Le Centre National des Indépendants et Paysans (CNI ou CNIP) est le parti de droite le plus ancien puisqu’il a été fondé en 1948 par les représentants de la droite libérale modérée soutenant De Gaulle. Il a connu alors un succès certain et eu de nombreux députés.
En 1962, les partis de droite non gaullistes sont en conflit avec De Gaulle et le CNI, divisé, échoue alors très gravement aux élections législatives. C’est ce qui décide une partie de ses membres menée par Valéry Giscard d’Estaing de monter leur propre boutique qui deviendra les Républicains Indépendants puis se muera en 1977 en Parti Républicain, ancêtre de Démocratie Libérale. Joseph Laniel (Président du Conseil en 1953), René Coty (Président de la République en 1954), mais aussi Jean-Marie Le Pen, alors député, furent aussi membres de ce parti. Après 1981, des anciens du sulfureux Parti des Forces Nouvelles (PFN, issu du groupe " Ordre Nouveau ", dissout), dont le proche de Madelin, Hervé Novelli, décidèrent de s’investir dans le CNI dirigé alors par Philippe Malaud. En 1997, celui-ci appellera " l’ensemble de ses électeurs gaullistes et indépendants à porter leurs suffrages au deuxième tour sur Bruno Gollnisch. Il en va de même dans la quatorzième circonscription en faveur de M.Morati auquel aucune voix ne doit manquer puisqu’il sera seul en lice contre le candidat du Parti communiste ".
La présidence d’Yvon Briant ne fut pas flamboyante. Il radicalisa encore son parti, vers un vague populisme très conservateur et rural, au point d’en faire un groupement marginal à la droite de la droite, aux frontières idéologiques du RPR et du FN. Il déclare, par exemple : " le CNI a déjà été le réceptacle naturel des déçus du FN. Aujourd’hui, des contacts existent avec des conseillers régionaux frontistes. Mais je ne peux me situer dans d’autres perspectives que celle du ralliement autour de Charles Millon. La porte est ouverte à ceux qui voudraient nous rejoindre. À condition, bien sûr, qu’ils aient renoncé à ce qu’Alain Madelin a appelé le cercle de l’inacceptable ". Le CNI n’a cessé, depuis cette ancienne séparation, de décliner. En 1992, Jean-Antoine Giansily (conseiller de Paris élu sur la liste RPR-UDF dans le XVème arrondissement, et actuel adjoint au maire de Paris chargé du contrôle des sociétés d’économies mixte) en prend la présidence, sans éclat ni frémissement. Michel Junot, préfet honoraire et ancien élu de Paris, dont il fut député, était aussi un membre actif du CNI.
Pour les législatives de 1997, le CNI avait appelé à voter pour deux candidats FN dans l’Oise : Michel Guiniot et Olivier François.
En novembre 1998, Millon a déjà fondé son mouvement La Droite. Trop récent pour avoir eu des candidats sous cette étiquette, ce mouvement risque de perdre la dotation publique attribuée à chaque parlementaire. Il doit trouver une solution en se rattachant à une organisation reconnue : le CNI sert alors avec joie de boîte aux lettres pour cet argent versé au titre de la loi sur le financement politique. Ce fut un premier geste d’amitié entre eux. Le samedi 30 janvier 1999, à Auxerre (Yonne), le Congrès du Cinquantenaire du CNI s’est tenu en présence d’un " invité d’honneur " : Charles Millon (Libération, le 12 avril 1999). Certains présidents départementaux du CNI sont aussi délégués du mouvement de Millon, selon vice-président du CNI, Jean-François Touzé, soucieux de " faire émerger une droite de conviction, sans complexe, qui pèse sur l’échiquier politique " (Le Point, le 20 février 1999). Ce Monsieur Touzé, qui est lui-même un ancien militant FN, a estimé le 11 mars 1999 qu’il " n’existe en réalité que peu de différence entre l’Europe des Nations de Philippe de Villiers et l’Europe politique de droite de Charles Millon ". Il a pointé que certains, dont la secrétaire générale du CNI, Annick du Roscoät, élue présidente un an plus tard, ne cherchaient " qu’à défendre à tout prix les privilèges de leur mandat d’élus locaux obtenus grâce au bon vouloir du RPR et de l’UDF ". L’hommage du vice à la vertu ? Il a conclu en disant que, a contrario, la majorité du mouvement aspirerait plutôt à " un grand rassemblement de la droite de conviction autour de Charles Millon ". On est alors passé très près d’une vraie alliance CNI-La Droite.
Le richissime industriel Gérard Bourgoin, vice-président du conseil général de l’Yonne et maire de Chailley, prend la suite de l’invisible Jean Perrin à la tête du CNI en avril 1999. Il ne cache pas qu’il aurait voulu constituer une liste aux élections européennes de juin, mais il a trouvé le discours de Pasqua et de Villiers - auxquels il aurait voulu arracher une place en position éligible - " plus décapant que les autres " (Le Figaro, le 21 août 1999).
En mars 2000, Gérard Bourgoin quitte précipitamment la présidence du parti, qu’il occupa donc à peine un an, en souhaitant rester " militant de base ", parmi les 3.000 militants revendiqués alors (" dont 100 patrons français recrutés en 3 semaines " - Le Figaro, le 21 août 1999). En fait, après les déboires financiers de son groupe BSA, l’ ultra-libéral " roi du poulet " doit davantage se consacrer à ses affaires. " Anti-communiste primaire " revendiqué, il entend se battre pour " ceux qui se lèvent tôt, artisans, commerçants, entrepreneurs " (Le Point, le 17 avril 1999), mais il est tout de même ami et associé dans le pétrole avec Fidel Castro ! On l’a vu également soutenir très activement Jacques Chirac en 1995, puis Alain Madelin (au travers d’Idées-Action puis de DL), à la suite de son entrée en politique en 1993. Il cultive aussi des amitiés politiques très diverses, mêlant affaires et football. Il est en effet élu en 2000, dans des conditions controversées, président de la Ligue Nationale de Football. En juin 1997, il s’est présenté en solo dans l’Yonne contre le RPR Philippe Auberger : ce fut la déroute...
Le CNI s’est donc doté d’une nouvelle présidence en 2000 : Annick du Roscoät, conseillère régionale des Pays-de-la-Loire (le RPR séguiniste François Fillon, qui préside la Région est très cordial avec elle et lui confia en 1998 une vice-présidence de commission), conseillère générale et municipale de Nantes. Elle fut longtemps secrétaire générale de ce petit mouvement où elle est entrée en 1984 après être passée au RPR. Elle est proche de Raymond Bourgine, ancien patron de " Valeurs Actuelles ".Elle veut redynamiser son parti qui ne compte plus qu’un seul parlementaire, un sénateur - qui est celui " de la liberté d’entreprendre, de la famille, d’une France forte dans une Europe indépendante " et n’a de cesse de pourfendre " l’assistanat " des politiques sociales. Tout porte à penser que, dans la droite ligne des voeux répétés de ses responsables passés, le CNI va plaider pour une stratégie d’union de toute la droite, y compris avec le FN et du MNR... De son côté, Michèle Alliot-Marie s’est prononcé en faveur d’accords électoraux avec le CNI.
Source : Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) http://www.mjsfrance.org
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