Nous nous trouvons là devant une nébuleuse de petits mouvements, d’associations, de groupuscules aux dirigeants ultra-libéraux, aux convictions et idées interchangeables et cultivant le secret et l’opacité. La perméabilité entre ces organisations qui oeuvrent aux rapprochements entre la droite et l’extrême droite au quotidien, mais de manière souterraine, mériterait à elle seule une investigation poussée. Nous nous contenterons d’un portrait global suffisamment explicite pour justifier sa présence ici.

Sur le site web de Contribuables Associés, on trouve cet organigramme : Benoîte Taffin (Présidente de Contribuables Associés et " Maire du IIe arrondissement de Paris, sans étiquette politique "), Alain Dumait (Président fondateur de l’association et " ancien journaliste "), Bemard Zimmern (trésorier et dirigeant d’une entreprise - secteur " mécanique ") et Bernard Legrand (secrétaire de l’association et " chef d’entreprise ").

Les statuts de l’association ont été publiés au Journal Officiel le 7 mars 1990, et modifiés plusieurs fois depuis. Extraits : " Contribuables Associés est rigoureusement indépendante de toute organisation, qu’elle soit politique, professionnelle, syndicale ou autre (...) L’association est indépendante des partis et politiquement neutre (...) L’association s’interdit de recevoir toutes subventions publiques ".

Ancienne présidente des adhérents de l’UDF-Paris, ex-élue UDF, Benoîte Taffin préside aux destinées de la mairie du IIème arrondissement de Paris depuis 1989, et se veut " sans étiquette ". Elle fait beaucoup plus parler d’elle en tant que présidente de l’association Contribuables Associés. Benoîte Taffin a donné une interview dans la journal de Nicolas Miguet (voir le chapitre qui lui est consacré) L’Hebdo du Quotidien du 20 septembre 2000, elle n’avait pas manqué par ailleurs de saluer le score, aux européennes de juin 1999, de sa liste anti-impôts.

Contribuables Associés est une association fondée en 1990. A cette époque Alain Dumait est président, Zimmern est trésorier, Laarman Secrétaire général et Legrand assesseur.

Entre-temps, les statuts de l’association ont évolué, notamment en février 1999, pour " régulariser " la situation de Benoîte Taffin et d’Alain Dumait qui la dirigeaient en prenant de la sorte quelques libertés avec les statuts ! Dumait a aussi, en 1996-97, créé son parti politique, le Parti Pour la Liberté (PPL). Heureusement les statuts de Contribuables Associés avaient opportunément aussi été modifiés en ce sens : on pouvait en être membre tout en étant également dans un parti !

Le Monde du 24 novembre 1999 titrait " La croisade de Benoîte Taffin contre les impôts " au sujet des Assises de Contribuables Associés et ce journal constatait que l’essentiel des troupes était du troisième et du quatrième âge ! Le sous-titre de l’article : " Démagogie ".

L’association revendique environ 130000 adhérents, ce qui serait considérable (les Verts en affichent moins de 9000, le PS environ 119000, DL 33000 et le RPR 80000 !)... Mais sont considérés comme " adhérents " des gens qui ont simplement répondu à ses questionnaires ou lui ont demandé des informations, sans nécessairement payer d’adhésion ! Il s’agit là un fichier formidable pour ses responsables et une redoutable machine à collecter des " dons " : les comptes de l’année 1998 en révélaient plus de 19 millions ! Une cagnotte à toutes fins utiles ? Dans Le Parisien du 17 juillet 1999, on apprenait ainsi que parmi les maigres 200 manifestants âgés protestant devant le Ministère des Finances, des dizaines de jeunes grimés en contribuables-forçats ou costumés en bagnards de l’impôt avec boulets (cornaqués par une femme déguisée en Marianne) étaient " en fait de jeunes comédiens intérimaires payés 600F chacun pour leur prestation ! ". Explication embarrassée devant la révélation de sa supercherie médiatico-militante, Contribuables Associés se défend par la voix de son délégué général, Christophe Lekieffre : " Notre objectif n’était pas de rassembler les foules mais bien de marquer les esprits en organisant un événement spectaculaire ".

Benoîte Taffin, qui croit voir un énorme gaspillage partout, s’est déjà illustrée à maintes reprises par son rejet du logement social, alors même que son arrondissement en est très dépourvu... Le 15 décembre 1998, on lisait dans Libération : " Benoîte Taffin (divers droite), qui affiche un grand mépris pour le logement social. Dans son journal municipal, l’élue affirme qu’avec les réquisitions la collectivité encourage la violence sociale ".

