernement de Pékin.

Bien que la politique du gouvernement soit essentiellement axée sur la répression, certains efforts en matière de thérapie et de soutien psychologique, semblent avoir été faits. La propagande chinoise met souvent en exergue des produits ou des traitements miracles censés permettre de désintoxiquer le malade en un an. La réalité est tout autre : 90 % des toxicomanes rechutent après être sortis des établissements spécialisés. Des centres de désintoxication privés voient aussi le jour, le plus souvent dans le sud de la Chine. Bien que les sommes demandées soient souvent exorbitantes, les clients ne manquent pas. Les centres de "désintoxication forcée" sont orchestrés par le puissant Gong an bu (Sécurité publique) et les cures de désintoxication prennent des allures paramilitaires. Les toxicomanes récidivistes sont envoyés en camp de travail, dans des lieux difficiles d’accès. Le chiffre officiel de toxicomanes pour l’année 1996 est de 500 000 mais, en privé, certains responsables assurent qu’il est probablement beaucoup plus élevé. Il ne comprend pas les consommateurs traditionnels de hachich comme les Ouïgours au Xinjiang et certaines minorités du Yunnan comme les Hani, Wa, Lahu et Jingpo (Kachin) qui consomment eux-aussi de l’opium mais qui sont de plus en plus touchés par la consommation d’héroïne. Cette multiplication du nombre des toxicomanes, plus particulièrement dans les zones reculées du Yunnan, est interprétée par les autorités chinoises comme le résultat de l’arriération économique de ces régions. Un autre signe inquiétant, lié à la consommation de stupéfiants, est la propagation extrêmement rapide du virus du Sida, plus particulièrement au Yunnan où, toujours selon les autorités chinoises, 70 % des séropositifs seraient des toxicomanes par voie intraveineuse. La prostitution, qui ne cesse d’augmenter, est aussi une des raisons majeures de l’épidémie. Le Guangdong (sud) et le Yunnan (sud-ouest) seraient les plus touchés.

Internationalisation du trafic

Les triades chinoises d’Asie du Sud-Est semblent profiter de l’anarchie économique et administrative qui règne sur le continent pour faire venir de la drogue, principalement de l’héroïne, du Triangle d’or. Elles exportent également de Chine vers Taiwan de l’éphédrine, précurseur des amphétamines. Selon le très officiel Quotidien du Peuple du 26 janvier 1996, la police du Guangdong était en état d’alerte concernant la production d’ice dans des laboratoires clandestins de Guangzhou.

Un Chinois de Hong Kong, Li yuanguo et un Taiwanais, Ceng zhicheng, ont été appréhendés avec 500 kg d’éphédrine qu’ils s’apprêtaient à transformer en ice dans un laboratoire clandestin de la ville de Wei. L’éphédrine avait été achetée au Fujian et transportée via le Hunan.

La saisie de 600 kg d’héroïne effectuée par les services de la sécurité publique de la province chinoise du Guangdong, le 25 avril 1996, a été qualifiée de "la plus grosse depuis 1949". Le réseau démantelé comprenait sept résidents de Hong Kong et 32 résidents de République populaire de Chine. Parmi les Chinois condamnés à être exécutés, figurait le cerveau de l’opération, Wang Shijian, par ailleurs propriétaire d’un magasin dans le Yunnan et exploitant d’une mine au cœur du Triangle d’or. Il aurait reçu 3,4 millions de dollars d’un commanditaire thaïlandais pour acheter la drogue en Birmanie et pour ensuite la transporter jusqu’à Hong Kong, les ports du sud de la Chine étant beaucoup moins surveillés. Ce réseau s’était approvisionné auprès d’un syndicat du district autonome Wa de Cang Yuan au Yunnan, le plus pauvre de la région, limitrophe d’une région centrale du Triangle d’or contrôlée par l’un des anciens commandants de l’ex-Parti communiste birman (PCB), appartenant également à la minorité wa, Chao Nilai. Cette saisie met le projecteur sur le rôle des minorités ethniques chinoises, wa entre autres, actives dans le trafic de stupéfiants au Yunnan. De plus, beaucoup de membres de l’ex-PCB sont exilés en Chine. Il est probable que certains d’entre eux, aidés par des militaires véreux, participent au trafic. Le rôle de policiers et militaires gardes-frontières chinois au Yunnan, qui ont pendant très longtemps entretenu des contacts discrets mais efficaces avec les seigneurs de la guerre issus de l’ex-PCB, comme Zhang Zhiming et Lin Mingxian, pourrait aussi être un facteur facilitant le trafic, bien qu’il n’existe pas d’information récente à ce sujet.

En effet, Lin Mingxian a déplacé ses raffineries d’héroïne et de drogues synthétiques le long de la frontière sino-birmane, particulièrement poreuse. Officiellement, la Chine n’entretient plus de contacts avec les membres de l’ex-PCB, disparu en 1989, et qui ont été les alliés du SLORC contre Khun Sa jusqu’à sa reddition en janvier 1996. Ce dernier a conservé son vaste réseau de "relations commerciales" qui opèrent au Yunnan ainsi qu’au Laos et Thaïlande. Depuis la répression du mouvement démocratique de Rangoon en 1988 (et celui de Tien An Men en 1989), Pékin traite avec le SLORC et arme la junte militaire birmane. Les échanges de haut niveau, en 1996, entre le Premier ministre Li Peng et des officiers supérieurs birmans, sont à cet égard significatifs. L’Armée populaire de libération (APL) a encore passé en octobre dernier des contrats de coopération militaire avec la Birmanie. Des échanges de renseignements sont également au programme. Des marins et des aviateurs vont être entraînés en Chine. Pékin a notamment prévu une assistance fiscale, ce qui pourrait se traduire par des ventes d’armes à la Birmanie à "prix d’amis".

Les militaires birmans qui sont à la tête du trafic et qui contrôlent une partie de l’Etat kachin près de la frontière chinoise, pourront donc échanger des informations avec leurs homologues chinois. Rappelons que des militaires de l’APL, qui détient 10 % de l’industrie pharmaceutique, ont plusieurs fois été mis en cause dans le trafic d’amphétamines.

La Chine s’est mise en tête d’aider économiquement la Birmanie tout en étendant sa zone d’influence aux différents pays traversés par le Mékong. "L’Empire du milieu" espère ainsi faire prospérer le Yunnan en ouvrant ses frontières et en créant des zones économiques "d’essais" comme celle de Jiegao (1992), à Ruili, dans le district de Dehong, sachant pertinemment que cela ne peut que faciliter le transit de l’héroïne. Un officiel de Ruili a avoué à l’envoyé de l’OGD que la route sino-birmane, qui poursuit sa trajectoire vers l’Inde, est surnommée "route noire", à cause du trafic de drogue. Selon Liu Shisong de la Commission des sciences et technologie du Yunnan, 100 techniciens auraient été envoyés en Birmanie et au Laos afin d’inciter les paysans à remplacer les cultures de pavot par des cultures de riz et de canne à sucre. Paradoxalement, durant l’été 1996, des informations ont fait état de vente de terrain par les Wa de l’United Wa State Army (UWSA) à des Chinois du Yunnan. Les districts wa en territoire birman sont moins exposés à la répression que des régions situées en territoire chinois. Selon la presse de Hong Kong et de Bangkok, ces Yunnanais auraient l’intention d’y cultiver le pavot. Enfin, selon de récents témoignages de commerçants chinois yunnanais originaires de Baoshan et de Ruili, le développement de la région piétine et l’argent provenant du trafic de drogues servirait, entre autres, à financer l’ouverture de commerces. Il est vrai que bijouteries et bars fleurissent, plus particulièrement à Ruili dans le District Dai de Dehong, le long de la frontière avec la Birmanie. Un article du Quotidien du Peuple, daté du 16 décembre 1996, affirme que les autorités douanières du Yunnan établissent des permis de séjours de longue durée aux commerçants birmans, vietnamiens et laotiens voulant faire des affaires dans la province, ce qui ne les empêche pas ensuite de dénoncer les "étrangers" passeurs de drogue. Lors de la campagne annuelle anti-corruption lancée par les autorités de Pékin, le chef local du Parti communiste de la ville de Tai an au Shandong, Hu Jianxue, ainsi qu’un cadre supérieur d’une usine d’Etat de pétrochimie, ont été condamnés à de lourdes peines (peine de mort ou prison à vie). Les officiels n’ont pas voulu confirmer que Hu était en possession d’un kilo d’héroïne lors de son arrestation en 1996 et qu’il avait versé des sommes sur des comptes appartenant à des officiels à Pékin. Le chef du parti de la région du Shandong qui était aussi le chef de la police, a été également condamné à mort lors de cette campagne. Enfin, selon un numéro de janvier 1997 du magazine Zhengming de Hong Kong, les cas de toxicomanie dans la région militaire de Canton sont alarmants. Trois militaires qui protégeaient des trafiquants ont été arrêtés. L’un d’entre eux était commandant adjoint d’une unité logistique de cette région militaire.

