La Polynésie

La MILS a effectué en 2001 une première mission d’observation en Polynésie. Elle a pu constater que le poids des religions traditionnelles, protestantisme implanté dès leXVIIIes par le London Missionnary Society et catholicisme, par la Société de Marie, constituent un frein aux ingérences sectaires en Polynésie. Mais que le sectarisme y apparaît comme un phénomène fort peu marginal.

Cette situation s’explique par de nombreux facteurs aisément identifiables : forte réceptivité des communautés polynésiennes au sacré, influences extérieures, notamment nord-américaines, immigrations et brassage des populations, éclatement géographique en milieux insulaires épars et distants les uns des autres qui constituent autant de havres de tranquilité pour les sectes, déstructuration du tissu socio-culturel généré par la société contemporaine, prégnance d’un mysticisme bien antérieur à la christianisation qui fait dire à certains qu’en Polynésie "on aurait plutôt tendance à fréquenter deux églises plutôt qu’une !"

Les trente dernières années ont vu la floraison de très nombreux mouvements nouveaux d’inspiration religieuse authentique mais aussi l’implantation de groupes sectaires souvent d’origine nord-américaine comme la Scientologie ou les Enfants de Dieu. Les gourous qui affluent de toute part multiplient conférences et séminaires, cherchant en particulier à tirer parti de l’intérêt porté par les Polynésiens pour les médecines pseudoalternatives, l’astrologie ou encore la promesse de la réincarnation.

Plusieurs sectes ont ainsi acquis, de fait, un statut social quasi officiel, après avoir adopté une stratégie de modération qui aboutit à ce que certaines autorités appartenant à des confessions respectueuses des droits de l’Homme et de l’ordre public, estiment qu’"elles ne se comportent pas en sectes" à l’instar de leurs homologues métropolitains.

Il n’en reste pas moins que certains faits récents induisent à la vigilance : le drame des bûchers de Faaite en 1987 où six personnes ont été brûlées vives dans une affaire d’exorcisme, rappelle à l’évidence que la Polynésie n’est pas plus que n’importe quelle région du monde, à l’abri de dérives sectaires.

La mise en place d’une cellule de vigilance n’en paraît pas moins opportune. Son efficience est à l’évidence conditionnée par le degré d’implication des autorités publiques, représentation de l’Etat et gouvernement polynésien, en concertation avec les forces morales et spirituelles présentes dans l’archipel dont l’attachement aux valeurs universelles de liberté et d’humanité sont incontestables.

Les autres collectivités d’outre-mer de la République

La Mission n’a pu à ce jour se rendre dans les collectivités suivantes de Wallis-et-Futuna, de Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Elle a cependant réuni, avec le concours des représentants de l’Etat, un début de documentation qui pourrait lui permettre à l’avenir d’élaborer une note de synthèse, résumant des situations très contrastées.

A Wallis-et-Futuna, la structure politico-administrative s’appuyant en particulier sur des rois et l’influence du catholicisme paraissent ne laisser qu’un champ d’action restreint aux mouvements à dérive sectaire, bien que les Témoins de Jéhovah semblent y développer un certain prosélytisme.

A Mayotte, l’immense majorité de la population est de confession musulmane et reconnaît l’autorité religieuse d’un Grand Cadi. Y coexistent le droit républicain et, dans le domaine familial, le droit local d’inspiration islamique. A l’occasion d’une visite très remarquée du secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, à la fin du mois d’octobre, un Imam mahorais s’exprimant officiellement au nom de la Communauté musulmane, a estimé "qu’il est tout à fait indiqué d’anticiper et de s’interroger sur l’éventuelle émergence" de mouvements intégristes ou extrémistes, tout en se déclarant convaincu qu’il n’y a pas actuellement à craindre une montée en puissance de cette forme d’extrémisme politico-religieux.

A Saint-Pierre-et-Miquelon dont la population, peu nombreuse, est presque exclusivement d’origine française, une seule tentative de pénétration sectaire a été décelée par le passé (sous couvert d’assistance aux fumeurs souhaitant interrompre leur consommation). Elle semble n’avoir eu aucune suite. La proximité du continent nord-américain incite cependant à la vigilance.