On assiste depuis quelques années dans les différentes régions d’Afrique sub-saharienne (occidentale, centrale, australe et orientale) envisagées ici, à un développement très important des cultures de cannabis. Cette situation est due à la crise économique, aux effets pervers des Programmes d’ajustement structurel (PAS), à la corruption et aux conflits. Ces productions commencent à avoir un impact extrêmement négatif sur l’agriculture. En effet, des études effectuées par des experts de l’OGD en Côte d’Ivoire forestière par exemple font apparaître qu’un hectare de cannabis, du fait de l’illégalité de la marijuana sur les marchés consommateurs, rapporte 55 fois plus qu’un hectare de riz-manioc, 60 fois plus qu’un hectare de cacao et 100 fois plus qu’un hectare de café. Les cultures illicites ont donc tendance à se substituer aux cultures vivrières, ce qui devrait entraîner à terme des problèmes pour l’approvisionnement des populations, en particulier dans les centres urbains. Enfin, si jusqu’ici la production est avant tout destinée au marché interne, une partie croissante de la marijuana produite en Afrique sub-saharienne est exportée, en premier lieu vers l’Europe. Cette région du monde, en particulier l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, a commencé à produire des drogues de synthèse destinées aux marchés locaux.

Mais l’Afrique est surtout une région de transit de toutes les drogues : haschisch et héroïne en provenance d’Asie destinés aux marchés de l’Europe et des Etats-Unis ; cocaïne en provenance d’Amérique latine destinée à ceux de l’Europe. Du fait de leur situation géographique et de leur peuplement, les pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe entretiennent des liens privilégiés avec l’Asie du Sud-Ouest et ceux d’Afrique de l’Ouest avec l’Amérique latine, le Proche-Orient et le Maroc. Trois pays jouent un rôle clé : le Kenya, principale porte d’entrée des drogues asiatiques sur le continent ; le Nigeria dont les réseaux couvrent aujourd’hui le monde entier et l’Afrique du Sud dont le territoire est en train de devenir une plaque tournante de première importance. Dans de nombreux pays, ce rôle pris par la drogue est un élément accélérateur de la corruption du politique et de la prolongation des conflits.