Démagogue, populiste, et d’un poujadisme même, cette organisation extrême dispose de moyens conséquents et ne recule devant rien pour avancer ses pions, tout en cachant sa vraie nature... Le 23 mars 1996, Le Point écrit " (...) ces drôles d’indépendants qui tiennent la mairie du IIème arrondissement n’ont cessé de se rapprocher du Front National. Dans un premier temps ils ont cherché à créer un groupe FN au Conseil de Paris. Puis aux sénatoriales de septembre, Dumait a conduit une liste où figurait en douzième position un représentant du mouvement de Jean-Marie Le Pen. Le résultat obtenu - Dumait n’a échoué que de 5 voix - a conforté Benoîte Taffin et son adjoint sur le bien-fondé de leur démarche. Dénonçant dans leur journal de quartier -En Direct- " l’immigration pauvre et paresseuse " et les " populations allogènes difficilement assimilables ", ils s’interrogent : " Le Pen n’aurait pas toujours tort. Est-ce possible ? ". (...) Dumait répondait à la question en tenant meeting commun avec les dirigeants lepenistes. La gauche locale, conduite par un des lieutenants de Jospin, Pierre Schapira, ne manque aucune occasion de dénoncer cette " mairie sous influence ". L’ancien président des Républicains Indépendants de Paris lui répond par le mépris, persuadé " qu’un espace politique existe aujourd’hui entre la majorité gouvernementale et le Front National ". L’article conclu : " le IIème arrondissement est un laboratoire ". Qui avait précédé les régions du printemps 1998 et qui perdure...

C’est en effet avec ces personnes que Philippe Séguin voulait s’entendre dans le centre de Paris : Benoîte Taffin révéla en novembre 2000, sans être contredite par quiconque, que Philippe Séguin lui proposait, à trois jours de la présentation officielle de ses têtes de listes dans chacun des arrondissements de Paris pour mars 2001, une alliance dans le IIème : il fallait juste que le numéro deux sur la liste Taffin soit un RPR choisit par Séguin. L’ancien président du RPR ne fut donc pas trop regardant sur les idées et pratiques de cette drôle de maire dont il ne pouvait ignorer les penchants idéologiques et les méthodes, à moins de paraître comme gravement ignorant... Il eut beau jeu, finalement, de présenter comme du courage, faute de pointure ou de candidats implantés, que d’envoyer au combat un jeune RPR inconnu Franck Giovannucci contre celle qui n’avait pas donné suite à ses avances...

Sous couvert de lutte contre le gaspillage de l’argent public, on constate des méthodes de " groupuscule paranoïde ", de manipulation, d’embrigadement même face à des personnes fragiles, et des techniques d’entrisme et de dissimulation, voire de négation de l’idéologie politique qui sous-tend toutes leurs actions.

Alain Dumait, né le 19 février 1944, est le Président fondateur en 1990 de Contribuables Associés. Il est un des 5 administrateurs de l’association. Il fut le président des Républicains et Indépendants (qui a débouché sur le Parti Républicain-PR de François Léotard puis Démocratie Libérale-DL de Alain Madelin, ex-composante de l’UDF), ce qui explique qu’il connaisse bien certains élus et responsables de droite à Paris, dont les Dominati. Il est maire-adjoint de Benoîte Taffin et conseiller de Paris. Dumait préside aussi un Comité pour l’entente à droite dont l’objet réel est à lui seul le résumé des alliances soulignées dans ce Livre Noir... Il publie les 4 vérités - hebdo et se définit parfois comme " pionnier du mouvement libertarien ", des ultra-libéraux américains. " Alain Dumait a, depuis, fait plusieurs apparitions aux côtés de Jean-Marie Le Pen, dont la dernière au Cercle National des préretraités et retraités, un satellite du FN " (Marianne, février 1998). L’association est devenue très procédurière mais n’avait semble-t-il pas réagit aux informations contenues dans cette article.

Conseiller de Paris, il fut aussi adjoint au maire de Paris et Maire du IIème sous le règne de Jacques Chirac (1983-89), et demeure adjoint au maire (depuis 1989) du IIème arrondissement. Il se présente aussi comme ayant été aussi journaliste à Antenne 2, à L’Express, à Valeurs actuelles (1970-73), à France-Soir (1973-76), et au Figaro (1976-77).

Créé en 1996, le PPL est, selon lui-même, un " mouvement authentiquement libéral, créé à l’initiative d’Alain Dumait et Claude Reichman, afin de faire entendre la voix des libéraux refusant toute compromission avec les marxistes et les socio-démocrates. Ce cadre étant fixé, le PPL appelle en France à l’union des forces de la droite réelle ". En fait, cela apparait comme une des excroissances des ultra-libéraux proche de l’extrême droite qui la rejoint notamment sur " le refus du fiscalisme ". Son adresse postale se trouve aussi dans le IIème arrondissement. Dans le très volumineux et officiel rapport de la Commission Nationale des Comptes des partis et groupements politiques paru au Journal Officiel le 9 novembre 2000, on lit au sujet du PPL que le principal dirigeant est Claude Reichman et le trésorier, un certain... Jean-Pol Taffin ! Quel heureux hasard, il doit réjouir " l’indépendante " Benoîte Taffin !

