« La Non-prolifération nucléaire a besoin de crocs »

Nuclear nonproliferation needs teeth
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Gordon Prather est ancien physicien nucléaire au Sandia National Laboratory, ancien conseiller à la sécurité nationale du sénateur Henry Bellmon et ancien fonctionnaire du Pentagone sous l’administration Reagan.

[RESUME] Le président Bush a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU de voter une résolution permettant de renverser Saddam Hussein par la force si l’Irak n’acceptait pas de se soumettre à toutes les résolutions des Nations Unies de l’après-guerre du Golfe. La même demande avait déjà été refusée à Bill Clinton quand il était président.
L’International Atomic Energy Agency (IAEA) a pour fonction de faire respecter le Traité de non prolifération (NPT). En 1998, ses inspecteurs avaient déclaré que le programme nucléaire irakien était complètement détruit et celui des armes chimiques presque inexistant. La France et la Russie avaient alors demandé que les sanctions contre l’Irak soient allégées, mais Clinton avait posé son veto.
Aujourd’hui, si Bush a réussi à faire revenir les inspecteurs de l’IAEA en Irak, il ne devrait pas tenter de renverser Saddam Hussein. Il est nécessaire de rester dans la légalité des relations internationales. Si les États-Unis ont donné un pouvoir contraignant à l’IAEA, ils doivent comprendre que le NPT est la meilleure chance contre le développement par les États voyous d’armes de destruction massive et, pour qu’il soit efficace, il faut que la communauté internationale soit respectée.

« Faible sans les traités »

Weak Without Treaties
Washington Post

[AUTEUR] Michael Krepon est président émérite et fondateur du think tank Henry L. Stimson Center

[RESUME] La nouvelle stratégie de défense nationale présentée par l’administration Bush reflète une approche déséquilibrée des nouvelles menaces pesant sur les États-Unis.
Elle ne tient pas assez compte de la diplomatie, des traités et des institutions internationales et se concentre presque exclusivement sur les questions militaires. Le budget américain reflète bien cette orientation puisque le budget de la défense anti-missiles est supérieur à celui du département d’État et quatre fois plus important que celui du programme visant à empêcher la dissémination dans le monde des armes nucléaires de l’ancienne URSS.
Les États-Unis devraient plutôt se concentrer sur l’application des traités internationaux contre la prolifération et cesser de les vider de leur substance. Sans ce changement d’état d’esprit, les armes de destruction massive se répandront dans toute la planète.

« Le moment de grande impuissance »

El momento de más impotencia
El Paìs (Espagne)

[AUTEUR] Edward Saïd est un essayiste palestinien et professeur à l’Université de Columbia à New-York (voir sa biographie)

[RESUME] Il y a environ 60 ans, les juifs d’Europe étaient persécutés, déportés et envoyés dans les camps de la mort. Ils ne présentaient pas une menace pour l’Allemagne, la France ou l’Italie mais ils étaient présentés comme extrêmement dangereux et souvent désignés sous le terme de terroristes à l’opinion.
L’Histoire ne se répète jamais réellement, mais Arafat aujourd’hui doit se sentir comme les juifs des ghettos de Pologne.
En effet, Sharon, qui prétend représenter tout le peuple juif, applique une politique criminelle contre les Palestiniens, désignés comme terroristes. Il ne serait pas possible au gouvernement israélien de commettre ces actes aujourd’hui sans l’aide financière des États-Unis, pays dans lequel, aujourd’hui, il n’est pas possible de critiquer Sharon sans être qualifié d’antisémite. Ce sont des accusations de type maccarthyste, qui entravent toute liberté d’expression et de débat.
Grâce à cela, Sharon peut affirmer, sans être contredit, que les Arabes ne comprennent que la force et ne rien faire pour relancer les négociations. Le Premier ministre israélien espère que si Arafat meurt, il en sera de même pour les aspirations des Palestiniens. Rappelons ce qui s’est passé la dernière fois qu’il a voulu renverser un régime, au Liban en 82 : le massacre de Sabra et Chatilla et une longue guerre meurtrière.
L’actuelle politique israélienne est un véritable désastre pour toute la région. Elle brise même la possibilité de voir se réaliser le rêve sioniste d’un État israélien pouvant vivre comme les autres.