Seul un tiers environ des étudiants affiliés à une mutuelle étudiante au titre du régime de base, acquittent auprès de cette mutuelle une cotisation pour bénéficier d’une couverture complémentaire.

Trois explications éclairent ces chiffres. La faible inclination de la population étudiante, liée à l’âge, pour la prévention du risque maladie ; des primes d’adhésion trop onéreuses entraînant un arbitrage défavorable à la couverture complémentaire dans le choix des dépenses toujours élevées de la rentrée universitaire ; la troisième explication est d’une toute autre nature, puisqu’il s’agit de la prise en charge de la couverture complémentaire par les mutuelles des parents de certains étudiants.

Il convient de revenir quelques instants sur ce dernier point. Il a été signalé à plusieurs reprises à la commission d’enquête, que certaines mutuelles, en particulier des mutuelles de fonctionnaires, maintiennent les droits des enfants de leurs adhérents jusqu’à la fin de leurs études parfois même sans limite d’âge. On comprend bien l’objectif de ces mutuelles qui est de retenir une population et de la fidéliser pour l’avenir. Il est tout aussi clair que cette concurrence ne va pas dans le sens d’une aspiration forte des étudiants, relayée par les différents syndicats et associations que la commission d’enquête a entendus, à l’autonomie et à la responsabilisation en matière de santé. Cette concurrence qui prive les mutuelles d’étudiants d’une part de marché importante, a une autre conséquence indirecte. Elle les oblige, compte tenu de leurs faibles marges mutualistes, liées au faible nombre d’adhérents, à maintenir des tarifs d’assurance complémentaire prohibitifs, comme on l’a vu, pour un bon nombre d’étudiants. Il en résulte une tendance à sortir de l’activité purement mutualiste pour se positionner sur d’autres secteurs.

On ne peut cependant totalement nier que si les étudiants préfèrent les mutuelles parentales, c’est parce que les mutuelles étudiantes sont trop chères et peu attractives.

Il serait, néanmoins souhaitable, que dans les travaux de réflexion entrepris par la mutualité française pour sa rénovation et son accès au marché européen de l’assurance sans l’abandon de ses principes éthiques, cette forme de concurrence quelque peu déloyale soit envisagée. Sur ce point précis, M. Jean-Pierre Davant, président de la Fédération nationale de la Mutualité française lors de son audition par la commission a été peu précis : " Nous avons essayé entre nous de réguler cela, puisque si un Français sur deux est mutualiste, la moitié ne l’est pas. C’est plus intéressant d’aller chercher des adhérents chez M. Bébéar, le patron d’Axa, que de les prendre à la mutuelle du voisin ". M. Jean-Pierre Davant a ajouté un peu plus loin, dans son intervention : " Le jour où une grande mutuelle étudiante retrouvera toute sa place au sein de la Fédération nationale de la mutualité française, prendra sa place au conseil d’administration, dans les commissions, dans la vie de la mutualité, les mutuelles parentales seront tout à fait raisonnables et favoriseront cette mutuelle ".

Le résultat est, en tout cas, une insuffisante prise en charge sanitaire et un grave retard dans le recours aux soins, qui peuvent se traduire par de sérieux et durables problèmes de santé, en particulier dans le domaine des troubles psychologiques.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr