Le FPR, après l’assassinat du Président Juvénal Habyarimana, a fait mouvement depuis sa base de Mulindi, dans le Nord, en direction de Kigali qu’il atteindra le 11 avril. Son arrivée aux abords de la capitale entraîne la fuite des membres du Gouvernement intérimaire vers Gitarama le 13 avril.

Les FAR ont encore la maîtrise de certains points de Kigali, et notamment de la zone de l’aéroport, et au nord du pays, le front résiste encore à Byumba et à Ruhengeri. Le 21 Avril, le Conseil des Nations Unies adopte la résolution 912, qui ramène à 270 les effectifs de la MINUAR (cf. supra).

Tout début mai, la progression du FPR entraîne plus d’un million de personnes sur les chemins de l’exode, créant ainsi une situation humanitaire qui nécessite l’envoi de secours (cf. supra) en Tanzanie et au Burundi. Le FPR qui contrôle le nord et le nord-est du pays avance désormais vers le sud-est. " Il n’a pas le contrôle de Kigali, mais l’armée gouvernementale estime ne pas pouvoir tenir longtemps en l’absence d’approvisionnement et de munitions ", comme l’indique une note de la direction des affaires africaines du quai d’Orsay du 3 mai 1994.

Aucun espoir n’existe d’aboutir à un cessez-le-feu. A la date du 4 mai, les positions sont inconciliables. Le FPR refuse de discuter avec le Gouvernement intérimaire, demande une rencontre avec les FAR et estime ne pas avoir atteint tous ses objectifs militaires (Gitarama, Kigali). Le Gouvernement intérimaire exige quant à lui un cessez-le-feu comme préalable à l’arrêt des massacres et se montre intransigeant sur la reconnaissance de sa légitimité par le FPR. En conséquence massacres et affrontements militaires se poursuivent. La communauté internationale réagira le 17 mai avec l’adoption de la résolution n°917 instaurant l’embargo sur les armes et autorisant le renforcement des effectifs de la MINUAR jusqu’à 5500 hommes (cf. supra).

Sur le terrain la situation s’aggrave, le FPR s’empare, les 22 et 23 mai, de l’aéroport de Kigali. Aucune solution diplomatique n’aboutit. Le Kenya reprend le projet d’un sommet régional qui se tiendra le 6 juin et restera sans résultats.

Le 15 juin, le cessez-le-feu, conclu en marge du Sommet de l’OUA qui s’est déroulé à Tunis le 12 juin, est rompu par le FPR, qui pilonne le centre ville de Kigali dès le lendemain.

Le Rwanda est désormais coupé en deux : la zone gouvernementale et la zone FPR.

A cette date, le FPR occupe toute la partie est du pays ainsi que l’aéroport de Kigali mais les FAR tiennent encore une partie de la capitale ainsi que l’axe Kigali-Kayanza (Burundi), passant par la ville de Butare.

Le 18 juin, le FPR décide de bloquer à la hauteur de Byumba l’axe humanitaire reliant Kigali à l’Ouganda. C’est à ce moment que la France, le 19 juin, prend l’initiative de demander au Conseil de sécurité de l’autoriser à mener une action humanitaire au Rwanda, invoquant pour cela la nécessité de faire cesser les massacres, tâche que la MINUAR ne sera pas en mesure d’assumer avant plusieurs semaines en raison du peu d’empressement des Etats à lever les troupes utiles au bon déroulement d’une telle mission.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr