« Pourquoi l’Irak ? »

¿Por qué Irak ?
El Paìs (Espagne)

[AUTEUR] Manuel Castells est professeur à l’Université ouverte de Catalogne (UOC) et poursuit des recherches à l’Université du Michigan.

[RESUME] Les États-Unis partent en guerre contre l’Irak, malgré les réticences internationales, pourquoi ?
Parce que Saddam Hussein est un dictateur sanguinaire ? Il y en a beaucoup d’autres dont l’existence ne trouble pas l’administration Bush.
Parce que l’Irak a des armes de destruction massive ? L’administration Bush est incapable de le prouver avec des éléments convaincants.
Parce que l’Irak soutient Al Quaïda ? C’est faux, même la CIA l’a reconnu.
La vraie raison est à aller chercher dans le pétrole et dans l’idéologie des responsables américains. Le contrôle du pétrole irakien permettrait, outre le fait de dégager des revenus substantiels, de s’affranchir des Saoudiens dans ce domaine et de pouvoir sans risques engager des actions visant à changer les dirigeants en place.
Cette action entre également dans la logique belliqueuse de l’entourage de George Bush (Pearl, Wolfowitz, Cheney, Rumsfeld…), convaincu des bienfaits de la domination américaine sur le monde. Depuis le 11 septembre, cet entourage impose sa politique.
Ces raisons de la guerre en Irak sont extrêmement inquiétantes car elles signifient que l’Irak n’est qu’une étape et qu’il n’existe aucun contrepoids face à ce groupe d’hommes.

« Envenimer les choses peut être profitable »

Stirring things up can be good business
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Brigham Golden est anthropologue à la Columbia University à New York et membre du groupe de travail du Council on Foreign Relations sur la Papouasie.

[RESUME] Dans la lutte contre le terrorisme islamiste dans le monde, les États-Unis ne se choisissent pas toujours les bons alliés.
L’administration Bush semble persuadée que le soutien à l’armée et à la police est un bon moyen de lutter contre le terrorisme en Indonésie. En Papouasie, 70 % des ressources de l’armée indonésienne, qui a déjà sévi au Timor, proviennent de la drogue, de la prostitution et du racket. Elle a donc tout intérêt à ce que les troubles continuent pour justifier de sa présence, quitte à soutenir des fondamentalistes musulmans contre les mouvements pacifistes locaux.
Le 31 août, une attaque a eu lieu contre des ouvriers de l’American Mining Corporation Freeport, qui exploite de très importantes mines d’or et de cuivre en Papouasie (article du Christian Science Monitor). Les Etats-Unis ont immédiatement augmenté leur aide à l’armée indonésienne. Vu les intérêts de l’armée, les militaires n’ont-ils pas aidé eux-mêmes ceux qui venaient d’attaquer le convoi ?

[CONTEXTE] L’American Mining Corporation Freeport est une société basée en Louisiane dont le docteur Henry Kissinger est le directeur émérite. Elle exploite des mines d’or et de cuivre. Le 11 novembre 2001, le leader indépendantiste Theys Eluay, qui s’opposait à la multinationale, avait été assassiné par la CIA.

« Combattre durant la première guerre du Golfe »

Fighting the First Gulf War
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Anthony Swofford est un ancien caporal des Marines, auteur de Jarhead : A Marine’s Chronicle of the Gulf War and Other Battles.

[RESUME] L’auteur explique son expérience de militaire américain durant la première guerre du Golfe.
Dans les campements militaires d’Arabie saoudite, les conditions de vie étaient extrêmement dures à cause de la chaleur, du manque d’eau et des problèmes d’hygiène. Les problèmes de coordination des troupes alliées et des différentes forces militaires en présence ont eu des résultats catastrophiques puisque sur les 148 morts parmi les militaires américains, 35 ont été tués par des alliés eux-mêmes.
L’auteur rappelle la peur que l’on éprouve en temps de guerre en raison de la succession de fausses alertes et de vrais dangers. Tout cela pour le contrôle de puits de pétrole.

« Les Morceaux d’un Proche-Orient éclaté coupent les deux voies »

Shards of a Shattered Mideast Cut Both Ways
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Graham E. Fuller est un ancien vice-président du National Intelligence Council de la CIA. Il est collaborateur du Monde diplomatique

[RESUME] George W. Bush va provoquer des changements considérables dans tout le Proche-Orient, y compris des changements qu’il ne semble pas rechercher.
Chacun reconnaît que l’attaque de l’Irak va bouleverser toute la région. Pour certains, ce serait un argument pour ne pas faire la guerre, pour d’autres, dont l’auteur, c’est au contraire un argument pour s’engager.
La fin du statu quo dans toute la région se traduira par le renversement des dictatures locales, ce qui est une conséquence positive, bien qu’obtenue par des moyens négatifs.
Dans un premier temps, l’antiaméricanisme progressera dans la région, mais sur le long terme, la stratégie de Bush sera payante car elle se concrétisera par l’établissement de démocraties libérales, même si ce n’est pas un des objectifs affichés de la Maison-Blanche.

« Les Précheurs de la haine au Proche-Orient »

Preachers of hate in the Mideast
The Washington Times (États-Unis)

[AUTEURS] Le rabbin Abraham Cooper est doyen associé au Simon Wiesenthal Center (Biographie) et Harold Brackman est consultant historique de ce centre.

[RESUME] Aux États-Unis, parmi les instances religieuses, seuls les Baptistes du Sud sont favorables aux frappes préventives contre l’Irak. La plupart des autres sont, pour des motifs religieux, opposés à la guerre.
Il serait souhaitable qu’un tel débat existe dans les pays musulmans du Proche-Orient. Les modérés, là-bas, ont peur de parler et le discours religieux est monopolisé par les extrémistes.
Ces extrémistes trouvent des excuses aux terroristes qui ont commis les attaques du 11 septembre. Ils prétendent également qu’il est normal qu’un pays musulman puisse utiliser l’arme atomique contre les "infidèles". Enfin, ils affirment que le génocide des juifs est une fable inventée par les sionistes pour justifier leur politique.
Il est grand temps que les hommes politiques, les religieux et les défenseurs des Droits de l’homme se mobilisent pour éviter que les rêves de ces fanatiques ne deviennent réalités.