LA REGION AVANT 1998

L’ancien ministre RPR Michel Giraud préside le conseil régional d’Ile-de-France de 1992 à 1998 à la tête d’une large majorité de droite : alors que la gauche compte 68 conseillers régionaux (16 PC, 1 apparenté PC, 2 MDC, 29 PS, 16 Verts), la droite en rassemble en effet 87, tandis que le FN bénéficie déjà de 37 élus.

L’ELECTION REGIONALE DE 1998

Édouard Balladur (RPR) échoue face aux listes de la gauche plurielle qui obtiennent la majorité relative au conseil régional avec 86 élus sur 209, contre 84 élus de droite. 23 PC, 4 MDC, 44 PS et PRG, 15 Verts eyt 3 LO ; 48 RPR, 31 UDF-DL, 5 DVD et 36 FN. Les élus Front National de 1998 sont aujourd’hui divisés, au Conseil Régional, entre les mégrétistes, regroupés autour de Jean-Yves Le Gallou (19 élus), et lepénistes, autour de Martine Lehideux, vice-présidente du FN (17).

L’ELECTION DU PRESIDENT DE LA REGION

Dominique Versini (RPR), directrice du SAMU social de Paris, est finalement choisie comme candidate pour la droite, après qu’Edouard Balladur se soit défaussé. Cette désignation a coupé court aux espoirs de certains élus de droite de conserver la région à tout prix. Sa candidature est entérinée par l’intergroupe UDF-RPR moins quatre abstentions. Dans sa déclaration écrite, Dominique Versini répudie " par avance la tentation des extrêmes xénophobes, racistes et antisémites ". Ce texte, note l’édition du Monde du 25 mars 1998, irrite une partie de la droite, qui ne donne à sa candidate que 62 voix sur 84 possibles. Sur 19 bulletins blancs ou nuls, 15 portent le nom de Didier Julia, député (RPR) de Seine-et-Marne, clairement favorable à une alliance. Au deuxième tour, ayant compris la leçon, elle raye les termes d’ " extrêmes xénophobes, racistes et antisémites " au profit de " faire échec à la gauche socialo-communiste et à tous les extrêmes ". Elle obtient au deuxième tour 66 voix. Le RPR et l’UDF décident finalement de ne pas présenter de candidat au troisième tour.

Le socialiste Jean-Paul Huchon - ancien directeur de cabinet de Michel Rocard quand celui-ci était Premier Ministre -, à l’image de Michel Vauzelle, est élu sans difficulté. Mais le nouveau président s’aperçoit très vite de sa position délicate face à une droite dure unie.

DEUX ANS DE COMPROMISSION

Le 10 avril 1998, sous le titre " Première convergence RPR-UDF-FN ", Le Figaro note : " Sur proposition de Patrick Stéfanini (RPR), (ancien conseiller d’Alain Juppé et orfèvre pour ces manœuvres), une commission Sécurité a été créée. La proposition de la gauche d’instaurer, en contrepartie, une commission Citoyenneté, a été rejetée. Les voix du FN se sont mêlées à celle du RPR et de l’UDF ". Jean-Paul Huchon exprime un certain malaise à gauche : " On constate une certaine nervosité à droite. Ils ne se remettent pas d’avoir perdu le magot. On a pourtant du mal à imaginer qu’un homme comme Wiltzer signe avec Le Gallou " (FN). Le député de l’Essonne Pierre-André Wiltzer est le responsable national des " Adhérents Directs " de l’UDF.

Chef de file de l’extrême droite, Jean-Yves Le Gallou explique " qu’il peut y avoir une majorité alternative UDF-RPR-FN à l’exécutif actuel, qui est éclaté et minoritaire. Nous devons rechercher des majorités d’idées de droite, comme lors du vote du règlement intérieur où les élus RPR-UDF et FN ont voté ensemble pour définir la taille des groupes et la création d’une commission de la sécurité ". Le FN propose " une majorité d’idées " à la droite (Le Monde, le 25 avril 1998).