Voici un texte présentant son point de vue : " Les politiciens professionnels nous mentent, effrontément. Quotidiennement. Aussi bien aujourd’hui ceux de la gauche (socialiste) qu’hier ceux de la fausse droite (dirigiste). Les médias leur servent la soupe, servilement. (...) Je suis bien placé pour affirmer que la presse française n’est pas vraiment indépendante, qu’elle est subventionnée, contrôlée et asservie ". Il utilise là des thèses de complot, de silence et de mensonges, pareilles à celles que Le Pen développe. Alain Dumait précise :" Nous avons déjà plus de 10000 abonnés. Nous ne sommes liés à aucun parti politique, à aucun groupe financier et nous n’acceptons aucune publicité " Il ment ici effrontément : il a bien fondé et pilote toujours le PPL !

Cette revue offre un article le 12 juin 1999, intitulé " Pourquoi je vais voter Pasqua " (...) et poursuit plus loin : " au nom du multiculturalisme, ce sont aussi des frontières ouvertes comme des passoires, la formation de bandes ethniques violentes dans nos banlieues, et moins de sécurité pour nos personnes et nos biens. Nous militons pour l’entente à droite, de toute la droite, c’est-à-dire de tous ceux qui se disent eux-mêmes de droite. Ce qui concerne un ensemble qui devrait théoriquement aller de Jean-Marie Le Pen à Édouard Balladur. Ceux qui refusent le clivage droite gauche s’excluent de cette entente à droite. Et ceux qui prononcent des exclusives, en particulier à l’égard du FN s’en excluent également. (...) la bonne stratégie, pour la droite, consisterait à faire l’inverse de ce qu’elle a fait depuis quinze ans : à s’entendre avec le Front national (qui y est prêt), sur la base d’un programme commun de la droite (qui serait facile à élaborer). C’est d’ailleurs la seule stratégie gagnante pour la droite pour les prochaines élections municipales. (...) Sans une entente à droite, en particulier à Paris, beaucoup de mairies passeront à gauche, alors que l’électorat sera resté à droite, comme en mars 1998 pour la région Île-de-France et quelques autres. J’ai eu l’occasion de le dire souvent depuis cinq ans : j’apprécie le discours libéral d’Alain Madelin. j’ai applaudi le courage de Millon et j’ai voté pour Pasqua le 13 juin, afin de donner une nouvelle leçon à Chirac. Mais aussi longtemps que l’un ou l’autre de ces responsables ne prend pas l’initiative de rompre le cercle de la diabolisation construit par le politiquement correct médiatique autour du Front national, de ses idées et de ses électeurs, aucune rénovation durable de la droite et de la vie publique française ne pourra avoir lieu. C’est dans cette voie que nous militons, comme éditeur d’un journal d’opinion, comme élu indépendant à Paris et comme responsable politique libre de toute allégeance. " Le 21 octobre 2000, la chronique d’Alain Dumait titrait : " Inéligible, déchu de ses mandats, Le Pen a été persécuté ! "

Sur le site web www.les4verites.com, on trouve un lien hypertexte direct, avec logo, vers le site de National Hebdo, un lien-pub avec " Radio Courtoisie la radio libre du pays réel et de la Francophonie " où officie aussi régulièrement le virulent Jean-Gilles Malliarakis.

Docteur en chirurgie dentaire, favorable au démantèlement de la Sécurité Sociale et à la mise en concurrence sauvage des hôpitaux publics, Claude Reichman est le Président du Mouvement pour la liberté de la protection sociale (MLPS). Il a notamment commis " Sécurité sociale : le vrai mal français ", et reste rédacteur en chef du mensuel Courrier de la Liberté (Edition Santé - Liberté Média Plus SARL) - publication proche du PPL dirigée par Patrice Planté - il mène le combat contre des " monopoles " comme la Sécurité sociale, EDF et tout ce qui ressemble à l’État... Reichman est aussi animateur, un mardi sur deux, d’une émission sur Radio-Courtoisie. Il mena en outr une liste divers droite aux régionales de 1998 dans les Hauts-de-Seine. Depuis 1999, il est vice-président de la Droite Libérale-Chrétienne (DLC) de Millon. Avec le professeur en retraite et élu RPR de Paris (chiraquien et tibériste) Christian Cabrol, il a écrit en 1999 Une histoire de cœur (éditions Les Belles Lettres), ouvrage vanté sur le site web national du RPR, dans la partie bibliographie, fin 2000.

Le Parti Pour la Liberté écrivait le 12 juin 1998 : " Le PPL publiera, dans les prochaines semaines, son programme. (...) Cette contribution permettra de vérifier si les regroupements en cours peuvent se faire sur une base solide. A cet égard, nous suivrons avec attention l’attitude de Charles Millon. Prenant la parole à notre convention du 6 juin 1998, l’animateur de "La Droite" s’en est tenu aux idées générales qui, pour sympathiques qu’elles soient, ne nous permettent pas de savoir si l’ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac est décidé à rompre non pas seulement avec la diabolisation du Front national, mais aussi avec le demi-siècle de collectivisme qui a conduit à la grave crise que connût actuellement la démocratie française ".

On notera avec amusement que le PPL - alors même que ses membres et amis déplorent souvent les subventions - a accepté le financement par l’argent public puisqu’il a reçu plus de 142000 francs en 1999 !


Source : Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) http://www.mjsfrance.org