« Nous savons maintenant ce que ressentent les États-Unis »

Now we know how the US feels
The Age (Australie)

[AUTEUR] Gerard Henderson est directeur exécutif du Sydney Institute, un think tank australien. Il est ancien chef de cabinet de John Howard (1984-1986).

[RESUME] Nombreux sont les journalistes et éditorialistes australiens qui ont été incapables de comprendre ce qu’ont ressenti les États-Unis après le 11 septembre. Ils ont critiqué l’action américaine en restant aveuglés par leur méfiance envers les USA, leur a priori sur la population états-unienne, et surtout leur idéologie de gauche.
Aujourd’hui, après l’attentat de Bali, les Australiens comprennent l’action du gouvernement Bush. Ce gouvernement a peut-être tort d’attaquer l’Irak, mais l’Australie sait maintenant que l’objectif est de défendre le peuple américain, pas de récupérer du pétrole.
Il est temps que les intellectuels qui ont condamné l’action américaine (John Pilger, Noam Chomsky, Scott Burchill, Michael McKinley, etc.) comprennent que le terrorisme est une attaque contre toute la civilisation occidentale.

« Ne laissons pas les politiciens saper la démocratie »

Let’s not allow politicians to undercut democracy
The Age (Australie)

[AUTEUR] Greg Barns vient de quitter le gouvernement Howard, dont il était conseiller, pour devenir membre du Parti démocrate australien.

[RESUME] Malgré l’horreur que représente l’attentat de Bali, il ne doit pas être utilisé pour faire passer des lois anti-démocratiques.
Aux États-Unis, où de telles lois ont été adoptées dans la foulée du 11 septembre, les agences de sécurité et de renseignements détiennent désormais des pouvoirs sans précédent, sans pour autant que la moindre cellule terroriste ait pu être démantelée. Malgré ce piètre exemple, John Howard, le Premier ministre australien, veut faire voter par le Parlement une loi anti-terroriste violant les principes démocratiques.
Avec cette loi, des Australiens pourront être maintenus en prison sans procès, comme aux États-Unis.
Il n’existe aucun élément permettant d’affirmer que la lutte contre le terrorisme est plus efficace quand on bafoue les libertés publiques. Le maintien des libertés doit rester une priorité lors de l’élaboration de lois anti-terroristes.

« Ne sacrifiez pas les réformes indonésiennes »

Don’t Sacrifice Indonesian Reforms
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Sidney Jones dirige l’International Crisis Group en Indonésie.

[RESUME] L’attentat de Bali aura un effet désastreux sur l’économie indonésienne et ne sera pas sans répercussions politiques.
Il redonnera un rôle prépondérant à l’armée, alors qu’elle est soupçonnée d’avoir mené des attaques contre les civils en Papouasie, et que les relations entre les différentes communautés s’enveniment. On risque d’assister à l’avènement de nouveaux groupes armés.
L’Indonésie, qui était sur la voie de réformes démocratisant le régime, risque de prendre de nouvelles mesures contre le terrorisme qui saperont les précédents efforts en matière de libertés.
L’État va probablement s’en prendre aux différents groupes islamistes dans l’archipel et ceux-ci vont, en réaction, se radicaliser et s’armer également.
Il est indéniable que l’attentat est une tragédie, mais la gestion de l’après-attentat peut entraîner des désastres bien plus grands encore.

« Le disciple d’Hitler à Bagdad »

Hitler’s disciple in Baghdad
The Washington Times (États-Unis)

[AUTEURS] Ted Stevens est sénateur Républicain de l’Alaska et chef de la minorité républicaine du Defense Appropriations Subcommittee du Sénat américain. John W. Warner est sénateur Républicain de Virginie et chef de la minorité républicaine du Armed Services Committee. Ils sont tous deux vétérans de la Seconde Guerre mondiale.

[RESUME] Saddam Hussein est le nouvel Hitler. Comme le dictateur allemand de l’entre-deux-guerres, il ne respecte pas les traités et les institutions internationales.
Toutefois, ses armes de destruction massive sont bien plus dangereuses que celles d’Hitler. Depuis 4 ans, qu’il a chassé les inspecteurs de l’ONU, il a développé un gigantesque arsenal d’armes chimiques et biologiques et bientôt, il détiendra l’arme nucléaire.
Les États-Unis ne peuvent se permettre d’attendre d’être attaqués par ce dictateur.

« Changez pour le meilleur cette fois »

Change for the better this time
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Stanley A. Weiss est fondateur et président de Business Executives for National Security. Il est également membre du Rand’s Center for Middle East Public Policy et du Council on Foreign Relations. Il est ancien président de American Premier, une entreprise minière et chimique américaine.

[RESUME] L’Irak peut devenir un modèle pour le Proche-Orient, une démocratie libre et une nation moderne dans le domaine économique. Cela ne sera toutefois possible que si les États-Unis ont une vision claire de ce qu’ils veulent faire de ce pays après la chute de Saddam Hussein.
Il est nécessaire dans un premier temps de rassurer l’Iran et la Turquie sur les intentions américaines au Kurdistan irakien en leur garantissant qu’il n’y aura pas d’État kurde indépendant.
Il faut dès maintenant constituer un gouvernement irakien en exil qui sera prêt à assumer le pouvoir dès la fin du régime actuel en Irak. Il faut en confier la direction à la meilleure personne possible, qui pourrait bien être Ahmed Chalabi de l’Iraqi National Congress.
Enfin la difficulté majeure sera de reconstruire économiquement le pays, lourdement endetté par les 300 milliards de dollars US qu’il doit depuis le guerre du Golfe, auxquels il faudra ajouter les frais d’occupation du pays. Un fond international pour la reconstruction de l’Irak devra être créé.

« Probablement pas un travail pour l’Amérique seule »

Probably not a job for America alone
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEURS] Simon Chesterman est membre de l’International Peace Academy à New York. David M. Malone est ancien ambassadeur du Canada à l’ONU, il est président de cette académie.

[RESUME] En Afghanistan, en Bosnie et au Kosovo, les États-Unis ont démontré leur extraordinaire puissance militaire, mais également leur incapacité à reconstruire seuls des pays en conflits. Quand il s’agit d’aborder cette phase délicate, ils préfèrent demander le soutien de l’Union Européenne et de l’ONU.
On peut imaginer sans peine que pour l’Irak, les États-Unis conserveront longtemps une présence militaire pour s’assurer la mainmise sur le pétrole mais que, comme ailleurs, ils perdront assez vite leur intérêt pour la reconstruction politique et économique du pays et que cette tâche incombera aux pays européens et aux Nations Unies.

« Pour lutter contre le terrorisme, regardez les écoles saoudiennes »

To fight terror, fix Saudi schools
The Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEURS] Jim Davis est député Démocrate de Floride et Doug Bereuter est député Républicain du Nebraska.

[RESUME] L’Arabie saoudite a affirmé vouloir aider les États-Unis dans sa lutte contre le terrorisme, mais cette lutte ne sera efficace qu’en réformant le système scolaire.
L’école saoudienne accorde une trop grande place à des positions intolérantes, antisémites et anti-occidentales. Elle développe une image belliqueuse de l’Islam, qui est pourtant une religion pacifiste.
Il est nécessaire que les États-Unis fassent pression pour que ce pays modifie son système éducatif afin qu’il ne soit plus une machine à produire des terroristes.

« Chercher le juste milieu entre le respect de la vie privée et la sécurité »

Seeking middle ground on privacy vs. security
The Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Amitai Etzioni est l’auteur de The Limits of Privacy. Il est membre de la Task Force on National Security in the Information Age, groupe financé par la Markle Foundation, qui regroupe les principales sociétés de hautes technologies et des représentants des agences de renseignement des États-Unis.

[RESUME] Les nouveaux programmes de cryptages et de décryptages informatiques posent le problème du respect des libertés civiles face aux nouveaux impératifs de sécurité.
Les tenants de la lutte contre le terrorisme estiment que ces programmes devraient être contrôlés et leur vente surveillée, voire réservée aux seules agences gouvernementales . Cela entraînerait une possibilité pour le gouvernement des États-Unis de tout contrôler dans le domaine du cyberespace.
Pour les libertariens, au contraire, la lutte contre le terrorisme et la sécurité de l’État ne justifient pas que le gouvernement puisse espionner les données d’entreprises ou de particuliers innocents.
Il existe un juste milieu entre ces deux conceptions extrêmes. La possibilité d’utiliser les informations issues du décryptage dans le cadre d’enquêtes pourrait être soumise à une autorisation administrative, à l’approbation d’un comité du Congrès, ou à celle d’un organisme indépendant. Cela permettrait d’assurer les libertés tout en permettant de faire face aux menaces pour la sécurité nationale.

[CONTEXTE] Sur le rapport de la Markle Foundation, voir notre bulletin hebdomadaire de veille documentaire Sources ouvertes #97.

« États-Unis : le péril vient de l’intérieur »


Libération (France)

[AUTEUR] Michael Lind est un essayiste américain. Il est chroniqueur de l’agence d’informations en ligne The Globalist.

[RESUME] Le gouvernement Bush se trompe de cible. Le plus grand péril pour les États-Unis n’est pas les armes de destruction massive de pays étrangers (qui font après tout moins de morts que les guerres conventionnelles) mais le terrorisme intérieur aux États-Unis.
Il existe aux États-Unis des groupes d’extrême droite dont les membres sont bien éduqués, ont généralement fait partie des groupes militaro-industriels et qui ont les capacités et la technologie pour faire des attentats meurtriers sur le sol américain avec des armes chimiques ou bactériologiques.
Dans son analyse, l’administration Bush mélange tous les groupes terroristes. Pourtant, il existe une différence fondamentale entre les groupes terroristes indépendantistes, qui veulent une reconnaissance de la communauté internationale et évitent donc de commettre des crimes de masse pour préserver leur image, et les groupes terroristes servant une idéologie. Ces derniers groupes, tel Al Quaïda et les extrémistes américains, défendent une cause qui justifie toutes les atrocités.
Attaquer des États, tel l’Irak, en prétendant qu’ils pourraient fournir des armes de destruction massive à des réseaux terroristes est également une erreur. Comme tout État, les pays désignés sous le terme d’Axe du Mal, ne distribuent pas leurs armes. Ils les gardent pour se défendre. C’est pourquoi faire l’amalgame entre une intervention en Irak et la guerre au terrorisme est une erreur et cela ne sera d’aucune utilité contre les groupes d’extrême droite américains qui sont, eux, une vraie menace.