Le lundi 27 avril 1998, le PS Jean-Paul Huchon est mis en minorité sur un des points essentiels de son programme : la rénovation des lycées de la région (leur bon entretien est une des principales missions des régions). En ajoutant leurs voix à celles du RPR et de l’UDF, les élus du FN permettent en effet l’adoption d’un amendement qui réduit de près de 2 milliards de francs, sur 5,3 milliards, le financement du dispositif destiné à rénover 175 établissements franciliens dans les 6 prochaines années. Ce vote est qualifié par Jean-Paul Huchon " d’événement d’une exceptionnelle gravité ". Bernard Lehideux, président du groupe UDF, confirme que son groupe est prêt à " ne refuser aucune voix " pour obtenir ce vote. Roger Karoutchi, séguiniste, président du groupe RPR, assure n’avoir sollicité " aucune voix ". Personne n’en a rien cru. Dans le contexte, il est édifiant de rappeler, comme le journaliste Renaud Dely le fait dans Libération le 13 mars 1998 (personne, à droite, ne doit ouvrir ce quotidien), en plein dans la période traitée ici, que Le Pen, Jean-Yves Le Gallou et une centaine de militants sont allé le 12 mars se recueillir, au cimetière de Montmartre à Paris, sur la tombe du négationniste (et antisémite virulent) François Duprat (mort en 1978), en lui rendant un hommage ému...

Jean-Paul Huchon utilise finalement le vote du 49-3 régional pour faire voter son budget : " Nous avons tout tenté pour ramener nos adversaires RPR et UDF dans un chemin républicain " (Le Figaro du 2 mai 1998). Faute de majorité, Jean-Paul Huchon a préféré retirer le dossier emplois-jeunes plutôt que d’essuyer une mise en minorité par la conjonction d’un vote négatif de la droite et du Front National (Libération, le 26 juin 1998).

Le FN cherche à habituer les conseillers régionaux de droite à voter avec lui (Le Monde, le 25 juin 1998). À chaque veille de réunion, Jean-Yves Le Gallou annonce ses intentions. La tactique, dans un premier temps, est d’amener conseillers RPR et UDF à s’opposer à des dossiers chers à la gauche. Elle se double également d’une volonté de voir ces derniers se prononcer sur la " préférence nationale ", un des thèmes les plus chers du FN, relancé sans gêne ni complexe le 14 juin 1998 par le RPR Edouard Balladur lui-même. Le groupe FN dépose en effet plusieurs amendements relatifs à la " préférence nationale ", afin de tester la cohésion de la droite républicaine et Balladur se prononce pour un débat public sur la question. Déjà quand il était Premier ministre, il avait, le premier, reçu le FN à Matignon.

Concernant le logement social, le président du groupe frontiste, Jean-Yves Le Gallou, propose d’ajouter au texte de l’exécutif de gauche un article ainsi rédigé : " L’aide régionale en faveur du logement des plus démunis est subordonnée à la qualité de citoyens français ou de ressortissants de l’Union européenne des futurs occupants de logements ". " Nous ne pouvons qu’approuver l’ancien Premier ministre, lorsqu’il demande si nous devons être le seul pays au monde à ne pouvoir débattre de ce sujet ".

Bertrand Lehideux, président du groupe UDF, affirme : " Je ne considère pas qu’il y ait des sujets tabous. Si nous refusons de parler de certaines choses, nous créerons des poches d’extrémisme. Même sur les écrits abominables des négationnistes, il faut qu’il y ait débat, faute de quoi ces idées progresseront par capillarité, sans qu’on puisse les combattre ".

Le 1er octobre 1998, la droite rejette une délibération de dix millions de francs pour le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes. Motif : " Dossier mal ficelé, pas assez élaboré ". Idem pour le " passeport spectacle " réservé aux 500000 lycéens et apprentis de la région. " Trop coûteux " selon l’opposition. Le projet de transformation de bureaux en logements sociaux est repoussé à la suite d’une motion du FN qui recueille une partie des suffrages de la droite. Le vice-président chargé du Logement, Jean-Luc Laurent (MDC) déplore que " la droite ait, en catimini, mêlé ses voix à celles du FN pour repousser un dispositif qui correspondait aux besoins des Franciliens ". Une partie de la droite UDF-DL ne partageant pas l’attitude du groupe sur la question des logements, son président Lehideux a décidé de voter contre le projet pour éviter d’afficher publiquement ces dissensions. Il entraîne le RPR avec lui. Résultat : trente millions de francs échappent à la Ville de Paris. Deux des principaux adjoints de Jean Tibéri, Jean-François Legaret (RPR) chargé des finances, et Michel Bulté (RPR), chargé du logement, qui sont aussi conseillers régionaux, votent sans sourciller le rejet de ces subventions.

L’absence de ligne claire des dirigeants nationaux à droite pousse des élus déboussolés dans les bras du FN. Les partis veulent imposer une ligne " d’opposition systématique " face à l’exécutif de gauche, ligne fortement contestée par les élus municipaux chargés des dossiers concrets. Jean-Paul Huchon critique " l’état de délabrement " d’une opposition " imprévisible ". Il espère la " cristallisation " des groupes RPR et UDF-DL sur une ligne " d’une opposition constructive " (Le Monde, le 10 octobre 1998).

Les partis de droite, associés au Front National, repoussent un projet de création de centre d’art contemporain dans le XIXème arrondissement de Paris (Le Monde, le 13 juin 2000). Roger Madec, maire PS du XIXème, dénonce en Michel Bulté, " fraîchement reconverti dans le séguinisme, l’instigateur de la main tendue vers l’extrême droite pour torpiller un projet culturel exemplaire dans l’arrondissement où il s’apprête à être à nouveau candidat ". Par ailleurs, le petit-fils du Général De Gaulle, Charles De Gaulle, rallie en 1999 les rangs du FN pour les Européennes, après avoir été élu sur une liste De Villiers (MPF) en 1994, où il figurait comme numéro trois. Il est en 2001 le chef de file FN à Paris XVème pour les élections municipales. La démonstration de la porosité entre les idées et les amis de Pasqua et De Villiers et l’extrême droite est-elle encore à faire ? Elle est, certes, en grande partie due à la décomposition, à l’archaïsme (positions sur la contraception, l’IVG, la parité, le PACS...) aux querelles intestines et à la cruelle absence d’idées porteuses et constructives dans les partis de la droite classique...

APPELS DU PIED

Éric Raoult, ancien ministre, est depuis 1999 le directeur des affaires politiques à la direction du RPR, sous la houlette de la présidente Michèle Alliot-Marie. Lorsqu’il parle du FN, c’est ainsi (Le Parisien, le 5 novembre 1996) : ce serait " du communisme de droite " et " Ce n’est pas parce que Le Pen dit qu’il y a trop d’étrangers que je dois dire qu’il n’y en a pas assez ". D’ailleurs, quand la FN Marie-France Stirbois a l’idée de lui remettre en public, en mai 1996, une copie de la carte qu’il aurait prise au FN en 1976, il pâlit... avant de démentir maladroitement.

Sa définition de l’électeur FN ? " Je serais tenté de dire : Un brave type qui en a marre de se faire prendre pour un pauvre type " (Le Figaro, le 20 juin 1996). Le Monde du 3 novembre 1996 titre son édito ainsi " Les dérapages de M.Raoult ", jugeant qu’ils étaient répétés (mise en question du RMI qui tiendrait d’une " culture de l’inactivité ", déplacements des familles de délinquants, plan Vigi-Casseurs et pseudo-Plan Marshall pour les banlieues, comparaison entre banlieues et Intifida...) et entrait dans un " discours de guerre civile ". Raoult ne renie pas son passé dans le très droitier syndicat étudiant UNI, et ne rejette pas non plus son amitié envers Roger Holeindre, grognard et partisan de la ligne dure du FN, auprès duquel il siégea au conseil régional d’Ile-de-France.

Durant l’été 1996, le suppléant du même Eric Raoult, Pierre Bernard, maire de Montfermeil et député de Seine-Saint-Denis, s’est rendu aux obsèques de Paul Touvier, ancien chef milicien et nostalgique du régime de Vichy. Raoult s’en est alors démarqué, mais pouvait-il vraiment ignorer que celui-ci était " proche des thèses lepénistes " (L’Express, le 27 juillet 1995) ? On retrouvera ce triste sire, qui est toujours maire, devisant devant le Club de l’Horloge - passerelle entre droite et extrême droite ayant pignon sur rue - en juin 2000, où il était " très attendu " (Présent, le 16 juin 2000), notamment pour développer, " moment fort ", les thèses de son ouvrage " Le maire face à l’immigration "...

Aux législatives de 1997, le candidat RPR Raoul Béteille (Seine-Saint-Denis), ne pouvant se maintenir, appelle à faire battre au second tour la gauche en soutenant implicitement François-Xavier Sidos, candidat FN, réputé très dur (ancien membre du cabinet de Le Pen, ancien rédacteur en chef adjoint de La Lettre de Jean-Marie Le Pen, il fut un mercenaire utilisé par Bob Denard aux Comores, selon le quotidien La Croix, le 7 octobre 1995).

