Conformément aux vœux du Conseil d’orientation, la MILS a effectué une nouvelle mission en Guadeloupe et en Martinique (en avril) et à la Réunion (en septembre). Elle s’est rendue à Saint-Martin pour la première fois, à la demande du préfet, en raison de la situation particulière qui prévaut dans cette île partagée.

Dans ses précédents rapports, la MILS avait mis l’accent sur la situation particulière du sectarisme outre-mer, où il semble encore progresser à l’inverse de ce qui s’observe en métropole. Rappelons que la mise sous surveillance du phénomène a été retardée par le fait que la courte durée des différentes commissions d’enquête parlementaires (1983- 1995 et 1999) n’avait pas permis de se pencher sur la situation ultramarine. Par ailleurs, pour différentes raisons cultuelles et de situation géographique largement évoquées dans les rapports précédents, les DOM constituent un terrain propice à ce fléau.

Comme dans les départements métropolitains, la Mission a pris part aux réunions plénières des cellules de vigilance préfectorales. La question de la présence des élus départementaux ou régionaux, non prévue par la circulaire de 1997 du ministère de l’Intérieur semble se résoudre d’elle-même dans la mesure où le dialogue s’est instauré désormais entre les assemblées locales et le représentant de l’Etat. Il n’est pas rare que les présidents des assemblées locales et des unions de maires -ou leurs représentants - participent activement aux travaux des cellules de vigilance parallèlement aux initiatives qu’ils prennent par ailleurs selon leurs compétences spécifiques.

En Martinique et en Guadeloupe, les réunions ont lieu à un rythme régulier et le souhait a été émis d’activer la cellule en dehors des réunions plénières, lorsqu’un dossier particulier le rend nécessaire. A la Réunion, la MILS a noté avec satisfaction que sa venue avait permis de relancer l’activité de la cellule de vigilance, apparemment en sommeil depuis janvier 99. Décision a été prise par le nouveau préfet et l’ensemble des participants d’échanger régulièrement à l’avenir informations et réflexions dans un esprit de collaboration plus étroite des services.

Dans les trois départements, une demande de formation des personnels a été formulée. La MILS a assuré les préfets de son concours à l’animation des sessions qui pourraient être mises en place.

L’état des lieux a permis de confirmer, dans deux des départements français d’Amérique (DFA) et à la Réunion, la présence de nombreux mouvements d’importance variable représentés en métropole ainsi que de quelques groupes autochtones ou en provenance d’Etats voisins, d’Amérique ou de l’Océan indien. Le nombre des mouvements ne semble pas progresser mais son perpétuel renouvellement nécessite une vigilance constante.

Certains types de signalements ont retenu l’attention :multiplication de l’offre privée en stages de développement personnel et abondance des flux de capitaux de source incertaine. A Saint-Martin, arrivée massive de "pasteurs" pseudoévangélistes et, dans tous les DOM, transformation de nombreuses habitations (voire d’un supermarché !) en lieux de culte, ce qui ne laisse pas d’inquiéter les élus rencontrés en considération des moyens financiers dont ces mouvements disposent et dont l’origine, généralement nord-américaine, manque de transparence.

Enfin, les membres de la cellule de vigilance réunionnaise, compte tenu de la situation stratégique de l’île, ont exprimé le besoin de travailler en collaboration avec les pays environnants et ont suggéré la création d’un observatoire du sectarisme dans l’Océan indien, associant notamment Madagascar, les Comores, les Seychelles et Maurice. Ce projet suscite l’intérêt de la MILS. Elle mesure cependant la difficulté de la mise en place d’une telle structure mais est prête à apporter son concours à toute initiative allant dans ce sens.

Des réunions organisées par les rectorats dans les trois départements et la séance de formation destinée aux élèves et aux enseignants de l’IUFM à la Réunion ont permis de constater l’extrême vigilance des acteurs de l’éducation sur le terrain ultramarin à l’égard de phénomènes récurrents dans ce domaine (comme le refus d’assister aux cours certains jours de la semaine, le rejet d’actes de socialisation éducative, notamment festifs, l’intrusion de propagande sectaire à proximité des établissements, voire en leur sein).

Ces réunions ont connu un grand succès d’affluence qui encourage les organisateurs, responsables du rectorat ou de l’IUFM, à renouveler ce type d’expérience favorisant les échanges d’information et la réflexion.

Les responsables des associations de défense contre le sectarisme installés outre-mer ont été systématiquement rencontrés. Ceux qui oeuvrent depuis longtemps sur le terrain - c’est le cas dans les DFA - jouissent d’une excellente réputation auprès des pouvoirs publics et de l’autorité judiciaire. Leur présence est très appréciée au sein des cellules de vigilance. Compte tenu de la situation particulière relevée à Saint-Martin et au vu du souhait exprimé par l’autorité préfectorale et les élus, la Mission a suggéré à la seule association représentée en Guadeloupe d’y désigner un correspondant. A la Réunion, le CCMM et l’UNADFI sont également bien connus des services et fréquemment sollicités.

Malgré les périodes peu favorables de sa mission -aussitôt après les élections municipales dans les DFA et juste avant l’échéance sénatoriale à la Réunion- la MILS a pu dialoguer avec de nombreux élus locaux et territoriaux, soit dans le cadre de cellules de vigilance auxquelles ils avaient été associés, soit via les associations d’élus, soit encore individuellement, comme avec le nouveau maire de Fort-de-France29. La Mission leur a fait part de son souhait que soient mises en place des initiatives d’information des personnels de la fonction publique territoriale et de prévention à l’instar de celles menées dans des départements métropolitains par des antennes départementales de l’Association des maires de France ou par des collectivités territoriales.