« La Politique d’endiguement est terminée »

Containment Has Run Its Course
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Robert J. Lieber, professeur au Government and Foreign Service de Georgetown University, membre du Council on Foreign Relations (sa biographie à l’université de Georgetown)

[RESUME] L’endiguement tel qu’il a existé et fonctionné contre l’URSS ne peut être appliqué à Saddam Hussein : celui-ci détient des armes de destruction massive. Il est prêt à frapper n’importe où, n’importe quand. S’il dispose de l’arme nucléaire, il pourra imposer sa domination à tout le Golfe arabo-persique. De surcroît, il n’agit pas comme un individu rationnel et on ne peut pas restreindre son influence au seul Irak.
Il y a certes de grands dangers à attaquer l’Irak, mais si les États-Unis ne font rien, le risque pour toute la région est encore plus grand.

« La Menace Saddam »

The Saddam Menace
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Jed Babbin, ancien assistant au sous-secrétariat à la Défense dans l’administration de George Bush père.

[RESUME] Les dictatures font la guerre pour conquérir, les démocraties la font pour se défendre. C’est dans cette optique que les États-Unis perçoivent la crise en Irak.
Saddam Hussein est un homme dangereux, face auquel les vieilles techniques de l’endiguement qui avaient fait leurs preuves contre l’Union soviétiques ne fonctionnent plus. En effet, s’il parvient à développer ses armes de destruction massive, notamment nucléaires, il n’hésitera pas à les utiliser et tiendra toute la région sous sa menace constante. Il n’a jamais abandonné ses thèses expansionnistes, qui l’avaient déjà poussées à attaquer l’Iran, puis le Koweït.
De plus, le fait qu’il soit lié aux terroristes islamistes et qu’il les aide, rend son maintien au pouvoir dangereux pour le monde entier.
Ceux qui le croient faiblement armé se trompent : d’après le dossier du gouvernement britannique, il est capable de faire tirer ses missiles en 45 minutes vers toutes cibles qu’il désignera.
Comme l’a commenté M. Gardiner, député à la chambre des Communes britanniques : si nous avons de bonnes raisons d’attaquer l’Irak avec l’accord de l’ONU, pourquoi ces raisons ne seraient-elles pas aussi bonnes pour le frapper sans l’ONU ? C’est ce que nous nous demandons tous.

« Une Vision de la 4ème guerre mondiale »

Vision of World War IV
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Arnaud de Borchgrave est directeur du Washington Times et de l’agence United Press International. Il est membre du Center for Strategic and International Studies. Sa biographie de journaliste ne précise pas sa participation en tant que combattant à des conflits périphériques de la guerre froide.

[RESUME] L’auteur présente les thèses que James Woolsey (ancien directeur de la CIA sous l’administration Clinton) développe quotidiennement à la télévision américaine.
Les États-Unis et leurs alliés ont gagné trois guerres mondiales : deux chaudes et une froide. Mais ils sont engagés sans le savoir dans la quatrième guerre mondiale, depuis 1978 ; date à laquelle les Ayatollahs ont pris le pouvoir en Iran et ont instauré un régime meurtrier et anti-américain. C’est ce pays qui a financé le Hezbollah, basé au Liban et soutenu par la Syrie, qui a attaqué Israël et les États-Unis pendant 25 ans.
Dans le même temps, les partis "fascistes" Baas d’Irak et de Syrie faisaient aussi partie de la coalition anti-américaine. En 1991, le régime irakien a endossé les oripeaux de l’islamisme pour liguer le monde musulman contre les USA.
Aujourd’hui Saddam Hussein se cache derrière le mouvement Al Quaïda, tandis que les mouvements terroristes islamistes sont financés par l’Arabie saoudite. Et les religieux wahhabites ont formé des combattants "dormants" à l’intérieur des États-Unis.
Si tout ces gens détestent les États-Unis c’est pour ce que le pays à de meilleur : la défense de la liberté des femmes, des libertés religieuses, de liberté d’expression, de libertés politiques...
Les populations d’Iran et d’Irak attendent que les États-Unis les délivrent de leurs bourreaux. C’est pour cette raison que les USA doivent attaquer l’Irak et renverser Saddam Hussein. Ensuite, les Iraniens, poussé par cet élan, renverseront eux-mêmes le régime vieillissant des mollahs.

« Saddam Hussein et Al Quaïda ne sont pas alliés »

Saddam Hussein and Al Qaeda Are Not Allies
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Daniel Benjamin a travaillé au Conseil national de sécurité de 1994 à 1999. Il est co-auteur de The Age of Sacred Terror.

[RESUME] Saddam Hussein est un homme dangereux qui possède bien des armes de destruction massive, mais il n’est pas pour autant lié à Al Quaïda. La guerre contre l’Irak ne serait donc pas un développement logique de la guerre au terrorisme, mais sa déviation.
L’Irak laïque de Saddam Hussein et l’organisation religieuse fondamentaliste de Ben Laden sont des ennemis naturels.
Pour Saddam Hussein, les mouvements islamistes sont certes utiles au Kurdistan pour contrer les mouvements kurdes pro-américains, mais cela n’a pas fait évoluer sa politique intérieure d’un pouce dans un sens plus religieux.
Les deux ennemis de l’Amérique ne sont donc pas des alliés. Cependant, une attaque des États-Unis contre l’Irak serait une aubaine pour les mouvements islamistes qui pourraient ainsi présenter les USA comme anti-musulmans et recruter davantage de combattants.