Jean-Claude Mignon, député RPR de Seine-et-Marne et maire de Dammarie-les-Lys (L’Hebdo du Quotidien du 24 mai 2000) : " on assiste à un afflux de nouvelles populations immigrées que l’on a beaucoup de mal à contrôler (...) Les préfectures attribuent à nouveau un très grand nombre de logements à une nouvelle population d’immigrés (...) Je remarque qu’il y aujourd’hui une sensation de ras-le-bol. Ce n’est pas du racisme, mais de l’exaspération. Je suis même obligé de mesurer mes propos (...) Nos concitoyens (...) n’ont pas l’impression d’être traités sur un pied d’égalité vis-à-vis d’un certain nombre de nos concitoyens immigrés ". Quelle partie de cette diarrhée verbale renierait-on au FN ? Dans un autre registre, il déclare aussi qu’il essaie " d’attirer l’attention sur une proposition de loi (...) cosignée par 150 parlementaires et qui a été approuvée par plus de 26.000 Français et Françaises sous la forme d’une pétition (...) Nous souhaitons que les députés issus de la fonction publique ne puissent plus cumuler à la fois leur statut très avantageux de haut fonctionnaire et leur statut de parlementaire ".

Patrick Stéfanini, conseiller régional RPR d’Ile-de-France, est devenu à l’automne 2000 le directeur de campagne de Philippe Séguin pour le XVIIIème arrondissement de Paris. Il faut rappeler que Patrick Stéfanini fut un très proche collaborateur (chargé de mission puis directeur de cabinet) d’Alain Juppé quand celui-ci dirigeait le secrétariat général du RPR (1991-94), tout en travaillant, ou plutôt en émargeant (cela lui a causé quelque souci et soupçons judiciaires quant à la réalité de l’emploi occupé...), à la Mairie de Paris. Il fut ensuite directeur de la campagne de Jacques Chirac pour les présidentielles de 1995 : Un CV qui le met au cœur du système Chirac-RPR-Paris et qui donne à ses paroles un écho particulier. Au lendemain de son échec personnel dans le XVIIIème arrondissement aux législatives de juin 1997, sonné, il évoque la nécessité d’une recomposition de la droite, avec l’appoint du FN. Il est ensuite pressenti comme candidat à Nice, ville qui, il est vrai, invite en général la droite à des penchants politiques douteux...

Pierre Lellouche, député RPR de Paris et chef de file de Philippe Séguin en 2001 dans le IXème arrondissement, sévit très régulièrement dans l’hebdo Valeurs Actuelles, que dirige Olivier Dassault pour sa famille, qui sous couvert de conseils boursiers fait toujours œuvre d’idéologie très droitière. On a pu aussi croiser dans ces colonnes maintes fois Chantal Delsol, femme et muse politico-réligieuse de Charles Millon.

En novembre 2000, le député-maire RPR René Galy-Dejean (habituel relais du lobby industrio-militariste), qui a soutenu Philippe Séguin contre Édouard Balladur dans les primaires internes au RPR (avant d’en payer le prix : être dépossédé de la tête de liste Séguin) - croit bon de se radicaliser pour exister, et d’écrire dans son journal électoral, sa farouche opposition au PACS en des termes très choisis : " Protection de la famille - En ces périodes où une certaine presse croit utile de mettre en exergue "le succès du PACS" et où la course électorale aux voix des gays et des lesbiennes bat son plein, le député de Paris René Galy-Dejean croit utile de rappeler deux choses. D’une part, il a voté contre le PACS à l’Assemblée nationale. Par ailleurs, que notre société, telle qu’elle est, soit conduite à admettre certains comportements personnels, comment faire autrement. Mais aucune campagne électorale ne doit à ses yeux conduire à conforter de tels comportements. C’est la famille qu’il faut défendre et renforcer par tous les moyens ".