Le nord de la Chine envahi par l’héroïne

D’après les autorités de Pékin, appartenant majoritairement à l’ethnie han, et les agences de presses étrangères, l’héroïne envahirait le nord de la Chine. Le district musulman de Guanhe, dans la région autonome du Ningxia, serait même considéré comme la deuxième plaque tournante de l’héroïne en Chine après le Yunnan. Deux autres hauts-lieux du trafic d’héroïne seraient les villes de Tongxin et Weizhou. L’héroïne se trouverait facilement dans les bars, karaokes et autres dancings, tant prisés par les petits entrepreneurs. Les taxis girls, selon des témoins, fumeraient l’héroïne sans même se cacher. Une consommation sous forme injectée apparaîtrait aussi. La poudre serait acheminée via le Yunnan par la communauté musulmane hui, très présente dans cette région. Des responsables religieux de Yinchuan, capitale du Ningxia, reconnaissent que des Hui, connus pour être des contrebandiers muletiers, sont actifs dans l’organisation du trafic de drogues. Ils sont aussi implantés au Gansu, province voisine du Ningxia où ils cultivent le pavot à des fins pharmaceutiques. Une partie de l’opium récolté serait, selon des résidents locaux, détournée afin d’alimenter le marché des drogues. Des condamnations à mort de musulmans hui ont été appliquées cette année au Yunnan ainsi qu’à Shanghai et Zhongwei à l’ouest du Ningxia. Il faut être cependant prudent à l’égard de ces informations car le gouvernement chinois est traditionnellement centraliste et xénophobe, plus particulièrement à l’égard des musulmans. L’islam en Chine est reconnu officiellement mais fortement contrôlé par les autorités centrales et locales. Les manifestations anti Han dans les régions à forte minorité musulmane hui et ouïgour sont courantes et des attentats à la bombe ont été perpétrés à plusieurs reprises à Pékin au printemps 1997, à la suite de la répression meurtrière de manifestations à Yining (au Xinjiang), en février de la même année. Le Ningxia, limitrophe du Gansu, de la Mongolie et du Shaanxi est aussi une des régions les plus pauvres de Chine. Son aridité est notoire.

La province du Xinjiang, au Turkestan chinois, semble être également touchée, mais dans une moindre mesure, bien que l’on puisse assez facilement trouver de l’héroïne dans le bazar de Kashgar. La Chine a en outre des frontières avec le Pakistan, l’Afghanistan et le Tadjikistan ainsi que le Kirghizstan et le Kazakhstan, tous producteurs d’opium et de haschisch. La guerre civile au Tadjikistan et en Afghanistan pourrait amener une partie de l’héroïne produite dans ces pays à transiter par la Chine, notamment à travers des réseaux islamistes. Selon de récents témoignages, des Pakistanais auraient été arrêtés en 1996 pour trafic de cartes d’embarquement, certains aussi pour trafic de drogues. Les autorités chinoises s’inquiétent également des problèmes au Tadjikistan.

Les échanges commerciaux et le trafic routier qui passent les cols sur la frontière, au printemps et en été, ne cessant d’augmenter, il est probable qu’une certaine quantité de drogues transite par la région. Les cultures traditionnelles de chanvre indien et de pavot à opium au Xinjiang semblent s’être déplacées vers les régions plus reculées et montagneuses du Turkestan chinois, afin d’échapper au contrôle policier. Les paysans ouïgours sont condamnés à 500 renmibi d’amende par pied de chanvre indien cultivé. Il est pourtant facile de se procurer du hachich dans tous les bazars de la région qui alimentent une consommation traditionnelle. Les autorités chinoises, soucieuses de contrôler ces populations turcophones turbulentes, fermeraient en partie les yeux sur ce mode de consommation.

