Buffalo, New York, le 1er juillet 1998

Monsieur le Président,

Je vous écris concernant l’aide apportée des experts français aux agents du Centre de Recherche Criminelle et de Documentation au Rwanda dont j’ai fait allusion au cours de mon témoignage devant la mission d’information le 16 juin.

Sur question de Monsieur Myard, j’ai répondu que j’ai pris connaissance de cette aide seulement par le témoignage de Monsieur Gasana, que j’ai lu quelques heures auparavant. Personne parmi les membres de la mission n’ayant pu se rappeler d’une telle mention par Monsieur Gasana, j’ai cru me tromper. Mais en lisant le document déposé devant vous par Monsieur Gasana " Déclaration faite le 10 juin par James K. Gasana, ex-Ministre rwandais de la Défense, devant la mission d’information " je trouve le passage en question à la page 9.

" Des experts français ont aidé à former les agents du Centre de Recherche Criminelle et de Documentation dans les techniques d’enquêtes ".

Parce que je venais de prendre connaissance de cette information, je n’ai pas pu faire d’autre commentaire au moment de mon témoignage. J’ai fait depuis une petite enquête qui m’a convaincu qu’il y a eu un changement important dans le fonctionnement de ce Centre. Bien connu comme lieu de torture pendant une certaine période, le Centre n’avait plus cette réputation sinistre après l’installation du gouvernement de coalition en 1992. D’après des témoins bien informés, l’amélioration dans le fonctionnement du Centre, y compris la fin de l’emploi de la torture, coïncidait avec la présence des experts français sur place. Donc, il y a eu de la torture au Centre et il y a eu des experts français au Centre, mais pas au même temps et, en plus, c’est possible que c’est la présence française qui a contribué à faire cesser l’emploi de la torture.

Veuillez apporter cette clarification à l’attention de Monsieur Myard et aux autres membres de la mission et les assurer que ma mention du rôle des experts français est provenue du souci de la vérité, pas d’un quelque complot contre la réputation de la France.

En vous remerciant encore une fois de l’invitation de déposer devant la mission d’information, Monsieur le Président, je vous prie de croire à l’assurance de ma considération distinguée.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr