LA REGION AVANT 1998

Le conseil régional est présidé par Pierre Chantelat (UDF-DL), qui s’appuie sur une majorité relative de 23 RPR-UDF-DVD. et 2 écologistes face à 13 élus de gauche (7 PS, 2 MDC, 1 DVG, 1 Vert, 2 écolos) et 1 d’extrême-gauche.

LES ELECTIONS REGIONALES DE MARS 1998

Ces élections placent droite et gauche à égalité en nombre de siéges (17). Le PS obtient 9 élus, les Verts 3, le MDC 2 et le PC 1. UDF et RPR sont à égalité avec 8 conseillers chacun, face à 9 élus frontistes (plus 5 par rapport à 1992).

La droite comportant dans ses rangs les trois conseillers les plus âgés, elle espère garder la présidence de la région au bénéfice de l’âge. Cependant, le candidat de la gauche, Christian Proust (MDC) affronte le 20 mars Jean-François Humbert (UDF-PPDF). Nombreuses sont les voix qui s’élèvent à droite pour accepter un accord avec l’extrême droite. René Mars, élu chasseur et ancien du FN, " ami de Jean-Marie Le Pen " comme il aime à le préciser (Le Monde, le 20 mars 1998), propose dans L’Est Républicain du 19 mars d’offrir " deux ou trois suffrages " venus de l’extrême droite pour permettre l’élection de Jean-François Humbert au premier tour. Ce dernier refuse cette hypothèse. Pierre Moscovici, ministre PS, pour sa part, est favorable à une " cogestion totale, négociée pour six ans, afin que la région puisse être gouvernée sans devenir l’otage du FN ".

L’élection du président est, comme dans la Bourgogne voisine, l’occasion d’un subterfuge : tandis que Jean-Marc Brissaud est candidat pour le FN, la totalité des neufs voix d’extrême droite se porte sur le candidat de la droite, Jean-François Humbert. Le nouveau président n’est pas dupe et, courageusement, se retire : " Comme je me dois d’être en parfaite harmonie avec mes convictions et les propos que j’ai tenus antérieurement, à l’heure qu’il est, je démissionne de la présidence de la région Franche-Comté " (Le Monde, le 22 mars 1998). Humbert n’en est pas à son premier coup d’éclat. Ainsi, il avait déjà démissionné de la présidence du groupe régional de l’UDF suite à des accords passés entre la droite et le Front National pour les cantonales (La Croix, le 22 mars 1998). Sa décision ne fait pas l’unanimité au sein de la droite régionale. Gérard Bailly, président (RPR) du conseil général du Jura, prévient : " Je ne voterai pas pour un démissionnaire " (Le Monde, le 22 mars 1998).

À l’ancien ministre des Affaires étrangères, Hervé de Charette, revient sans nul doute la palme de l’hypocrisie : s’il félicite son ami Humbert, issu du même groupuscule que lui (le PPDF), d’avoir rejeté les voix d’extrême droite, il refuse de condamner son secrétaire général, Jean-Marc Nesme, qui soutient Soisson et ses amis du FN en Bourgogne.

Jean-François Humbert demeure cependant candidat pour les nouvelles élections organisées le 3 avril 1998. Tandis qu’à gauche, Christian Proust (MDC) milite pour une alternance négociée - trois ans sous sa présidence, trois ans sous celle de Jean-François Humbert - Pierre Moscovici (ministre PS, Doubs) souhaite mettre en place un " code de bonne conduite " entre droite et gauche.

Le 3 avril, les élus socialistes, communistes, Verts et de la CAP ne prennent pas part au vote au troisième tour, permettant l’élection de Jean-François Humbert. Le candidat MDC, Christian Proust, ne recueille que 3 voix. " Nous avons fait le choix de faire sortir la Franche-Comté par le haut de cette impasse " déclare Pierre Moscovici.

L’accord politique entre la droite et la gauche prévoit la création d’une commission mixte de concertation excluant le FN, un accord programmatique a minima (préservant notamment les emplois jeunes) et l’exclusion des élus frontistes des lycées. Un "code de bonne conduite" est mis en place entre la gauche conduite par le ministre (PS) Pierre Moscovici et la droite de Jean-François Humbert (UDF-PPDF, aussi sénateur du Doubs).

Tous à droite ne soutiennent pas cette démarche : Bernard Simonnot, secrétaire départemental UDF de Haute-Saône, explique que l’on doit " accepter les voix dans le secret des urnes, d’où qu’elles viennent " (Le Monde, le 22 mars 1998). Gérard Bailly, président RPR du conseil général du Jura, est sur la même ligne.

L’accord connait quelques ratés, notamment sur les emplois-jeunes dès l’été 1998. Le bilan reste cependant positif et permet d’écarter l’extrême droite de la scène régionale, même si une partie de la droite reste tentée par des alliances ponctuelles. Le 5 décembre 2000, Jacques Chirac, plus opportuniste que jamais, profite d’une cérémonie pour saluer Jean-François Humbert (" la morale paye " dira-t-il) pour son refus d’une alliance avec le FN. On attend toujours qu’il dénonce ceux qui, nombreux dans tous les partis de la droite, ont bel et bien conclu des pactes avec l’extrême droite.


Source : Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) http://www.mjsfrance.org