Le trafic d’éphédrine destinée à l’Extrême-Orient russe

L’éphédrine, tirée de la plante ephedra vulgaris, qui pousse à l’état sauvage en Chine, notamment dans la province du Fujian, est largement utilisée dans la pharmacopée chinoise. Le système répressif, bien que corrompu, semble avoir préservé jusqu’ici la population chinoise d’une toxicomanie de masse. Mais, depuis 1994, l’éphédrine envahit l’Extrême-Orient russe. Très préoccupées, les autorités russes se sont alors adressées aux producteurs chinois dont les usines se trouvent le long de la frontière. Mais les autorités chinoises refuseraient catégoriquement d’ajouter à leur produit des excipients qui rendraient l’éphédrine intransportable et de placer à la frontière des panneaux stipulant l’interdiction d’exportation. Le Quotidien du Peuple, dans son édition du 24 avril 1996, ne dénombre que 300 000 plaquettes d’éphédrine dans cette région. La Chine, qui a toujours eu des relations difficiles avec la Russie, oblige les autorités russes à extrader les ressortissants chinois en possession de un ou deux kilos d’éphédrine car, pour Pékin, ce ne sont pas des trafiquants mais de simples contrebandiers. De leur côté, les autorités russes affirment avoir officiellement adressé, à maintes reprises, des questionnaires précis demandant des informations sur le nombre d’usines, leur taux de production et la législation en cours concernant la transformation artisanale d’éphédrine. La Chine est restée muette jusqu’à la visite dans le pays de Boris Eltsine, en avril 1996, pour signer d’important accords diplomatiques et commerciaux. Simultanément, les autorités des trois provinces du nord ont reconnu les dangers potentiels de l’éphédrine et ont affirmé que les usines seraient fermées. Cependant, on trouve toujours de l’éphédrine au marché de Heihe (le fleuve noir), principal point de passage sur le côté chinois de la frontière.

La Corée du Nord qui, elle aussi, s’est très prudemment ouverte à "l’économie de marché de type socialiste", produit également du pavot à opium. Une partie de cette production d’Etat destinée à l’industrie pharmaceutique, semble être détournée et servir notamment à l’achat d’armes. Selon le FSB (héritier de certaines activités du KGB), les centrales d’import/export nord-coréennes Nyna et 888 s’occupent de la commercialisation de la drogue.

Celle-ci serait notamment expédiée de la ville de Tchonggin vers Pékin. Des saisie le long de la frontière sino-coréenne ont eu lieu cette année. La déliquescence du régime nord-coréen, la récente ouverture d’une Zone économique spéciale le long de la frontière sino-coréenne, jettent un doute sur certains investissements nord-coréens. De plus, selon la Far Eastern Economic Rewiew de Hong Kong, l’Etat nord-coréen produirait des faux dollars, que l’on retrouverait surtout dans les mains des différentes triades du sud-est asiatique, notamment dans le Triangle d’or. Très récemment, les autorités de Pékin, préoccupées par le flux d’immigrés clandestins nord-coréens, ont renforcé l’effectif de leurs gardes frontières. Enfin, le Mexique et la Chine ont reconnu, en novembre 1996, l’existence d’un trafic de précurseurs destinés aux Etats-Unis passant par leurs territoires. Des produits chimiques chinois sont achetés légalement par des sociétés mexicaines et réexportés clandestinement vers les Etats-Unis pour la fabrication d’amphétamines. Un accord visant à mettre fin à ce trafic a été signé en présence des présidents mexicain Ernesto Zedillo et chinois Jiang Zemin. L’accord signé prévoit que toute vente de produits chimiques chinois à des sociétés mexicaines devra dorénavant être déclaré au gouvernement mexicain. L’Etat mexicain pourra ainsi être informé en officialisant la circulation des produits et accroître ainsi son contrôle sur la distribution. Par ailleurs, le Mexique a aussi réitéré son soutien à la Chine afin qu’elle puisse intégrer l’Organisation mondiale du commerce (OMC).