Florent Longuépée, élu régional d’Ile-de-France et fervent soutien de Philipe Séguin, est proche des idées souverainistes. Il fait capoter début 2000 les Championnats du Monde Gays & Lesbiens de Natation (prévus à partir du 21 avril), du fait de son refus d’un soi-disant " communautarisme ". Mal lui en prend : cette compétition est ouverte à tous les nageurs et toutes les nageuses licenciés, quelle que soit leur sexualité (plusieurs clubs " hétéros " en sont), puisqu’elle est homologuée par la Fédération Française de Natation (et sous le haut patronage du Ministère de la Jeunesse et des Sports). Soucieux de jouer au " plus républicain que moi tu meurs " et de faire parler de lui dès que possible, il s’est déjà illustré par son combat virulent contre l’implantation d’un centre associatif d’accueil, d’aide et de soins aux toxicomanes dans le Xème arrondissement, qui a pour objet de faire de la prévention (hygiène, insertion, lutte contre le sida...) : il voit là un moyen d’accroître sa notoriété dans cet arrondissement qu’il veut conquérir en mars 2001 pour Séguin. Manque de chance, son maître à penser vosgien le déplace au dernier moment, sans ménagement, comme candidat bouche-trou dans le Ier arrondissement.

Le maire de Paris et candidat à sa propre succession aux municipales de mars 2001 Jean Tibéri s’exprime, le 18 novembre 2000 à Paris, lors du conseil national du Centre National des Indépendants (CNI). Ce mouvement, à l’issue de cette rencontre, apporte officiellement son soutien au maire sortant, dénonçant au passage le " comportement des partis politiques de droite ", dont le RPR qui a exclu ledit Tibéri. Ce dernier prend la parole devant les dirigeants du CNI en leur lançant qu’il ferait " gagner la droite avec vous ", ce qui indique qu’il prendra des CNI sur ses listes, comme le RPR l’a déjà fait (Jean-Antoine Giansily est un ancien Président du CNI, il demeure conseiller de Paris et adjoint au maire, élu sur la liste RPR-UDF dans le XVème arrondissement de Paris).

Candidat annoncé comme chef de file dans le IVème arrondissement de Paris en 2001, le député DL du Centre de Paris, Laurent Dominati, que Philipe Séguin a écarté en novembre 2000 de ses listes parce qu’il a été mis en examen, déclare le 13 novembre 2000 (il est alors numéro deux du parti d’Alain Madelin !) au sujet des municipales : " À Lyon si Michel Mercier (UDF) ne passe pas un accord avec Charles Millon, Lyon sera perdue ". Preuve s’il en est que DL, au plus haut niveau, est corrompue éthiquement par ces idées d’alliances qu’elle assume et désire... Il appelle clairement en octobre 2000 lors d’un meeting à l’Espace des Blancs-Manteaux (dans son arrondissement), à soutenir la maire sortante du IIème arrondissement de Paris, Benoîte Taffin (ex UDF), dont les idées, le comportement, les collaborateurs, les déclarations et les rapprochements sont très à droite (populisme, déclarations anti-logement social,anti-fiscalisme, via notamment son association Contribuables Associés, voir le chapitre qui lui est consacré). Il faut aussi rappeler que, au temps de la splendeur de Jacques Dominati, qui dirigea le Conseil de Paris avant Chirac, un certain Jean-Marie Le Chevallier fut son proche collaborateur, à tel point qu’il en fit le parrain de son fils Laurent... Des liens qui demeurent vivants entre les libéraux et le maire FN de Toulon. Dans le même registre, le leader DL à Paris pour 2001 - allié à Philippe Séguin et co-auteur de ses propositions programmatiques - le sénateur Bernard Plasait a un " passé d’extrême droite ", selon le jeune DL dissident Thierry Ragu (Le Parisien, le 1er décembre 2000). Cela explique sans doute sa verve ultra-sécuritaire.

Xavier Chinaud, délégué aux élections de Démocratie Libérale, candidat sur les listes de Philippe Séguin en mars 2001 à Paris estime meilleurs les reports de voix de l’extrême droite sur la droite dans les élections partielles depuis la rupture entre le FN et le MNR : selon lui 80% des voix FN et MNR vont sur le candidat de droite au second tour "avant la rupture, on en était plutôt au système des trois tiers (un tiers se reportant à gauche, un tiers à droite, un tiers s’abstenant)" (le Figaro, le 17 juillet 2000).

