L’actuelle prospérité du Liechtenstein découle de cette histoire, elle est le résultat d’un choix politique appuyé sur un ensemble de décisions cohérentes en matière de fiscalité, de droit des sociétés ou de diplomatie.

A) LE LABEL SUISSE

La tradition de coopération avec la Suisse n’est pas étrangère au succès de cette stratégie. La politique monétaire du Liechtenstein est assumée par la Banque nationale suisse en vertu d’un accord de 1980. La banque centrale suisse a les mêmes compétences vis-à-vis des banques et sociétés domiciliées dans la Principauté que vis-à-vis de leurs homologues suisses, sous réserve de modalités particulières concernant le contrôle sur place. En contrepartie, les banques du Liechtenstein ont un accès direct à la place financière suisse. Le Liechtenstein bénéficie donc pleinement des garanties offertes par la Suisse aux investisseurs et aux hommes d’affaires.

De nombreux services sont par ailleurs assurés par l’administration helvétique sans qu’il y ait délégation formelle de compétences. Le Liechtenstein est enfin le seul pays au monde à pouvoir se prévaloir de la présence significative dans son économie de travailleurs immigrés suisses.

B) L’EXISTENCE D’UN CONSENSUS POLITIQUE

La stabilité politique de la Principauté contribue aussi pour beaucoup à ce succès auprès des investisseurs et gestionnaires de fortune du monde entier. La longévité du régime de monarchie parlementaire, l’absence d’opposition locale et ses excellentes relations avec ses voisins suisse et autrichien contrastent avec l’instabilité de certains paradis fiscaux plus exotiques.


Y a-t-il une opposition parlementaire au Liechtenstein ?

Extraits de l’audition de M. Paul Vogt, parlementaire d’opposition à la Diète de Vaduz, par la Mission. " Monsieur le Président : (...) Ces sociétés écrans, qu’elles soient fondations, Anstalt ou trusts, permettent à des criminels, inculpés de façon criminelle, de se dissimuler ou de dissimuler leurs fonds au Liechtenstein. (...) Or, nous avons la conviction que sans évolution de ce statut, les difficultés subsisteront parce qu’il y aura des possibilités de dissimulation. J’aimerais que vous nous expliquiez cette volonté de maintenir ces sociétés (...) M. Paul VOGT : Je dois avouer que je ne suis pas juriste et que je ne connais pas le droit des sociétés. J’ai de vagues idées sur le sujet, mais ce n’est pas une chose que j’ai acquise en tant que député, mais plutôt par d’autres sources. (...) M. le Président : Pour être plus précis, vous disiez que tant que les formes de sociétés dont nous avons parlé existeraient, il y aurait des difficultés. Votre parti serait-il prêt à les supprimer ? Serait-il prêt à prendre des positions radicales concernant cette suppression de formes de sociétés écrans, au moins concernant les fondations ? (...) M. Paul VOGT : En ce qui concerne votre première question portant sur le droit des sociétés, je répète encore que je ne suis pas expert en la matière. J’ai seulement une idée assez vague de la question, de ce qui fait l’attraction du droit des sociétés au Liechtenstein. Mais il est sûr que ce n’est pas seulement le droit en matière de fondation mais un mélange : c’est un cadre qui est très favorable. Ce cadre implique un régime fiscal très particulier ; il implique le secret bancaire et le secret professionnel très prononcé des avocats ; il implique également une image de marque conservatrice du pays, favorable aux investissements. "


Une large partie de la population bénéficie directement ou indirectement des effets de la croissance des activités financières de la Principauté. Logiquement, cette société n’a pas sécrété de forces de contestation de l’ordre établi. La seule formation critique sur les insuffisances des efforts du Liechtenstein en matière de moralisation des flux financiers, " Liste libre ", représentait 11 % des suffrages aux dernières élections législatives de 1997.

Alors qu’au sein du Parlement, le parti majoritaire et l’opposition restent indépendants, dans le Gouvernement ceux-ci forment une coalition.

Le chef du Gouvernement et deux de ses membres appartiennent au parti de la majorité ; le substitut du chef du Gouvernement et un autre membre du Gouvernement représentent le parti le plus important de la minorité.

Il n’existe que deux journaux, fortement dépendants du Gouvernement en raison des recettes générées par les annonces officielles. Le rédacteur en chef de l’un de ces deux journaux est le fils du plus grand agent fiduciaire de la place qui possède une fortune estimée à 2 milliards de francs suisses. L’interpénétration des milieux financiers et des pouvoirs publics est évidente, ce qui ne favorise guère les réglementations audacieuses ou novatrices.

La respectabilité de ses dirigeants conforte cette impression rassurante de même que leur implication personnelle dans le succès des activités financières du Liechtenstein.

La principale banque est ainsi la propriété de l’Etat alors que la deuxième appartient à une fondation princière de la famille régnante. Un tiers des députés (8 sur 25) sont avocats ou exercent une activité professionnelle dans le secteur financier.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr