« Ne pas faire de vagues »

Don’t rock the boat
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Nayan Chanda est directeur de publication du Yale Center for the Study of Globalization.

[RESUME] En public, la Chine a affiché son opposition au recours à la force contre l’Irak. En privé, Jiang Zemin et les officiels chinois reconnaissent que Saddam Hussein peut être renversé et qu’ils n’opposeront pas leur veto à une attaque américaine en Irak.
Cette attitude montre que la Chine a retenu les leçons de son attitude pendant les frappes de l’OTAN sur la Yougoslavie. Son opposition à la guerre l’avait alors isolée sur la scène internationale. De plus, elle ne veut pas se couper d’un partenaire économique du poids des États-Unis en pleine période de ralentissement économique mondial.
La Chine souhaite, cependant, que les États-Unis attaquent l’Irak uniquement sous mandat de l’ONU. Cela reflète la doctrine stratégique chinoise depuis la fin de la guerre froide, qui considère que le seul contrepoids possible à la domination des États-Unis sur le monde est l’ONU.

« Israël et le rapprochement russo-américain »

Israel and the Russian-American rapprochement
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] Isaac Herzog est avocat. Il a été secrétaire de cabinet de l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak.

[RESUME] Les États-Unis et la Russie sont en train d’amorcer un rapprochement que le général Colin Powell a qualifié "d’alliance stratégique". Elle se fonde sur une seule base : le pétrole.
George W. Bush cherche un moyen pour que son pays s’affranchisse de la dépendance énergétique vis-à-vis de l’Arabie saoudite et le pétrole russe représente une alternative réaliste. La Russie détient d’énormes réserves pétrolières et gazières, mais dispose de capacités d’extraction encore limitées. L’industrie pétrolière russe a donc besoin des capitaux états-uniens pour se moderniser et accroître sa production. Les États-Unis et la Russie comptent sur cette alliance pour briser le contrôle de l’OPEP sur le marché pétrolier.
Ce rapprochement a déjà eu un impact sur le futur conflit irakien puisque Colin Powell a garantit que les intérêts russes en Irak seraient protégés. Cela sous-entend que le futur gouvernement irakien ne pourra pas s’affranchir de la dette contractée par Saddam Hussein auprès des Russes et que Moscou ne s’opposera pas à une attaque américaine contre Bagdad.
Israël a de grands intérêts à retirer dans cette nouvelle alliance. En effet, ce pays va pouvoir se rapprocher de la Russie et y développer ses investissements économiques en échange d’un arrêt du soutien de Moscou au programme nucléaire iranien. Plus largement, le nouveau dialogue américano-russe peut permettre de neutraliser tous les ennemis d’Israël dans le monde arabe.

« Les nouveaux fiefs du militantisme islamique »

Militant Islam’s new strongholds
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEURS] Daniel Pipes est directeur du Middle East Forum, un think tank pro-israélien défendant une politique impérialiste des États-Unis au Proche-Orient. Jonathan Schanzer est associé au Washington Institute for Near East Policy, une organisation qui mène campagne contre les personnalités pro-Arabes aux USA.

[RESUME] Le récent attentat de Bali a montré que le terrorisme islamique n’est plus cantonné au Proche-Orient et se développe un peu partout dans le monde musulman. À ce titre, les trois pays dont le cas est le plus préoccupant sont l’Indonésie, le Bangladesh et le Nigeria, des États qui regroupent le tiers de la population musulmane mondiale.
Dans ces trois pays des groupes islamistes combattent pour imposer des républiques islamiques et attaquent les populations chrétiennes. L’Indonésie et le Bangladesh abritent également des groupes liés à Al Quaïda.
Le développement de ce type de groupes dans des pays à la périphérie du monde musulman nous montre que les ennemis des États-Unis, de l’Islam modéré et de la civilisation elle-même sont plus nombreux et puissants que nous ne pouvions d’abord le penser. Cela implique que la guerre que nous avons commencée sera plus longue et plus sanglante que la plupart ne se l’imaginent.

« La Corée du Nord porte un coup à la non-prolifération »

N. Korea deals blow to nonproliferation
The Asahi Shimbun (Japon)

[AUTEUR] Fumihiko Yoshida est éditorialiste du Asahi Shimbun.

[RESUME] Le traité de non-prolifération nucléaire a vu le jour dans les années 90. L’Irak et la Corée du Nord en sont deux signataires. Pourtant on sait aujourd’hui que l’Irak a tenté de développer un programme nucléaire militaire et que la Corée du Nord est en train de le faire.
Le traité prévoyait que les nations n’ayant pas d’armes nucléaires n’en développent pas et que les pays en possédant limitent leur nombre. Il semble que beaucoup de signataires ne tiennent pas cette promesse. Nous sommes arrivés à une situation où les pays ne développant pas ces armes continuent à se sentir menacés par leurs voisins risquant d’en construire et où les pays ayant déjà l’arme atomique ne limitent pas leur armement.
Le non-respect par l’Irak et la Corée du Nord de leurs engagements doit être une occasion de repenser la question de la non prolifération afin que ce traité soit enfin respecté.

« Ne nous couchons plus devant la Corée du Nord »

No More Caving On North Korea
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] James A. Baker III a été secrétaire d’Etat (1989-1992) dans l’administration de George Bush père. Il est, comme l’ancien président, administrateur du Carlyle group. Un institut de la Rice University de Houston, le James A. Baker III Institute for Public Policy porte son nom. Il en est membre du conseil d’administration en compagnie de Roland Dumas, John Major et Shimon Peres.

[RESUME] La Corée du Nord est sur le point d’avoir la capacité de produire massivement des armes nucléaires. Kim Jong Il affame son peuple pour que son pays dispose de la cinquième armée du monde et qu’il puisse conserver le pouvoir. Cette situation est inquiétante et il faut y répondre avec force.
La première administration Bush avait forcé Pyongyang à accepter des inspecteurs en désarmement mais l’administration Clinton n’avait pas continué cette politique et avait aidé l’économie nord-coréenne. Cette politique avait été perçue comme un encouragement à Téhéran et à Bagdad.
Les États-Unis doivent faire adopter une résolution au Conseil de sécurité condamnant la Corée du Nord et prévoyant des sanctions à son encontre. L’administration Bush doit également mobiliser ses troupes en Corée du Sud afin de faire comprendre à Pyongyang que l’Amérique protègera ses alliés japonais et sud-coréens.

[CONTEXTE] La présentation de la Corée du Nord comme cinquième armée du monde dans cette tribune est à rapprocher de l’affirmation selon laquelle l’Irak aurait possédé la quatrième armée du monde pendant la guerre du Golfe.
Ce gonflement de l’importance de l’armée irakienne, qui avait été largement démenti par les faits pendant le conflit, avait été énoncé, en 1990, par Dick Cheney, alors secrétaire à la Défense de George Bush père et aujourd’hui vice-président de George W. Bush.