« Pour notre pays »

For the Homeland
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Rob Portman, représentant républicain de l’Ohio, a travaillé au comité de la Chambre des représentants sur la sécurité intérieure (voir sa page personnelle).

[RESUME] La Maison-Blanche a le projet de créer un nouveau Département de la sécurité intérieure qui comprendrait en son sein les effectifs utilisés actuellement par 22 agences gouvernementales de renseignement, soit 170 000 employés.
Le Sénat, qui étudie actuellement le projet, veut restreindre le budget, la flexibilité et la capacité de réforme de ce Département. George W. Bush a déclaré qu’il mettrait au besoin son veto aux amendements du Sénat. Il a raison.
Sans flexibilité, le nouveau département sera incapable d’agir efficacement et de faire face aux menaces terroristes. Le nouveau ministre doit avoir la capacité de nommer la bonne personne à la bonne place au bon moment alors qu’avec le projet du Sénat, il devrait faire passer une loi pour réorganiser ses propres services.
Dans la période que traversent les États-Unis, le Sénat doit faire preuve de cohérence et donner au nouveau ministre de la sécurité intérieure, les moyens de combattre efficacement les menaces qui pèsent sur le pays.

« Entendre le cri éloquent »

Hear the ’eloquent scream’
Christian Science Monitor

[AUTEUR] David Nassar, consultant politique, a travaillé pendant cinq ans sur les problèmes du Yémen pour le National Democratic Institute for International Affairs, une association relais de la CIA, présidée par Madeleine Albright.

[RESUME] L’auteur a tenté de démocratiser les pratiques politiques au Yémen en essayant de convaincre les Yéménites à adopter l’exemple américain. Il leur expliquait que la participation des citoyens est le moyen le plus efficace de faire appliquer des mesures politiques et que la liberté de ces citoyens, les poussaient à la participation.
Depuis le 11 septembre, de graves atteintes aux libertés sont commises par les institutions américaines, principalement au détriment des musulmans et des Arabes américains. Pourtant, la solution n’est pas de diminuer leurs droits mais de leur donner accès à plus de démocratie. La perte de leur liberté est une perte pour tous les Américains.

« Résister aux effets de manche de Washington »

Resist Washington’s Arm-twisting
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Kenneth Roth directeur exécutif de Human Rights Watch à New York.

[RESUME] Les États-Unis ne veulent toujours pas que leurs ressortissants puissent être jugés par le Tribunal pénal international (TPI). Ils exigent que leurs citoyens ne soient jugés que par leurs propres tribunaux. De leur côté, certains États européens seraient prêts à céder aux exigences US à condition qu’elles ne signifient pas une impunité des ressortissants américains.
C’est avec ce genre de tergiversations, que des individus comme Pinochet, Idi Amin ou Pol Pot ont échappé toutes leurs vies à la justice.
Aujourd’hui, de nombreux pays refusent avec raison d’extrader des criminels vers les États-Unis tant que ce pays n’aura pas renoncé à la peine de mort. Ils devraient aussi refuser des extraditions tant que les USA n’auront pas reconnu la juridiction du TPI.

« Les États-Unis, la Russie et le pétrole irakien »

The U.S., Russia And Iraqi Oil
The Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Eugene Rumer est associé au National Defense University’s Institute for National Strategic Studies.

Contrairement à son habitude en ce qui concerne les tribunes libres, le Washington Post précise que le point de vue exposé ici n’engage que son auteur.

[RESUME] Les géants de l’industries pétrolières américains et russes vont se retrouver cette semaine à Houston. Cette rencontre rassemblera des membres du gouvernement, comme le secrétaire d’État au commerce Donald Evans et celui à l’énergie Spencer Abraham, des responsables de grandes compagnies, des législateurs et des financiers.
Ce sommet offre la possibilité de stabiliser le marché du pétrole en développant un partenariat entre la Russie et les États-Unis.
Il sera inévitablement question du pétrole irakien de l’ère post-Saddam. Les responsables russes désireront sans doute leur part. Ce sommet constitue donc un bon moyen pour les États-Unis de lier la Russie à la coalition contre l’Irak car, en Russie, les dirigeants pétroliers ont un grand poids sur les décisions de Poutine.
Pour les compagnies privées russes, la signature d’accords internationaux les protégerait du spectre de la re-nationalisation et l’exploitation partielle du pétrole irakien hausserait leur production globale à un niveau proche de celui de l’Arabie saoudite.

[CONTEXTE]Chacun prépare ce sommet à sa manière. Ainsi, des individus non identifiés ont enlevé Sergueï Kukura, numéro 2 de la première compagnie pétrolière russe LUKoil, et ne l’auraient relâché qu’après avoir obtenu des informations pétrolières stratégiques (voir l’article du Moscow Times)