Claude Goasguen (DL), un des rédacteurs du projet de Philippe Séguin (révélé par eux le 22 novembre 2000) à Paris en 2001 juge, en 1997 que l’opinion attend de la droite un durcissement de son discours, qui doit être "ferme et sans ambiguïté sur la quotidienneté souvent mal vécue de l’immigration ou de la sécurité (...) Le moment est venu, enfin, de sortir de l’impasse de la diabolisation du Front national, au profit d’une réflexion sereine et constructive (...) Sortir de l’anathème, c’est aussi suivre attentivement les tensions internes au FN. On sent bien le malaise qu’il y a pour beaucoup d’électeurs ou même de militants du Front d’être devenus les fourriers du Parti socialiste et du Parti communiste en marginalisant la droite. S’il devait se produire des évolutions du type de celles que l’on a vues en Italie, se traduisant par des départs et des scissions, alors il faudrait en tirer les conséquences politiques et ouvrir le dialogue. Le préalable restant bien sûr d’en finir avec les thèses racistes soutenues par le Front national". Il suffit donc que les transfuges du FN ou les troupes les plus dures du RPF se drapent dans un " on n’est pas des racistes ", Goasguen les remettra à sa table comme au bon vieux temps.

Alain Robert, extrémiste emblématique des années 60 et 70, il participe à la fondation d’Occident en 1964 (dissous par les autorités en 1968) du GUD et d’Ordre Nouveau en 1969, avant d’aller en 1975 au Parti des Forces Nouvelles (PFN) qui lui succéda. Il réussit, après son passage au CNI, à obtenir un poste de directeur de publication de L’élu local (publication du Mouvement National des Élus Locaux - MNEL) et prend finalement des responsabilités au Conseil National du RPR, en 1987, en vue des présidentielles de 1988, toujours soutenu par des amis de Pasqua auprès duquel il travailla aussi quand il était ministre. Il est désigné leader du RPF tendance Pasqua à Paris pour 2001.

Le jeune avocat Alexandre Varaut est avant tout le fils de son père Jean-Marc, et son assistant. Varaut père est un célèbre plaideur qui, à droite, a partout ses entrées, de l’UDF au RPF, ayant conseillé juridiquement nombre d’élus. Rendu célèbre pour avoir défendu Maurice Papon, le duo Varaut a aussi plaidé pour le mercenaire Bob Denard, Jacques Médecin (ancien maire de Nice RPR mais proche de l’extrême droite), Xavier Dugoin (ancien président RPR du conseil général de l’Essonne, le fameux commanditaire du rapport bidon à 200.000F de Xavière Tibéri) ou encore Xavier Dousseau (directeur d’hôpital de Valenciennes s’opposant à l’avortement). Alexandre Varaut est déjà candidat étiqueté " de Villiers " aux législatives de 1997 à Paris. Il fait tout, en vain, pour figurer sur la liste d’Edouard Balladur lors des régionales de 1998, et il atterrit en quatorzième place sur la liste Pasqua-de Villiers aux élections européennes de 1999. Si, les villiéristes doivent avoir un chef de file à Paris en 2001, il est tout trouvé.

TRANSFUGES

Mai 2000, Didier Bougeard, responsable du RPF dans la huitième circonscription du Val-de-Marne, signe un tract en commun contre le vote des étrangers non européen avec un conseiller régional du MNR, Philippe Olivier, à Charenton-le-Pont. Le tract comporte côte à côte les photographies des deux hommes autour du slogan : " Union de la droite nationale " (AFP).

18 mai 2000, Pascal Delmas, conseiller municipal de Viry-Châtillon (Essonne) et vice-président du groupe mégrétiste au conseil régional quitte le MNR pour siéger parmi les non-inscrits.

ILS SE SONT EXPRIMES DANS MINUTE

Nicolas Dupont-Aignan, député RPR de l’Essonne et maire de Yerres, le 5 juillet 2000 : " J’en ai assez de voir les lois non appliquées ! ".

Laurent Dominati, député DL de Paris, le 7 juin 2000.

Pierre Lellouche, député RPR et candidat de Philippe Seguin à Paris (IXème arrondissement), le 31 mai 2000.

Christine Boutin, député apparentée UDF des Yvelines, le 17 mai 2000.

Jacques Myard, député RPF des Yvelines et maire de Maisons-Laffitte, le 19 juillet 2000.

ILS SE SONT EXPRIMES DANS L’HEBDO DU QUOTIDIEN

Nicolas Dupont-Aignan, encore et toujours, après sa démission du secrétariat général du RPF, le 9 août 2000.

Jean-Claude Mignon, député RPR de Seine-et-Marne et maire de Dammarie-les-Lys, le 24 mai 2000 : " On assiste à un afflux de nouvelles populations ".

Didier Julia, député RPR de Seine-et-Marne, le 12 juillet 2000.


Source : Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) http://www.mjsfrance.org