Il n’appartient pas à la mission de se prononcer sur les différentes affaires en cours concernant Elf-Aquitaine. Elle relève cependant que certaines pratiques qui ont longtemps eu cours et qui furent abondamment dénoncées en leur temps par de nombreux spécialistes de l’Afrique, ne bénéficient plus de l’impunité. Une certaine loi du silence qui prévalait s’agissant d’Elf-Aquitaine a été brisée. Les informations sont désormais sur la place publique : rôle des réseaux, méthodes de détournements de fonds, mécanismes de transferts de fonds occultes, le système de corruption. Cet étalage a révélé le rôle occulte des réseaux et de ce fait leur influence diminue.

Mme Valérie Lecasble, rédactrice en chef du "Nouvel Economiste" a cependant estimé "qu’en Afrique, les réseaux étaient encore puissants, notamment celui des Corses et celui des francs-maçons. Il y a eu une cassure dans ces réseaux à l’arrivée de M. Jaffré, qui, étant balladurien, se méfiait des réseaux chiraquiens. Le Président Chirac a soutenu M. Le Floch Prigent, qui n’a pas tenté de détruire les réseaux. Actuellement, les réseaux sont ébranlés par les "affaires".

D’après M. Claude Angeli, rédacteur en chef du "Canard Enchaîné", les réseaux n’ont plus le même rôle : "Chacun a édifié ses réseaux. Ceux-ci n’ont plus le même rôle que les réseaux Foccart, qui ont véritablement cornaqué les indépendances, disposant de représentants auprès des dirigeants africains, qui se comportaient en véritables ministres."

La mission estime improbable le retour en arrière. M. François-Xavier Verschave, président de Survie, le reconnaissait : "Le système que j’appelle la Françafrique est voué à disparaître d’ici dix ans. Mais en dix ans beaucoup de dégâts sont possibles. La question des paradis fiscaux est véritablement cruciale. La contradiction est trop flagrante entre la prétention d’imposer des règles et la tendance des dirigeants à s’en abstraire. C’est le même problème qu’avec la Cour criminelle internationale : certains votent pour, mais font tout pour qu’elle ne puisse pas être mise en œuvre. L’enjeu majeur est effectivement celui d’une "rerégulation". " La mission partage cet avis. Pour que de telles réformes soient possibles, il faut que la Justice tranche, qu’il soit mis fin à l’impunité mais aussi à des rumeurs malsaines.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr